SOURCE - François Guttin-Lombard - leprogres.fr - 8 mai 2011
Quarante garçons, du CM1 à la 1 ere, sont en pension à l’école de la Péraudière à Montrottier, qui prône les valeurs du catholicisme traditionaliste. Les messes sont en latin, les élèves coupent eux-mêmes le bois, sont en uniforme pour les cérémonies et ne rentrent chez eux que tous les quinze jours
C’est au bout d’une petite route, à trois kilomètres du village, que se trouve l’école de la Péraudière. Entre champs et forêt, plusieurs corps de ferme abritent les locaux de cet établissement imaginé en 1946 par Luce Quenette, et qui a accueilli ses premiers élèves, une dizaine, en 1954.
Quarante garçons, du CM1 à la 1 ere, sont en pension à l’école de la Péraudière à Montrottier, qui prône les valeurs du catholicisme traditionaliste. Les messes sont en latin, les élèves coupent eux-mêmes le bois, sont en uniforme pour les cérémonies et ne rentrent chez eux que tous les quinze jours
C’est au bout d’une petite route, à trois kilomètres du village, que se trouve l’école de la Péraudière. Entre champs et forêt, plusieurs corps de ferme abritent les locaux de cet établissement imaginé en 1946 par Luce Quenette, et qui a accueilli ses premiers élèves, une dizaine, en 1954.
Aujourd’hui, ils sont quarante garçons -il existe une école sœur pour les filles en Savoie- à étudier dans cette école que son directeur Philippe Houzelle définit comme « catholique traditionaliste. Car je n’aime pas le qualificatif intégriste ».
Dans le village, c’est pourtant comme cela que l’on désigne cet établissement très discret, qui a reçu à plusieurs reprises la visite de Monseigneur Lefebvre (voir ci-dessous).
On le présente même comme un « repère » de sympathisants d’extrême-droite. « Le seul parti auquel on adhère, c’est celui de Dieu » répond Philippe Houzelle. Sur ce coup, le maire du village, apparenté PS, vient à la rescousse. « À une époque, un enseignant s’est présenté aux cantonales sous l’étiquette FN. Certains ont pu faire l’amalgame » analyse Bernard Chaverot.
Pupitres en bois et tableau noir, sol de la cour en terre battue, pas de télé à l’internat, la Péraudière donne néanmoins furieusement dans le rétro. Et l’assume. « Nous inculquons, aux enfants, l’amour de la vie campagnarde » explique Philippe Houzelle. « Nous leur faisons faire des jeux en pleine nature. Quand il neige, ils font du ski (NDLR sans remonte-pente !) dans le pré en contrebas. Le soir, les enseignants et les élèves balayent les pièces, ça donne le sens du concret. Et ceux qui le demandent coupent le bois, sous surveillance d’adultes bien sûr ».
L’uniforme n’est plus de rigueur, sauf « pour les jours de fête. On évite quand même les tenues fluo les autres jours » glisse le directeur.
Les quarante élèves - le nombre autorisé par la commission de sécurité- viennent d’un peu partout, « même si 80 % sont issus du Sud-Est, principalement d’un triangle Lyon/Grenoble-Valence. Et nous avons des gens de toutes origines sociales, de l’agriculteur au noble ».
Pour inscrire son enfant à la Péraudière, mieux vaut quand même partager une conception très traditionaliste du catholicisme. La messe hebdomadaire - les prières sont quotidiennes- est ainsi servie en latin dans la chapelle de l’école par les capucins de Morgon.
« Il faut effectivement s’engager sur la morale catholique » détaille le directeur, par ailleurs officier de réserve dans les chasseurs alpins. « Ici, c’est cadré. C’est d’ailleurs ce que recherchent les parents. Des garçons ont besoin d’un suivi, même s’ils sont loin d’être la majorité ».
En clair, à Montrottier, le pensionnat n’est pas destiné à accueillir les fortes têtes, mais les adeptes d’un catholicisme assez éloigné de celui de la grande majorité de l’église française.
École hors contrat - « par vocation, ça nous permet d’avoir un enseignement religieux spécifique » -, la Péraudière propose un enseignement à dominante littéraire. « Jusqu’en seconde, on suit le programme de l’académie, avec qui nous avons de très bons rapports et qui vient inspecter l’établissement tous les deux ans ».
Malgré cette absence d’aides publiques, les tarifs ne sont pas trop élevés. Il faut compter de 350 à 450 euros par mois, tout compris, selon l’âge de l’enfant.
L’effectif par classe va par contre faire rêver la plupart des enseignants du public. « Cette année, nos classes vont de deux élèves, en 8 e, à dix, en 4 e. Ce petit nombre fait que l’on peut plus s’occuper des enfants ».
Les résultats sont plutôt à la hauteur. Le seul élève à avoir passé le bac l’année dernière l’a obtenu avec la mention Bien.
Et ça ne devait pas être dû uniquement aux deux prières et au chapelet récités chaque jour.
"On ne vit pas hors du temps" affirme le directeur
Quand on explique au directeur qu’on a l’impression de se trouver dans le décor du film « Les choristes », la réponse ne se fait pas attendre. « Je ne suis pas d’accord avec cette comparaison. La vie de la pension qu’il décrit me paraît caricaturale. Ce qu’on fait ici n’a rien à voir avec le film. Nous avons un esprit familial, pas excessivement rigoureux. Il n’y a pas de corrections chez nous, les seules punitions sont des colles, les élèves ont des textes à recopier ».
Philippe Houzelle n’a d’ailleurs pas aimé le film « même s’il y a de très belles choses, comme le prof de chant qui arrive, par l’art, à ce que les enfants donnent quelque chose d’eux-mêmes ».
Il est persuadé que « nous ne vivons pas hors du temps. J’ai plutôt le sentiment contraire. Nous élevons des jeunes gens dans les valeurs universelles de l’homme. Et je crois que la société comptera un jour ou l’autre sur les valeurs que nous inculquons aux enfants ».
François Guttin-Lombard
Dans le village, c’est pourtant comme cela que l’on désigne cet établissement très discret, qui a reçu à plusieurs reprises la visite de Monseigneur Lefebvre (voir ci-dessous).
On le présente même comme un « repère » de sympathisants d’extrême-droite. « Le seul parti auquel on adhère, c’est celui de Dieu » répond Philippe Houzelle. Sur ce coup, le maire du village, apparenté PS, vient à la rescousse. « À une époque, un enseignant s’est présenté aux cantonales sous l’étiquette FN. Certains ont pu faire l’amalgame » analyse Bernard Chaverot.
Pupitres en bois et tableau noir, sol de la cour en terre battue, pas de télé à l’internat, la Péraudière donne néanmoins furieusement dans le rétro. Et l’assume. « Nous inculquons, aux enfants, l’amour de la vie campagnarde » explique Philippe Houzelle. « Nous leur faisons faire des jeux en pleine nature. Quand il neige, ils font du ski (NDLR sans remonte-pente !) dans le pré en contrebas. Le soir, les enseignants et les élèves balayent les pièces, ça donne le sens du concret. Et ceux qui le demandent coupent le bois, sous surveillance d’adultes bien sûr ».
L’uniforme n’est plus de rigueur, sauf « pour les jours de fête. On évite quand même les tenues fluo les autres jours » glisse le directeur.
Les quarante élèves - le nombre autorisé par la commission de sécurité- viennent d’un peu partout, « même si 80 % sont issus du Sud-Est, principalement d’un triangle Lyon/Grenoble-Valence. Et nous avons des gens de toutes origines sociales, de l’agriculteur au noble ».
Pour inscrire son enfant à la Péraudière, mieux vaut quand même partager une conception très traditionaliste du catholicisme. La messe hebdomadaire - les prières sont quotidiennes- est ainsi servie en latin dans la chapelle de l’école par les capucins de Morgon.
« Il faut effectivement s’engager sur la morale catholique » détaille le directeur, par ailleurs officier de réserve dans les chasseurs alpins. « Ici, c’est cadré. C’est d’ailleurs ce que recherchent les parents. Des garçons ont besoin d’un suivi, même s’ils sont loin d’être la majorité ».
En clair, à Montrottier, le pensionnat n’est pas destiné à accueillir les fortes têtes, mais les adeptes d’un catholicisme assez éloigné de celui de la grande majorité de l’église française.
École hors contrat - « par vocation, ça nous permet d’avoir un enseignement religieux spécifique » -, la Péraudière propose un enseignement à dominante littéraire. « Jusqu’en seconde, on suit le programme de l’académie, avec qui nous avons de très bons rapports et qui vient inspecter l’établissement tous les deux ans ».
Malgré cette absence d’aides publiques, les tarifs ne sont pas trop élevés. Il faut compter de 350 à 450 euros par mois, tout compris, selon l’âge de l’enfant.
L’effectif par classe va par contre faire rêver la plupart des enseignants du public. « Cette année, nos classes vont de deux élèves, en 8 e, à dix, en 4 e. Ce petit nombre fait que l’on peut plus s’occuper des enfants ».
Les résultats sont plutôt à la hauteur. Le seul élève à avoir passé le bac l’année dernière l’a obtenu avec la mention Bien.
Et ça ne devait pas être dû uniquement aux deux prières et au chapelet récités chaque jour.
"On ne vit pas hors du temps" affirme le directeur
Quand on explique au directeur qu’on a l’impression de se trouver dans le décor du film « Les choristes », la réponse ne se fait pas attendre. « Je ne suis pas d’accord avec cette comparaison. La vie de la pension qu’il décrit me paraît caricaturale. Ce qu’on fait ici n’a rien à voir avec le film. Nous avons un esprit familial, pas excessivement rigoureux. Il n’y a pas de corrections chez nous, les seules punitions sont des colles, les élèves ont des textes à recopier ».
Philippe Houzelle n’a d’ailleurs pas aimé le film « même s’il y a de très belles choses, comme le prof de chant qui arrive, par l’art, à ce que les enfants donnent quelque chose d’eux-mêmes ».
Il est persuadé que « nous ne vivons pas hors du temps. J’ai plutôt le sentiment contraire. Nous élevons des jeunes gens dans les valeurs universelles de l’homme. Et je crois que la société comptera un jour ou l’autre sur les valeurs que nous inculquons aux enfants ».
François Guttin-Lombard