SOURCE - Abbé Marc Guelfucci - Le Forum Catholique - 28 novembre 2005
Depuis l’élection de Benoît XVI, le monde traditionaliste est en         émoi. Il est porté par un certain espoir. Les positions fermes du         nouveau souverain pontife, ses écrits sur la messe tridentine ne         peuvent en effet laisser indifférent. L’optimisme béat finit-il par         s’insinuer dans le cœur des catholiques traditionalistes fatigués d’attendre         ?
Des prêtres s’inquiètent de ce sourd enthousiasme et s’empressent         de prévenir les âmes de ne pas baisser la garde. Ils appellent les         fidèles à se méfier plus que jamais : Vatican II n’est pas         condamné mais loué, la nouvelle messe est toujours présente avec ou         sans ses abus.
Au sein de communautés traditionnelles Ecclesia Dei, les critiques         publiques ont été réduites. Une prudente réserve a été choisie         pour obtenir la bienveillance des évêques et si possible des         concessions pastorales.
Parmi eux, certains ont accepté la concélébration en assumant les         risques de contacts paroissiaux plus osés avec leurs confrères dans le         sacerdoce. Ils militent pour le plus large retour possible à la         liturgie traditionnelle, et souhaitent obtenir des paroisses qui         donneront nous seulement la messe tridentine mais son catéchisme. Cette         association aux diocèses comporte certes le risque d’une         relativisation des pratiques modernes voisines plus ou moins fortes, et         de rester en silence devant des initiatives oecuménistes marquées qui         n’encouragent pas à embrasser la foi catholique.
D’ailleurs, l’autorité diocésaine va préférer confier la         célébration à un prêtre diocésain qui aura appris la messe         tridentine. Le problème est en effet plus profond que celui de la         liturgie, c’est toute une spiritualité. Le retour de l’habit         religieux, la ferveur eucharistique, la pratique de la confession, ne se         font pas uniformément. De nombreux îlots progressistes hostiles aux         directives romaines sont encore bien vivants. Des équipes pastorales         bien installées veulent garder la main mise sur les « célébrations         ». Le dialogue inter religieux écarte le prosélytisme et l’appel à         la conversion à l’Eglise catholique.
A l’occasion de la messe du 27 novembre 2005 en l'église Sainte-Marie         des Fontenelles de Nanterre, un prêtre, probablement pas en clergyman,         a bien dit les choses « C'est rétrograde au possible et ce n'est pas         une affaire religieuse mais plutôt une manière de concevoir la         société ».
Restera donc la difficulté de la demande des familles d’une vie de         foi avec la célébration de tous les sacrements selon la forme         traditionnelle, et le problème du choix des livres de catéchisme. «         … si cela devait aboutir à une scission de l'Eglise, nous ne         poursuivrions pas l'expérience » précise le Père Yvon Aybram,         vicaire épiscopal de Nanterre.
Pour ces raisons de fond, d’esprit liturgique et d’enseignement         chrétien, au sein des communautés traditionnelles Ecclesia Dei, plus         nombreux sont ceux qui ne souhaitent vraiment pas « concélébrer ».         Ils sont plus insistants. Ils souhaitent bien sûr des paroisses mais         avec un espace de liberté plus affirmé pour la liturgie traditionnelle         et une vie paroissiale plus autonome. Ils considèrent que, si proche du         but, il ne faudrait pas négliger une si bonne influence pour l’Eglise.         Cette fermeté permettrait de continuer à remettre en cause la         faiblesse de la nouvelle liturgie et des catéchismes diocésains         progressistes quelque peu éloignés des derniers catéchismes romains         ... Le Pape Benoît XVI semble représenter d’ailleurs un ferme appui.
Cette dernière position n’est pas si éloignée de celle de la         Fraternité Saint Pie X. C’est peut-être même cette dernière qui la         tient avec le plus de force et le plus de clarté. Son côté         franc-tireur depuis des années a maintenu une constante pression         traditionnelle. En ouvrant des centres de messe en présumant         audacieusement que l’autorisation diocésaine aurait été accordée         avant la crise progressiste, la Fraternité Saint Pie X a posé la         question traditionnelle avec vigueur. Les communautés Ecclesia Dei, et         les initiatives comme celle de Nanterre n’auraient pas pu naître sans         cette résistance commencée dans les années 70 et 80. Cette         Fraternité conserve donc la volonté d’une reconnaissance encore         moins discrète et plus officielle. Elle craint même un nouvel indult         plus large mais toujours limité, proche du ghetto pour nostalgiques.
Voilà … voilà donc le paysage actuel de la Tradition.
L’avenir est entre les mains de Notre-Seigneur Jésus-Christ et de sa         sainte Mère … et de ses serviteurs, instruments, plus ou moins         puissants, plus ou moins dociles : Benoît XVI, les cardinaux de la         Curie, les évêques, les prêtres sans oublier la pression des         baptisés …
Mais concrètement, comment envisager cet avenir ?
Une seule réponse : d’abord la paix entre traditionalistes.Vous me direz :
- « Mais cela fait des années qu’elle ne vient pas. C’est une         utopie libérale ! Le combat est dure et il faut rester ferme sans         compromis. La Fraternité Saint Pierre elle-même va avoir des         élections qui vont probablement aboutir à une scission entre         signataires plus ou moins bi ritualistes et non signataires ».
- « C’est bien jolie mais si Benoît XVI fait un geste pour la         liturgie traditionnelle, cela va provoquer des repositionnements et des         remous. La paix ne sera donc pas pour tout de suite ».
Je vous répondrais : la paix quand même et surtout.
Car si Benoît XVI fait un geste, il faudra l’accueillir dans un         désir d’union, et non pas avec la volonté de garder ses troupes et         ses quêtes.Pas d’insulte : libéral, traître … Ces signataires, même si l’on         ne suit pas leur choix, restent des traditionalistes attaqués         violemment par les progressistes. S’il doit y avoir une séparation,         qu’elle se fasse dans la simplicité et sans insulte.
La Tradition se meurt non pas de ses branches mais de ses         mépris internes.Contre le traditionnellement correct, j’ai le bonheur de me réjouir         profondément de la réussite de Paix liturgique 92. Même si ce n’est         pas une paroisse totalement « tradi », c’est une joie.
Et pourquoi cette démangeaison d’écrire cela ?
1) Parce que même si cela va paraître niais et déjà vu, un jeune         prêtre peut profiter d’un forum pour le confier. Cela peut aider         certains fidèles.
2) Parce que j’ai été expulsé de la Fraternité Saint Pie X dans         une atmosphère de haine : « Obéissance, ou vagus et vagabond, ou         rallié ».
Pour la petite histoire, des prêtres de la Fraternité Saint Pie X au         franc parler assez connu, se sont retrouvés expulsés. Cela alors même         que leurs positions doctrinales sont clairement critiques des         nouveautés qui ont vidé les églises et les séminaires.
Le jeune prêtre qui a malencontreusement trop défendu ses confrères         et qui a fait partie de ces expulsions, en a été particulièrement         douché. Cela lui a permis de méditer sur la charité des prêtres         entre eux, sur les exigences de la raison d’état …
Mais donc la vraie question que ce jeune prêtre traditionaliste         se pose et qu’il vous soumet sous sa seule responsabilité est …
Etant donné les espoirs actuels, une certaine paix entre         traditionalistes est-elle possible ?Cette paix est-elle possible ou doivent-ils encore se considérer les         uns les autres comme des hérétiques à éviter, des traîtres mutuels         avec refus de célébrer la messe tridentine chez les uns et chez les         autres ? Fraternité Saint Pie X officielle, ses rejetés, Fraternité         Saint Pierre, signataires ou non pour la concélébration, Institut du         Christ Roi, Barroux, Riaumont, Fontgonbault, …
Est-ce la question d’un naïf, d’un jeune qui ne connaît pas la         dureté du monde des adultes, de la vie ecclésiastique, de la         complexité de la politique … Peut-être …
Mais voici ma réponse : ce sera la réponse à cette autre question :
Pour quelles raisons, dans la Tradition de l’Eglise, une personne est-elle         excommuniée « vitandus » : à éviter ?
Pour schisme ou hérésie formelle : volontaire, réaffirmée, sans         regret.
Or tel n’est pas le cas.
Donc la paix.
Entre traditionalistes au moins et même, bien sûr, vis-à-vis de         nombreux autres prêtres diocésains, nous n’avons pas le droit de         nous comporter avec la méfiance propre au danger de perdre son âme. C’est         délirant.
Voici pourquoi :
I. L’origine d’une querelle : le danger pour la foi.Connaissez-vous l’origine d’un froid entre chrétiens ? Pourquoi des         chrétiens ne prient-ils plus ensemble ? Quelle est l’origine d’une         excommunication, d’une condamnation ?
Le but du Pape, des évêques, des prêtres, des religieux et         religieuses, des chrétiens et chrétiennes, c’est la gloire de Dieu         et le salut des âmes.
Le problème sera de connaître le plus exactement possible les moyens         de salut.
Dieu les a révélés aux hommes par la bouche de saintes personnes, de         prophètes, et en créant un corps sacerdotal chargé de faire         connaître ses paroles exactes. Il a fondé la Synagogue puis l’Eglise         catholique.
Mais la contestation de la mission des prêtres, d’Aaron dans le         désert du Sinaï à Benoît XVI, et la mise en cause de l’interprétation         des enseignements oraux et écrits sont fréquentes. Ce sont les         hérésies, du grec « choix ». Les hérétiques retiennent ce qu’ils         veulent de l’intégrité des vérités révélées qui mènent avec         sûreté au salut.
Le Bon Pasteur éloigne alors les hérétiques des brebis, il éloigne         le mauvais esprit et la confusion. C’est l’excommunication, le rejet         de la société chrétienne du pécheur qui s’obstine à troubler la         communauté. L’Eglise catholique a toujours usé de ce pouvoir avec         sagesse et prudence pour ne pas éteindre la mèche qui fume encore.         Toutefois, qui aime bien, châtie bien, même si cela entraîne des         tentions et des peines.
De1907 à 2005, tel un serpent de mer, l’hérésie a bien sûr         continué à saper les fondements de la foi. Saint Pie X va devoir         condamner le subjectivisme, la religion personnelle ressentie du         modernisme, rencontre de la liberté de pensée protestante et des         droits absolus de l’homme. Les hommes contemporains, sorte de         demi-dieux autonomes, se vexent que la vérité vienne de l’extérieur,         qu’ils aient un « maître d’école », en fait un Père plus         intelligent qu’eux.
Mais ces combats sont usants. Ils sont à l’image d’une querelle de         famille car les hérétiques étaient initialement des enfants de l’Eglise.         La querelle a commencé, la réconciliation n’a pu se faire, et il a         fallu chasser des fils de la maison pour sauvegarder le reste de la         famille, le bien commun, le dépôt révélé, les connaissances qui         peuvent sauver.
Or, il y une profonde aspiration chrétienne à la paix, à la concorde,         à la charité. Lorsque ce désir oublie les dures réalités du péché         et des dangers pour l’ensemble du troupeau, la paix se fera pour ne         pas blesser tel ou tel en mettant en danger le bien commun. C’est « l’irénisme         », la paix à tout prix. Au concile Vatican II, le pape Jean XXIII va         publiquement souhaiter que l’Eglise soit moins sévère et recoure         moins souvent aux condamnations. Mais cet optimisme s’est avéré         désarmant face à des ennemis de l’Eglise qui n’avaient jamais         été aussi puissants, aidé par l’attrait d’un monde à la liberté         absolue.
La triste méfiance devait être écartée pour mieux s’ouvrir. Toutes         les religions ont du bon, se dit-il alors. Mais ce « bon » (comme l’existence         d’un seul dieu) est noyé dans un tout. Les fausses religions sont des         tous organisés foncièrement mauvais qui écartent de la Révélation         du Christ, et donc du salut. L’homme est bon et il trouve la vérité         par ses recherches consciencieuses, se dit-il encore, alors qu’il est         blessé par un désordre intellectuel et moral qui n’est soigné que         par la grâce du Christ. Le collège épiscopal est bon et démocratique,         dit-on aussi, alors que l’inspiration du Saint Esprit est promise à         Pierre qui confirme ses frères.
La liturgie devait être plus participative, plus vivante, moins         mystérieuse, dit-on aussi. Le protestantisme refuse le Sacrifice de la         Messe qui rend présent et diffuse réellement les grâces de l’unique         Sacrifice sanglant. Il refuse la présence réelle du Christ, la grâce         appliquée aux âmes, qui inonde les âmes et les justifie.
Alors, « pour faire la paix », il est imposé un nouveau rite qui va s’éloigner         profondément de la perfection atteinte par la messe tridentine. Au nom         de la compréhension, du retrait de répétition, la notion de sacrifice         va être très atténuée. Les marques d’adoration sont fortement         limitées, le prêtre se retrouve à parler à voix haute dans ce qui         peut malheureusement ressembler à un simple récit, un moment de         mémoire et de partage de la charité du Christ même dans l’édition         typique latine bien célébrée .... Toutefois, l’intention de l’Eglise         d’offrir le Sacrifice, de renouveler les paroles puissantes du Christ         qui opèrent la transsubstantiation, la double consécration, est         présente. La Messe est valide. Mais en lui-même, le nouvel Ordo         constitue un tel recul qu’il ne pouvait pas laisser indifférents les         catholiques attachés à l’expression profonde des mystères         sacramentels.
De plus, la pratique fut particulièrement abusive. Autel         nécessairement retourné, prêtre parlant beaucoup trop aux hommes,         communion debout, donnée par tout le monde et reçue dans la main,         tabernacle écarté, chants et musiques pauvres, liturgie inventée,         sermons soixante-huitards … Ces abus n’ont fait qu’accentuer les         reculs d’un nouvel Ordo même « bien célébré ».
De nombreux catholiques agressés par les tentations du monde, par la «         liberté » morale et par des loisirs supérieurs au devoir dominical         auraient certes déserté les églises. Mais se sont ajoutés des         chrétiens qui n’ont plus retrouvé l’adoration et le respect.         Combien de millions ? Combien de vocations aussi car les jeunes ne sont         pas aussi légers que l’on croit. Il faut de la profondeur et de la         beauté.
D’où la réaction des traditionalistes : abbés Coache, Serralda, Mgr         Ducaud-Bourget et tant d’autres de l’Association Noël Pinault du         Père André …, de nombreux laïques. Et surtout un évêque, Mgr         Lefebvre, qui, au concile Vatican II, avait fait partie de l’opposition         épiscopale aux progressistes … Pour aller vite, cet évêque va         créer en 1970 un séminaire en Suisse à Ecône, un institut clérical         pour accueillir les prêtres formés : la Fraternité Sacerdotale Saint         Pie X, approuvée par le diocèse. Il demande au pape Paul VI de faire l’expérience         de la Tradition, réclame la liberté de la messe tridentine et met en         cause les textes pastoraux du Concile sur la liberté religieuse, l’œcuménisme         et la collégialité.
En 1976, il est interdit à Mgr Lefebvre d’ordonner ses diacres. Il         passe outre au nom du salut des âmes, du bien commun de l’Eglise. La         situation en France est assez grave : la liturgie tourne à la pure         création … Mais cette désobéissance est jugée un grave danger pour         le bien commun de l’Eglise : il est suspens a divinis : il ne peut         donner les sacrements ni célébrer la Messe. La Fraternité est         dissoute par l’évêque du lieu au lieu de Rome. Mgr Lefebvre conteste.
Donc, au nom du salut des âmes : début de séparation. Les prêtres         traditionalistes ne parviennent que difficilement à accueillir pour         célébrer une messe multiséculaire …
Des prêtres « conciliaires » interdisent aux fidèles d’assister à         la messe célébrée par la Fraternité Saint Pie X. Les prêtres de la         Fraternité Saint Pie X sont interdits de dire la messe tridentine dans         les paroisses.
Et pourtant : où est le schisme, où est l’hérésie ?
Il y a eu là, et dès 1969, un manque de charité sacerdotale profond.
II. Une excommunication généralisée : le mépris mutuel         jusqu’aux traditionalistes entre eux.En 1976, peu quitte Mgr Lefebvre . Il est suivi par ses amis et ses         prêtres. La peine ecclésiastique de Paul VI n’effraie pas beaucoup.         Il est vrai qu’en France, la liturgie, le catéchisme et les sermons         atteignent un degré d’invention jamais égalé.
Les discussions reprennent avec Jean-Paul II et le Cardinal Ratzinger au         début des années quatre-vingt… Mais la cérémonie d’Assises de         1986 jette un froid.
Mgr Lefebvre n’a pas confiance : comment ses sujets vont-ils être         ordonnés ? Un accord est adopté mais il revient dessus le lendemain :         il n’a pas confiance. Le 30 juin 1988, il sacre quatre évêques sans         mission apostolique, mais pour donner les ordinations. Il est         excommunié par Jean-Paul II, acte sévère et rare. Canoniquement,         seuls Mgr Lefebvre et les évêques sacrés sont seuls excommuniés. Les         prêtres ordonnés par eux sont suspens a divinis (ils ne devraient pas         célébrer les sacrements). Les prêtres comme les fidèles ne doivent         pas avoir d’intention schismatique.
Mgr Lefebvre conteste cette décision d’autant qu’avant les sacres         chinois des années cinquante, un sacre sans mandat pontifical était         puni de la seule suspens a divinis.
Des prêtres vont quitter alors Mgr Lefebvre pour créer la Fraternité         Saint Pierre dans le cadre de la Commission Pontificale Ecclesia Dei         chargée d’accueillir les membres de l’Eglise attachés au rite         tridentin.
Dès cette date, c’est l’insulte : « schismatiques » ou «         ralliés aux progressistes ». Cela par rapport à la reconnaissance         canonique pour célébrer la messe et les ministères accordés au         compte goutte par les évêques …
Au nom du salut des âmes en danger,
- des prêtres « conciliaires » et des prêtres « Ecclesia Dei » :
interdisent aux fidèles d’assister à la messe célébrée par la         Fraternité Saint Pie X
- Les prêtres de la Fraternité Saint Pie X sont interdits de dire la         messe tridentine dans les paroisses, et même dans les communautés         Ecclesia Dei.
Au nom du salut des âmes en danger,
- certains prêtres de la Fraternité Saint Pie X interdisent aux         fidèles d’assister même à la messe de prêtres « Ecclésia Dei »         : danger de relativisation des réformes liturgiques et des         enseignements contestés de Vatican II.
- La Fraternité Saint Pie X
interdit les prêtres « Ecclesia dei » de célébrer la messe         tridentine dans ses prieurés.
Toutefois, les prêtres les plus spirituels, individuellement,         accueillent les prêtres de chaque « camp ». Les prêtres «         conciliaires » les plus spirituels accueillent les prêtres         traditionnels. Ces gestes sont scrutés par les fidèles : tel curé,         tel évêque est accueillant.
Pourtant, une excommunication lancée contre un prêtre de la         Fraternité Saint Pie X en Asie sera annulée par Rome.
Pourtant, le cardinal Médina répondra par écrit que l’on peut         assister à une messe célébrée par la Fraternité Saint Pie X.
De toute façon , comme le dit le Cardinal Hoyos en novembre 2005 à TV         canal 5 : « Nous ne sommes pas face à une hérésie. On ne peut pas         dire en termes corrects, exacts, précis qu’il y ait un schisme. Il y         a, dans le fait de consacrer des évêques sans le mandat pontifical,         une attitude schismatique. Ils sont à l’intérieur de l’Eglise ».
Mais reste encore cette distinction bien complexe et bien vague de la         pleine communion : « Il y a seulement ce fait qu’il manque une pleine,         une plus parfaite – comme cela a été dit durant la rencontre avec         Mgr Fellay – une plus pleine communion, parce la communion existe."
Mais où est concrètement le schisme, où est l’hérésie ?
Il a eu surenchère mutuelle. La Fraternité Saint Pie X n’aurait pas         dû répondre à l’insulte de « schismatique » par celle de rallié.         Notre Seigneur a plutôt dit : « Si j’ai bien parlé, pourquoi me         frappe-tu ? ».
Certes les insultes sont blessantes, mais je, petit jeune prêtre qui         donne son avis, je pense que ce fut tomber dans le piège. De victime,         la Fraternité Saint Pie X est devenue agresseur. Et ce manque de         charité généralisé contre elle et par elle nous a mis dans cet         étrange état de dureté et d’intransigeance dont beaucoup de         fidèles et de prêtres aimeraient sortir.
Pourquoi ces considérations et cette naïveté ? Parce que je subis         cette dureté alors que je suis un prêtre traditionaliste, que je n’accepte         pas le silence sur les causes liturgiques et doctrinales qui ont vidé         des églises et des séminaires, parce que l’insulte de rallié est         lancé alors même que ce serait l’insulte de prêtre illicite,         vagabond et vagus qui serait mise en réserve si je n’avais pas         sollicité un celebret de Rome.
III. Rompre le cercle vicieux : réconciliation par le         courage contre le traditionnellement correct.Ces interdits au moins entre traditionalistes relèvent de l’excommunication         « vitandus » : ne plus avoir de communication avec un individu         dangereux.
Or, les reproches mutuels n’atteignent pas un danger réel de perdre         la foi catholique : c’est faux.
Par exemple, il est triste que l’initiative de Paix liturgique 92 soit         critiquée par une partie des traditionalistes alors que c’est         objectivement une conquête traditionnelle, tout bien considéré, même         avec ses limites.
Heureusement les fidèles bravent très souvent ces interdits et vont         aux messes tridentines qu’ils peuvent trouver.
Que nos fidèles montrent l’exemple de la charité : forcer les         autorités de chaque « camps » à une certaine paix en refusant leur         raidissement mutuel.
Les critiques doctrinales (que nous n’abandonnerons pas) ne doivent         pas nous empêcher de nous reconnaître catholiques. Revenons à un         esprit plus pastoral, voir plus théologique : nous n’avons pas le         pouvoir de nous excommunier.
Voilà, voilà, c’est bien parce que je n’appartiens pas à tel ou         tel camp que j’ai pu écrire tout cela. J’en profite encore un peu         sur ce forum avant d’être rappelé à l’ordre par mes anciens vers         le traditionnellement correct et ses impératifs politiques …
Udp.
Ce texte est purement personnel et sans doute trop sincère pour être         sans pseudo. Mais justement, il a sa place dans ce forum de discussion         si cher à cette possibilité d’être sincère.