| Les évêques suisses ont édicté des lignes     directrices pour l'application de l'ancien rite.     La libéralisation de la messe en latin entre en vigueur aujourd'hui. Le     7 juillet dernier, le pape Benoît XVI avait en effet publié un motu     proprio autorisant le rite tridentin à des conditions strictes. Les évêques     suisses ont édicté des directives pour son application, qui seront publiées     prochainement. Mais ils ne s'attendent pas à une explosion des demandes de     célébrations selon l'ancien rite. 
 Hier, lors d'une conférence de presse à Berne, Mgr Kurt Koch, le président     de la Conférence des évêques suisses (CES), n'a pas pu préciser le     nombre de ces demandes, car elles relèvent de la responsabilité de chaque     évêque diocésain. Mais il a rappelé que la messe dite de Saint Pie V     resterait une forme extraordinaire du rite romain. Le motu proprio de BenoîtXVI     exige ainsi au préalable l'existence, dans une paroisse, d'«un groupe     stable de fidèles attachés à la tradition liturgique antérieure». De     plus, le pape précise que, face à une demande de célébration selon     l'ancien rite, le curé doit faire preuve de discernement «en évitant la     discorde et en favorisant l'unité de toute l'Eglise».
 
 Dans le diocèse de Lausanne, Genève et Fribourg, aucune nouvelle requête     de ce type n'a été déposée, selon le chancelier Nicolas Betticher. Les     catholiques adeptes de la messe tridentine avaient déjà la possibilité     d'y assister en cinq lieux. En 1988, le pape Jean Paul II avait en effet     soumis la célébration du rite tridentin à des autorisations spéciales,     accordées assez largement par les évêques suisses ces dernières années.
 
 Cependant, toutes les questions relatives à la libéralisation de la messe     tridentine ne sont pas élucidées. La prière pour la conversion des juifs,     prononcée uniquement dans la liturgie du Vendredi saint, fait encore     l'objet de controverses. A Rome, certains cardinaux ont demandé son     abolition, dit Mgr Koch.
 
 L'œcuménisme malmené
 
 L'évêque a aussi abordé hier le problème des tensions générées par la     publication en juillet d'un document du Vatican réaffirmant que l'Eglise     catholique est «l'unique véritable Eglise du Christ». Ce document avait     suscité une réaction virulente de la Fédération des Eglises protestantes     (FEPS). Agacé, Mgr Koch avait écrit une lettre ouverte à son président,     le pasteur Thomas Wipf, dans laquelle il faisait part de l'irritation des     catholiques face à certaines attitudes des réformés. Hier, Mgr Koch a évoqué     la nécessité d'un dialogue plus approfondi entre les responsables hiérarchiques     catholiques et protestants sur les questions de l'ecclésiologie, de     l'Eucharistie et des ministères. «Dans le monde protestant, il y a     beaucoup de fragmentation et plusieurs conceptions de l'Eglise. Quels sont     les critères des réformés pour définir l'Eglise? Je suis intéressé à     le savoir», a dit l'évêque. Mgr Koch a toutefois souligné que la CES     restait fortement attachée au dialogue œcuménique.
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