Yves Chiron - Aletheia        n°29 - 30 juillet 2002            
Anniversaires           
Nouvelles           
Revues           
A            propos des "Frères de Jésus"            
A            propos d'Alain de Benoist, de Présent et de Maurras.
Anniversaires
.        Le 10 août 1972, le Père Eugène de Villeurbanne, de la Province        capucine de Lyon, et le Père Elzéar des Étables fondaient, à Verjon,        dans l’Ain, une “communauté capucine d’observance traditionnelle”.        Elle a entretenu, au fil des années, des relations de plus en plus        étroites avec Mgr Lefebvre et la Fraternité Sacerdotale Saint-Pie X. En        1988, non sans quelque réticence, cette communauté a approuvé les        sacres épiscopaux accomplis par Mgr Lefebvre et Mgr de Castro Mayer.
Aujourd’hui,        le Couvent Saint-François prospère dans la discrétion et l’humilité,        à Morgon où il est établi depuis 1983. Une fondation à Aurenque, dans        le Gers, est en préparation.
Pour         célébrer le 30e anniversaire de leur fondation, les Capucins d’observance        traditionnelle ont publié un modeste album photographique qui raconte l’histoire        de leur fondation et montre la vie des frères au couvent.  Ce petit        livret peut être obtenu, contre une modeste offrande ou quelques timbres,        en écrivant au Couvent Saint-François, Morgon, 69910 Villié-Morgon.
On        renverra aussi à la biographie du fondateur, publiée en 1997 aux        Éditions Clovis (B.P. 88, 91152 Etampes cedex) : Veilleur avant l’aube.        Le père Eugène de Villeurbanne, 510 pages.
.        La revue trimestrielle Sedes Sapientiae, publiée par la        Fraternité Saint-Vincent-Ferrier, de spiritualité dominicaine, fête son        20 e anniversaire. Son numéro 80 vient de paraître. La revue se veut “un        instrument de culture générale catholique, au service de l’intelligence        de la foi, dans un format modeste et un prix... plus que raisonnable !”.        Elle entend oeuvrer dans l’esprit de saint Thomas d’Aquin, avec ces        règles de conduite : “harmonie de la foi et de la raison, piété        filiale envers l’être historique de l’Eglise, adhésion et        obéissance au Magistère vivant : sans le dissentiment qui s’érige en        magistère parallèle, sans “la complaisance d’esprit, qui tend à        faire de l’autorité, dans des matières de soi soumises à la raison et        à la conscience, la règle de la vérité” (abbé Berto). Enfin respect        des personnes dans la controverse, et absence de complexes par rapport aux        schémas de la modernité."
Un        abonnement découverte pour l'année 2002 est proposé : 18 euros pour les        quatre numéros de l'année. Sedes Sapientiae, Couvent        Saint-Thomas-d'Aquin, 53340 Chémeré-le-Roi.
Nouvelles
.        Après un mandat de six ans comme supérieur du district de France de        la Fraternité Sacerdotale Saint-Pie X, l'abbé Laurençon rejoint, comme        professeur d'Ecriture sainte et de patristique, le séminaire de Flavigny.        Il est remplacé par l'abbé Régis de Cacqueray, qui dirigeait depuis        huit ans l'école Saint-Joseph des Carmes à Montréal-de-l'Aude.
.        Le Saint-Siège a approuvé l'office propre de sainte Madeleine que le        Père Emmanuel, du Barroux, avait préparé pour son monastère.
.        Mgr Ricard, archevêque de Bordeaux et nouveau Président de la        Conférence épiscopale française, a été nommé membre de la Commission        Ecclesia Dei. Les traditionalistes français devraient trouver        auprès de lui un accueil attentif et non prévenu.
.        Le 18 août prochain, le Père Fernando Arêas Rifan, qui est le        collaborateur le plus proche de Mgr Licinio Rangel, sera sacré évêque        par le cardinal Castrillon Hoyos et par Mgr Rangel.  Mgr Rangel, qui        avait été excommunié pour avoir reçu, en 1991, sans mandat pontifical,        la consécration épiscopale d'évêques sacrés par Mgr Lefebvre,        accomplit lui aussi un sacre, mais cette fois en pleine communion avec le        Saint-Siège. Sont démenties ainsi les craintes de ceux qui redoutaient        que l'Accord intervenu entre le Saint-Siège et l'Union sacerdotale        Saint-Jean-Marie-Vianney ne garantisse en rien une continuité de l'oeuvre        de Mgr de Castro Mayer et de Mgr Rangel.
.        Le 6 octobre prochain, aux éditions Clovis, paraîtra une biographie        de Mgr Lefebvre par Mgr Tissier de Mallerais. Mgr Tissier de Mallerais est        un des évêques sacrés par Mgr Lefebvre en 1988. L'ouvrage qu'il va        publier est très attendu. Il comptera quelque 730 pages.
Sans        encore avoir pu lire le livre, on peut déjà estimer qu'il devrait        retenir l'attention par son ampleur et sa rigueur documentaire. Par        exemple, à l'encontre de ce qu'ont affirmé longtemps diverses        publications de la FSSPX, Mgr Tissier de Mallerais admet que Mgr Lefebvre        a bien signé toutes les constitutions et déclarations du concile Vatican        II, y compris celle sur la liberté religieuse. Plusieurs auteurs et        publications, extérieurs à la FSSPX, avaient déjà établi ce point        d'histoire.
Il        semble que sur de nombreux autres points de la biographie du fondateur de        la FSSPX, Mgr Tissier de Mallerais apporte des informations, des        rectifications et des éclaircissements ; tout en restant fidèle à        l'esprit de Mgr Lefebvre.
Revues
.       Une nouvelle revue vient de paraître : Kephas. Elle est publiée        par les éditions Ad Solem. Trimestrielle, elle en est à son deuxième        numéro. Elle émane de la Fraternité Saint-Pierre, puisque le directeur        de la publication en est l'abbé Le Pivain. Mais elle n'est pas la revue        de la dite-Fraternité, qui possède sa propre revue, Tu es Petrus.        Son comité de rédaction compte des prêtres, un religieux dominicain et        des laïcs.
A        l'origine du projet, il s'agissait de ressusciter la Pensée catholique,        qui avait dû s'interrompre en 1996, après cinquante années de        publication. Finalement, si l'esprit de la revue de l'abbé Lefèvre        -  "la romanité"- a été maintenu, le titre a été        changé. On relèvera encore que le lien entre l'ancienne Pensée        catholique et Kephas est assuré par la collaboration d'Hervé        Kerbouc'h qui fut le successeur de l'abbé Lefèvre à la Pensée        catholique.
Kephas,        quatre numéros par an, abonnement : 50 euros. Revue Kephas, B.P.        21, 89150 Saint-Valérien.
.        L'abbé Aulagnier, qui a dû abandonner D.I.C.I., qu'il avait        fondée, et les Nouvelles de Chrétienté, qu'il avait        ressuscitées, continue à s'exprimer dans Pour qu'Il règne, la        revue de la Fraternité Sacerdotale Saint-Pie X en Belgique (district dont        l'abbé Aulagnier est toujours supérieur). Dans le n° 50 de cette revue,        numéro de mai-juin, il publie un article important consacré à        l'érection de l'Union sacerdotale Saint-Jean-Marie Vianney en        administration apostolique. L'événement a déjà fait couler beaucoup        d'encre. Le propos de l'abbé Aulagnier porte principalement sur la "facultas"        accordée à cette Union sacerdotale de célébrer la messe selon le rite        traditionnel. A l'encontre de voix autorisées qui, dans la FSSPX, ne        voient dans cette autorisation qu'une "concession" fragile qui        peut être retirée du jour au lendemain, l'abbé Aulagnier estime que        cette "facultas" concédée par Rome aux prêtres de        l'Union sacerdotale donne un droit qui engage pour l'avenir. Et donc        :  "l'exclusivité du NOM est finie (...) Demain, cette facultas        le sera pour d'autres églises, pour nous... je l'espère. Et        après-demain "pour tous", pour l' "ensemble des        églises"."
Pour        qu'Il règne, 2,5 euros le numéro (abonnement d'un an : 15 euros +        7,5 euros pour les frais d'envoi hors de Belgique). Prieuré du        Christ-Roi, Rue de la Concorde 37, B- 1050 Bruxelles.
A        propos des "Frères de Jésus"
.        La revue Le Sel de la terre (Couvent de la        Haye-aux-Bonhommes, 49240 Avrillé, 14 euros le numéro) publie, dans son        numéro 41, un article du P. Emmanuel-Marie consacré aux        "frères" de Jésus. Cet article n'est pas inutile. Dans sa        dernière partie, il critique l'étude d'Alain de Benoist sur le sujet        parue dans Nouvelle École, recensée ici il y a plus d'un an. A        l'évidence, le Révérend Père n'a pas lu cette étude - comme il ignore        que, depuis, elle a été éditée en volume - ; il ne la connaît que par        ce qu'en a dit Alètheia.
Cette        pratique - faire comme si on avait lu, alors que l'on en a une        connaissance indirecte - est hélas répandue, dans le monde de la presse        comme dans celui de l'édition. Mais, ici, elle se double d'une vilenie.        Le P. Emmanuel-Marie, faisant référence à l'article d'Alètheia        sur l'étude d'Alain de Benoist, écrit : "la critique est très        réservée, se contentant de déclarer "décevante" l'étude sur        les "frères de Jésus" parue dans le n° 52 de Nouvelle        École."
Non,        je ne me contentais pas de déclarer "décevante" l'étude        d'Alain de Benoist. Après avoir parlé des très nombreuses références        bibliographiques de l'étude parue dans Nouvelle École et d'un        ouvrage récent qui, lui aussi, soutient la thèse de l'existence        historique de frères et soeurs de Jésus, j'ajoutais : "Tout        ceci, pourtant, ne doit pas impressionner le catholique fidèle" et        je citais longuement un grand exégète contemporain qui        avait résumé "très clairement la position catholique sur le        sujet". Le Révérend Père ne dit rien de tout cela à ses        lecteurs.
A        propos d'Alain de Benoist,  de Présent et de Maurras
Dans        l'article cité ci-dessus, le Père Emmanuel-Marie reproche encore au        quotidien Présent, dans son numéro du 18 mai 2002, d'avoir cité        "avec une complaisance manifeste" une lettre d'Alain de Benoist        pour les 20 ans de Présent. Le Révérend Père estime que dans Présent        "on cherche en vain la moindre réserve sur les idées d'A. de        Benoist" et il reproche au journal de le considérer "comme une        autorité très recommandable".
Sans        répondre au nom de Présent, dirigé par Jean Madiran, je        rappellerai néanmoins au P. Emmanuel-Marie qu'il m'est arrivé à        plusieurs reprises, depuis plus de quinze ans que je collabore à ce        journal, de recenser des ouvrages d'Alain de Benoist et, toujours, je n'ai        pas manqué de faire les réserves qui s'imposent et de manifester les        désaccords qui existent, même si d'autres aspects du livre méritaient        de retenir l'attention. Par exemple, il aura peut-être échappé au        Révérend Père que, le 1er décembre 2001, dans la dernière recension        faite d'un ouvrage d'Alain de Benoist dans Présent (la réédition        de Vu de droite), j'avais relevé, pour la regretter, ce qui        m'apparaît comme une caractéristique essentielle de sa pensée :        "l'anomie".
Ces        critiques et réserves n'empêchent pas Alain de Benoist d'apprécier Présent,        journal catholique et national, et de manifester publiquement cette        appréciation. Présent, qui continue à exister depuis vingt ans        dans des conditions héroïques que ne connaissent peut-être pas les        religieux du Couvent de la Haye-aux-Bonhommes, ne trie pas dans les        encouragements qui lui sont prodigués. Catholique et national, il n'est        pas le journal d'un parti ou d'une faction.
J'ajouterai        que, de la même manière qu'Alain de Benoist ne méconnaît pas tout ce        qui le sépare de Présent, les rédacteurs de Présent et        ses lecteurs savent tout ce qui les sépare des idées d'Alain de Benoist.        Son appui à un journal qui n'est pas de ses idées n'en a que plus        d'éclat.
Le        Père Emmanuel-Marie, encore, reproche au Bulletin Charles Maurras        d'avoir édité une bibliographie de Charles Maurras et de l'Action        française établie par Alain de Benoist et d'en faire "un éloge        très flatteur". Le Révérend Père n'a pas lu l'ouvrage. S'il        l'avait lu, il aurait constaté que cet ouvrage, qui s'en tient à une        bibliographie exhaustive, ne saurait encourir la moindre réserve de la        part d'un catholique. La bibliographie est une science ingrate mais ô        combien utile. Alain de Benoist a fait la preuve, par d'autres        publications de ce genre, qu'il maîtrisait cette science bibliographique.        Pourquoi les Éditions BCM auraient-elles repoussé cette compétence        qu'on mettait au service d'un homme que saint Pie X a qualifié de        "beau défenseur de la foi" ?
Minute       a consacré à cette Bibliographie de Maurras par Alain de Benoist        une recension très élogieuse. Probablement, elle aussi aura échappé au        Révérend Père. Je crois savoir que son auteur est un éminent prêtre        de la FSSPX, directeur de publications fort estimées...
