SOURCE - Christian Thomas - Le Parisien - 12 novembre 2000
A l'occasion de la messe du 11 Novembre, les traditionalistes qui occupent depuis 1985 une église du Port-Marly ont accepté de partager l'office religieux avec les catholiques fidèles à Rome. Un geste d'apaisement.
Traditionalistes et catholiques fidèles à Rome du Port-Marly, en guerre depuis quinze ans, ont signé l'armistice hier au cours d'une messe en commun célébrée dans l'église Saint-Louis à l'occasion du 11 Novembre. Drapeau tricolore des anciens combattants en tête, le maire, Philippe Godet, ceint de son écharpe de premier magistrat, ouvre la marche. Un catafalque recouvert d'un drap tricolore est dressé au milieu de l'allée centrale.
Sur le côté une gerbe de fleurs a été déposée devant la plaque de marbre qui rappelle les noms d'une quarantaine « d'enfants de la commune morts pour la France » pendant la Première Guerre mondiale. Deux prêtres sont présents, l'abbé Audin, le maître intégriste des lieux en soutane mais un peu en retrait, et l'abbé Heude qui, lui, célèbre l'office selon le rite du concile de Vatican 2 sur un autel faisant face à l'assemblée forte d'une bonne centaine de fidèles des deux clans. « Nous célébrons saint Martin, soldat romain devenu évêque de Tours qui, en déchirant son manteau pour couvrir un ennemi, est devenu symbole de la paix. Que les hommes et femmes prient pour la paix à tous les niveaux et même dans la paroisse, dans le respect de l'autre et quelles que soient nos différences. Cette église en est aujourd'hui un symbole », prêche l'abbé Heude qui, dans sa prière d'action de grâce, « appelle aussi à la réconciliation, au dialogue et à la compréhension pour mieux se connaître au Port-Marly ». Edifiée en 1780, cette église est occupée depuis 1985 par la communauté des proches de Mgr Lefèvre et se trouve en effet au coeur de la division de la commune. Les catholiques fidèles à Jean-Paul II ayant été contraints à se réfugier dans un préfabriqué en bois situé juste en face, de l'autre côté de la RN 186 après avoir, à plusieurs reprises, célébré la messe en signe de protestation au milieu de cette route à forte circulation. Une situation ambiguë à tel point que, le 24 septembre dernier, jour du référendum sur le quinquennat, à la suite de travaux dans la chapelle en bois, la messe a dû être dite dans la mairie sous la photo du président Chirac et le buste de Marianne voilés et avec l'accord du maire alors que les citoyens étaient obligés de voter dans un bâtiment annexe. Le lendemain, le préfet reprochait au maire ce crime de « lèse-république ». Depuis, les catholiques ont regagné leur chapelle en bois jusqu'à hier : « Cela fait sept ans que je travaille à cet accord. Il y a déjà eu des rencontres, cette messe de l'armistice est un grand pas, l'église est ouverte à tous en semaine, mais le dimanche il subsiste encore des problèmes d'horaires pour célébrer les deux offices les uns après les autres », nous précisait hier le père Audin.