SOURCE - Romano Libero - Golias - 8 juin 2006
A Pentecôte, les deux pèlerinages de Chartres très "old style" se sont croisés sur la route de Chartres. Celui des intégristes de la dissidence de Mgr Lefebvre et celui des ralliés à Rome. La grand messe pontificale selon le rite de Saint Pie V y fut célébrée par Mgr Philippe Breton, évêque d’Aire et Dax, de tendance nettement conservatrice et très engagé dans le dialogue avec les traditionalistes. Une évolution très nette se dessine chez les évêques français, amorcée jadis en solitaire par quelques individualités comme Mgr Georges Lagrange, évêque de Gap, ou Mgr Paul-Marie Guillaume, évêque de Saint-Dié et très lié à l’Abbaye du Barroux. Le président du pélerinage de Chartres, Hubert de Gestas, émet cependant de prudentes réserves car ce tournant de l’épiscopat français se heurte encore à bien des résistances parmi les prélats. Il s’exprime en ces termes : "nous avons été sensibles à l’intérêt que les évêques manifestent à notre égard. Mais nous les sentons encore très prudents et surtout réticents par rapport à ce que Rome propose". Le même Hubert de Gestas espère que l’année prochaine connaître la libéralisation totale du rite tridentin et même le retour des lefebvristes, ou d’une part d’entre eux, dans le giron de l’Eglise.
A Rome, des prélats émettent des réticences au sujet d’un tel rabibochage, en particulier les cardinaux Mario Pompedda (préfet émérite de la Signature Apostolique), Walter Kasper (président du conseil pour l’unité), Giovanni Battista Re (préfet de la congrégation des évêques) et même, dans une moindre mesure, William Levada (préfet de la congrégation pour la doctrine de la foi). Par contre d’autres cardinaux comme Dario Castrillon Hoyos, le président de la Commission "Ecclesia Dei" ou le nigérian Francis Arinze se montrent très enthousiastes à l’idée d’une réconciliation avec les anciens épigones de l’archevêque Lefebvre.
L’épiscopat français est divisé entre des prélats accueillants et d’autres plus réservés. Parmi les prélats les plus sympathisants, on doit citer outre Mgr Breton, évoqué plus haut, Mgr Dominique Rey, évêque de Fréjus-Toulon. Ce dernier a en effet bien voulu créer à Toulon même la première paroisse de rite tridentin confié au Révérend Père Fabrice Loiseau. Est ainsi remise sur le tapis l’idée pourtant clairement écartée naguère de l’instauration d’un ordinariat de rite tridentin, un peu comme il y a des ordinariats de rites orientaux. Cela reviendrait à accorder une complète autonomie aux courants traditionalistes.
En tout cas, les épiscopes multiplient les signes de bienveillance du côté de ceux qui sont attachés à la messe ancienne. Le Cardinal Philippe Barbarin, archevêque de Lyon et primat des Gaules, a ouvert en sa cité épiscopale un séminaire de type intégriste. Il a préfacé récemment un "paroissien" (sorte de super missel) à l’ancienne ainsi remis en usage. Il s’agit d’un encouragement clair donné à tous ceux qui s’obstinent à célébrer les sacrements comme jadis. Et qui en font un drapeau, comme le déplorait déjà Paul VI autrefois.
Une commission épiscopale a en tout cas été créée en vue d’étudier le processus éventuel de rapprochement avec les intégristes par les soins du Cardinal Jean-Pierre Ricard, président de la Conférence épiscopale. Mgr Ricard, archevêque de Bordeaux, se range parmi les partisans prudents de l’accueil : il a célébré des ordinations au Barroux mais se dit très opposé à la création d’un ordinariat propre. Cette commission est composée de trois évêques : un grand ancien, le cardinal Bernard Panafieu, archevêque émérite de Marseille, un modéré, sincèrement conciliaire mais assez favorable à une reprise du dialogue avec les intégristes ; un évêque plus en phase avec les amateurs de l’ancien style ecclésial, Mgr Alain Planet de Carcassonne, Mgr Nicolas-Marie Aubertin, archevêque de Tours et qui, jadis, comme évêque de Chartres, se montrait plutôt complaisant à l’égard des traditionalistes. Les résultats des travaux de cette Commission sont à attendre pour la prochaine assemblée des évêques en novembre. Le mot d’ordre qui devrait en émaner sera très probablement "oui, mais...". En passant, il faut se souvenir que plusieurs évêques conservateuirs ne sont pas pour autant tendres avec ceux qui sont plus à droite qu’eux. A l’inverse, des prélats plutôt libéraux, comme jadis Mgr Louis Boffet à Montpellier ou aujourd’hui Mgr Gérard Defois à Lille peuvent se montrer plus complaisants.
A Rome, des prélats émettent des réticences au sujet d’un tel rabibochage, en particulier les cardinaux Mario Pompedda (préfet émérite de la Signature Apostolique), Walter Kasper (président du conseil pour l’unité), Giovanni Battista Re (préfet de la congrégation des évêques) et même, dans une moindre mesure, William Levada (préfet de la congrégation pour la doctrine de la foi). Par contre d’autres cardinaux comme Dario Castrillon Hoyos, le président de la Commission "Ecclesia Dei" ou le nigérian Francis Arinze se montrent très enthousiastes à l’idée d’une réconciliation avec les anciens épigones de l’archevêque Lefebvre.
L’épiscopat français est divisé entre des prélats accueillants et d’autres plus réservés. Parmi les prélats les plus sympathisants, on doit citer outre Mgr Breton, évoqué plus haut, Mgr Dominique Rey, évêque de Fréjus-Toulon. Ce dernier a en effet bien voulu créer à Toulon même la première paroisse de rite tridentin confié au Révérend Père Fabrice Loiseau. Est ainsi remise sur le tapis l’idée pourtant clairement écartée naguère de l’instauration d’un ordinariat de rite tridentin, un peu comme il y a des ordinariats de rites orientaux. Cela reviendrait à accorder une complète autonomie aux courants traditionalistes.
En tout cas, les épiscopes multiplient les signes de bienveillance du côté de ceux qui sont attachés à la messe ancienne. Le Cardinal Philippe Barbarin, archevêque de Lyon et primat des Gaules, a ouvert en sa cité épiscopale un séminaire de type intégriste. Il a préfacé récemment un "paroissien" (sorte de super missel) à l’ancienne ainsi remis en usage. Il s’agit d’un encouragement clair donné à tous ceux qui s’obstinent à célébrer les sacrements comme jadis. Et qui en font un drapeau, comme le déplorait déjà Paul VI autrefois.
Une commission épiscopale a en tout cas été créée en vue d’étudier le processus éventuel de rapprochement avec les intégristes par les soins du Cardinal Jean-Pierre Ricard, président de la Conférence épiscopale. Mgr Ricard, archevêque de Bordeaux, se range parmi les partisans prudents de l’accueil : il a célébré des ordinations au Barroux mais se dit très opposé à la création d’un ordinariat propre. Cette commission est composée de trois évêques : un grand ancien, le cardinal Bernard Panafieu, archevêque émérite de Marseille, un modéré, sincèrement conciliaire mais assez favorable à une reprise du dialogue avec les intégristes ; un évêque plus en phase avec les amateurs de l’ancien style ecclésial, Mgr Alain Planet de Carcassonne, Mgr Nicolas-Marie Aubertin, archevêque de Tours et qui, jadis, comme évêque de Chartres, se montrait plutôt complaisant à l’égard des traditionalistes. Les résultats des travaux de cette Commission sont à attendre pour la prochaine assemblée des évêques en novembre. Le mot d’ordre qui devrait en émaner sera très probablement "oui, mais...". En passant, il faut se souvenir que plusieurs évêques conservateuirs ne sont pas pour autant tendres avec ceux qui sont plus à droite qu’eux. A l’inverse, des prélats plutôt libéraux, comme jadis Mgr Louis Boffet à Montpellier ou aujourd’hui Mgr Gérard Defois à Lille peuvent se montrer plus complaisants.
Les courants français traditionalistes doivent cependant compter avec les très fortes réticences des anciennes générations du clergé. Ces dernières verraient en toute reconnaissance des traditionalistes un désaveu de leurs espoirs et souvent de leurs combats. Un nombre non négligeable d’évêques se sent pris entre le marteau et l’enclume. Ils souhaitent sincèrement dialoguer avec leurs ouailles tradis mais se refusent à donner l’impression de renier les acquis du Concile. C’est le caas par exemple du Cardinal Ricard. D’autres évêques, ne dissimulent par leur véritable inquiétude quant à une reconnaissance peut-être inconséquente et sont conscients des enjeux théologiques incontournables, irréductibles à une question de sensibilité liturgique. On peut évoquer là Mgr Joseph Doré, archevêque de Strasbourg, Mgr Albert Rouet, archevêque de Poitiers ou Mgr Gérard Daucourt évêque de Nanterre.
La partie n’est donc pas totalement gagnée pour les tradis. Ils devront sans doute faire davantage page blanche. En même temps, un argument de poids pèse en leur faveur dans l’esprit des évêques et de Rome : le nombre de jeunes prêtres et de jeunes séminaristes en formation. Certes, dans l’absolu, il ne saurait être le seul. Par contre, dans le contexte d’une Europe occidentale où les séminaires se vident de plus en plus et où raisonnablement il n’est pas réaliste d’espérer une reprise des vocations "conciliaires", certaines arrière-pensées (faisons des séminaires tradis)peuvent apparaître facilement, à Lyon, et ailleurs.
Plusieurs évêques ne cachent pas une connivence réelle d’analyse avec les traditionalistes. C’est le cas par exemple de Mgr Dominique Rey, évêque de Fréjus et Toulon, déjà évoqué. C’est le cas également de Mgr Jean-Pierre Cattenoz, le fougueux archevêque d’Avignon, très violent dans son combat doctrinal, notamment sur les questions morales. On citera enfin Mgr Raymond Centène, évêque de Vannes, un prélat encore jeune, collaborateur de la revue "Képhas" clairement de sensibilité traditionnelle.