Mgr Williamson : « … les esprits modernes sont très malades… et Benoît XVI a un esprit moderne… » |
The Angelus / Stephen Heiner - 30 août 2006 Extrait mis en ligne par http://rorate-caeli.blogspot.com Traduction | L'interview entière paraîtra dans le numéro d'octobre de The Angelus |
EXCLUSIF : Mgr Williamson : « … les esprits modernes sont très malades… et Benoît XVI a un esprit moderne… » Première partie de notre Interview Week (« Semaine des interviews » ?) Voici, tiré du numéro d’octobre de The Angelus, un extrait de l’interview stupéfiante accordée à Stephen Heiner par Mgr Richard Williamson, l’un des quatre évêques consacrés par Mgr Marcel Lefebvre et co-consacrés par Mgr Antonio de Castro Mayer en 1988 au nom de la Fraternité Sacerdotale Saint-Pie X (FSSPX), un an exactement après la visite que Mgr Bernard Fellay, Supérieur général de la Fraternité, a faite au Saint-Père à Castelgandolfo. - … Votre Excellence, pour en revenir à l’interview que j’ai faite en avril de Mgr [Bernard] Tissier [de Mallerais, l’un des trois autres évêques consacrés en 1988] pour le compte du Remnant, l’abbé Anthony Cekada [clerc sédévacantiste assez connu en Amérique] a écrit en réponse un article disant que selon Mgr Tissier, professer l’hérésie ne tirait pas à conséquence. Cela reflète-t-il les propos exacts de Mgr Tissier ? Mgr Tissier a sûrement voulu dire que ce qu’il appelle l’hérésie de Benoît XVI a de très graves conséquences, à savoir la destruction de l’Église catholique ! - Alors, que pensez-vous que l’abbé Cekada avait à l’esprit ? De la destruction actuelle de l’Église, l’abbé Cekada conclut que Benoît XVI ne peut être vraiment pape. L’abbé Cekada souhaite certainement que Mgr Tissier parvienne à la même conclusion. - Qui a raison ? L’abbé Cekada ou Mgr Tissier ? Pour ma part, je crois que Benoît XVI est vraiment pape ; c’est pourquoi je pense que Mgr Tissier a raison. - Mais alors, qu’en est-il de l’hérésie de Benoît XVI ? Pour être hérétique au point de se mettre en dehors de l’Église catholique, donc de ne plus pouvoir en être la tête, c’est-à-dire le pape, il faut avoir conscience de nier ce que l’on sait être le dogme établi de la Foi catholique, car un tel déni équivaut à une apostasie délibérée. Devenir ou rester catholique est un choix. Si je sais ce qu’un catholique doit croire pour être catholique et si je refuse d’y croire, je choisis alors d’être un hérétique, non un catholique, et je me place en dehors de l’Église. - Donc, l’abbé Cekada pense que tel est le cas de Benoît XVI, et vous êtes d’un avis contraire ? C’est exact. - Pourquoi ? Parce que les esprits modernes sont très malades, et Benoît XVI a un esprit moderne, comme des millions et des millions de ses contemporains, y compris des hommes d’Église. - D’abord, en quoi consiste cette maladie ? Ensuite, comment Benoît XVI ne peut-il en être conscient ? Cette maladie consiste à croire qu’il n’existe pas de vérité immuable et objective qui exclue absolument l’erreur. Elle pourrait m’amener à croire, par exemple, que deux et deux font quatre, mais aussi qu’ils peuvent également faire cinq, six, six cent mille, etc. La « vérité » serait alors telle que mon esprit voudrait qu’elle soit. Mais l’esprit est fait pour la vérité objective comme les poumons sont faits pour l’oxygène, et un esprit sans apport de vérité extérieure est atteint d’une maladie mortelle, comme le sont des poumons sans apport d’oxygène extérieur. - Et comment diagnostique-t-on cette maladie chez quelqu’un comme Benoît XVI ? Benoît XVI croit que la « vérité » catholique est susceptible d’évolution. Par exemple, il voit dans des déclarations de vérité catholique aussi sérieuses que le Syllabus ou Pascendi de simples « ancrages substantiels » dans la doctrine de l’Église, voulant dire par là que l’Église peut s’y ancrer, et même le faire utilement pendant un temps, mais qu’à l’époque moderne, elle a besoin de nouveaux « ancrages substantiels » dans la doctrine. Il ne voit pas que de par sa nature même, cette doctrine catholique antimoderniste de ses prédécesseurs ne peut changer et que même un pape ne peut la changer. Son pauvre esprit, pourtant brillant, est malade de cette philosophie moderne – allemande, surtout – qui déconnecte l’esprit de son objet comme on couperait des poumons de leur source d’oxygène. - Mais – et ce sera ma question complémentaire – comment se peut-il que Benoît XVI ne soit pas conscient de son état ? C’est un homme instruit, un prince de l’Église féru de philosophie et de théologie ! Oui, mais comme tant de princes de l’Église, même d’avant Vatican II, il est féru de fausse philosophie ! Et depuis notre époque malade, la fausse philosophie (deux et deux font quatre, mais peuvent aussi faire ou devenir cinq) est devenue la « norme » ; c’est pourquoi il ne peut imaginer qu’il puisse se tromper. Lorsque Jean-Paul II a promu le « conservatisme » conciliaire, deux mille évêques l’ont félicité d’être « conservateur », mais deux mille autres ont tiré sur lui à boulets rouges parce qu’ils le croyaient, eux aussi, « conservateur ». Seuls, deux évêques ont osé lui reproché en face de n’être pas du tout conservateur, puisqu’il était conciliaire. Humainement parlant – je le répète : humainement parlant –, comment aurait-il pu penser que les deux évêques en question étaient normaux et que les quatre mille autres étaient anormaux ? Comment n’aurait-il pu penser être lui-même « normal » ? - Oui, au fait, comment ? Au bon vieux temps, un pape catholique nommait au Saint-Office – connu alors sous le nom d’Inquisition – des théologiens très intelligents et très orthodoxes, qui interrogeraient aujourd’hui un néo-moderniste en ces termes : « Vous avez écrit que Pascendi n’était qu’un ˝ancrage substantiel˝. C’est une hérésie. Soit vous vous rétractez, soit le pape a pouvoir de vous excommunier. Choisissez. » Et le néo-moderniste devrait choisir, ayant été placé devant son hérésie par l’autorité de l’Église. - En d’autres termes, un hérétique pouvait s’aveugler lui-même, mais notre Mère l’Église usait alors de l’autorité que Dieu lui avait conférée pour l’obliger à prendre conscience de son hérésie. Exactement. Mais les clercs d’aujourd’hui sont privés de ce dernier recours, car ce sont eux l’autorité ! Ainsi que Mgr Lefebvre l’a dit dans les années soixante-dix aux membres du Saint-Office conciliaire qui l’interrogeaient sur son opposition au Concile : « C’est moi qui devrais être assis à votre place, et vous à la mienne ». Que Dieu le bénisse de n’avoir jamais perdu prise sur la vérité catholique objective ! - Donc, des hommes d’Église tels que Benoît XVI sont entièrement innocents de ce qu’ils font ? Je n’ai pas dit cela. S’ils sont les autorités de l’Église de Dieu, alors en toute logique, le Seigneur Dieu met à leur disposition toutes les grâces dont ils ont besoin pour bien conduire l’Église, et s’ils la fourvoient, ils refusent ces grâces, ce qui signifie qu’en leur for intérieur, ils ne peuvent être innocents. Mais on aborde là des arcanes si secrets que Dieu seul peut en être juge. |