| Tout le monde s’accorde à dire que la question de la       liturgie traditionnelle se pose avec la plus grande acuité en France       (suivie, mais de plus loin, par les États-Unis et l’Allemagne). C’est       d’ailleurs pour cette raison que certains évêques français sont       montés au créneau durant l’année écoulée. Comme l’a dit, avec un       sens aigu de la litote, Mgr Legrez, évêque de Saint-Claude, « de-puis l’automne       dernier, il n’a pas manqué de cardinaux et d’évêques français pour       exprimer auprès du Saint-Siège leur désir d’aider au progrès de la       vie liturgique en France et aussi, il faut le recon-naître, leurs       craintes. » Ceci signifie que le Motu Proprio du 7 juillet dernier       vise en particulier la France. Un rapprochement de ce Motu Proprio avec «       l’Église qui est en France » n’a donc rien de saugrenu. Or, que constatons-nous ? En 1984, le pape Jean-Paul II       confia aux évêques français (puisque tel est ici notre angle de       réflexion) le soin de résoudre en France la question de la       liturgie traditionnelle. Quatre ans plus tard, à la suite des sacres       réalisés par Mgr Lefebvre, « Jean-Paul II exhorta les évêques [français]       à utiliser largement et généreusement cette faculté en faveur de tous       les fidèles qui en feraient la demande », ainsi que le rappelle le Motu       Proprio de 2007. Or, après dix-neuf ans d’expérience, que       constatons-nous ? Sur le terrain, il est devenu chaque jour plus clair que       la notion épiscopale-française de la « largeur » et de la «       générosité » diffère singulièrement de l’acception commune.Finalement, le Siège apostolique, obligé de reconnaître que la       mission confiée aux évêques français n’a pas vraiment abouti,       transmet aux curés cette charge, dans l’espérance qu’ils la       rempliront avec plus « de lar-geur et de générosité » que leurs       supérieurs hiérarchiques. 
 N’y a-t-il pas là matière à s’interroger, à «       poser question » comme le voulait le jargon des années 70, à faire un       sérieux examen de conscience, pour parler un vocabulaire plus chrétien ?       Ne faut-il pas convenir que le Siège apostolique, par ce geste inédit,       signale discrètement l’échec (au moins sur ce point précis de la       liturgie) d’une certaine pastorale française ? Certaines déclarations épiscopales françaises qui       affirment plus ou moins que « ce qui devait être fait l’a déjà été       » ne correspondent donc pas à la volonté du Saint-Père, ne se situent       pas au niveau de l’enjeu. Il appartient à tous ceux qui sont concernés       d’y réfléchir sérieusement. Abbé Régis de CACQUERAY |