SOURCE - Yves Marc Ajchenbaum - fait-religieux.com - 30 mai 2014
Le groupuscule d'extrême-droite intégriste Civitas fait partie de cette mouvance qui depuis la seconde guerre mondiale tente de survivre dans le paysage politique français avec pour fonds de commerce, la haine de la Révolution française, de la République, de la gauche sociale, de la loi de 1905 et de Vatican II. Mais on ne saurait être indifférent, dans la conjoncture politique actuelle, à ce genre d'astéroïdes qui fréquentent les abords de notre société avec un désir largement exprimé de la percuter et de la transformer.
Le groupuscule d'extrême-droite intégriste Civitas fait partie de cette mouvance qui depuis la seconde guerre mondiale tente de survivre dans le paysage politique français avec pour fonds de commerce, la haine de la Révolution française, de la République, de la gauche sociale, de la loi de 1905 et de Vatican II. Mais on ne saurait être indifférent, dans la conjoncture politique actuelle, à ce genre d'astéroïdes qui fréquentent les abords de notre société avec un désir largement exprimé de la percuter et de la transformer.
Ce livre est donc bienvenu. Il met en lumière les dynamiques que Civitas a su créer en ne méprisant ni les nouvelles technologies de l'information ni le travail « à la base ». Les exemples abondent sur la capacité du groupuscule à mobiliser, diffuser des images sur le net, créer un « évènement » et faire le buzz. Certains directeurs de théâtre, des acteurs et des galeristes ont eu à subir les assauts parfaitement mis en scène des« saintes colères » de Civitas. Et les médias étaient toujours sur les lieux, parce que la réussite de ces agressions dépend de la présence des journalistes. Luc Chatel, ancien de Témoignage Chrétien, insiste : «Civitas existe dans les médias donc Civitas existe. Reste à tenir le rythme pour ne pas retomber dans l'oubli».
A la conquête de l'hégémonie culturelle
Comment faire? En partant d'un constat: la violence, façon casseur, renvoie trop à l'image de la délinquance banlieusarde. Selon l'auteur, Civitas s'est donc plié à la demande des citoyens-consommateurs : l'organisation a adopté, pour apparaître sous ses meilleurs atours, une méthodologie empruntée aux associations et ONG non-violentes du type Greenpeace, laissant à d'autres « groupuscules amis », le soin du débordement plus classiquement violent. Une tentative de se faire accepter dans le paysage social au nom du droit démocratique à la liberté d'expression. Une tactique difficile à tenir compte tenu de la culture extrémiste du groupuscule.
Aucune tentation polémique dans ce livre, juste un regard attentif sur ce groupuscule qui a fait parler de lui depuis les mobilisations d'opposition au Mariage-pour-tous. Une attention d'autant plus nécessaire que les dirigeants de cette mini-organisation se sont, avec une certaine lucidité, largement inspirés de leur aînés des années 1970-1980 qui, en leur temps, n'avaient pas hésité à reprendre à leur compte certains écrits du dirigeant communiste italien Antonio Gramsci pour qui la prise du pouvoir politique devait commencer par une prise de pouvoir culturelle et idéologique. L'hégémonisme culturel... Un vieux rêve de l'extrême-droite française, une mise en œuvre rarement tentée depuis 1945 et, jusqu'à présent, jamais réussie.
Mais l'Institut Civitas semble croire, il n'est pas le seul, que la conjoncture lui est aujourd'hui favorable. Reste qu'il ne suffit pas de lacérer une peinture, empêcher une représentation théâtrale ou insulter une ministre pour s'imposer idéologiquement. Même si l'on est largement soutenu par la Fraternité sacerdotale Saint-Pie X, le mouvement intégriste créé par feu Mgr Marcel Lefebvre, excommunié par Rome. «Une force de frappe spirituelle», écrit Luc Chatel, et «une belle richesse matérielle et financière».
Luc Chatel
Civitas & les nouveaux fous de Dieu
Editions Temps Présent
160 pages ; 14,90 euros