3 mai 2014

[Abbé Thierry Gaudray, fsspx - L'Hermine] Un bel exemple… de petit catéchisme «Ecclesia Dei»

SOURCE - Abbé Abbé Thierry Gaudray, fsspx - L'Hermine - Mars 2014
Les premières religieuses qui sont venues aider à Ecône l’oeuvre naissante de la Fraternité Saint-Pie X furent les dominicaines du Saint -Esprit fondées par l’abbé Berto (le premier théologien de Mgr Lefebvre au concile). Elles ont malheureusement choisi de prendre par la suite un autre chemin et leur «Petit catéchisme» qu’elles ont écrit à l’usage de leurs écoles permet de mesurer l’écart qui les sépare de nous aujourd’hui. 

Chaque tête de chapitre est accompagnée de références au «catéchisme de l’Eglise Catholique» promulgué par le pape Jean-Paul II. L’élève est donc invité à consulter cet autre catéchisme qui fut rédigé afin d’apporter «une contribution très importante à l’oeuvre du renouveau de toute la vie ecclésiale, voulue et mise en application par le deuxième concile du Vatican» (constitution apostolique du 11 octobre 1992), c'est-à-dire afin de répandre toutes les erreurs du concile parmi les fidèles. En effet, le catéchisme de l’Eglise Catholique justifie et enseigne le faux oecuménisme, la liberté religieuse, la collégialité, la conception erronée du mystère pascal, la possibilité de donner les sacrements aux non-catholiques… pour ne citer que les erreurs principales. 

S’agit-il de simples références «pour la forme» voire pour mieux réfuter ce nouvel enseignement délétère? Malheureusement, même si c’est d’une manière encore plus subtile que celle du «catéchisme de l’Eglise Catholique», c’est bien le nouvel Evangile que les enfants assimilent alors qu’ils apprennent par coeur ce que les dominicaines du Saint-Esprit leur enseignent. 

Leur «petit catéchisme» établit par exemple que peuvent être sauvés ceux qui n’appartiennent pas visiblement à l’Eglise sans que ce soit de leur faute, mais elles ne rappellent pas l’enseignement du pape Pie XII qui avertissait du danger dans lequel se trouvent ces âmes pourtant de bonne foi puisqu’elles «sont privées de tant et de si grand secours et faveurs célestes, dont on ne peut jouir que dans l’Eglise catholique». C’est ensuite une série de dix questions sur l’oecuménisme et le dialogue interreligieux avec «des raisons naturelles et surnaturelles» qui rendraient ces nouveautés possibles. Le mal dont souffrent les non-catholiques n’est que de ne pas appartenir «pleinement» au corps de l’Eglise. Voilà doctement enseigné ce que les docteurs de l’Eglise ont ignoré ou plutôt condamné. La question sur l’Eglise s’achève par une large citation du «catéchisme de l’Eglise Catholique» qui, conformément au nouvel enseignement de Vatican II, professe que l’Eglise Catholique ne fait que «subsister» dans l’Eglise du Christ et que son privilège n’est que d’être le «moyen général de salut». 

Plusieurs fois le «petit catéchisme» définit le sacerdoce comme étant «l’assignation du confirmé à la présidence du culte des baptisés et des confirmés». Au lieu de considérer le sacerdoce tout d’abord dans son ordination au sacrifice, et donc à la messe, pour ensuite évoquer son pouvoir sur le Corps Mystique, les rapports sont ici inversés. Présenter le prêtre comme le président de l’assemblée, le définir par rapport au peuple de Dieu, c’est adopter la nouvelle théologie dont s’inspire le rite de la messe promulguée par le pape Paul VI. Avec une telle formation (ou déformation), comment les enfants seront-ils un jour capables de comprendre les arguments qui obligent les vrais fidèles à rejeter la nouvelle messe? On peut craindre que l’attachement au rite traditionnel ne se réduise alors qu’à des raisons esthétiques ou sentimentales et que la ferveur qui doit encore exister ne trouve plus sa source dans la pure foi catholique. 

Le résumé de l’histoire de l’Eglise qui se trouve à la fin du volume s’achève par deux pages de louanges des papes depuis Jean XXIII. On comprend le désir de présenter aux enfants une image aussi sereine que possible de l’Eglise. Mais autre chose est de s’abstenir de parler d’épreuves que de trop jeunes esprits ne seraient pas capables d’entendre sans être scandalisés, autre chose est de donner une image fausse de papes qui ont gravement péché contre la profession de la foi. Si on estime qu’une personne n’est pas prête à supporter l’image d’un pape qui baise le Coran et participe à des cultes idolâtriques, alors il vaut mieux ne rien dire de lui. Comment fera-t-on pour stigmatiser les erreurs de ceux que l’on aura ainsi loués et admirés? 

Une petite question explique peut-être les faiblesses et les erreurs de ce catéchisme. C’est la cent quarante-deuxième. La voici avec sa réponse : «Qu’appellet- on fidèles de l’Eglise? On appelle fidèles de l’Eglise les chrétiens soumis au pape et aux évêques». Voilà, c’est tout! Cette réponse fort déficiente a pu se trouver dans d’autres catéchismes, mais elle devait alors être entourée d’autres questions qui la complétaient. En tous les cas, dans la crise que traverse l’Eglise, on ne peut pas enseigner aux enfants qu’il suffit d’obéir au pape pour être fidèle. Les obligations du chrétien ne se réduisent pas à cela et de graves circonstances peuvent le contraindre à «résister en face» (cf. épître aux Galates II, 11) aux autorités de l’Eglise. L’obéissance aux pasteurs légitimes est essentielle à la vie de l’Eglise, mais le baptême et la foi lient le chrétien d’une manière plus profonde. Par ailleurs, un magistère nouveau dans sa forme comme dans son fond ne peut dispenser de la soumission au magistère de toujours. Voici comment le «petit catéchisme des premiers éléments de la doctrine chrétienne» du pape saint Pie X définit l’Eglise : «L’Eglise est la société des vrais chrétiens, c'est-à-dire des baptisés qui professent la foi et la doctrine de Jésus-Christ, participent à ses sacrements et obéissent aux pasteurs établis par Lui.» 

Évidemment, il y a beaucoup de bonnes choses dans le «petit catéchisme» des soeurs. Il contient en particulier de très belles citations de l’abbé Berto et du père Emmanuel qui trouveraient leur place dans un catéchisme vraiment traditionnel. Quel dommage que ces bons auteurs soient utilisés pour accréditer une doctrine qui n’était pas la leur!
 
Abbé Thierry Gaudray