Permettez-moi de vous adresser à vous aussi quelques mots d'encouragement. Vous savez mieux que vos enfants, qui manquent encore d'expérience, les difficultés que connaît l'Église, et c'est parce que vous en êtes conscients que vous voulez réagir contre cette désagrégation interne de l'Église, que vous voulez maintenir votre Foi - cette Foi dont je viens de parler à vos enfants - que vous voulez continuer à la professer et que vous faites des sacrifices pour elle. Malgré, en effet, les difficultés que cela peut représenter, vous venez conduire vos enfants, là où vous savez qu'ils recevront une véritable instruction chrétienne, là où ils recevront de véritables sacrements, là où ils assisteront au véritable Sacrifice de la Messe. Et cela ne va pas sans sacrifices de votre part, sacrifices non seulement matériels, non seulement physiques, mais sacrifices moraux parce que, je le sais et vous le savez tous, ce Sacrifice, cette profession de notre Foi nous divisent, tandis que nous devrions rester 'unis' dans la même Profession de Foi, dans la volonté de recevoir de vrais Sacrements et d'assister à l'unique vrai Sacrifice de la Messe. Et cependant, l'Église, qui pendant des siècles ne s'est jamais posé une seule question là-dessus, la voilà aujourd'hui divisée depuis ses plus hautes instances jusqu'au moindre des fidèles sur des sujets sur lesquels elle n'avait jamais eu d'hésitation pendant tout le cours de son existence. Et cette division à l'intérieur de l'Église n'épargne personne, ni les familles, ni les états, quelqu'incroyable, quelqu'invraisemblable que cela puisse être d'hésiter sur la nature du Saint Sacrifice de la Messe.
Comment peut-on, en effet, hésiter entre une Messe qui est un véritable Sacrifice, et une messe qui est en définitive un culte protestant, un repas, une communion, une eucharistie, une cène comme le disait déjà Luther ? Comment peut-on hésiter sur les Sacrements que l'on reçoit ? C'est ce que j'ai répondu au Cardinal Marty qui me reprochait de venir donner le Sacrement de Confirmation à vos enfants. Je lui ai dit les parents ont le droit de savoir d'une manière certaine, que leurs enfants reçoivent véritablement la grâce du Sacrement de Confirmation, ils en ont le droit". Or actuellement, la manière dont on confère le Sacrement de Confirmation peut donner naissance à de véritables doutes sur sa validité. Si par exemple, comme il arrive à des prêtres délégués de le faire, l'on dit : " Je te signe du signe de la Croix et reçois le Saint Esprit", le Sacrement est invalide. Une telle formule, en effet, ne signifie pas la grâce sacramentelle. Tous les Sacrements donnent le Saint Esprit. La formule sacramentelle doit signifier la grâce sacramentelle, comme, par exemple, dans le Baptême où la formule " Je te baptise au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit" signifie que le baptisé est lavé de la tâche originelle et devient enfant de Dieu. De même dans le Sacrement de Confirmation, puisque la grâce en est le sceau du Saint Esprit, il faut que cela se traduise dans la formule et donc, dire : "reçois l'Esprit Saint", ne suffit pas. Cette formule ne signifie pas la grâce de la Confirmation et est, par le fait, invalide. C'est pourquoi, j'ai écrit au Cardinal Archevêque de Paris qu'étant donné les doutes qui pesaient sur la validité du Sacrement, j'estimais de mon devoir de répondre à la demande des parents devenir donner à leurs enfants un sacrement de confirmation qui, pour n'être peut-être pas licite, n'en est pas moins certainement valide. Je sais que l'on me dira qu'en agissant ainsi, je désobéis à la loi de l'Église.
Mais qu'est-ce qu'une loi ? Une loi est faite pour la vie. La loi du Droit Canon est faite pour nous aider à vivre de la grâce. Si l'on s'en sert pour diminuer, voire éteindre en nous cette vie surnaturelle, cette loi est, par le fait même, caduque et nous ne devons pas la suivre. On ne peut pas se servir de la loi pour la mort comme c'est le cas de la loi sur l'avortement. Cette loi est " contradictoire ", si je puis ainsi parler, puisque faite pour tuer, tandis que Dieu nous donne la loi pour vivre. Il en est de même dans le domaine spirituel. La loi du Droit Canon est faite pour nous faire vivre spirituellement et nous conduire ainsi à la Vie Éternelle. Si l'on emploie cette loi pour nous empêcher d'y arriver, pour faire avorter en quelque sorte notre vie spirituelle, nous sommes alors obligés de désobéir, exactement de la même façon que nous sommes obligés de désobéir à la loi de l'avortement.
Hélas, je le mesure bien, tout ceci est très grave et ceux qui détournent la loi de son but font une chose très grave. Aussi, devons-nous prier de tout notre coeur pour que cette crise de l'Église que l'on dénature, que l'on désagrège, que l'on détruit, cesse enfin, et que l'Église redevienne ce qu'elle était autrefois et qu'ainsi le désir que nous avons de la servir retrouve son objet. Certes, l'Église ne peut pas périr. Et elle est vivante, puisque vous êtes là. Voilà l'Église vivante, puisque vous êtes là. Voilà l'Église vivante, elle continue et - cela est admirable - il en est de même dans tous les pays du monde, comme je peux m'en rendre compte dans mes nombreux voyages. Le Corps Mystique de Notre Seigneur réagit contre les forces de mort que l'on veut lui inoculer, partout il y a une résistance à cette désagrégation de l'Église. Réjouissons-nous donc et demandons à Dieu de continuer de répandre sur les fidèles qui veulent garder la foi la force de son Esprit-Saint.
Et c'est pourquoi je continue mon séminaire. Parce que vous avez besoin de prêtres. Je sais qu'on n'hésitera pas à employer la loi pour essayer de détruire mon séminaire, mais cela est une oeuvre de mort dirigée contre une maison qui forme de bons prêtres, de saints prêtres comme l'Église les a toujours formés. "Vous-mêmes, clercs qui condamnez mon séminaire, vous avez été formés de cette façon, vous avez fait votre séminaire comme je l'ai fait, comme le refais actuellement auprès de mes séminaristes. Pourquoi voulez-vous faire disparaître ce qui vous a fait prêtres vous-mêmes ? Pourquoi renier la formation que vous avez reçue ? Pourquoi condamner ce qui vous a fait prêtres ? " Et pourtant, aussi invraisemblable et inconcevable que cela puisse paraître, nous sommes devant ces faits. Aussi, aux adjurations qui me sont faites de mettre tous mes séminaristes à la porte, je réponds : " Non, je ne veux pas tuer ce qui doit être l'avenir de l'Église, ce qui doit permettre à l'Église de continuer à vivre.
Je dois dire que, grâce à Dieu, à part les quelques séminaristes qui nous ont quitté avant la fin de l'année scolaire dernière, aucun n'a quitté Ecône pendant les vacances, bien que, non sans peine pourtant, nous eussions pensé que, pendant les vacances, la pression des parents, ou même de prêtres amis les aurait détournés. Eh bien, tous sont rentrés et cela a été pour nous une grande consolation de voir que tous ces jeunes gens se rendaient compte de la valeur de vérité de la formation qui leur est donnée pour les préparer au Sacerdoce.
Et aujourd'hui même, à l'heure où je vous parle, il doit y avoir à Ecône 25 nouveaux séminaristes qui vont faire leur retraite de préparation au Séminaire dans le courant de la semaine prochaine. Vous comprendrez, j'en suis sûr, que je compte sur vos prières pour ces jeunes séminaristes qui ont beaucoup de courage de venir ainsi, malgré les événements, malgré les pressions, de venir malgré tout recevoir cette formation. Puissent-ils devenir de vrais et de saints prêtres! C'est là, en effet, je le dis et je le répète, c'est là notre seul but. Nous ne faisons pas un séminaire de commando, ni pour détruire les autres séminaires, ni pour lutter contre les Évêques. Cela n'est pas vrai. Nous faisons un séminaire pour former des prêtres, de vrais prêtres, de saints prêtres, afin qu'un jour le Pape et les Évêques puissent s'appuyer sur eux, car ils n'auront plus qu'eux qui auront la vraie Foi, qui sauront ce qu'est le Sacrifice de la Messe pour lequel ils sont prêtres, qui sauront ce que sont les Sacrements, et les administrer validement. Voilà ce que doit être le véritable séminaire d'Ecône. Je vous remercie à l'avance de vos prières pour lui et demande à Dieu de vous bénir ainsi que toutes vos familles.
Je remercie enfin Monseigneur Ducaud-Bourget et je le félicite, le cher Monseigneur est comme le commandant d'un navire battu par la tempête et par les flots incessants qui essaient de le réduire à néant, mais il tient ferme le gouvernail, et c'est pour ceux qui le voient, pour ceux qui le savent, un immense encouragement. Je demande à Dieu de lui garder encore une longue vie à lui et à tous les prêtres qui l'entourent.