9 mai 2006

La Lettre de Paix liturgique, numéro 53
9 mai 2006 - contact@paixliturgique.com

Merci Famille Chrétienne !

► Par ces quelques lignes, nous souhaitons remercier bien sincèrement Philippe Oswald, rédacteur en chef de l’hebdomadaire catholique Familles Chrétiennes, pour son magnifique éditorial publié dans le numéro du 22 avril 2006 Famille chrétienne n° 1475.
Depuis des années, les familles attachées à la liturgie traditionnelle de l’Eglise supplient – souvent en vain – leurs évêques de mettre en place les mesures d’apaisement promulguées par Jean Paul II dans son motu proprio Ecclesia Dei. Et ces familles ne disent rien d’autre que : « Il est grand temps de mettre un terme aux divisions ! » Quel réconfort de retrouver ces paroles dans ce numéro de Famille Chrétienne consacrant couverture, éditorial et dossier à la question des catholiques qui souhaitent vivre leur foi au rythme de la liturgie traditionnelle.
Nous reproduisons tout d’abord ce splendide éditorial dans son intégralité :

L’unité des chrétiens

Entre catholiques d’abord

« Aide-nous à être des serviteurs de l’unité ! »
Voici un an, dans l’homélie de la messe inaugurale de son pontificat, Benoît XVI priait pour que lui soit donné d’accomplir la mission de Pierre, pasteur et pêcheur : « […] Oui Seigneur, invoquait le pape, fais que nous ne soyons […] qu’un seul troupeau ! Ne permets pas que ton filet se déchire…»
Pour Benoît XVI, on ne saurait travailler à l’unité des chrétiens sans donner la priorité à celle des catholiques. Il est grand temps de mettre un terme aux divisions entre progressistes et traditionalistes attisées par des interprétations erronées et des applications fantaisistes du Concile.
On se souvient que le cardinal Ratzinger avait ouvertement déploré, dans plusieurs livres et discours, ces dérives doctrinales et liturgiques, comme d’ailleurs l’interdiction, de fait sinon de droit, de l’ancien missel. Conscient de ce problème, Jean Paul II avait demandé aux évêques dans le motu proprio Ecclesia Dei adflicta de 1988, de répondre « largement et généreusement » aux demandes de fidèles souhaitant une célébration de la messe dite « de saint Pie V ». A chacun d’apprécier, quelques dix-huit ans après cette demande, si la largesse et la générosité furent la règle.
Depuis, l’eau a coulé sous les ponts. Le risque de la constitution d’« églises parallèles » ayant leurs séminaires, leurs écoles, leurs paroisses, grandit avec le temps, comme l’a relevé le cardinal Ricard, président de la Conférence des évêques de France, dans son discours de clôture de l’assemblée plénière à Lourdes (9 avril). Aussi, s’exprimant au nom de ses confrères, a-t-il promis : « Nous sommes prêts, comme évêques, à nous engager dans ce vrai travail de communion » entrepris par Benoît XVI.
Cette ouverture fait notamment écho aux contacts renoués avec la Fraternité Saint-Pie X (lire enquête). Dans son cas, il ne s’agit pas simplement d’une sensibilité traditionnelle à respecter. La communion rompue par les ordinations illicites de quatre évêques par Mgr Lefebvre doit être restaurée « dans la charité et la vérité », comme l’a dit encore Mgr Ricard.
La charité implique qu’on apprenne à se connaître en renonçant aux fausses images, aux procès d’intention, aux arrière-pensées. La vérité exige un examen loyal des points de dissension : non seulement sur la liturgie, mais sur l’enseignement du « vrai » Concile et des papes. Qu’on puisse enfin se consacrer ensemble à l’essentiel : adorer, évangéliser !
Philippe Oswald

► Les réactions de Paix liturgique : 

Nous remercions vivement Famille Chrétienne pour cet éditorial courageux et serein dont l’objectivité et le ton tranchent notablement avec les amalgames, les inexactitudes et hélas aussi les calomnies que l’on retrouve généralement dans d’autres publications religieuses sur ce sujet. Nous n’apportons aucune réserve à cet éditorial et souhaitons simplement souligner quelques idées qui nous paraissent importantes.
# Il est temps de faire l’unité entre catholiques. Les familles attachées à la liturgie traditionnelle de l’Eglise ne demandent que cela. L’urgence de l’évangélisation l’exige. Nous ne souhaitons rien imposer à personne et voulons vivre en catholiques comme les autres. Nous ne voulons pas être traités comme des catholiques de seconde catégorie que l’on exclut de la vie des diocèses, qui n’ont pas d’existence reconnue officiellement ou que l’on relègue dans des réserves indiennes.
# Oui, la question mérite d’être posée aussi simplement : qu’en est-il, dix-huit ans après la demande faite par Jean Paul II aux évêques dans le motu proprio Ecclesia Dei adflicta de 1988, de répondre « largement et généreusement » aux demandes de fidèles souhaitant une célébration de la messe dite « de saint Pie V » ?
La réponse est bien connue et il faudrait être d’une mauvaise foi particulièrement criante pour feindre, dix-huit ans après, de s’apercevoir seulement aujourd’hui qu’il existe en France un profond et grave problème liturgique. Combien de déchirements, de drames humains aurait-on pu éviter si l’on avait fait ce constat plus tôt ?
Comment parler d’application large et généreuse quand, dans plus d’un diocèse sur trois, malgré une réelle demande, strictement aucun lieu de culte n’est octroyé aux familles soucieuses de se sanctifier dans cette antique liturgie ? Si l’ostracisme dont fait preuve Mgr Thierry Jordan à Reims, en refusant d’accorder aux familles de son propre diocèse qui le supplient de mettre en place la célébration d’une messe traditionnelle, est typique de la manière dont on traite encore largement aujourd’hui cette question dans les évêchés français, il est hélas loin d’être un cas isolé.
Comment parler d’application large et généreuse quand dans de nombreux endroits où cette messe est célébrée dans le cadre du Motu Proprio, elle l’est de manière irrégulière (une fois par mois, une fois tous les quinze jours) ou à des horaires peu pratiques pour les familles, ou dans des endroits difficilement accessibles, ou particulièrement hideux, ou bien encore par des prêtres peu favorables, voire hostiles…?
Comment parler d’application large et généreuse quand l’accueil de familles attachées à la liturgie traditionnelle se limite exclusivement à la messe célébrée le dimanche matin... ou en plein milieu de l'après-midi, à l’exclusion des autres grands temps forts de la vie chrétienne que sont par exemple les baptêmes, ou que l’on restreint toute forme de catéchèse ou d’activité organisée ?
Enfin, comment parler d’application large et généreuse quand on refuse encore aujourd’hui en 2006 à des jeunes l’autorisation d’avoir une messe de mariage célébrée dans le rit traditionnel, comme le fit encore récemment Mgr Pierre Pican, évêque de Bayeux-Lisieux ?
# Malgré cette application ultra-restrictive, malgré les innombrables difficultés qu’éprouve aujourd’hui un catholique en communion visible avec l’Eglise qui souhaite vivre sa foi au rythme de la liturgie traditionnelle de l’Eglise, une enquête récente indiquait qu’environ 50 000 fidèles en France assistaient à la messe dans des églises desservies dans l’esprit du motu proprio Ecclesia Dei, c'est-à-dire sans aucune réserves vis-à-vis de l’Eglise et du Saint-Père (pour environ 35 000 dans des églises desservies par des prêtres de la famille de la Fraternité Sacerdotale Saint-Pie X).
Nous savons bien que si la liturgie traditionnelle était célébrée dans de bonnes conditions d’horaires et de lieux, là où des fidèles en ressentent le besoin, que si le Motu Proprio était véritablement appliqué de manière « large et généreuse », ce nombre serait décuplé… En effet, ce chiffre de 50 000 fidèles ne signifie pas grand-chose au regard du nombre important de diocèses où n’existe aucun lieu de culte traditionnel ou encore au regard du nombre de diocèses où seule une partie du diocèse peut – souvent pour des raisons géographiques – bénéficier de la célébration de la messe traditionnelle. Nous l’avons constaté pendant deux ans lors de nos opérations de sensibilisation dans les paroisses : de nombreux fidèles assisteraient volontiers régulièrement à la messe traditionnelle s’ils en avaient tout simplement… la possibilité.
Raisonnablement, il est donc permis d’affirmer qu’aujourd’hui la « sensibilité traditionnelle » représente un peu plus de 15 % des fidèles. Ce chiffre n’a absolument rien de fantaisiste et se trouve d’ailleurs confirmé par les vocations sacerdotales puisque, aujourd’hui, le nombre d’ordinations de prêtres français issus des communautés traditionnelles tourne autour de 15 % de celui des prêtres français ordonnés dans les diocèses.
Alors reprenons les paroles du Saint-Père en criant « Aidez-nous à être des serviteurs de l’unité ! » Pour cela nous avons besoin de vos prières et de votre aide pour que cessent au plus vite les divisions et que partout règne une authentique paix liturgique génératrice d’amitié et de réconciliation.
 Sylvie Mimpontel

PS : Cette lettre électronique est diffusée à 55 000 exemplaires… Il ne tient qu’à vous de développer sa diffusion… Pour cela, donnez-nous les adresses de vos parents et amis et toutes celles des personnes dont vous jugeriez qu’elles seraient intéressées par notre démarche.

Des nouvelles de Paix liturgique à Reims

► Marc Billig, avec plusieurs familles du diocèse de Reims, vous avez entrepris il y a quelques semaines une action publique de sensibilisation des fidèles pour que cesse la dramatique exclusion qui frappe les catholiques du diocèse de Reims attachés à la liturgie traditionnelle de l’Eglise…
Pour commencer, rappelons qu’il n’est pas possible aujourd’hui, dix-huit ans après les décisions du pape Jean Paul II, aux catholiques du diocèse de Reims de vivre leur foi au rythme de la liturgie traditionnelle en parfaite communion avec leur évêque, alors que cela est possible dans des centaines de diocèses de l’Eglise en France, en Allemagne, mais aussi en Australie ou au Gabon… C’est pourquoi après avoir tenté, sans succès, pendant des années de trouver une solution charitable et bienveillante, nous avons pris la décision d’aller à la rencontre de nos frères dans les paroisses de Reims pour solliciter leur avis et témoigner de notre exclusion. Cela faisait de nombreuses années que nous, les catholique de la génération Jean Paul II, tentions en vain de faire cesser les querelles du passé et l’exclusion dont nous sommes l’objet en suppliant notre évêque de mettre en place la célébration d’une messe traditionnelle régulière à Reims. Malgré des demandes anciennes, respectueuses et mainte fois renouvelées, l’autorité diocésaine continue d'ignorer l’existence du problème liturgique et refuse de trouver de solutions bienveillantes. Nous ne pouvions accepter cette situation d’apartheid liturgique et avons donc pensé que du dialogue naîtrait la paix. L’élection de notre nouveau pape nous a d’ailleurs confirmé que le temps de l’unité était venu et qu’il nous fallait désormais renouer les liens ecclésiaux en allant à la rencontre de nos frères du diocèse pour que se mette en oeuvre une véritable réconciliation entre tous les catholiques, quelle que soit leur sensibilité. Si nous ne le faisons pas, qui le fera ?
► Marc Billig les familles qui ont fait ce choix avec vous sont-elles nombreuses ?
Bien sûr, l’attitude incessante de ceux qui refusent d’agir avec bienveillance à notre endroit est d’affirmer d’une étonnante manière incantatoire que nous n’existons pas… et donc que notre demande n’est pas fondée. Que leur répondre pour démontrer la fausseté de leur certitude ? Peut-être faut-il leur rappeler une fois encore que les familles du diocèse attachées à la liturgie traditionnelle sont nombreuses… A titre de simples exemples, plus de 350 familles du diocèse ont signé en 1991 la supplique au Saint-Père en faveur de la célébration de la messe traditionnelle initiée alors par le père abbé de Sainte-Madeleine du Baroux et aujourd’hui même, 250 personnes se réunissent chaque dimanche à Reims au prieuré de la Fraternité Saint-Pie X, seul endroit où la messe traditionnelle est célébrée à Reims. Et ceux qui souhaitent cette célébration en pleine communion avec leur évêque sont des centaines à en être privés… Cela étant rappelé, le noyau fondateur de Paix liturgique représente plusieurs dizaines de personnes auxquelles s’ajoutent plusieurs centaines de sympathisants. Non, nous ne sommes pas seulement deux ou trois familles « isolées », comme le déclare notre évêque à ceux qui l’interroge… Et plus encore, au fur et à mesure que nous informons les fidèles du diocèse de la situation d’exclusion dont nous sommes l’objet, de nouveaux contacts sont noués et de nouveaux militants nous rejoignent chaque semaine.
► Mais votre demande est-elle sérieuse alors que Mgr Jordan vient de répéter qu’une messe en latin et grégorien était célébrée chaque dimanche dans la cathédrale de Reims et que cela rendait infondée toute autre demande ?
Ces propos masquent le regrettable désir de notre évêque de ne pas aborder le problème de fond et une volonté incompréhensible de la part de notre père de discréditer notre demande. Il y a quelques semaines Mgr Jordan déclarait que nous n’étions que deux ou trois familles, aujourd’hui il déclare que l’on peut prier à la cathédrale de Reims en latin et en grégorien… Bien sûr, cela ne correspond à rien et cette réponse n’est pas sérieuse. Il ne s’agit pas, pour les familles qui demandent l’application du motu proprio Ecclesia Dei, d’avoir deux chants en latin dans le cadre d’une liturgie qui n’est pas, et de très loin, la liturgie traditionnelle, car notre demande, rappelons-le, est de pouvoir prier et vivre notre foi dans la liturgie traditionnelle de l’Eglise, c’est-à-dire dans les livres liturgiques de 1962 auxquels fait référence ledit Motu Proprio. C’est la demande du pape tout de même, adressée solennellement à toute l’Eglise. Pourquoi n’a-t-il pas simplement dit « il suffit d’accorder à ces fidèles un peu de latin et de grégorien » ? Quel mépris pour cette sainte figure qu’était Jean Paul II ! Le problème, et tout le monde le sait très bien, y compris Mgr Jordan, n’est pas une simple question de latin, et à tout prendre nous préférerions la liturgie traditionnelle en français plutôt qu’un ersatz de liturgie qui ne correspond pas à notre sensibilité.
► Pouvez-vous nous dire jusqu’ou ira la détermination des catholique de Paix liturgique à Reims ?
Il y a quelques semaines je vous aurais dit que l’important pour nous était de jeter un pavé dans la marre de la langue de bois diocésaine… Aujourd’hui nous n’en sommes plus là : des dizaines de personnes que nous avons rencontrées dans nos dialogues à la sortie des paroisses nous ont apporté leur soutien et leurs encouragements : « Continuez pour qu’enfin cesse l’exclusion dont nous sommes l’objet », « Quand la messe de saint Pie V sera célébrée à Reims, nous viendrons en famille chaque dimanche ». De même, des contacts discrets ont pu être noués avec des prêtres du diocèse qui comprennent notre démarche. Que Mgr Jordan ne s’y trompe pas, lui qui dit à qui veut l’entendre que nous ne sommes que quelques personnes qui nous lasserons vite, on ne peut pas durant des années mépriser le désir des simples fidèles et s’étonner ensuite qu’ils réagissent avec détermination. Nous nous devons donc de poursuivre jusqu'à l’instauration d’une vraie réconciliation au sein du diocèse…
Et puis la providence sait nous donner des signes : ce sont les jeunes familles de Reims qui, toujours plus nombreuses, s'engagent à soutenir avec persévérance l’oeuvre entreprise en faveur de l’instauration dans notre diocèse de la paix liturgique… Qui n’y verrait pas un signe du ciel sur l'avenir ?

Vous pouvez contacter Paix liturgique à Reims par téléphone au 06 31 75 73 94 ou par courriel à l'adresse : collectif51@tiscali.fr