SOURCE - Yves Chiron - Aletheia n° 85 - 18 décembre 2005
Dans les quatre mois qui se sont écoulés depuis la rencontre du 29 août dernier entre Mgr Fellay, Supérieur général de la FSSPX, et Benoît XVI, les autorités de la FSSPX comme certaines autorités romaines ont multiplié les déclarations publiques, non sans poursuivre le dialogue par des échanges de correspondance et des rencontres discrètes. Dans le flot des rumeurs, des bruits, des prises de position contradictoires et des projets point encore réalisés, on peut relever, me semble-t-il, quelques étapes saillantes. Cette chronologie se fonde sur les déclarations publiques des deux parties, et aussi sur des informations, italiennes et romaines, qui, pour certaines, n’ont pas encore transparu dans la presse française :
• On ne reviendra pas sur la rencontre du 29 août sur laquelle beaucoup a été dit. Sinon pour relever deux choses. Le cardinal Castrillon Hoyos, Président de la Commission pontificale ”Ecclesia Dei” depuis 2000, qui assistait l’audience du 29 août, reste le principal interlocuteur de la FSSPX depuis cette date. L’insistance de Benoît XVI sur la nécessité d’une réception du concile Vatican II pour tous les catholiques a fortement impressionné la FSSPX. Ce qui a amené Mgr Fellay, quelque temps après l’audience, à écrire une lettre au Pape pour dire qu’ “ en conscience ” cette perspective l’effrayait.
• Différentes sources affirmaient qu’une “ libéralisation ”, au moins partielle, de la messe traditionnelle interviendrait à l’occasion du synode sur l’Eucharistie organisé en octobre. Les oppositions rencontrées par Benoît XVI au sein de la Curie lui ont fait renoncer, à ce moment-là, au décret prévu. Ces oppositions sont venues, notamment, du cardinal Arinze, Préfet de la Congrégation pour le Culte Divin et la Discipline des Sacrements, et de Mgr Sorrentino, secrétaire de la même Congrégation. Ils ont signé une note de sept pages qui a été remise au pape.
À cette opposition, interne si l’on peut dire, s’est ajoutée une intervention publique du cardinal Arinze. Le 7 octobre, au cours d’une conférence de presse et alors que le synode sur l’Eucharistie était en cours, il a affirmé que la question de la messe traditionnelle “ n’était pas une priorité pour le synode, et que personne n’en avait parlé ”.
On signalera, en y voyant plus qu’une coïncidence, que Mgr Sorrentino a été nommé, quelques semaines plus tard, évêque d’Assise et qu’un nouveau secrétaire de la Congrégation pour le Culte Divin vient d’être nommé : Mgr Ranijth, qualifié de conservateur, réputé favorable à une plus grande liberté pour la messe traditionnelle et en phase avec la perspective ratzinguérienne de “ réforme de la réforme ” (en avril 2004, Mgr Ranijth avait publié dans l’Osservatore romano un commentaire “ autorisé ” de l’instruction Redemptionis Sacramentum, déplorant les abus engendrés par la réforme liturgique et dénonçant l’ “ interprétation réductrice ” du sacrement de l’Eucharistie faite par certains).
• Le 13 novembre, dans une déclaration faite à chaîne de télévision Canal 5, le cardinal Castrillon Hoyos a affirmé à propos de la FSSPX :
“ Nous ne sommes pas face à une hérésie. On ne peut pas dire en termes corrects, exacts, précis qu’il y ait un schisme. C’est une attitude schismatique de consacrer des évêques sans mandat pontifical. Mais ils sont dans l’Eglise, il manque seulement une pleine, une plus parfaite – comme il a été dit lors de la rencontre avec Mgr Fellay – une plus pleine communion, parce que la communion existe déjà. ”
Cette déclaration a fortement et favorablement impressionné les autorités de la FSSPX. Est affirmée publiquement – même si ce n’est pas la déclaration solennelle que ces autorités attendent toujours – que la FSSPX n’est ni hérétique, ni schismatique, ni excommuniée.
• Cette déclaration a très certainement favorisé le déjeuner, discret, qui a réuni, début décembre, le cardinal Castrillon Hoyos et Mgr Fellay. La presse et les outils de communication internautiques français n’ont pas, à ma connaissance, rapporté cette rencontre. Elle a eu lieu dans la résidence du cardinal Castrillon Hoyos, Piazza della Citta Leonina. L’abbé Marc Nély, Supérieur du district italien de la FSSPX, accompagnait Mgr Fellay. Plus qu’un déjeuner de convivialité, il s’est agi d’une rencontre approfondie puisque, arrivés vers 11 heures à la résidence cardinalice, les deux clercs de la FSSPX en sont repartis après 16 heures.
Ils ont remis au cardinal Castrillon Hoyos un exemplaire de la traduction italienne de la biographie de Mgr Lefebvre par Mgr Tissier de Mallerais, traduction qui vient de paraître, et aussi un memorandum sur les objections faites par la FSSPX au concile Vatican II et aux réformes qui l’ont suivi.
• Le 11 décembre dernier, Mgr Fellay a fait, à Paris, une conférence intitulée : “ Le point sur nos relations avec Rome ”. Je ne peux qu’inviter mes lecteurs à en écouter l’enregistrement intégral qui est disponible sur le site officiel de la FSSPX en France (www.laportelatine.org). Le Supérieur général de la FSSPX expose longuement “ les principes qui nous guident dans nos relations avec Rome ”. Il reconnaît que, dans les discussions avec Rome, “ le grand point d’achoppement, ça sera le concile ”. Il porte, sur Benoît XVI, un jugement ainsi formulé : “ Une tête mal formée, par une philosophie moderne, libérale, parfois moderniste, et un cœur conservateur ”. Enfin, dans l’état actuel des discussions avec Rome, en considérant aussi les projets de décret et de réforme en préparation, il estime que, pour le moment, il y a “ plus d’espérance que de mécontentement, mais sans illusion ”.
Dans les quatre mois qui se sont écoulés depuis la rencontre du 29 août dernier entre Mgr Fellay, Supérieur général de la FSSPX, et Benoît XVI, les autorités de la FSSPX comme certaines autorités romaines ont multiplié les déclarations publiques, non sans poursuivre le dialogue par des échanges de correspondance et des rencontres discrètes. Dans le flot des rumeurs, des bruits, des prises de position contradictoires et des projets point encore réalisés, on peut relever, me semble-t-il, quelques étapes saillantes. Cette chronologie se fonde sur les déclarations publiques des deux parties, et aussi sur des informations, italiennes et romaines, qui, pour certaines, n’ont pas encore transparu dans la presse française :
• On ne reviendra pas sur la rencontre du 29 août sur laquelle beaucoup a été dit. Sinon pour relever deux choses. Le cardinal Castrillon Hoyos, Président de la Commission pontificale ”Ecclesia Dei” depuis 2000, qui assistait l’audience du 29 août, reste le principal interlocuteur de la FSSPX depuis cette date. L’insistance de Benoît XVI sur la nécessité d’une réception du concile Vatican II pour tous les catholiques a fortement impressionné la FSSPX. Ce qui a amené Mgr Fellay, quelque temps après l’audience, à écrire une lettre au Pape pour dire qu’ “ en conscience ” cette perspective l’effrayait.
• Différentes sources affirmaient qu’une “ libéralisation ”, au moins partielle, de la messe traditionnelle interviendrait à l’occasion du synode sur l’Eucharistie organisé en octobre. Les oppositions rencontrées par Benoît XVI au sein de la Curie lui ont fait renoncer, à ce moment-là, au décret prévu. Ces oppositions sont venues, notamment, du cardinal Arinze, Préfet de la Congrégation pour le Culte Divin et la Discipline des Sacrements, et de Mgr Sorrentino, secrétaire de la même Congrégation. Ils ont signé une note de sept pages qui a été remise au pape.
À cette opposition, interne si l’on peut dire, s’est ajoutée une intervention publique du cardinal Arinze. Le 7 octobre, au cours d’une conférence de presse et alors que le synode sur l’Eucharistie était en cours, il a affirmé que la question de la messe traditionnelle “ n’était pas une priorité pour le synode, et que personne n’en avait parlé ”.
On signalera, en y voyant plus qu’une coïncidence, que Mgr Sorrentino a été nommé, quelques semaines plus tard, évêque d’Assise et qu’un nouveau secrétaire de la Congrégation pour le Culte Divin vient d’être nommé : Mgr Ranijth, qualifié de conservateur, réputé favorable à une plus grande liberté pour la messe traditionnelle et en phase avec la perspective ratzinguérienne de “ réforme de la réforme ” (en avril 2004, Mgr Ranijth avait publié dans l’Osservatore romano un commentaire “ autorisé ” de l’instruction Redemptionis Sacramentum, déplorant les abus engendrés par la réforme liturgique et dénonçant l’ “ interprétation réductrice ” du sacrement de l’Eucharistie faite par certains).
• Le 13 novembre, dans une déclaration faite à chaîne de télévision Canal 5, le cardinal Castrillon Hoyos a affirmé à propos de la FSSPX :
“ Nous ne sommes pas face à une hérésie. On ne peut pas dire en termes corrects, exacts, précis qu’il y ait un schisme. C’est une attitude schismatique de consacrer des évêques sans mandat pontifical. Mais ils sont dans l’Eglise, il manque seulement une pleine, une plus parfaite – comme il a été dit lors de la rencontre avec Mgr Fellay – une plus pleine communion, parce que la communion existe déjà. ”
Cette déclaration a fortement et favorablement impressionné les autorités de la FSSPX. Est affirmée publiquement – même si ce n’est pas la déclaration solennelle que ces autorités attendent toujours – que la FSSPX n’est ni hérétique, ni schismatique, ni excommuniée.
• Cette déclaration a très certainement favorisé le déjeuner, discret, qui a réuni, début décembre, le cardinal Castrillon Hoyos et Mgr Fellay. La presse et les outils de communication internautiques français n’ont pas, à ma connaissance, rapporté cette rencontre. Elle a eu lieu dans la résidence du cardinal Castrillon Hoyos, Piazza della Citta Leonina. L’abbé Marc Nély, Supérieur du district italien de la FSSPX, accompagnait Mgr Fellay. Plus qu’un déjeuner de convivialité, il s’est agi d’une rencontre approfondie puisque, arrivés vers 11 heures à la résidence cardinalice, les deux clercs de la FSSPX en sont repartis après 16 heures.
Ils ont remis au cardinal Castrillon Hoyos un exemplaire de la traduction italienne de la biographie de Mgr Lefebvre par Mgr Tissier de Mallerais, traduction qui vient de paraître, et aussi un memorandum sur les objections faites par la FSSPX au concile Vatican II et aux réformes qui l’ont suivi.
• Le 11 décembre dernier, Mgr Fellay a fait, à Paris, une conférence intitulée : “ Le point sur nos relations avec Rome ”. Je ne peux qu’inviter mes lecteurs à en écouter l’enregistrement intégral qui est disponible sur le site officiel de la FSSPX en France (www.laportelatine.org). Le Supérieur général de la FSSPX expose longuement “ les principes qui nous guident dans nos relations avec Rome ”. Il reconnaît que, dans les discussions avec Rome, “ le grand point d’achoppement, ça sera le concile ”. Il porte, sur Benoît XVI, un jugement ainsi formulé : “ Une tête mal formée, par une philosophie moderne, libérale, parfois moderniste, et un cœur conservateur ”. Enfin, dans l’état actuel des discussions avec Rome, en considérant aussi les projets de décret et de réforme en préparation, il estime que, pour le moment, il y a “ plus d’espérance que de mécontentement, mais sans illusion ”.