1 novembre 1970

1er novembre 1970 [Mgr Charrière - Diocèse de Lausanne, Genève et Fribourg] Décret d’érection de la "Fraternité Sacerdotale Internationale Sait Pie X"

SOURCE - Mgr Charrière - Diocèse de Lausanne, Genève et Fribourg - 1er novembre 1970

Étant donné les encouragements exprimés par le Concile Vatican II, dans le décret Optatam Totius, concernant les Séminaires internationaux et la répartition du clergé ;

étant donné la nécessité urgente de la formation de prêtres zélés et généreux conformément aux directives du décret suscité ;

constatant que les statuts de la Fraternité Sacerdotale correspondent bien à ces buts :
Nous, François Charrière, Évêque de Lausanne, Genève et Fribourg, le Saint Nom de Dieu invoqué, et toutes prescriptions canoniques observées, décrétons ce qui suit :

Est érigée dans notre diocèse au titre de Pia Unio la Fraternité Sacerdotale Internationale Saint Pie X.

Le siège de la Fraternité est fixé à la Maison Saint Pie X, 50 route de la Vignettaz, en notre ville épiscopale de Fribourg.

Nous approuvons et confirmons les statuts ci-joints de la Fraternité pour une période de six ans ad experimentum, période qui pourra être suivie d’une autre semblable par tacite reconduction ; après quoi la Fraternité pourra être érigée définitivement dans notre diocèse ou par la Congrégation Romaine compétente.

Nous implorons les bénédictions divines sur cette Fraternité sacerdotale afin qu’elle atteigne son but principal qui est la formation de Saints Prêtres.

Fait à Fribourg en notre évêché le
1er novembre 1970, en la fête de la Tousaint.

+ Françoi Charrière,
évêque de Lausanne, Genève et Fribourg


1er novembre 1970 [FSSPX] Statuts de la Fraternité sacerdotale Saint-Pie-X

SOURCE - FSSPX - 1er novembre 1970

Statuts de la Fraternité des Apôtres de Jésus et Marie ou (selon le titre public) de la Fraternité sacerdotale Saint-Pie-X
Statuts approuvés par un décret de l’évêque de Fribourg le 1er novembre 1970, loués par une lettre de la Sacrée Congrégation du Clergé en date du 18 février 1971. [Version de Noël 1976, augmentée par le Chapitre Général de septembre 1982]
I - DE SODALITII DEDICATIONE

1. La Fraternité est une société sacerdotale de vie commune sans vœux, à l’exemple des sociétés des Missions Etrangères. Cependant elle est constituée dans un esprit de foi profonde et d’obéissance parfaite, à la suite du divin Maître.

2. La Fraternité est essentiellement apostolique, parce que le sacrifice de la Messe l’est aussi et parce que ses membres auront généralement à exercer un ministère extérieur. Ils vivront dans cette conviction que toute l’efficacité de leur apostolat découle du Sacrifice de Notre Seigneur qu’ils offrent quotidiennement.

3. La Fraternité est mise spécialement sous le patronage de Jésus Prêtre, dont toute l’existence a été et demeure sacerdotale et pour qui le Sacrifice de la Croix a été la raison d’être de son Incarnation. Aussi les membres de la Fraternité, pour lesquels le Mihi vivere Christus est est une réalité, vivent tout orientés vers le sacrifice de la Messe qui prolonge la sainte Passion de Notre Seigneur.

4. Elle est aussi sous l’égide de Marie, Mère du Prêtre par excellence et par Lui Mère de tous les prêtres en qui Elle forme son Fils. Elle leur découvre les motifs profonds de leur virginité, condition de l’épanouissement de leur sacerdoce.

II - DE SODALITII FINE

1. Le but de la Fraternité est le sacerdoce et tout ce qui s’y rapporte et rien que ce qui le concerne, c’est-à-dire tel que Notre Seigneur Jésus-Christ l’a voulu lorsqu’il a dit : « Faites ceci en mémoire de moi ».

2. Orienter et réaliser la vie du prêtre vers ce qui est essentiellement sa raison d’être : le Saint Sacrifice de la Messe, avec tout ce qu’il signifie, tout ce qui en découle, tout ce qui en est le complément.

3. Les membres de la Fraternité auront donc une dévotion véritable et continuelle pour leur sainte Messe, pour la liturgie qui l’auréole, et tout ce qui peut rendre la liturgie expressive du mystère qui s’y accomplit. Ils auront à cœur de tout faire pour préparer spirituellement et matériellement les saints Mystères. Une connaissance théologique profonde du sacrifice de la Messe les convaincra toujours plus qu’en cette réalité sublime se réalise toute la révélation, le mystère de la foi, l’achèvement des mystères de l’lncarnation et de la Rédemption, toute l’efficacité de l’apostolat.

4. Les membres non-prêtres, les religieuses affiliées lorsque Dieu en suscitera, auront le culte des lieux et des objets servant à la liturgie. Ils auront le souci de contribuer à la splendeur de la liturgie par la musique, le chant et tout ce qui peut légitimement concourir à élever les âmes vers les réalités célestes, vers la Sainte Trinité, la compagnie des Anges et des Saints.

III - DE SODALITII OPERIBUS

1. Toutes les œuvres de formation sacerdotale et tout ce qui s’y rapporte, que les aspirants se destinent à être membres de la Fraternité ou non. On veillera à ce que la formation atteigne le but principal : la sainteté du prêtre en même temps qu’une science suffisante. C’est pourquoi on ne négligera rien pour que la piété soit orientée et découle de la liturgie de la sainte Messe qui est le cœur de la théologie, de la pastorale et de la vie de l’Église.

À cet effet il est souhaitable que la communauté du Séminaire soit annexée à une paroisse ou à un pèlerinage afin que les séminaristes s’exercent peu à peu à remplir les fonctions sacerdotales sous la direction de membres de la Fraternité expérimentés et zélés.

Conformément aux désirs et aux prescriptions si souvent renouvelés des Papes et des conciles, la Somme théologique de saint Thomas d’Aquin et ses principes philosophiques seront l’objet principal des études au Séminaire ; ainsi les séminaristes éviteront avec soin les erreurs modernes, en particulier le libéralisme et tous ses succédanés.

2. Un deuxième but de la Fraternité est d’aider à la sanctification des prêtres, en leur offrant la possibilité de retraites, récollections. Les maisons de la Fraternité pourraient être le siège d’associations sacerdotales, de tiers-ordres, de périodiques ou revues destinées à la sanctification des prêtres.

3. La Fraternité cherchera à inculquer la grandeur et la noblesse des vocations d’auxiliaires pour le service de l’autel et tout ce qui s’y rapporte, participation à la liturgie, aux Sacrements, à l’enseignement du catéchisme et généralement pour tout ce qui vient en aide au prêtre, à son ministère paroissial au service des presbytères et des Séminaires. Les membres de la Fraternité auront un soin spirituel particulier pour les personnes, religieuses ou non, qui se dévouent à cet idéal sous le patronage de la Sainte Vierge et de saint Joseph.

4. Les écoles, vraiment libres de toutes entraves afin de dispenser une éducation totalement chrétienne à la jeunesse, seront encouragées et éventuellement fondées par les membres de la Fraternité. C’est d’elles que sortiront les vocations et les foyers chrétiens.

5. Le ministère paroissial, la prédication de missions paroissiales, sans limites de lieux, sont également des œuvres auxquelles s’adonne la Fraternité. Ces ministères feront l’objet de contrats avec les Ordinaires des lieux afin de permettre à la Fraternité d’exercer son apostolat selon sa grâce particulière.

6. La Fraternité viendra volontiers en aide aux prêtres âgés, infirmes et même aux infidèles.

IV - DE DIVERSIS MODIS INHAERENDI SODALITIO

1. La Fraternité, en ses débuts, dépendra de l’évêque du lieu qui l’a érigé en “pieuse union” et en a agréé les statuts, en conformité avec les prescriptions du droit canon.

2. En conséquence, tant que la Fraternité est de statut diocésain, les membres qui se destinent au sacerdoce devront avant l’engagement définitif être incardinés dans un diocèse, à moins qu’un indult spécial accordé par la S. Congrégation des religieux les autorise à être incardinés dans la Fraternité.
Dès que la Fraternité aura des maisons dans divers diocèses, elle fera les démarches nécessaires pour devenir de droit pontifical.

3. Bien qu’essentiellement cléricale, la Fraternité reçoit aussi volontiers des aspirants non-clercs, qui ont leurs statuts particuliers et font des vœux de religion.

4. La Fraternité accueille aussi des agrégés, prêtres ou laïcs, qui désirent collaborer au but de la Fraternité et profiter de ses grâces pour leur sanctification personnelle. Après un minimum de deux années d’expérience dans une maison de la Société, ces personnes peuvent signer un engagement, sorte de contrat avec le Supérieur de district ou le Supérieur du Séminaire, précisant les conditions dans lesquelles ils sont acceptés. Ils gardent la disposition de leurs biens, mais s’engagent à se conformer à l’esprit de la Fraternité dans leur usage.

5. L’entrée dans la Fraternité se réalise pour les clercs par l’engagement, publiquement exprimé devant le Supérieur Général ou son délégué et devant le Saint Sacrement, de demeurer fidèle aux statuts.

Cet engagement ne peut avoir lieu avant une année de préparation dans une maison de la Fraternité.

6. Les clercs durant leurs années de formation jusqu’au sous-diaconat feront des engagements annuels.

À partir du sous-diaconat ils peuvent s’engager pour trois ans et après un nouveau réengagement de trois années s’engager définitivement.

Pour les prêtres qui s’engageraient dans la Fraternité, ils doivent faire au moins un engagement de trois ans avant leur engagement définitif.

Les frères selon leurs statuts particuliers, après six ans de vœux temporaires, soit deux fois trois années, font des vœux perpétuels.

7. Les engagements sont renouvelés par tous les membres tous les ans à la fête de l’lmmaculée Conception, le 8 décembre. Ceux qui renouvellent selon les règlements des statuts et ceux qui renouvellent par dévotion ne récitent que l’acte d’oblation. Seuls les premiers signent les actes.
En ce jour de bénédiction, que tous les membres prêtres ou futurs prêtres demandent à la Vierge fidèle la grâce de la fidélité à leurs engagements et la grâce de la parfaite unité dans la charité pour toute la Fraternité.

V - DE SODALITII ADMINISTRATIONE

1. Des fonctions dont les titulaires sont élus. Le Supérieur Général et ses deux Assistants sont élus par le Chapitre Général pour douze ans. Ils sont rééligibles.

Le Supérieur Général doit être élu aux deux tiers des voix ; les assistants à la majorité absolue. Tous trois doivent être engagés définitivement dans la Fraternité, être prêtres et avoir au moins trente ans.

2. Du Chapitre Général. Il se réunit tous les douze ans pour les élections du Supérieur Général et de ses Assistants. Il a pour but également de vérifier si la Fraternité applique consciencieusement les statuts et s’efforce d’en garder l’esprit. Qu’on se garde de faire des mises à jour ou innovations, sauf éventuellement sur le chapitre de l’administration, eu égard au développement de la Fraternité.

3. Des membres du Chapitre Général.
Le Supérieur Général sortant et ses deux Assistants, le Secrétaire Général et l’Econome Général
les Supérieurs de districts
les Supérieurs de Séminaires
les Supérieurs de maisons autonomes

Seront ensuite désignés les membres les plus anciens de la Fraternité, ayant fait leur engagement définitif (en cas d’équivalence le plus âgé), jusqu’à concurrence de quarante membres, tant que la Fraternité compte moins de mille membres prêtres.

4. Des fonctions dont les titulaires sont désignés par le Supérieur Général après avis de ses Assistants pris en conseil :
Secrétaire Général et Econome Général pour six ans
Supérieur de district pour six ans
Supérieur de grand Séminaire
Supérieur de maison autonome
Professeurs après avis du Supérieur
Directeur de l’année de spiritualité
Maître des novices-Frères

Par les Supérieurs de districts :
assistant du district, économe du district et Supérieurs locaux après approbation du Supérieur Général
aux autres fonctions

5. De diverses réunions. Le Conseil Général se compose du Supérieur Général et de ses deux Assistants. Il peut faire appel à des visiteurs des différents districts. Le Conseil Général provoquera les réunions des Supérieurs de districts, des Supérieurs de Séminaires, de maisons autonomes, et suscitera toute autre réunion utile au bien de la Fraternité.

Le Supérieur Général et ses deux Assistants feront tout ce qu’ils jugeront utile pour préserver, entretenir et augmenter dans les cœurs de tous ceux qui ont des fonctions et de tous les membres de la Fraternité une grande générosité, un profond esprit de foi, un zèle ardent au service de l’Église et des âmes.

À cet effet, ils organiseront et dirigeront des exercices spirituels, des réunions qui aideront la Fraternité à ne pas tomber dans la tiédeur, dans des compromissions avec l’esprit du monde. Ils manifesteront dans leur attitude et leur vie quotidienne l’exemple des vertus sacerdotales.
Ils favoriseront l’entretien d’une foi vive et éclairée par la constitution de bibliothèques bien munies des documents du magistère de l’Église, et par l’édition de revues ou périodiques susceptibles d’aider les fidèles à fortifier et à défendre leur foi catholique.

Ces directives valent aussi, mutatis mutandis, pour tous les Supérieurs et spécialement les Supérieurs de districts.

6. Le Secrétaire Général. Le Secrétaire Général prend soin de la préparation et du compte-rendu des réunions du Conseil Général. Il communique les décisions prises aux intéressés après les avoir soumises à la signature du Supérieur Général.

Il a la responsabilité de la tenue des archives, des dossiers individuels des membres. Il a aussi la charge de rappeler la nécessité du renouvellement des engagements. Il le fait par l’intermédiaire du Supérieur de district ou de son secrétaire. Il veille à la tenue à jour des registres d’ordinations.

7. L’Économe Général. L’Économe Général veille à ce que la situation légale des associations de la Fraternité dans les divers pays soit normale. Là où les districts sont constitués il vérifie cette situation avec le Supérieur ou l’économe de district.

Avant que le district ne soit constitué, il prépare et contrôle les associations avec les membres de ces associations. Il veille à la légalité des acquisitions dans ces régions, à la bonne gérance des fonds, des legs.

Il gère les fonds de la Fraternité, et les immeubles lui appartenant en dehors des districts. Les fonds sont constitués par les surplus des régions non encore constituées en district, par les dons et legs adressés directement à la Fraternité.

Il vérifie les comptabilités des districts.

Son rôle est donc :
de gérer et contrôler les associations et fonds de la Fraternité en dehors des districts
de vérifier les associations et comptabilités des districts dans ce domaine et de rendre compte au Supérieur Général et à son Conseil

Il n’a pas de pouvoir de décision.

Il est consulté pour les nominations des économes de district.

Il s’efforce d’établir une comptabilité simple et uniforme pour tous les districts – de même que pour les prieurés.

Il veille aux problèmes d’assurances de tout genre.

Il s’efforce dans tous ses rapports avec les responsables de la Fraternité de leur inculquer à la fois l’esprit de pénitence, de pauvreté et aussi de prudence.

8. Des Supérieurs de Séminaires et du statut des Séminaires. La formation sacerdotale étant le premier et le principal but de la Fraternité Sacerdotale, la responsabilité de cette formation incombe au premier chef au Supérieur Général et à son Conseil.

C’est lui, aidé de son Conseil, qui nomme les Supérieurs des Séminaires et les professeurs ad nutum.

C’est à lui de veiller par lui-même ou par des délégués à la bonne marche des Séminaires. Il pourvoit les Supérieurs des Séminaires des divers règlements qui leur facilitent leur tâche.

Les Supérieurs des Séminaires ont ainsi une grande et noble fonction à remplir devant Dieu, devant Notre Seigneur, devant l’Église, pour leur gloire et pour le bien des âmes. C’est la seule fonction visible que Notre Seigneur a voulu remplir ostensiblement au cours de ses trois années de vie publique.

Tout en accomplissant la formation des prêtres, ils doivent songer à la formation des futurs professeurs.
Acceptation des séminaristes. Ils reçoivent les demandes de rentrées des séminaristes, à travers les Supérieurs des districts, qui leur soumettent les dossiers et leur exposent leur avis. Il est souhaitable que les candidats viennent faire un court séjour au Séminaire. Après examen et avis de ses collaborateurs, le Supérieur du Séminaire décide de l’admission, du refus ou du retard apporté à leur acceptation. Les candidats ne doivent pas avoir plus de 35 ans.

Dépendance au cours de la formation. Durant le cours des années de formation, les séminaristes dépendent constamment et en premier lieu du Supérieur du Séminaire. Toutefois pour les vacances, il s’entendra avec les Supérieurs de district pour une utilisation profitable, selon le règlement du Séminaire. C’est aussi le Supérieur du Séminaire qui est le dernier responsable et qui décide.

Retard ou Renvoi. C’est aussi le Supérieur, après avis de ses confrères, qui décide d’une prolongation d’études, ou du renvoi des séminaristes. Il avertit en ce cas le Supérieur de district et se concerte avec lui pour faciliter éventuellement son reclassement dans le laïcat.

Séminaires tous internationaux. Les Séminaires seront tous considérés comme internationaux, car il est souhaitable que des séminaristes d’autres nationalités y soient reçus, s’ils n’ont pas de difficulté pour la langue. Au cas où il s’agirait d’un candidat pour lequel existe déjà un Séminaire dans sa langue, il faudrait l’autorisation du Supérieur du district, qui prendra l’avis du Supérieur Général.

Les Supérieurs de districts et les Séminaires. Les Supérieurs de districts qui seront les premiers bénéficiaires de la formation des jeunes prêtres, devront porter un grand intérêt à leur recrutement, à leur formation. Ils intéresseront les fidèles à cette œuvre capitale, par des prières continuelles, par les cérémonies de première Messe, en en parlant dans leurs bulletins.

Pensions. Ce sont eux aussi qui veilleront à trouver des bienfaiteurs pour acquitter le prix de la pension pour ceux qui ne peuvent pas la payer. Le jour où il faudrait ou construire ou agrandir le Séminaire qui est sur leur district ou qui forme leurs prêtres, ils s’efforceront d’aider le Supérieur Général et le Supérieur du Séminaire dans la réalisation de ces travaux.

Visites des séminaristes. Les Supérieurs de districts peuvent certes s’intéresser à leurs séminaristes et les visiter. Toutefois ils doivent éviter tout ce qui pourrait gêner la tâche du Supérieur, mais au contraire tout faire pour la faciliter. Ils doivent se souvenir que l’Église n’a jamais préféré le nombre à la qualité.

Aide pastorale du Séminaire au district. Les Supérieurs de Séminaire éviteront eux aussi tout ce qui pourrait gêner le Supérieur de district. Ils offriront au contraire volontiers dans la mesure du possible leurs services et ceux des professeurs prêtres pour aider à la pastorale du district – étant entendu que cette pastorale dépend en premier lieu du Supérieur du district. Ils éviteront de faire des appels à la générosité des fidèles sans l’autorisation du Supérieur du district. C’est aussi le Supérieur du district qui décide des quêtes à faire et de leur emploi, par conséquent des quêtes pour le Séminaire aussi. Cependant le Séminaire aura évidemment un compte auquel les bienfaiteurs qui le désirent pourront verser leurs offrandes. En ces choses délicates, que les Supérieurs se montrent désintéressés et généreux de part et d’autre, afin que la charité si souhaitable règne entre ceux qui sont les serviteurs du même Maître, Notre Seigneur Jésus-Christ.

9. Du Supérieur de district. Il est désigné par le Supérieur Général en son conseil pour six années renouvelables. Les limites de son district lui sont alors indiquées.

Il est évident que cette charge est une des plus importantes ; elle est semblable à celle que les provinciaux exercent sur leur province. C’est toute une région qui est confiée à leur apostolat. Il a à mettre en œuvre les talents et le zèle de ses confrères pour la réalisation de la tâche de la Fraternité Sacerdotale.

Il est donc responsable devant le Supérieur Général de la sage administration pastorale, spirituelle, temporelle de son district. Il se fait aider dès que possible par deux assistants, et par un économe de district qu’il présente au Supérieur Général pour nomination après avis de l’Econome Général.

Il présente à l’agrément du Supérieur Général les noms des Supérieurs de prieuré, puis nomme lui-même les adjoints. Il désigne aussi à leurs fonctions les Frères qui lui sont confiés.

Il prépare les dossiers des aspirants au sacerdoce et les remet aux Supérieurs des Séminaires qui décident des acceptations.

Il organise peu à peu la fondation des prieurés, des maisons pour les exercices spirituels. Il veille à la bonne organisation pastorale, spirituelle et temporelle des communautés selon les statuts et l’esprit de la Fraternité Sacerdotale.

Toutefois pour la fondation ou la fermeture d’un prieuré, il demande l’autorisation du Supérieur Général.

Il s’efforce de constituer des communautés d’au moins trois membres ou agrégés de la Fraternité.

Il organise aussi la constitution de communautés de religieuses de la Fraternité avec les Supérieurs des prieurés et l’accord de la Supérieure Générale.

Il supervise tous les bulletins et toutes les publications faits dans son district. Il accorde les autorisations, avec prudence et discrétion, pour des interviews à la presse, à la radio ou T.V. Tous les rapports avec les autorités civiles doivent passer par son intermédiaire, ainsi qu’avec les autorités ecclésiastiques.

Il accorde les ouvertures de compte, les dépôts en banque pour les fonds des prieurés et du district.

Pour une dépense de plus de 30 000 F.S. il doit se pourvoir de l’autorisation du Supérieur Général.

Il veille à la santé spirituelle et corporelle de ses collaborateurs et s’occupe, en accord avec le Supérieur du Séminaire, des vacances des séminaristes et s’il le juge nécessaire fait un compte-rendu à ce sujet au Supérieur du Séminaire.

Il organise des exercices spirituels pour les prêtres, Frères, agrégés de son district.

Aux Supérieurs de district sont assimilés les Supérieurs de maisons autonomes, qui sont des districts en formation.

10. Des Supérieurs et particulièrement des Supérieurs locaux. En complément de ce qui a été dit ci-dessus, quelques directives spéciales aideront les Supérieurs locaux à bien remplir leur fonction qui est essentielle à l’efficacité de l’apostolat et au bon esprit de la Fraternité.

Un de leurs soucis majeurs doit consister dans le bon ordre de la communauté, facilitant l’œuvre apostolique réalisée par la communauté. Pour cela ils veilleront à ce que les heures des exercices communs soient connues de tous par affichages et par un signal qui avertisse les membres, Pères, Frères, agrégés. Les prières de communauté ont lieu en commun, même lorsqu’il n’y a que deux membres présents.

Les Supérieurs veillent à ce que les lieux de communauté : la chapelle spécialement, mais aussi la salle à manger, la salle de réunion, détente, bibliothèque, soient propres et suffisamment aménagés. S’ils s’occupent de l’économat, ils veillent à l’hygiène des aliments et de la cuisine.

Ils répartissent les charges aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur de la communauté. Ils ont soin de diriger et faciliter le travail des frères et employés de maison.

Ils s’efforceront d’aider à la sanctification des Frères et employés de maison. C’est dans la liturgie véritable et dans la prière commune que se forgeront l’unité et la charité de la communauté.

Les Supérieurs locaux auront aussi une attention spéciale pour les vocations de prêtres, Frères, religieuses. Ce sont eux aussi qui sont responsables de l’aumônerie des religieuses de la Fraternité s’il se trouve une communauté sur le territoire du prieuré.

Ce sont eux surtout qui feront la preuve de la fondation providentielle de la Fraternité par son rayonnement surnaturel, de paix, de sérénité, de force dans la joie, de totale confiance dans Notre Seigneur et Sa Sainte Mère, dans l’attachement indéfectible à l’Église Romaine et au Successeur de Pierre agissant en vrai Successeur de Pierre, dans le respect des évêques fidèles à la grâce de leur sacre.

Ils auront pour le Règne de Notre Seigneur Jésus-Christ une dévotion sans limite à la mesure de l’infinité de son Règne: sur les personnes, les familles, les sociétés. S’ils doivent manifester une option politique, ce sera toujours dans le sens de ce Règne social de Notre Seigneur Jésus-Christ.

Ils répandront cette dévotion par le véritable sacrifice de la Messe et par la dévotion au Sacrement de l’Eucharistie, ainsi que par la dévotion à la très Sainte Vierge Marie.

VI - DE SODALIUM VIRTUTIBUS

(Ce chapitre n’indique que les orientations essentielles. Un directoire spirituel et pastoral plus développé sera rédigé à l’intention des membres de la Fraternité.)

1. Un grand amour de Dieu, de la Trinité Sainte, embrasera le cœur des membres de la Fraternité. Cette charité devra être telle qu’elle engendre naturellement la virginité et la pauvreté, qu’elle suscite constamment le don de soi-même par la foi et l’obéissance prompte, généreuse et aimante.

2. Cette charité suscitera la faim et la soif de la vertu de justice rendant d’abord à Dieu ce qui Lui est dû par la vertu de religion. Les dispositions intérieures de dévotion, d’adoration, d’oraison les aideront à accomplir avec la plus grande perfection l’Acte de la prière chrétienne, le plus sublime : le Saint Sacrifice de la Messe.

3. La charité envers Jésus dans l’Eucharistie et envers sa Sainte Mère toujours présente à son Offrande incitera les membres de la Fraternité à une ardente dévotion à l’Eucharistie et à la Vierge Marie, dans sa Compassion à Jésus Prêtre et Victime pour la rédemption de nos péchés.

4. Alimentée par cette prière intérieure constante, la charité envers le prochain se manifestera dans toute la vie apostolique des membres de la Fraternité. Avides du désir de sauver les âmes, ils accepteront avec joie toutes les contradictions, humiliations, épreuves à la suite de Notre Seigneur.

Comme Lui ils gagneront les âmes par l’humilité, la douceur, la discrétion, la magnanimité. Dans l’accomplissement des œuvres apostoliques, ils s’efforceront d’être des instruments dociles de l’Esprit Saint pour transmettre la vie éternelle aux âmes.

5. Cette charité envers le prochain se manifestera d’abord vis-à-vis des Supérieurs par une soumission généreuse et un respect constant, et vis-à-vis des membres de la communauté par un esprit de service spontané, par l’oubli de soi, par une grande simplicité et franchise, par une humeur toujours égale et une joie communicative, enfin et surtout par le désir de la sanctification de tous et de chacun.

6. La vertu de religion, le détachement de ce monde s’expriment aussi dans la tenue extérieure. L’habit des membres de la Fraternité est la soutane. La soutane est un témoignage, une prédication ; elle éloigne les esprits mauvais et ceux qui leur sont soumis, elle attire les âmes droites et religieuses. Elle facilite beaucoup l’apostolat.

Les Supérieurs sont juges de l’usage du clergyman noir avec col romain dans les pays où il est porté depuis très longtemps comme dans les pays anglo-saxons. Plus l’impudence et la concupiscence de la chair envahissent la société, plus la présence de la soutane s’avère nécessaire.

7. La pauvreté qui est un effet immédiat de la vertu de charité engage fortement à se libérer de toute dépense ou de l’objet inutile. C’est pourquoi les membres de la Fraternité éviteront de prendre une habitude de fumer qui devient un esclavage. Ils auront le souci de rompre avec les habitudes du monde devenu esclave de la radio, de la télévision, des vacances et des loisirs coûteux. C’est pourquoi il n’y aura pas de poste de télévision dans nos communautés. Quelques journaux choisis, une sélection de revues nous renseigneront suffisamment sur les événements utiles à connaître. Notre vraie télévision est le tabernacle où réside Celui qui nous met en communication avec toutes les réalités spirituelles et temporelles.

Dans le choix des véhicules qui nous seraient nécessaires pour notre fonction ou pour notre apostolat, on se montrera modeste.

VII - DE SODALIUM SANCTIFICATIONIS MEDIIS ORDINARIIS

1. Pour croître quotidiennement dans ces vertus, dans l’union à Dieu dans la soumission à l’esprit de Notre Seigneur, les membres auront à cœur de ne jamais omettre de célébrer ou d’assister au Saint Sacrifice de la Messe, hors le cas de force majeure. Ils regarderont comme une grâce privilégiée de servir la sainte Messe.

2. Dans les communautés il y aura habituellement quatre temps de prière en commun: le premier est celui du matin qui comprend la récitation de Prime (ou de Laudes les dimanches et jours de fêtes d’obligation), l’oraison, la sainte Messe et l’action de grâces.

Les prêtres, en ajoutant le temps nécessaire, pourront utilement réciter une partie de leur Bréviaire au cours de ce premier temps.

3. Le deuxième temps de prière aura lieu, autant que possible, avant le repas de midi : on y récitera l’heure de Sexte.

Le troisième aura lieu, autant que possible, avant le repas du soir, comprenant le chapelet, les prières à saint Michel Archange et à saint Joseph. Au début de cette demi-heure de prière, on recommandera les bienfaiteurs et les intentions particulières.

4. Le quatrième temps sera celui des Complies, après le repas du soir, chantées autant que possible ou psalmodiées. Une oraison libre est conseillée à ce moment, toujours en présence du Saint Sacrement. Les Complies pourraient avoir lieu soit immédiatement après le repas, soit après une récréation, mais jamais avant le repas. La récréation ne doit jamais avoir lieu après cette prière du soir, après laquelle le silence doit être observé avec plus de soin.

5. Les Supérieurs veilleront à exposer souvent le Saint Sacrement au cours du troisième temps de prière, ou à d’autres moments favorables, afin de donner l’occasion à la communauté d’adorer le Saint Sacrement.

6. On se souviendra que rien n’édifie les fidèles comme l’exemple de la prière des prêtres. Il est donc instamment conseillé de faire ses prières à l’église. S’il y a quelque réunion le soir, elle aura lieu avant ou après et l’on invitera les participants à la prière de communauté.

7. On se confessera tous les quinze jours. On aura en grande estime ce sacrement tant pour soi que pour les fidèles. Les saints prêtres ont passé leur vie au confessionnal. C’est là que se réalise particulièrement l’efficacité du Sacrifice de la Croix selon la parole de Notre Seigneur: « Nunc judicium est mundi, nunc princeps hujus mundi ejicietur foras » (Jn 12, 31). La pastorale du sacrement de pénitence a une importance capitale pour la sanctification d’une paroisse et pour l’éveil des vocations.

8. La retraite annuelle de six jours doit être une retraite organisée et non individuelle. Le choix des prédicateurs et des lieux doit être l’objet d’un soin particulier. L’ambiance de silence, du vrai culte liturgique, la fermeté de la foi et de la doctrine du prédicateur aideront à procurer un véritable renouveau spirituel.

VIII - DE SODALIUM SANCTIFICATIONIS MEDIIS PECULIARIBUS

1. Avant de devenir membres de la Fraternité, les aspirants ont une année scolaire de spiritualité à accomplir, au cours de laquelle ils s’efforceront de rendre à Notre Seigneur la place qui lui revient dans leurs âmes et dans toute leur personne.

À cet effet ils remplissent leur intelligence de sa lumière par la lecture méditée de l’Évangile, des Pères, des auteurs spirituels. La liturgie, le chant grégorien, la musique, le latin seront aussi l’objet de leurs études.

Cependant cette année doit avoir surtout pour but une véritable conversion, une restauration de l’ordre par l’éloignement des mauvaises habitudes et l’acquisition des vertus naturelles et surnaturelles grâce à la vigilance et à l’oraison.

La connaissance mystique et théologique de la sainte Messe accroîtra leur dévotion pour ces saints Mystères, pour la Vierge Marie co-rédemptrice et médiatrice.

2. L’emploi du temps et les études pourront faire l’objet d’une certaine diversité suivant que les aspirants sont déjà prêtres, se destinent à la prêtrise ou non.

3. À la maison principale ou dans une autre désignée à cet effet existera une communauté à caractère plus contemplatif, adonnée à la célébration de la sainte Messe, à l’adoration du Saint Sacrement, à des prédications de retraites sur place, à l’audition des confessions.

Quelques membres, avec l’agrément du Supérieur Général, pourraient être attachés à cette communauté d’une manière définitive. Tous ceux qui le souhaiteraient pourraient avec la même autorisation venir passer une année ou deux dans cette communauté afin d’accroître leur sanctification et leur ferveur.

Cette communauté doit être la base solide et le paratonnerre de la Fraternité. Elle doit permettre à la Fraternité de garder toujours sa véritable fin qui est la sanctification du sacerdoce, sa dévotion essentielle au Saint Sacrifice de la Messe et à la Sainte Passion de Notre Seigneur, sa fermeté doctrinale, son véritable zèle pour le salut des âmes.

L’année de spiritualité trouverait dans cette communauté sa place normale. Ainsi on pourrait donner à la liturgie une splendeur qui aiderait vraiment les âmes à s’élever vers Dieu. La diversité des âges, des expériences donnerait l’occasion de l’exercice de la charité fraternelle et permettrait en vérité de dire : « O quam bonum et jucundum habitare fratres in Unum ».

17 février 1970

17 février 1970 [Cardinal Ottaviani] Lettre à Dom Lafond

SOURCE - Cardinal Ottaviani - 17 février 1970

Très Révérend Père,

J'ai bien reçu votre lettre du 28 janvier et la Note Doctrinale, datée du 29 janvier. Je vous félicite pour votre travail qui est remarquable pour son objectivité et la dignité de son expression. Ce n'a pas été toujours, hélas ! le cas dans cette polémique dans laquelle on a vu des simples chrétiens, sincèrement blessés des nouveautés, mêlés à ceux qui se servent du trouble des âmes pour augmenter la confusion des esprits.

De ma part je regrette seulement que l'on ait abusé de mon nom dans un sens que je ne désirais pas, par la publication d'une lettre que j'avais adressée au Saint-Père sans autoriser personne à la publier.

Je me suis profondément réjoui à la lecture des Discours du Saint-Père sur les questions du Nouvel Ordo Missae, et surtout de ses précisions doctrinales contenues dans les Discours aux Audiences Publiques du 19 et du 26 novembre: après quoi, je crois, personne ne peut plus sincèrement se scandaliser. Pour le reste il faudra faire une oeuvre prudente et intelligente de catéchèse afin d'enlever quelques perplexités légitimes que le texte peut susciter. Dans ce sens je souhaite à votre Note Doctrinale et à l'activité de la Militia Mariae une large diffusion et succès.

Veuillez agréer, Très Révérend Père, l'expression de mes hommages distingués, accompagnés d'une bénédiction pour tous vos Collaborateurs et les membres de la Militia.

1 janvier 1970

3 décembre 1969 [Paul VI - Vatican] Audience générale (III)

SOURCE - Paul VI - Vatican - 3 décembre 1969

Chers fils et chères filles,

Nous voudrions un instant scruter vos âmes. Nous supposons que tous vous êtes fidèles et de bonne volonté, désireux de rencontrer le visage de la vraie Eglise. Ce visage est jeune et vivant, beau comme celui de l'épouse, l'épouse du Christ, «sans tache ni ride, sans défauts, sainte et immaculée» (cf. Ephés., 5, 27), comme dit saint Paul, et comme le Concile nous l'avait laissé espérer. Mais il nous semble entrevoir en vous un douloureux étonnement: où est l'Eglise que nous aimons et désirons ? Celle d'hier n'était-elle pas meilleure que celle d'aujourd'hui ? Et celle de demain, que sera-t-elle ? Un sentiment de confusion semble se répandre parmi les enfants de l'Eglise, même parmi les meilleurs, et parfois aussi chez les plus qualifiés, ceux qui font le plus autorité.

On parle beaucoup d'authenticité. Mais où la trouver alors que tant de choses caractéristiques, certaines même essentielles, sont mises en question ? On parle beaucoup d'unité. Mais combien veulent aller chacun de son côté ! On parle beaucoup d'apostolat. Mais où sont les apôtres généreux et enthousiastes alors qu'on voit les vocations diminuer et le laïcat catholique perdre de sa cohésion et de son esprit de conquête ? On parle beaucoup de charité. Mais dans certains milieux, même dans les milieux ecclésiastiques, souffle un vent de critique et d'amertume qui ne peut certainement pas être le vent de Pentecôte. Et que dire de cette marée d'hostilité à la religion et à l'Eglise qui monte autour de nous ? Un sentiment d'incertitude envahit le corps de l'Eglise, comme un frisson de fièvre. Est-il possible qu'il vienne à paralyser le charisme de la sécurité et de la vigueur qui caractérise l'Eglise catholique ?

Chers Fils, quel long développement mériterait ce diagnostic spirituel, moral et psychologique du peuple chrétien en cette heure où le monde entier est dans la bourrasque ! Selon notre habitude, lors de ces brefs entretiens hebdomadaires, nous ne faisons qu'évoquer ce diagnostic, uniquement pour que vous sachiez que le Pape y pense et que vous aussi vous devez y penser. Nous vous dirons avant tout qu'il ne faut pas trop se laisser impressionner, ni encore moins effrayer. Même si les phénomènes préoccupants paraissent devenir graves, il faut cependant constater qu'ils naissent souvent dans des minorités numériquement faibles, et qu'ils proviennent très souvent de sources dépourvues d'autorité.

Les moyens publicitaires modernes envahissent aujourd'hui l'opinion publique avec une facilité tapageuse et grossissent démesurément des faits insignifiants. Il reste encore une immense majorité de gens sains, bons et fidèles sur lesquels nous pouvons compter. C'est à eux que va notre confiance. Nous les invitons, nous les exhortons à tenir bon et à se montrer plus conscients et actifs. Le peuple chrétien doit de lui-même s'immuniser et s'affermir, silencieusement mais sûrement. La diffusion de la parole vraie et saine — la prédication sacrée, l'école fondée sur les principes chrétiens, la presse catholique, celle qui diffuse le magistère de l'Eglise — peut être un bon antidote contre le vertige où nous entraînent ces trop nombreuses voix tapageuses qui aujourd'hui alimentent l'opinion publique.

Celle-ci tend actuellement à se créer également avec une méthode que nous pouvons qualifier de nouvelle : les enquêtes sociologiques. Elles sont à la mode. Elles se présentent avec des méthodes rigoureuses qui semblent tout à fait positives et scientifiques. Elles ont pour elles l'autorité du nombre. De sorte que le résultat d'une enquête tend à devenir décisif, non seulement pour observer un fait collectif, mais aussi pour indiquer des normes de conduite conformes à ce résultat. Le fait devient loi. Si ce fait est négatif, l'enquête tend également à le justifier comme normatif. Et puis, l'objet d'une enquête est généralement partiel, comme isolé du contexte social et moral dans lequel il s'insère. Souvent, il porte uniquement sur l'aspect subjectif du fait observé, c'est-à-dire sur l'intérêt qu'il présente du point de vue psychologique, privé, et non pas sur l'intérêt général, la loi à suivre.

L'enquête peut alors engendrer une incertitude morale qui est fort dangereuse du point de vue social. Elle sera toujours utile en tant qu'analyse d'une situation particulière. Mais pour nous, qui recherchons le Royaume de Dieu, elle devra soumettre ses résultats à des critères différents et supérieurs, notamment les critères des exigences doctrinales de la foi et de la pastorale, laquelle doit guider vers le chemin de l'Evangile.

Cela nous amène à nous demander si les malaises dont souffre aujourd'hui l'Eglise tout entière, ne sont pas dus principalement à la contestation, tacite ou ouverte, de son autorité, c'est-à-dire de la confiance, de l'unité, de l'harmonie, de l'union dans la vérité et la charité, cette union dans laquelle le Christ a conçu et institué son Eglise, et dans laquelle la tradition l'a développée et nous l'a transmise.

Et alors, nous voudrions qu'en venant ici, dans un esprit de recueillement et de confiance, auprès de la tombe de l'apôtre sur lequel le Seigneur a fondé son Eglise, vous voyiez le visage idéal et céleste de l'Eglise, une, sainte, catholique et apostolique, et en même temps, le visage terrestre de l'Eglise réelle, humaine et toujours imparfaite, mais engagée, aujourd'hui spécialement, dans un admirable effort, à la fois douloureux et joyeux, pour être telle que le Christ l'a voulue, en faisant rayonner sa lumière et sa parole, et en faisant siens tous les dons, tous les besoins, toutes les souffrances du monde présent.

Pierre ne change pas; et cela peut vous apporter le réconfort dont en ce moment vous avez secrètement besoin: celui de la sécurité. Pierre est toujours vivant; il vit du Christ qui passe de l'avènement de Bethléem à l'avènement du dernier jour dans les siècles, dans notre histoire, cette histoire toujours égale, toujours en croissance, comme un arbre plein de vie parti d'une petite semence et qui à chaque saison se revêt d'une nouvelle frondaison. Un maître de l'antiquité (celui qui nous a donné la formule doctrinale de la tradition ecclésiale authentique, formule que le Ier Concile du Vatican a faite sienne — cf. Denzinger 3020 — «que dans l'Eglise catholique on ait le souci de conserver ce qui a toujours été cru, partout et par tous»), saint Vincent de Lérins, Père de l'Eglise, moine érudit du Ve siècle, nous a aussi donné la formule du développement doctrinal du christianisme: «la doctrine de la religion chrétienne se consolide avec les ans, se développe avec le temps, s'élève avec l'âge... hoc idem floreat et maturescat... proficiat et perficiatur» (Commonitorium, PL, L, 668). Cette formule n'admet pas les changements substantiels, mais elle explique les développements vitaux de la doctrine et de la discipline de l'Eglise. Cette formule, Newman la fera sienne, et elle le conduira à l'Eglise romaine. Nous pourrons la méditer nous aussi pour comprendre certaines nouveautés importantes dans l'Eglise d'aujourd'hui, lesquelles excluent tout fléchissement de sa pure orthodoxie et attestent sa continuelle et florissante vitalité.

26 novembre 1969 [Paul VI - Vatican] Audience générale (II)

SOURCE - Paul VI - Vatican - 26 novembre 1969

Chers fils et chères filles,

Nous voulons encore une fois vous inviter à réfléchir sur cette nouveauté que constitue le nouveau rite de la messe, qui sera utilisé dans la célébration du saint sacrifice à partir de dimanche prochain 30 novembre, premier dimanche de l'Avent. Nouveau rite de la messe ! C'est là un changement qui affecte une vénérable tradition multiséculaire, et donc notre patrimoine religieux héréditaire, lequel semblait devoir demeurer intangible, immuable, nous faire redire les mêmes prières que nos ancêtres et nos saints, nous apporter le réconfort de la fidélité à notre passé spirituel, que nous actualisions pour le transmettre ensuite aux générations suivantes. Nous comprenons mieux, en cette circonstance, la valeur de la tradition historique et de la communion des saints. Ce changement porte sur le déroulement des cérémonies de la messe. Nous constaterons, peut-être avec un certain regret, qu'à l'autel les paroles et les gestes ne sont plus identiques à ceux auxquels nous étions tellement habitués que nous n'y faisions presque plus attention. Ce changement concerne également les fidèles. Il devrait intéresser chacun d'eux, les amener à sortir de leurs petites dévotions personnelles ou de leur assoupissement habituel.

Nous devons nous préparer à ces multiples dérangements; ils sont inhérents à toutes les nouveautés qui changent nos habitudes. Nous pouvons faire remarquer que ce seront les personnes pieuses qui seront les plus dérangées. Elles avaient leur façon respectable de suivre la messe; elles se sentiront maintenant privées de leurs pensées habituelles et obligées d'en suivre d'autres. Les prêtres eux-mêmes en éprouveront peut-être quelque difficulté.

Que faire en cette occasion spéciale et historique ?

Avant tout, nous préparer. Cette nouveauté n'est pas peu de chose. Nous ne devons pas nous laisser surprendre par l'aspect de ses formes extérieures, qui peut-être nous déplaît. Si nous sommes intelligents, si nous sommes des fidèles conscients, nous devons bien nous informer des nouveautés en question. Grâce à toutes les bonnes initiatives prises par l'Eglise et par les éditeurs, cela n'est pas difficile. Comme nous le disions la dernière fois, nous devrons bien voir les motifs pour lesquels ce grave changement a été introduit: l'obéissance au Concile, laquelle devient maintenant obéissance aux évêques, qui interprètent et exécutent ses prescriptions. Ce premier motif n'est pas simplement canonique, en ce sens qu'il n'y aurait là qu'un précepte extérieur ; il est lié au charisme de l'action liturgique, c'est-à-dire au pouvoir et à l'efficacité de la prière de l'Eglise, laquelle trouve son expression la plus autorisée dans l'évêque, et donc dans les prêtres qui le secondent dans son ministère et, comme lui, agissent « au nom du Christ » (cf. S. Ign. Ad Eph., 4). C'est la volonté du Christ, c'est le souffle de l'Esprit-Saint qui appellent l'Eglise à cette mutation. Nous devons y voir, pour le Corps mystique du Christ, lequel est précisément l'Eglise, un instant prophétique qui la secoue, la réveille, l'oblige à renouveler l'art mystérieux de sa prière. Et ceci, dans une intention qui, ainsi que nous l'avons dit, constitue le second motif de la réforme: associer d'une façon plus intime et efficace l'assemblée des fidèles aux rites officiels de la messe, tant ceux de la Parole de Dieu que ceux du sacrifice eucharistique. Les fidèles, en effet, sont, eux aussi, revêtus du « sacerdoce royal », ce qui veut dire qu'ils sont habilités à cet entretien surnaturel avec Dieu.

Et c'est là, bien sûr, que l'on constatera la plus grande nouveauté : celle de la langue. Ce n'est plus le latin, mais la langue courante, qui sera la langue principale de la messe. Pour quiconque connaît la beauté, la puissance du latin, son aptitude à exprimer les choses sacrées, ce sera certainement un grand sacrifice de le voir remplacé par la langue courante. Nous perdons la langue des siècles chrétiens, nous devenons comme des intrus et des profanes dans le domaine littéraire de l'expression sacrée. Nous perdrons ainsi en grande partie cette admirable et incomparable richesse artistique et spirituelle qu'est le chant grégorien. Nous avons, certes, raison d'en éprouver du regret et presque du désarroi. Par quoi remplacerons-nous cette langue angélique ? Il s'agit là d'un sacrifice très lourd. Et pourquoi ? Que peut-il y avoir de plus précieux que ces très hautes valeurs de notre Eglise ?

La réponse semble banale et prosaïque, mais elle est bonne, parce que humaine et apostolique. La compréhension de la prière est plus précieuse que les vétustes vêtements de soie dont elle s'est royalement parée. Plus précieuse est la participation du peuple, de ce peuple d'aujourd'hui, qui veut qu'on lui parle clairement, d'une façon intelligible qu'il puisse traduire dans son langage profane. Si la noble langue latine nous coupait des enfants, des jeunes, du monde du travail et des affaires, s'il était un écran opaque au lieu d'être un cristal transparent, ferions-nous un bon calcul, nous autres pécheurs d'âmes, en lui conservant l'exclusivité dans le langage de la prière et de la religion ? Saint Paul ne disait-il pas, dans sa première épître aux Corinthiens : «Dans l'assemblée, j'aime mieux dire cinq mots avec mon intelligence, pour instruire aussi les autres, que dix mille en langue» (14, 19, etc.) ? Et saint Augustin ajoute, en guise de commentaire : «Pourvu que tous soient instruits, que l'on n'ait pas crainte des maîtres.» (Pl., 38, 228, serm., 37 cf. aussi Serm., 299, p. 1371.)

Par ailleurs, le nouveau rite de la messe demande «que les fidèles sachent chanter ensemble, en latin, sur des mélodies faciles, au moins quelques parties de l'ordinaire de la messe, mais surtout la profession de foi et l'oraison dominicale». (N. 19). Mais, ne l'oublions pas, pour notre gouverne et notre réconfort : le latin ne disparaîtra pas pour autant de notre Eglise. Il demeurera la noble langue des actes officiels du Siège apostolique ; il restera toujours comme un instrument d'enseignement pour les études ecclésiastiques, comme la clef qui donne accès au patrimoine de notre culture religieuse, historique et humaniste et cela, si possible, avec une nouvelle splendeur.

Et, finalement, si on y regarde bien, on verra que la messe a fondamentalement gardé sa ligne traditionnelle, non seulement dans son sens théologique, mais aussi dans son sens spirituel. Si le rite se déroule comme il se doit, ce sens spirituel sera même plus richement exprimé, en raison de la plus grande simplicité de la cérémonie, de la variété et de l'abondance des textes de la Sainte Ecriture, de l'action combinée des différents ministres, des silences qui, ici et là, soulignent le caractère plus profond du rite; et, en raison surtout de deux choses indispensables qu'il requiert: la participation intime de chaque fidèle et l'union des âmes dans la charité communautaire. Ce sont ces deux choses qui doivent faire de la messe, plus que jamais, un élément d'approfondissement spirituel, un foyer tranquille mais exigeant, où l'on apprend à vivre ensemble en chrétiens. Les liens qui nous unissent au Christ et à nos frères s'y resserrent d'une façon plus vivante. Par l'action du ministre de l'Eglise, le Christ victime et prêtre renouvelle et offre son sacrifice rédempteur dans le rite symbolique de la dernière Cène. Sous les apparences du pain et du vin, il nous laisse son Corps et son Sang pour nourrir notre âme et nous fondre dans l'unité de son amour rédempteur et de sa vie immortelle.

Mais, il reste une difficulté pratique qui n'est pas sans importance, étant donnée la valeur de la messe: comment ferons-nous pour mettre en oeuvre ce nouveau rite, alors que nous n'avons pas encore le missel complet et que tant d'incertitudes entourent son application? C'est pourquoi, pour terminer, nous vous lirons certaines indications émanant de la S. congrégation du Culte divin, qui a compétence en la matière:

«En ce qui concerne le caractère obligatoire du rite :

1. Pour le texte latin : les prêtres qui célèbrent en latin, en privé, ou également en public dans les cas prévus par la loi, peuvent, jusqu'au 28 novembre 1971, utiliser soit le missel romain, soit le nouveau rite.

S'ils prennent le missel romain, ils peuvent utiliser les trois nouvelles anaphores, ou le canon romain avec les modifications prévues dans le dernier texte (omission de certains saints, des conclusions, etc.). Ils peuvent dire dans la langue du peuple les lectures et la prière des fidèles.

S'ils utilisent le nouveau rite, ils doivent suivre le texte officiel, avec les concessions ci-dessus indiquées pour la langue du peuple.

2. Pour le texte en langue du peuple. En Italie, tous ceux qui célèbrent avec assistance doivent, à partir du 30 novembre prochain, utiliser le rite de la messe publié par la Conférence épiscopale italienne, ou par une autre Conférence nationale.

Les dimanches et jours de fête, les lectures seront prises :
  • Soit dans le lectionnaire publié par le Centre de pastorale liturgique;
  • Soit dans le lectionnaire publié par le et jours de fête utilisé jusqu'à maintenant.

En semaine, on continuera à utiliser le Iectionnaire férial publié il y a trois ans.

Pour ceux qui célèbrent en privé, il n'y a aucun problème, parce qu'ils doivent célébrer en latin. Si, en vertu d'un indult particulier, ils célèbrent en langue du peuple : pour les textes, ils doivent suivre ce qui a été dit ci-dessus à propos de la messe avec assistance ; mais pour les rites, ils doivent suivre l'Ordo spécial publié par la Conférence épiscopale italienne.»

En tout état de cause, rappelons-nous que toujours «la messe est un mystère qui doit être vécu dans une mort par amour. Sa réalité divine dépasse toute parole humaine... Elle est l'action par excellence, l'acte même de notre rédemption dans le mémorial qui l'actualise». (Zundel)

Avec notre bénédiction apostolique.

19 novembre 1969 [Paul VI - Vatican] Audience générale (I)

SOURCE - Paul VI - Vatican - 19 novembre 1969

Chers fils et chères filles, 

Nous voulons attirer votre attention sur un prochain événement concernant l'Eglise catholique latine : l'introduction dans la liturgie du nouveau rite de la messe, qui sera obligatoire dans les diocèses d'Italie à partir du premier dimanche de l'Avent, 30 novembre. La messe sera célébrée d'une façon quelque peu différente de celle à laquelle nous étions habitués jusqu'à maintenant, et qui remonte à saint Pie V, il y a quatre siècles.

Ce changement a quelque chose de surprenant, d'extraordinaire, la messe étant considérée comme l'expression traditionnelle et intangible de notre culte religieux, de l'authenticité de notre foi. Et alors, on se demande : Comment est-ce possible ? En quoi consiste ce changement ? Quelles en seront les conséquences pour ceux qui assistent à la sainte messe ? Les réponses à ces questions et à d'autres semblables que l'on se pose devant une nouveauté si surprenante vous seront données abondamment dans toutes les églises, dans toutes les publications religieuses, dans toutes les écoles où l'on enseigne la doctrine chrétienne. Nous vous exhortons à y faire attention; et ce sera pour vous l'occasion de préciser et d'approfondir quelque peu l'extraordinaire et mystérieuse notion de la messe.

Mais, pour le moment, nous voudrions, dans ce bref et élémentaire discours, écarter les difficultés qui, au premier abord, se posent spontanément pour vous devant ce changement. A cet effet, nous répondrons aux trois questions que chacun se pose.

Comment un tel changement est-il possible ? Réponse : de par la volonté expresse du récent Concile, qui a dit : « Le rituel de la messe sera révisé de telle sorte que soient manifestés plus clairement le rôle propre, ainsi que la connexion mutuelle de chacune de ses parties, et que soit facilitée la participation pieuse et active des fidèles. Aussi, en gardant fidèlement la substance des rites, on les simplifiera ; on omettra ce qui, au cours des âges, a été redoublé ou a été ajouté sans grande utilité ; on rétablira, selon l'ancienne norme des Saints Pères, certaines choses qui ont disparu sous les atteintes du temps, dans la mesure où cela apparaîtra opportun ou nécessaire. » (Sacr. Concilium, n. 50.)

Cette réforme imminente répond donc à un mandat officiel de l'Eglise ; elle est un acte d'obéissance ; elle montre que l'Eglise est cohérente avec elle-même ; c'est un pas en avant dans la ligne de sa tradition authentique; c'est une preuve de fidélité et de vitalité qui requiert de nous tous une prompte adhésion. Ce n'est pas décision arbitraire; ce n'est pas une expérience temporaire ou facultative ; ce n'est pas une improvisation due à un quelconque dilettante. C'est une loi élaborée par d'éminents liturgistes après de longues discussions et de longues études. Nous ferons bien de l'accueillir avec un joyeux intérêt et de l'appliquer ponctuellement et unanimement. Cette réforme met fin aux incertitudes, aux discussions, aux initiatives arbitraires et abusives. De nouveau, elle requiert de nous cette uniformité de rites et de sentiments qui est propre à l'Eglise catholique, héritière et continuatrice de la première communauté chrétienne, laquelle ne faisait « qu'un coeur et qu'une âme ». (Actes, 4, 32.) L'unanimité de la prière dans l'Eglise est l'un des signes et l'une des forces de son unité et de sa catholicité. Le prochain changement ne doit ni rompre ni troubler cette unanimité. Il doit, au contraire, la confirmer, l'affirmer avec un esprit nouveau et jeune.

Autre question: en quoi consiste ce changement ? Vous verrez qu'il y a, à propos des rites, beaucoup de prescriptions nouvelles qui exigeront, surtout au début, une certaine attention, un certain effort. La piété personnelle et l'esprit communautaire rendront facile et agréable l'observance de ces nouvelles prescriptions. Mais, qu'il soit bien entendu que rien n'est changé dans la substance de notre messe traditionnelle. Certains pourront peut-être se laisser impressionner par telle ou telle cérémonie particulière, par telle ou telle rubrique annexe, comme si elles constituaient ou cachaient une altération ou une minimisation de vérités définitives ou dûment sanctionnées de la foi catholique; comme si elles compromettaient l'équation lex orandi-lex credendi (loi de la prière-loi de la foi).

Mais il n'en est absolument rien. Avant tout parce que le rite et la rubrique correspondante ne sont pas, en eux-mêmes, une définition dogmatique. Ils peuvent avoir des qualifications théologiques de valeur diverse selon le contexte liturgique auquel ils se rapportent; ce sont des gestes et des paroles appliqués à une action religieuse vécue, vivant d'un mystère inexprimable de présence divine, et qui n'est pas toujours réalisée sous une forme univoque. Seule la critique théologique peut analyser cette action et l'exprimer en des formules doctrinales logiquement satisfaisantes.

Ensuite, parce qu'avec le nouveau rite, la messe est et demeure celle de toujours, d'une façon peut-être encore plus évidente en certains de ses aspects. L'unité entre la Cène du Seigneur et le sacrifice de la croix, le renouvellement représentatif de l'un et de l'autre dans la messe, sont inviolablement affirmés et célébrés dans le nouveau rite comme dans le précédent. La messe est et demeure le mémorial de la dernière Cène du Christ au cours de laquelle le Seigneur, changeant le pain et le vin en son corps et en son sang, institua le sacrifice du Nouveau Testament et voulut que, par la vertu de son sacerdoce conférée aux apôtres, ce sacrifice fût renouvelé dans son identité, en étant seulement offert d'une façon différente, c'est-à-dire d'une façon sacramentelle, non sanglante, en perpétuelle mémoire de lui, jusqu'à son retour à la fin des temps (cf. De la Taille, Mysterium fidei, Elucid. IX).

Si le nouveau rite vous permet de voir plus clairement le rapport entre la liturgie de la parole et la liturgie eucharistique proprement dite, celle-ci étant comme la réponse et la réalisation de celle-là (cf. Bouyer) ; si vous remarquez combien la célébration du sacrifice eucharistique appelle l'assistance de l'assemblée des fidèles qui, à la messe, sont et se sentent pleinement « Eglise » ; si, enfin, vous voyez mis en valeur d'autres propriétés merveilleuses de notre messe, n'allez pas croire que tout cela tende à en altérer la pure et traditionnelle essence. Sachez plutôt apprécier comment l'Eglise, par le moyen de ce nouveau et vaste langage, désire assurer une efficacité plus grande à son message liturgique et veut, d'une façon plus directe et plus pastorale, le mettre à la portée de chacun de ses enfants et du peuple de Dieu tout entier.

Nous répondons ainsi à la troisième question que nous nous étions posée: quelles seront les conséquences de cette innovation ? Les conséquences prévues ou, mieux encore, souhaitées, sont: une participation plus intelligente, plus pratique, plus appréciée, plus sanctifiante des fidèles au mystère liturgique, c'est-à-dire à l'écoute de la Parole de Dieu — qui résonne d'une façon toujours vivante tout au long des siècles et dans l'histoire de chacune de nos âmes — et à la réalité mystique du sacrifice sacramentel et propitiatoire du Christ.

Ne parlons donc pas de « nouvelle messe », mais de « nouvelle époque » de la vie de l'Eglise.

Avec Notre Bénédiction apostolique.

18 novembre 1969 [Vatican] Préliminaire à la Présentation générale du Missel Romain

SOURCE - Vatican - 18 novembre 1969

La Présentation générale du Missel romain, qui servira d'introduction au Missel romain réformé en vertu du décret du IIe Concile du Vatican et qui, actuellement, précède l'Ordo missae, a été rédigée par le Consiliumpour l'application de la Constitution sur la liturgie, avec le concours d'éminents experts en matière de théologie et de pastorale. Après un examen approfondi, elle fut approuvée par les cardinaux et les évêques de ce même Consilium, choisis par le Souverain Pontife « dans diverses régions du monde ». (Cf. Const. sur la liturgie, art. 25.)
   
Cette Présentation reprend et applique fidèlement les principes doctrinaux et les normes pratiques qui, au sujet du culte du mystère eucharistique, sont contenus dans la Constitution conciliaire Sacrosanctum Concilium (4 décembre 1963), dans l'encyclique Mysterium Fidei (3 septembre 1965) de S. S. Paul VI, et dans l'instruction Eucharisticum Mysterium (25 mai 1967) de la S. congrégation des Rites.

Cependant, cette Présentation ne doit pas être considérée comme un document doctrinal ou dogmatique, mais comme une instruction pastorale et rituelle décrivant la célébration et ses parties, compte tenu des principes doctrinaux donnés dans les documents ci-dessus énumérés. Les rites, en effet, découlent de la doctrine et manifestent celle-ci.

Aussi, la Présentation se propose-t-elle d'indiquer les lignes directrices de l'instruction catéchétique qui doit être donnée aux fidèles, et de donner les principales normes pour la célébration eucharistique à l'intention de ceux qui participent à cette célébration selon leurs divers ordres et degrés.

C'est pourquoi, lorsque sera publiée l'édition type du Missel romain, où la Présentation générale figurera en tête, à titre d'introduction, à la place des indications concernant les rubriques et les rites qui figuraient jusqu'à maintenant dans le Missel romain, si l'on peut trouver des expressions plus claires permettant une meilleure compréhension pastorale et catéchétique, ainsi qu'une plus grande perfection des rubriques, le Siège apostolique veillera à ce qu'il en soit ainsi.

7 novembre 1969 [Radio Vatican] Entretien avec le cardinal Garrone

SOURCE - Radio Vatican - 7 novembre 1969

Éminence, voici ma question : on parle beaucoup du nouvel Ordo missae en des sens divers. Paris-Presse, voyez ce titre imprimé : « Le cardinal Ottaviani écrit au Pape Paul VI : les nouveaux rites transforment la messe en banquet de bienfaisance... » Accepteriez-vous de nous dire votre sentiment sur cette question ?
Je me sens un peu en cette matière, face à toutes ces réactions, l'âme d'un chrétien moyen ; je m'étonne et je cherche à comprendre.
D'où viennent selon vous ces réactions ?
Certaines ont un ton si vif et atteignent une telle violence verbale, même une telle violence d'idées, que j'ai quelque peine, pour mon compte, à ne pas y voir une querelle de tendances. Et ma tentation quelquefois est de revenir au mot de Talleyrand : que tout ce qui est exagéré est insignifiant. Car il s'agit, avec cet Ordo, d'un acte du Saint-Père, un acte de l'autorité suprême de l'Eglise. Il est vrai qu'aujourd'hui pour certains... Mais, en tout cas, il y a au fond de certaines de ces réactions évidemment une souffrance digne de respect et qui mérite qu'on s'interroge, pour la comprendre et tâcher, dans la mesure où on le peut, d'y répondre.
Que reproche-t-on à ce nouvel Ordo, somme toute?
Je pense qu'on lui reproche avant tout d'être nouveau. Certains ont du nouveau un besoin presque maladif, et d'autres éprouvent, sans doute par contrecoup, une réaction maladive d'opposition à tout ce qui porte ce caractère. On comprend d'ailleurs qu'après des années et des années de fréquentation du mystère eucharistique dans un certain cadre qui portait nos souvenirs les plus chers, qui était incorporé à notre sensibilité, on éprouve quelque appréhension, peut-être même, ici ou là, quelque effroi à penser qu'on a touché quelque chose à ce centre de notre expérience religieuse la plus intime. Mais on peut se demander si vraiment dans cet Ordo missae tout est si nouveau qu'on a l'air de le croire. Ceux qui ont voulu suivre les prescriptions de l'Eglise ont déjà pu s'acclimater à ce nouvel Ordo de bien des façons : l'essentiel en demeure les prières eucharistiques (canon) ; or voilà des mois que ces prières sont en usage et que nos fidèles en ont pris l'habitude et souvent, semble-t-il, même le goût.
Mais on a dit, Eminence, que ce nouvel Ordo contiendrait des erreurs théologiques?
Ce serait tout de même énorme, mon Père ! J'ai lu avec attention, comme il se doit, non seulement le texte de l'Ordo missae mais l'instruction qui le précède, et j'ai peine à comprendre de telles réactions. Il me semble que ce qu'on peut trouver d'apparent silence dans une phrase a son explication dans le fait que la chose est dite ailleurs. Cette instruction, lue d'un bout à l'autre dans un esprit qui ne soit pas un esprit de suspicion, apporte le sentiment évident que nous sommes dans la ligne et dans la coulée de la tradition de l'Eglise et qu'un Père du Concile de Trente y trouverait son bien.
Mais on a dit aussi que cet Ordo était la victoire d'un parti?
J'ai un peu peur de la réponse qui me vient à l'esprit : je me demande en entendant cela s'il ne faudrait pas penser que c'est, plutôt que la victoire d'un parti, la défaite d'un autre !
Je pense aussi aux fidèles qui ne voient pas toutes ces nuances. Ne vont-ils pas être désorientés par toutes ces batailles et par le nouveau texte qu'ils vont recevoir ?
C'est la vraie question. C'est là sans doute qu'il faut s'arrêter avec le plus de soin. Cet Ordo missae a besoin d'être expliqué. Il a besoin d'être préparé. Il demande à être bien réalisé, et cela demandera évidemment du temps.

Il ne me semble pas, très sincèrement, que le petit peuple doive être désorienté par cet Ordo. J'ai célébré une fois déjà la messe suivant cet Ordo, dans le cadre des préparations que faisait l'épiscopat italien. Je n'ai éprouvé aucune désorientation et il ma semblé que les fidèles qui participaient à cette messe, parfaitement exécutée bien sûr, s'y trouvaient très à leur aise. Les fidèles qui sont engagés dans la messe dite selon ce nouvel Ordo ne peuvent pas ne pas se sentir enrichis du point de vue de la liturgie de la Parole. Ils ne peuvent pas ne pas accepter avec joie cette part qui leur est offerte presque physiquement dans l'offrande des dons. Ils ne peuvent pas ne pas trouver dans la prière universelle la compensation à telle ou telle prière qui leur était familière dans l'ancien Ordo, mais qui était mise exclusivement sur les lèvres du prêtre et qui maintenant est devenue la leur. Ils ne peuvent pas ne pas être heureux d'entendre des textes comme ceux des nouvelles prières eucharistiques dont ils peuvent tout comprendre, et qui les mettent progressivement au contact du mystère du Christ et de son mémorial.
Cependant, ce nouvel Ordo, avec ses possibilités de choix, ne craignez-vous pas qu'il puisse se prêter à certains abus... parfois?
Tout peut donner lieu à abus, si l'on veut prendre la question par ce point. Les choses qu'on regrette dans l'Ordo ancien ne prêtaient-elles pas elles-mêmes aux abus ? Est-ce que le fait pour un prêtre de pouvoir lire les textes de la messe sans que personne ne puisse se rendre compte s'il les lisait bien ou mal ne représentait pas une possibilité d'abus ?
Que diriez-vous par exemple, Eminence, à un curé qui vous interrogerait là-dessus?
Je lui dirais qu'il a un beau travail devant lui, travail qui n'est pas facile, travail qui apportera certainement, je pense, de très grandes joies, à condition qu'il veuille ne pas aller au-delà de ce que l'Eglise lui prescrit ou lui demande et qu'il ne veuille pas imposer à ses fidèles autre chose que ce que l'Eglise leur impose.
Et à un chrétien, un bon chrétien, Eminence, que diriez-vous?
Je lui expliquerais que cet Ordo missae a été inspiré en grande partie par le souci de lui donner dans la célébration de la messe la part qu'il y a effectivement de droit, qu'on l'invite à comprendre, qu'on l'invite à participer et qu'il doit s'efforcer d'entrer dans cette ligne dont il sera le principal bénéficiaire.
En votre âme et conscience, qu'en pensez-vous?
Mon Père, je serai sincère : j'aime le latin de la messe. C'est ainsi que j'ai dit la messe depuis plus de quarante ans : j'aime le canon romain qui est celui de ma première messe. J'aime l'Ordo missae ancien, mais j'aime encore plus l'Eglise et j'ai confiance en elle et je suis persuadé qu'en lui obéissant, je suis sur le chemin du meilleur profit spirituel.

20 octobre 1969 [Vatican] Instruction sur l'application progressive de la Constitution apostolique Missale Romanum

SOURCE - Vatican - 20 octobre 1969

La Constitution apostolique Missale Romanum du Souverain Pontife Paul VI (3 avril 1969) a approuvé le nouveau Missel romain réformé selon les prescriptions du IIe Concile du Vatican. Trois parties de ce Missel sont actuellement parues, à savoir : l'Institutio generalis Missalis Romani et l'Ordo Missae, publiés par le décret de la S. congrégation des Rites le 6 avril 1969, et l'Ordo lectionum Missae, publié par le décret de cette S. congrégation, le 25 mai 1969. Les autres parties du Missel romain seront publiées prochainement.

Les documents précités ont établi, au 30 novembre de cette année, premier dimanche de l'Avent, la mise en vigueur des rites et des textes nouveaux. Mais l'instauration de cette partie de la réforme de la messe présente de nombreuses et grandes difficultés: énorme travail pour préparer les traductions et les éditions des nouveaux livres, nécessité de faire une catéchèse soigneuse et appropriée, changement des habitudes pour le clergé et les fidèles.

C'est pourquoi, pour répondre aux nombreuses demandes d'évêques et de Conférences épiscopales, cette S. congrégation pour le Culte divin, avec l'approbation du Souverain Pontife, a établi les normes suivantes qui régissent l'application progressive de la Constitution apostolique Missale Romanum. Ces normes complètent celles qui ont été publiées par cette même S. congrégation, le 25 juillet 1969, De editionibus apparandis et de usu novi Ordinis lectionum Missae. (AAS, LXI (1969), p. 548-549.)
I. — L’Ordo Missae
1. A partir du 30 novembre 1969, on peut utiliser le texte latin de l'Ordo Missae.

2. Les Conférences épiscopales fixeront la date à partir de laquelle on pourra utiliser ce même Ordo Missae avec les textes traduits en langue vivante. Il y a avantage cependant que les traductions des textes du nouvel Ordo Missae soient faites au plus tôt et, qu'une fois dûment approuvées, elles soient mises en usage, même avant que les autres textes du Missel romain soient traduits en langue vivante.

3. Les traductions des textes du nouvel Ordo Missae seront approuvées, au moins ad interim, par la Conférence épiscopale (ou par la Commission liturgique nationale et au moins par le Conseil de présidence de la Conférence); elles seront aussi proposées à cette S. congrégation pour confirmation (cf. Declaratio circa interpretationes textuum liturgicorum ad interim paratas, Notitiae, (1969), p. 68).

4. La traduction des textes de l'Ordo Missae doit être identique pour tous les pays qui se servent de la même langue (cf. Lettre aux présidents des Conférences épiscopales, 16 octobre 1964, Notitiae, 1 (1965), p. 195; Instructio De popularibus interpretationibus conficiendis, 25 janvier 1969, n. 41-42: Notitiae (1969), p. 11-12). Cela vaut également pour les autres parties qui demandent la participation directe du peuple.

5. Il revient aux Conférences épiscopales d'approuver les nouvelles mélodies pour les textes traduits en langue vivante chantés par le célébrant et les ministres (cf. Instructio Inter oecumenici, 25 septembre 1964, n. 42; Instructio Musicam sacram, 5 mars 1967, n. 57).

6. Avant d'introduire les rites et les textes du nouvel Ordo Missae, qu'on établisse, avec l'aide du Centre liturgique national et des Commissions liturgiques diocésaines, un programme et des instruments de catéchèse, qui permettront au clergé et aux fidèles de comprendre et d'approfondir la portée spirituelle des nouvelles dispositions (par exemple, sessions d'études, conférences, articles de presse et autres publications, émissions de radio et de télévision).

7. Chaque Conférence épiscopale fixera la date à partir de laquelle on devra obligatoirement utiliser le nouvel Ordo Missae, sauf pour les cas particuliers prévus aux n. 19-20. Cette date ne devra pas dépasser le 28 novembre 1971.

8. Il revient aussi aux Conférences épiscopales de déterminer, avec l'aide des Commissions épiscopales compétentes et des Centres liturgiques les divers éléments laissés à leur jugement par l'lnstitutio generalis Missalis Romani, à savoir: 
a) Les gestes et les attitudes des fidèles pendant la messe (cf. IG, n. 21);
b) Le geste de vénération de l'autel et du livre des évangiles (cf. IG, n. 232);
c) Le geste de paix (cf. IG, n. 56 b);
d) La possibilité de n'avoir que deux lectures aux messes des dimanches et des fêtes de précepte (cf. IG, n. 318);
e) La possibilité de faire proclamer par des femmes des lectures bibliques qui précèdent l'évangile (cf. IG, n. 66). 
II. — Les autres textes du Missel romain
9. Dès que sera publié le texte latin du missel romain, on pourra en faire usage.

10. Chaque Conférence épiscopale fixera la date à partir de laquelle on pourra utiliser les textes du nouveau Missel romain traduits en langue vivante.

On pourra procéder par étapes et introduire au fur et à mesure les traductions dès qu'elles seront approuvées, sans attendre que tous les textes soient traduits. Par exemple, on pourra introduire les textes du temporal, même si les textes du sanctoral, des communs ou des messes ad diversa ne sont pas encore prêts. Il convient cependant d'introduire les nouveaux textes au commencement d'un temps liturgique (Avent, Carême, temps pascal).

11. Les traductions des nouveaux textes du Missel romain seront approuvées, au moins ad interim par la Conférence épiscopale (ou par la Commission liturgique nationale et au moins par le Conseil de présidence de la Conférence); elles seront soumises à cette S. congrégation pour confirmation (cf. supra, n. 3).

12. Il revient aux Conférences épiscopales de préparer un répertoire des textes en langue vivante, pour le chant de l'introït, de l'offertoire et de la communion (cf. Institutio generalis, n. 26, 50, 56 i). L'approbation du répertoire actuel sera accompagnée d'une pressante invitation de la Conférence épiscopale aux personnes compétentes pour accroître et perfectionner ce répertoire, en tenant compte des textes proposés dans le nouveau Missel, de la mentalité et du génie de la langue.

13. Si l'on se sert du nouvel Ordo Missae avant que le nouveau Missel romain soit publié, on prendra les textes dans l'actuel Missel, en tenant compte de ce qui suit: 
a) Si l'antienne d'introït n'est pas chantée, on ne la lit qu'une fois, sans verset de psaume, ni Gloria Patri (cf. IG, n. 26);
b) Si l'antienne d'offertoire n'est pas chantée, elle est omise (cf. idem, n. 50);
c) L'oraison sur les offrandes et l'oraison après la communion ont la conclusion brève (cf. idem, n. 32). 
14. Chaque Conférence épiscopale fixera la date à partir de laquelle on devra obligatoirement utiliser les textes du nouveau Missel romain, sauf pour les cas particuliers prévus aux nn. 19-20. Cette date ne devra pas dépasser le 28 novembre 1971.
III. — L’Ordo lectionum Missae
15. Chaque Conférence épiscopale fixera la date à partir de laquelle on pourra, ou l'on devra, utiliser le nouvel Ordo lectionum Missae.

16. En attendant les traductions des nouvelles lectures, confirmées par cette S. congrégation, les Conférences épiscopales peuvent autoriser l'usage, ad interim, d'une ou de plusieurs traductions dans les Bibles approuvées. Dans ce cas, elles veilleront à fournir aux prêtres les indications bibliques précises (références, incipits, coupures des péricopes) fournies par l'Ordo lectionum Missae. Cela vaut surtout pour les lectures du cycle B des dimanches, qui doit être utilisé à partir du 30 novembre 1969.

17. Jusqu'à ce qu'on ait les textes du nouveau Lectionnaire, on conservera les lectures du Missel romain actuel pour chaque partie. De même, on peut utiliser ad interim les lectionnaires approuvés ad experimentum et actuellement en usage pour les féries, les messes accompagnant la célébration de divers sacrements, les messes des défunts, certaines messes votives, etc. (cf. lnstructio De editionibus apparandis et de usu novi Ordinis lectionum Missae, 25 juillet 1969, nn. 4-5).

18. Pour sauvegarder l'importance liturgique et pastorale du psaume responsorial, que les Commissions nationales compétentes établissent une liste provisoire de psaumes et de refrains, en choisissant dans le répertoire actuel ce qui correspond le mieux aux textes de l'Ordo lectionum Missae(voir aussi les textes communs pour le chant du psaume responsorial, nn. 174-175). Cependant, que ces mêmes Commissions n'omettent pas d'inviter fortement les personnes compétentes à accroître et perfectionner le répertoire de ces textes et de ces mélodies, en tenant compte des textes proposés dans l'Ordo lectionum Missae, de la mentalité et du génie de la langue.

Qu'un répertoire semblable soit établi aussi pour les versets avant l'évangile.
IV. — Cas particuliers
19. Les prêtres âgés qui célèbrent la messe sine populo, et qui auraient trop de difficultés à s'habituer au nouvel Ordo Missae et aux nouveaux textes du Missel romain et de l'Ordo lectionum Missae, peuvent, du consentement de leur Ordinaire, suivre les rites et les textes actuels.

20. Les cas particuliers concernant par exemple les prêtres malades, infirmes ou ayant d'autres difficultés, seront soumis à cette S. congrégation.

Le Souverain Pontife Paul VI a approuvé, le 18 octobre 1969, la présente Instruction et a ordonné de la publier pour qu'elle soit suivie soigneusement par tous ceux qu'elle concerne.

Nonobstant toutes choses contraires.