SOURCE - Philippe Ecalle - Ouest-France - 06 juin 2012
Mgr Castet, évêque de Luçon, s'est rendu en Allemagne, le 12 mai, à la Fraternité sacerdotale Saint-Pierre. Il a ordonné six diacres. Un geste qui heurte une partie de l'Église de Vendée, la Fraternité étant perçue comme intégriste.
Les photos ont fait le tour du diocèse. On les trouve très facilement sur un site Internet. Cliquer ici.
On y voit Mgr Castet ordonner six diacres. La cérémonie a eu lieu le 12 mai dernier, à Wigratzbad, en Allemagne, à l'invitation de la Fraternité sacerdotale Saint-Pierre (1). Depuis, la colère gronde dans l'Église vendéenne. La Fraternité est en effet considérée par certains comme ultratraditionaliste.
« Elle est même intégriste », n'hésite pas à dire un proche de l'évêché, sous couvert d'anonymat. Or, au sein de l'Église de Vendée, il n'a échappé à personne que cette ordination, effectuée selon les rites anciens d'une fraternité controversée, intervient alors que Rome parachève la réintégration des lefebvristes au sein de l'église. « Trop, c'est trop, estime un autre abbé, c'est un retour vers le passé que nous propose l'évêque, on tourne le dos au concile Vatican II. »
D'autres réagissent plus vivement. Et appellent à un changement. L'épisode est d'autant plus mal vécu qu'il intervient après le départ de Mgr Santier, prédécesseur de Mgr Castet. Pour certains, l'évêque d'alors avait payé sa trop grande ouverture d'esprit, en particulier son acte de repentance en clôture du synode, en avril 2006. Il avait demandé pardon, au nom de l'église, aux personnes séparées, divorcées, divorcées-remariées et à ceux qui vivent une orientation sexuelle non choisie. Même chez des prêtres les plus modérés, on reconnaît que ce « départ » d'un évêque « très à l'écoute » n'a jamais été tout à fait digéré. Tout en priant pour un apaisement.
A l'évêché aussi, on cherche les voies de l'apaisement. D'abord en minimisant la portée symbolique de cette ordination. « Un non-évènement », n'hésite-on pas à dire dans l'entourage proche de l'évêque, où l'on répète à qui veut l'entendre que la Fraternité « n'est pas intégriste ». L'évêque a tout de même écrit aux curés de paroisses pour expliquer sa démarche. A leur tour, les Pères Jacques Gomart et Jean Bondu, vicaires généraux, ont pris la plume pour tenter de dénouer cette crise intestine.
Eux aussi réaffirment que la Fraternité en question « n'est pas intégriste quoi que les formes puissent laisser penser à première vue ». « Il s'agit d'un institut sacerdotal de vie apostolique, de droit pontifical, fondée en 1988 par des prêtres issus de la Fraternité Saint Pie X (2), qui ont refusé de suivre Mgr Lefebvre dans sa désobéissance à Jean-Paul II. »
L'évêque, lui, préfère aujourd'hui rester silencieux. « Dans un souci d'apaisement », précise son directeur de la communication, Grégoire Moreau, qui souligne néanmoins que, le cas échéant, s'il était à nouveau sollicité, « l'évêque pourrait répondre favorablement à de telles sollicitations ». Cette nouvelle poussée de fièvre au sein de l'église de Vendée intervient alors que l'évêque réfléchit à la refonte de ses équipes.
Philippe ECALLE.
(1) La Fraternité sacerdotale Saint-Pierre n'est pas référencée comme intégriste par le Vatican mais elle rejette violemment le concile Vatican II, prônant ouvertement messes en latin, cérémonies dos au public...
(2) Dont faisait partie le très controversé Mgr Williamson.