| Des hommes et des femmes suivent pieusement     la messe de 11 h ce dimanche.     C'est la première dans le rite précédant le concile de Vatican II.     Reportage. Un vieux missel en mains, une centaine de fidèles s'est rassemblée dans     la basilique Notre-Dame d'Espérance à Saint-Brieuc. Comme les vieilles     images qu'on distribuait autrefois aux communiants, celle-là semblait     appartenir au passé.
 Pourtant, ils sont là priant, tête penchée vers le sol. Quelques fidèles     demeurent à genoux pendant l'office. Des foulards, quelques mantilles     aussi, ont fait leur retour sur des têtes féminines. Tandis que l'abbé     Loisel, chancelier de l'évêché, célèbre sa première messe en latin. Il     ne l'avait pas fait depuis 1962. Le prêtre a le dos tourné aux fidèles     comme le veut le rite.
 Sur le parvis, il y a du mouvement pendant l'office. Quelques curieux,     parmi lesquels des catholiques traditionnalistes, qui ont leurs habitudes     dominicales dans une autre église de la ville, viennent aux nouvelles. «     Alors, comment c'est ? » demande une dame à une     connaissance qui sort de la basilique. « Pas mal, mais ce n'est pas     très chanté », répond, déçue, Renée-Françoise qui espérait     entendre monter les chants grégoriens sous les voûtes. « C'est     quand même une bonne nouvelle, un bon départ. »
 On disait la messe à la Maison du peuple
 À l'intérieur, la ferveur est totale. Le plus étonnant est peut-être     la diversité des générations. Têtes blondes, têtes grises. Des familles     avec des enfants, des poussettes.
 « Vous n'imaginez pas combien je suis heureux d'assister à une     messe en latin autorisée par l'évêque, dans mon diocèse »,     s'enthousiasme Jean, venu de Paimpol. Avant cette autorisation, pour suivre     le rite auquel il tient, il assistait à la messe latine dite par la     Fraternité Saint Pie X, mouvement intégriste fondé par Monseigneur     Lefebvre, auquel il n'adhère pas. Comme un certain nombre de paroissiens présents     sans doute.
 Peut-on être traditionaliste sans être intégriste ? « Oui.     Aujourd'hui l'Église est constituée de courants, il faut les accepter     explique-t-il. Mais il faut aussi qu'on ait les moyens, qu'on puisse former     une chorale, il faut des missels. Et surtout une messe tous les dimanches.     Il ne serait pas normal qu'on doive retourner à la Fraternité un dimanche     sur deux. » La messe en latin n'est autorisée qu'un dimanche sur     deux. Quant à la chorale, l'appel aux belles voix a été lancé - en français     - à la fin de la messe.
 Anne Morin, elle aussi, est ravie : « On était entrés en     résistance il y a 25 ans. On louait à la mairie la maison du Peuple. La     messe était dite sur la scène ! » Quant à Pierre, par     manque d'habitude, il en avait oublié son missel : « J'étais     enfant de choeur avant Vatican 2. Alors, ce qui se passe aujourd'hui, ça     rajeunit ! »
 Marie-Claudine CHAUPITRE.
 
 (1) La messe en latin, dite de Saint Pie V, est autorisée par un décret     (motu proprio) de Benoît XVI, du 7 juillet dernier. Sur dix demandes     formulées, il y en a eu trois dans l'Ouest, dont celle des Côtes-d'Armor.
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