SOURCE - Janlou Chaput-Morin - La Nouvelle République - 18 aout 2019
Regroupée pour l’Assomption, la Fraternité sacerdotale Saint-Pie-X véhicule des valeurs traditionalistes et fondamentalistes du catholicisme.
Regroupée pour l’Assomption, la Fraternité sacerdotale Saint-Pie-X véhicule des valeurs traditionalistes et fondamentalistes du catholicisme.
Elle n’ouvre ses portes que pour les grandes occasions. La collégiale Sainte-Chapelle Notre-Dame, accolée au château de Thouars, n’accueille pas les visiteurs toute la journée, comme le font d’autres lieux pieux. Tenue par la Fraternité sacerdotale Saint-Pie-X, une communauté catholique fondamentaliste et traditionaliste, elle devient accessible lors des célébrations religieuses qui s’y tiennent. Comme celle qui s’est déroulée le 15 août, pour l’Assomption, où une masse d’une centaine de fidèles a pris part à la courte procession en l’honneur de la Vierge Marie dans les rues du centre ancien, avant un office assuré par l’abbé Louis Pierrone.
Combien comptez-vous de fidèles au sein de votre communauté, à Thouars ?
Abbé Pierrone : « D’ordinaire, les messes sont célébrées devant 80 à 90 personnes. Jeudi, il y avait un peu plus de monde car c’était le principal événement du prieuré, qui recouvre différentes chapelles : Saumur, Chemillé-en-Anjou, Angers et bien sûr Thouars, où le 15 août est bien ancré. »
Votre fraternité n’est pas vraiment en odeur de sainteté avec le Vatican. La situation évolue-t-elle favorablement pour vous ?
« La situation n’évolue pas vraiment. Le pape François nous reconnaît comme catholiques, mais il y a des divergences de point de vue. Eux souhaitent s’adapter à la modernité, mais le problème c’est qu’ils ont toujours un train de retard. Nous, nous voulons garder la tradition de l’Église, telle qu’elle a été transmise par Dieu. Il nous a donné sa doctrine, pourquoi aurait-il voulu qu’elle change ? »
Que reprochez-vous aux messes modernes ?
« Elles sont devenues une grosse fête, entraînant la disparition de gestes d’adoration. À vouloir faire des événements sympathiques, on en perd le sacré, qui est l’essence même de notre religion. Nous préférons favoriser le sacré, au détriment du côté festif. »
On décrit votre fraternité comme traditionaliste et intégriste. Ces appellations vous gênent-elles ?
« Nous respectons les traditions originelles de l’Église, ce qui fait de nous des traditionalistes. Quant à l’intégrisme, si on le prend au sens premier, nous sommes intègres, oui. »
Des catholiques sont sortis manifester dans les rues pour des questions sociétales ces dernières années. Comment s’est positionnée votre communauté ?
« Nous sommes d’abord les organisateurs d’événements religieux, non de manifestations. Mais nous défendons aussi la doctrine de notre Église, notamment en ce qui concerne le respect de la vie et du mariage. Nous encourageons donc nos fidèles à s’engager dans ces combats. »
La fraternité compte-t-elle s’engager politiquement ?
« Nous ne nous mélangeons pas aux partis politiques. Néanmoins, s’il y avait un vrai parti catholique aujourd’hui, il est plausible que nous le soutiendrions. Malheureusement, cela ne semble pas être la priorité des politiciens. »