| Suisse: 277e     assemblée ordinaire de la Conférence des évêques suisses (CES) à     Givisiez Messe en latin:     le Concile Vatican II aucunement remis en question
 Berne, 13 septembre 2007 (Apic) L'autorisation de l'ancien missel romain de     1962 pour la messe de St-Pie V, à partir du vendredi 14 septembre, ne va     pas provoquer de grands changements en Suisse, a estimé jeudi Mgr Kurt     Koch, président de la Conférence des évêques suisses (CES).
 
 Au cours d'une     conférence de presse à Berne suite à la 277e assemblée ordinaire de la     CES tenue du 10 au 12 septembre au séminaire diocésain de Sion à Givisiez     (FR), Mgr Koch a tenu à rappeler que la messe tridentine doit être considérée     comme "l'expression extraordinaire" de l'unique rite romain de la     messe, la messe en langue vernaculaire restant l’expression     "ordinaire".
 Il n'y aura pas une explosion des demandes
 
 L'évêque de Bâle a rappelé que l'utilisation de la tradition liturgique     antérieure doit répondre à des exigences sévères, par exemple la preuve     qu'il y a dans une paroisse un groupe stable ayant le désir d'avoir la     messe en latin. Au curé revient la responsabilité de voir que cela ne va     pas causer des tensions dans la communauté et de veiller à ce qui convient     pour le bien de ces fidèles. Le "motu proprio" du pape Benoît     XVI, du 7 juillet dernier, précise que la réintroduction de la messe     tridentine doit se faire "en harmonie avec la sollicitude pastorale de     la paroisse", "sous le gouvernement de l’évêque",     "en évitant la discorde et en favorisant l’unité de toute     l’Eglise".
 
 Mgr Koch ne pense pas qu'il y aura dans les diocèses de Suisse une     explosion des célébrations selon le rite de St-Pie V. Et il insiste pour     dire que l'autorisation n'est donnée qu'à des fidèles acceptant le     Concile Vatican II et qui acceptent aussi le rite ordinaire de la liturgie     actuelle. Cette démarche vise la réconciliation au sein de l'Eglise et     s'adresse en premier lieu aux traditionalistes restés fidèles à Rome,     regroupés notamment au sein de la Fraternité St-Pierre.
 
 Pour les partisans de Mgr Lefebvre, c'est une autre histoire, souligne-t-il,     car "ils ont beaucoup de problèmes avec le Concile, surtout avec l'œcuménisme     et le dialogue interreligieux… et ces problèmes ne seront pas réglés     avec ce 'motu proprio'!" La première réponse de la Fraternité St-Pie     X –encore schismatique aujourd'hui – n'est pas très favorable,     estime-t-il. En effet, elle ne se contente pas de la restauration de la     messe en latin et réclame de Rome des "changements doctrinaux".
 
 Poursuite du dialogue œcuménique en Suisse
 
 Après avoir salué l'arrivée au sein de la CES du tout nouvel évêque de     Coire, Mgr Vitus Huonder, les évêques suisses ont rendu hommage à Mgr Amédée     Grab, qui a achevé son mandat d'administrateur apostolique de Coire. La CES     relève que l'évêque émérite, qui fut son président pendant 9 ans, a été     à ses côtés durant un quart de siècle, d'abord en tant que secrétaire général,     puis comme évêque auxiliaire et enfin comme évêque diocésain. Mgr     Huonder assumera au sein de la CES la responsabilité du dicastère du     "dialogue œcuménique" et la co-responsabilité de celui du     "dialogue interreligieux".
 
 L'abbé Felix Gmür, secrétaire général de la CES, a fait partie de la délégation     suisse, forte de 50 personnes, qui s'est rendue au 3ème Rassemblement Oecuménique     Européen (ROE3) qui s'est tenu du 4 au 9 septembre à Sibiu, en Roumanie.     Il a souligné jeudi à Berne que les Eglises et communautés ecclésiales     d’Europe voulaient continuer à renforcer les liens interconfessionnels.
 
 Il a rappelé aussi, outre les prières communes, l'importance à Sibiu des     rencontres entre chrétiens de diverses obédiences, afin de mieux se connaître.     "Cela contribue à rendre l'œcuménisme visible!". Cet automne,     la CES va rencontrer la Fédération des Eglises protestantes de Suisse     (FEPS) pour voir ce qui peut être entrepris ensemble.
 
 Dialogue œcuménique en Suisse
 
 Les membres de la CES ont encore discuté des réactions très diverses et     parfois très critiques émises sur le document publié cet été par la     Congrégation romaine pour la doctrine de la Foi, "Réponses à des     questions concernant certains aspects de la doctrine sur l’Eglise".     Les évêques suisses se sont penchés sur les réactions négatives à     propos de ce document qu'ont exprimées les représentants de la FEPS.
 
 La Conférence des évêques suisses souligne qu'elle reste fortement attachée     au dialogue œcuménique, et l'ensemble des évêques s'est dit solidaire de     la lettre ouverte adressée le 7 août par Mgr Kurt Koch au pasteur Thomas     Wipf, président de la FEPS. Mgr Koch relève dans sa lettre que le document     de la Congrégation pour la doctrine de la foi n'avait jamais eu une     quelconque intention de rabaisser ou de discriminer les Eglises et les     communautés religieuses issues de la Réforme.
 
 Tout en rappelant certaines "irritations œcuméniques" provoquées     du côté réformé, Mgr Koch insistait pour dire que la voie de l'oecuménisme,     que l'Eglise catholique a empruntée avec le Vatican II, était "irréversible".     Il a déclaré jeudi que l'Eglise catholique va poursuivre le dialogue théologique     nécessaire. Pour le président de la CES, les deux aspects - oecuménisme vécu     au niveau des paroisses et débat théologique, notamment en ce qui concerne     les questions théologiques non résolues - sont indispensables.
 
 La CES et le Conseil de la FEPS avaient d'ailleurs déjà convenu, avant la     parution du texte de la Congrégation romaine, – et indépendamment de     celui-ci -, de se rencontrer pour discuter de leurs divergences portant sur     l’ecclésiologie. Enjeux: clarifier les positions mutuelles dans le     domaine de la compréhension de l'Eglise, des ministères, de l'eucharistie.
 
 La CES a encore encouragé tous les jeunes de Suisse à participer à la     rencontre de Taizé (inscription: www.taize.fr), une nouvelle étape du     "Pèlerinage de la confiance sur terre" qui aura lieu à Genève     du 28 décembre au 1er janvier prochains. Elle a poursuivi les préparatifs     en vue du synode des évêques "Parole de Dieu dans la vie et dans la     mission de l’Eglise" qui aura lieu du 5 au 26 octobre 2008 au     Vatican. En signe de solidarité avec les chrétiens de Terre Sainte, qui     vivent dans une situation très difficile, les évêques suisses se rendront     en pèlerinage du 1er au 7 mars 2008 pour visiter les Lieux Saints à Jérusalem,     Bethlehem et Nazareth et rencontrer des représentants des autorités     religieuses et politiques en Israël, ainsi que dans les territoires     palestiniens. JB
 
 Encadré
 Rome aurait mieux pu planifier la diffusion de ses derniers documents
 
 Mgr Koch a admis jeudi que le Vatican aurait mieux pu planifier la diffusion     cet été de ses derniers documents, à savoir le motu proprio     "Summorum Pontificum" sur la libéralisation de la messe     tridentine en latin (utilisation du missel romain publié sous l’autorité     du pape Jean XXIII en 1962) et le document de la Congrégation pour la     doctrine de la foi sur 'certains aspects de la doctrine sur l'Eglise'. Face     "aux confusions ou aux ambiguïtés", l'Eglise catholique a rappelé     mardi 10 juillet dernier dans ce document qu'elle est "l'unique Eglise     du Christ", ce qui a vivement fait réagir les autres Eglises, en     particulier celles issues de la Réforme. Mgr Koch a fait savoir à Rome     qu'il y avait eu une mauvaise coordination, d'autant plus que c'est tombé     en Suisse avec la nomination du nouvel évêque de Coire, Mgr Vitus Huonder.     "Tout cela a fait que le plus beau document romain de cet été, la     lettre personnelle du pape aux catholiques de Chine, n'a pas eu d'écho dans     le public!", a regretté le président de la Conférence des évêques     suisses. (apic/be)
 13.09.2007 -     Jacques Berset |