SOURCE - Abbé René de Reboul, fssp - Bulletin "Vivons dans la Justice et la Piété" - mars 2000
Fraternité St-Pierre Maison Ste Odile 16, rue Francis Clerc 25000 Besançon 03 81 53 73 76
“La Fraternité Sacerdotale Saint-Pierre a tenu une assemblée générale à Rome du 8 au 11 février 2000. Elle a été convoquée par le Saint-Siège à cause de certaines difficultés internes. A la Fin des quatre jours de discussion et de réflexion un accord a été trouvé comme base de réconciliation qui permettra une unité plus grande. ” (Communiqué de presse du Supérieur Général, M. l'Abbé J. BISIG ).
A notre retour, beaucoup nous ont interrogés sur le contenu de cet "accord". Il n'était pas possible d'en dire plus avant sa diffusion officielle. Voilà qui est apparemment fait. Vous trouverez sûrement ce texte dons le prochain "Tu es Petrus", une bonne occasion de vous abonner !
On peut donc ainsi en résumer les termes : la Fraternité Saint-Pierre reconnaît pleinement à ses prêtres la faculté d'user du nouvel "ordo missæ ", dans les conditions indiquées cet automne par le Cardinal MEDINA. Pergratum nobis est! L'exercice de ce "droit propre de tout prêtre de rite romain " ne saurait porter atteinte à l'unité de notre institut.
Cependant, et à l'exception de la messe chrismale du Jeudi-Saint, à cause de son caractère propre à signifier l'unité de l'Eglise, il a été demandé aux prêtres de la Fraternité de renoncer volontairement à ce droit de célébrer ou de concélébrer dans le nouveau rite, même de manière occasionnelle. C'est un engagement qui ne doit faire de difficulté pour personne du moment qu'il appartient à la Fraternité Saint-Pierre. Notre attachement à l'ancienne tradition demeure bien réel, ainsi que notre volonté de la faire connaître et estimer par une plus grand part de fidèles catholiques. La légitimité d'un tel engagement demande, bien sûr, à être reconnue par l'autorité romaine. Nous nous soumettrons, comme par le passé, à son jugement : C'est, à notre sens, la condition du vrai respect de l'esprit des fondateurs de notre Fraternité, pour lesquels, sans aucun doute l'attachement à Rome primait sur la conservation d'une liturgie, fut-elle sans équivalent. Cette conviction les avait conduits au choix de 1988.
Quant à la concélébration du Jeudi-saint, nous devons bien comprendre son enjeu. Nous avons beaucoup critiqué les abus de la liturgie moderne avec leurs conséquences néfastes pour la transmission de la foi. Mais nous oublions facilement les abus d'un autre genre dont l'ancienne liturgie a été le prétexte et qui ont conduit souvent à une prise distance avec l'autorité ecclésiastique voir à des situations plus préoccupantes. Que chacun répare là où il a péché. Ainsi, la concélébration est attendue de nous plus que de quiconque. De notre côté nous souhaitons vivement un assagissement de la nouvelle liturgie (il est clair que nous ne participerons pas à n'importe quelle cérémonie), afin qu'elle redevienne apte a véritable transmission de la foi.
Enfin, il restera les cas de force majeure. Ce sont des choses qui arrivent : "Un homme descendait de Jérusalem à Jéricho, et il tomba au milieu de brigands qui après l'avoir dépouillé et roué de coups, s'en allèrent, le laissant à demi mort. Un prêtre vint à descendre par ce chemin-là ; il le vit et passa outre. Pareillement un lévite, survenant en ce lieu le vit et passa outre. Mais un samaritain qui était en voyage arriva près de lui, le vit et fut pris de pitié ... " (Luc 10/30 ss). On connaît les bonnes raisons qui disuadent ces hommes du temple de se tourner vers ce malheureux : leur rite, un très ancien rite pour le coup et très vénérable, leur défend de toucher un cadavre sous peine d'impureté et d'inaptitude à offrir ce jour le sacrifice (Lv 22/4). Ils ne veulent pas prendre ce "risque", quitte à laisser un homme mourir. Quant à notre samaritain, inobservant de ce genre de prescription par défaut congénital, il est accessible à un rite vraiment nouveau, celui de la charité. Que celui qui a des oreilles pour entendre qu'il entende. Nous sommes "Iiés" à la liturgie tridentine, mais il y des cas...!
Abbé René de Reboul
Mars 2000 - bulletin n°117