21 novembre 2004

[Aletheia n°65] Mises au point sur Fatima - Vient de paraître...

Yves Chiron - Aletheia n°65 - 21 novembre 2004


La transformation du sanctuaire de Fatima en un centre inter-religieux a été annoncée comme un projet avéré et certain, mis en œuvre par les autorités actuelles du sanctuaire de Fatima et avec l’approbation du Saint-Siège. Un premier pas de cette “ évolution ” du grand sanctuaire marial aurait été “ un service religieux hindou ” qui se serait déroulé dans la chapelle même des Apparitions le 5 mai dernier.
Cette double information a fait l’objet de plusieurs articles dans des publications catholiques qui s’en scandalisent. Il y aurait, de fait, matière à scandale si le projet était bien celui que l’on annonce. Le site fatima.be a lancé une “ Pétition contre le projet de construction d’un sanctuaire interconfessionnel à Fatima ”, pétition “ à envoyer au Saint-Père ”. La Fraternité Sacerdotale Saint-Pie X annonce un pèlerinage à Fatima, sous forme de “ Journées de réparation ” du 20 au 22 août 2005.
En s’en tenant aux seuls articles récents, on signalera trois protestations :
- un article de l’abbé Charles Tinotti, dans L’Homme nouveau daté du 5 septembre 2004, intitulé : “ Tempête et subversion. Les religions de Fatima ”. Il y annonce que “ le sanctuaire doit être reconverti en un centre pluri-confessionnel ”. Il y évoque, pour s’en indigner, “ un service religieux hindou [qui] s’est tenu dans la chapelle des apparitions ”.
- la “ Lettre du Supérieur Général ” de la FSSPX, parue dans le numéro de septembre de la Lettre aux Amis et Bienfaiteurs du District de France de la FSSPX. Mgr Fellay déplore l’annonce de “ la construction d’un nouvel édifice pluri-religieux ” à Fatima et dénonce la “ provocation ” qu’a représentée la cérémonie hindouiste du 5 mai dernier.
- une pleine page de l’hebdomadaire Rivarol, le 12 novembre dernier, sous la signature de Jérôme Bourbon. Sous le titre “ Offense faite à la Vierge…et à l’Europe : Fatima livrée aux rabbins et aux gourous ! ”, Jérôme Bourbon annonce que Fatima est appelé à devenir “ un centre où toutes les religions du monde se rassembleront pour rendre hommage à leur(s) dieu(x) respectif(s) ”. Il voit là un épisode de plus de l’ “ apostasie radicale ” de “ la Rome moderniste et [de] l’Eglise conciliaire ”.
Or, un article très important de Jeanne Smits, sur la transformation du sanctuaire, est paru le 28 août dans Présent. Je l’avais signalé alors (Aletheia, n° 61, 1.9.2004) car il apportait des éclaircissements et des rectifications convaincantes. Jeanne Smits avait enquêté sur place et avait établi que “ tout est parti d’un unique article paru dans l’hebdomadaire Portugal News, journal anglophone édité dans l’Algarve (côté sud du Portugal) ”. J. Smits citait aussi les démentis apportés par le P. Luciano Guerra, recteur du sanctuaire, dans la revue officielle Voz de Fatima.
L’article de Jeanne Smits dans Présent aura donc échappé au dernier protestataire en date (J. Bourbon). En revanche, cet article de Jeanne Smits (et peut-être la recension qui en a été faite dans Aletheia) n’auront pas échappé, semble-t-il, à la rédaction de L’Homme nouveau. En effet, le numéro suivant du bimensuel, daté du 19 septembre, contenait une sorte de rectificatif. Sans faire référence à l’article de l’abbé Tinotti qui avait été publié à la même place dans le numéro précédent, était publié, cette fois, un “ document ” important qui venait tout simplement le contredire. Il s’agit, sous le titre “ Semper idem ”, de la traduction d’un article du P. Guerra, publié dans Voz de Fatima le 29 juin 2004. Le recteur du sanctuaire y fait de nouvelles mises au point. Mise au point sur le “ pèlerinage ” hindouiste du 5 mai et mise au point sur le futur sanctuaire : “ nous n’avons pas et n’avons jamais eu l’intention de réaliser dans l’église en construction des célébrations qui ne soient pas prévues par les directives de l’Eglise catholique ”.
Le recteur du sanctuaire de Fatima aura donc fait trois mises au point en moins d’un an (13 janvier, 29 juin et 13 juillet 2004). S’il a dû les faire, c’est que certaines de ses déclarations ont été ou déformées, ou mal comprises ou maladroite. Mais aussi, si une rectification n’a pas suffi, s’il a dû les répéter, c’est que les rumeurs et les fausses informations circulent plus vite et mieux que les éclaircissements et les démentis.
Rappelons encore que cette église en construction est dédiée à la Très Sainte Trinité – nom guère “ inter-religieux ” ! – et que Jean-Paul II a offert “ un petit morceau de marbre qui provient de la tombe de l’apôtre Saint-Pierre à Rome ” comme première pierre de l’édifice[1]. L’inauguration est prévue pour le 13 mai 2007.



Vient de paraître
Égards, la “ Revue de la résistance conservatrice ” au Canada (5122, Chemin de la Côte-des-Neiges, C.P. 49595 Montréal, Québec, Canada, H3T 2A5 ; le numéro 10 $) publie dans son numéro V, entre autres articles intéressants, une étude de Jean Renaud sur “ L’idéologie homosexuelle ” (p. 59-70). L’auteur appelle “ idéologie homosexuelle ”, non pas seulement l’éloge de l’homosexualité, mais une “ symbolique ” qui “ a pénétré l’ensemble des mœurs et des doctrines modernes ” : “ le moi, la subjectivité ” deviennent “ un critère universel ”. Le narcissisme est une des caractéristiques principales de la modernité anomique. Marcel De Corte, cité par l’auteur, avait fait remarquer, il y a quarante ans : “ la philosophie contemporaine est homosexuelle de fond en comble : l’autre en tant qu’autre est banni, et il n’existe plus pour elle que l’autre en tant que moi, en tant que construction de la pensée autonome ” ( “ Une définition de la droite ”, Ecrits de Paris, juillet-août 1964).
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NOTE
[1] Les Bienheureux François et Jacinthe Marto, bulletin officiel de la Postulation, juillet-septembre 2004, p. 4