21 juillet 2005

[Pierre Schmidt - La Croix] "Une messe tridentine à Nanterre - Après un an de réflexion, l'évêque de Nanterre, Mgr Gérard Daucourt, autorise une célébration hebdomadaire selon le rite de saint Pie V dans une paroisse de son diocèse"

Pierre Schmidt - La Croix - 21 juillet 2005

Après un an de réflexion et de consultations diverses – l’Assemblée des prêtres, le Conseil presbytéral et le Conseil épiscopal –, Mgr Gérard Daucourt, évêque de Nanterre, a finalement pris la décision de «permettre la célébration d’une messe dominicale selon l’ancienne forme du rite romain» dans son diocèse. Il explique sa décision dans le dernier bulletin diocésain (numéro de juillet), Église des Hauts-de-Seine.

Cette messe selon le rite de saint Pie V sera donc célébrée à partir du 1er dimanche de l’Avent (27 novembre 2005) à l’église Sainte-Marie des Fontenelles à Nanterre. L’heure n’a pas encore été arrêtée. Dans le bulletin diocésain, l’évêque de Nanterre souligne que ce choix a été fait «au nom de la charité pastorale à laquelle le pape invitait» et «conformément aux termes de la lettre Ecclesia Dei et des précisions données par les instances romaines en charge de son application».

Évêque de Nanterre depuis trois ans, Mgr Gérard Daucourt avait, jusqu’à présent, refusé de donner suite aux revendications exprimées par des promoteurs de la liturgie tridentine, notamment les membres de l’association «Pour la paix liturgique sur le diocèse de Nanterre». Une association qui agissait par voie de tracts, de courriers et d’interventions publiques, notamment lors de la venue à Neuilly, en janvier dernier, du cardinal Walter Kasper. Le président du Conseil pontifical pour l’unité des chrétiens s’était alors fait traiter d’«hérétique» (lire La Croix du 19 janvier).

Mgr Daucourt tient clairement à préciser une «nouvelle fois», qu’il «désapprouve totalement les méthodes que certains groupes ou personnes ont cru devoir utiliser depuis de trop nombreux mois. Dans l’Église, un désaccord avec l’évêque ne saurait s’exprimer par une campagne d’opinion déclenchée pour faire pression sur lui et par des procédés déloyaux et blessants, dont des épisodes douloureux ont pu être l’illustration lamentable». Voilà pour le passé.
«On verra qui est là et à quoi cette demande correspond»
Pour le futur, Mgr Daucourt est aussi très clair dans ses intentions. Il ne s’agit pas de confier une paroisse à une société de prêtres de sensibilité traditionnelle, comme cela est le cas dans d’autres diocèses. «Les célébrations et autres activités» de la paroisse d’accueil – qui comprend une autre église, Saint-Joseph de Fontenelles, où se déroule d’ailleurs l’essentiel des activités – restent donc «évidemment inchangées», précise l’évêque.

«Nous appliquons Ecclesia Dei, qui ne concerne que la messe, et seulement à la messe», explique le P. Yvon Aybram, curé-doyen de Saint-Cloud, qui sera nommé le 1er septembre vicaire épiscopal chargé de l’application d’Ecclesia Dei, et donc de ce dossier.

En outre, lui et les quatre autres prêtres diocésains, nommés par Mgr Daucourt pour célébrer à tour de rôle, n’ont «jamais célébré selon le rite de saint Pie V, même si on a servi ces messes-là comme enfants de chœur», précise le P. Aybram. Enfin, ces mesures ont été prises «ad experimentum, pour la durée d’une année au terme de laquelle une évaluation sera faite», précise l’évêque de Nanterre.

«Les enjeux de cette expérience sont simples, poursuit le P. Aybram. Il s’agit de répondre à certaines sensibilités exprimées ces derniers mois, et d’avoir une meilleure idée de la population intéressée par cette messe… On verra qui est là et à quoi cette demande correspond réellement dans le diocèse. Car pour l’instant, nous n’avons que de vagues impressions.»

À la rentrée sera choisi l’horaire de cette messe, en accord avec le futur nouveau curé de la paroisse d’accueil, le P. Philippe Bedin, prêtre diocésain, qui doit arriver en septembre, et qui ne célébrera pas de messe tridentine. Lui, il devra assurer la messe habituelle fixée – actuellement – en fin de matinée.

Pierre SCHMIDT