15 septembre 2004

[Céline Pascot - Minute] Le rififi chez les cathos tradi envahit la toile

SOURCE - Céline Pascot - Minute - 15 septembre 2004

Le plus utile est sans conteste les.infos.free.fr, qui fournit la quasi-totalité des articles parus sur la crise qui secoue, depuis le mois dernier, la Fraternité sacerdotale Saint-Pie X, dont le premier publié, celui de " Minute ", que nul n’a eu l’amabilité de citer hormis le quotidien " Présent ". On y trouve même d’intéressants documents audio, comme un débat qui s’est tenu entre l’abbé Célier, directeur de la revue " Fideliter ", et l’historien Yves Amiot, ou un entretien avec l’abbé Aulagnier, qui fut dix-huit ans durant supérieur du district de France, tous deux diffusés par Radio Courtoisie. Plus rare et ô combien instructif est l’extrait d’une conférence de presse donnée, le 25 mai 1984, par Mgr Marcel Lefebvre, alors qu’une crise, déjà, secouait le séminaire américain. La figure historique de la Tradition y faisait part de sa souffrance d’avoir vu des prêtres " raides, durs, hautains, dominateurs, abusant de leur autorité ", qui allaient jusqu’à menacer les fidèles " de les chasser de la communauté des paroissiens ". Mgr Lefebvre se félicitait : " Cet esprit-là a disparu " au profit de prêtres qui assument avec joie et dynamisme leur " mission sacerdotale et pastorale. " Un message d’outre-tombe pour tel qui, se prétendant " ferme mais pas fermé ", n’en affiche pas moins une raideur hélvético-prussienne.

Sous le titre : " L’honneur des prêtres et le droit de l’Eglise outragé ", crisefraternite.com livre une passionnante lecture juridique des événements, extraite d’un dossier adressé le 3 septembre par un avocat aux supérieurs de la Fraternité, soit trois jours après l’exclusion de l’abbé Christophe Héry, effective, et alors que celle de l’abbé Philippe Laguérie était annoncée mais non signifiée – ce qui est toujours le cas. Il en ressort que les sanctions prises par Mgr Fellay, le supérieur général, sont bel et bien susceptibles d’appel, ainsi que nous l’avions écrit, et que " la décision de sanctionner l’abbé Laguérie […] est entachée d’une nullité irrémédiable ", articles du Droit canonique à l’appui.

" Expulsé, exilé, déshonoré, chassé des églises que j’ai gagnées de haute lutte et restaurées de vos seuls dons, à la sueur de mon front et au cal de mes mains durant six années d’effort " : ainsi s’exprime l’abbé Philippe Laguérie sur le site de l’église Saint-Eloi de Bordeaux, déplorant qu’" à quelques mois de résoudre le statut juridique de Saint-Eloi, on décapite le chef au risque de perdre la bataille ".

Les débats qui se déroulent sur leforumcatholique.org donnent une idée des ravages que cette affaire est en train de produire dans les rangs traditionalistes. On s’y invective, on s’y déchire, on y diffame aussi, ceci dit pour ceux qui prendraient pour argent comptant tout ce qu’un malfaisant déverse sur " Minute ", et qui va finir par lui coûter d’aller faire un tour sur les bancs de la 17e chambre correctionnelle, spécialisée dans le droit de la presse, lequel s’applique, s’il l’ignorait, à Internet.

Sur fsspx.org en revanche, qui est le site officiel de la Maison générale de la Fraternité, c’est l’omerta. A la rubrique " actualités ", tamponnées d’un cachet " nouveau ! ", les dernières informations mises en ligne relatent le pèlerinage de Saint-Jacques-de-Compostelle et la vie d’un noviciat de frères aux Philippines, au mois d’août…

Céline Pascot
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VENI VIDI DICI…

Entre le départ à l’imprimerie, lundi 13 de notre numéro du mercredi 15 septembre et son arrivée chez les marchands de journaux et les abonnés, le site de la Fraternité sacerdotale Saint-Pie X a été réactualisé. Sous le titre " Communiqué de la Fraternité, District de France, au sujet de l’affaire de l’abbé Laguérie à Bordeaux ", ainsi que dans la rubrique " Actualités ", deux liens renvoient vers le n°100 de " Dici ", qui se définit comme " l’organe de communication de la Maison générale de la Fraternité ". Entièrement consacré à l’" affaire ", ce numéro, qu’il est possible de télécharger, contient trois textes : l’abbé Alain Lorans, porte-parole de la Fraternité, relate les faits reprochés aux abbés Laguérie et Héry par la Maison générale de Menzingen ; l’abbé Régis de Cacqueray, supérieur du district de France, traite longuement de ce qu’il appelle " les ouvertures faites à l’abbé Laguérie " par ses supérieurs ; l’abbé Grégoire Celier livre un argumentaire en réponse aux critiques qui sont émises – et qu’il préfère traiter de " rumeurs " – sur le fonctionnement de la Frat’. Le tout prétend permettre à chacun " de juger de l’objectivité des commentaires donnés dans la presse ", ce qui paraît un peu abusif quand on y lit que seul Mgr Fellay " bénéficie des grâces d’état " nécessaires à une bonne compréhension des événements.

Jean-Marie Molitor