22 avril 2017

[Abbé Couture, fsspx - District du Canada - Lettre aux Amis et Bienfaiteurs] L’Église occupée

SOURCE - Abbé Couture, fsspx - District du Canada - Lettre aux Amis et Bienfaiteurs - avril 2017

Quand Notre-Dame de La Salette annonce une éclipse de l’Église, elle annonce qu’une entité mystérieuse voilerait la véritable Église et chercherait à recevoir les honneurs dus à la véritable Église. C’est ce qu’est une éclipse : vous regardez le soleil, et vous voyez la lune devant elle. Cette entité étrangère qui éclipse actuellement l’Église est sans aucun doute ce qu’on appelle l’Église Conciliaire.

À partir des années 1960, dans ses lettres, soeur Lucie de Fatima utilisa l’expression « désorientation diabolique », comme signifiant cette bataille finale entre le diable et Notre-Dame. Cette désorientation, précise soeur Lucie, se manifestera par de fausses doctrines et par l’aveuglement, jusqu’aux échelons les plus élevés de l’Église.

Nous pourrions comparer cette éclipse, cette désorientation diabolique, à une sorte de possession diabolique. Le mot est très fort, comme d’ailleurs les paroles mêmes de Notre-Dame à La Salette et à Fatima, mais pour ceux qui ont été témoins d’un véritable exorcisme, l’analogie est vraiment au point.

Certains de nos prêtres d’Asie et d’ailleurs ont dû accomplir des exorcismes solennels au cours de leur ministère. Un cas en Asie consistait en celui d’une dame qui donnait tous les signes classiques d’une vraie possession diabolique : connaître des langues étrangères, comprendre le latin par exemple, et connaître des choses vraiment impossibles à savoir pour elle. Quand le prêtre lui demanda en latin : « Quot estis ? (Combien êtes-vous ?) », elle répondit avec colère dans son propre dialecte : « Quinze ! » Dans une autre séance d’exorcismes, puisqu’il y en a eu beaucoup au fil des ans, un médecin était présent. Il a vu comment cette pauvre dame était littéralement « occupée », « possédée » par d’autres esprits mauvais. L’un d’eux parlait parfaitement anglais (alors que la dame le connaît à peine), un autre démon parlait dans le dialecte des sorciers de villages de montagne éloignés. C’était un corps occupé par beaucoup d’âmes (ou de mauvais esprits ?). Le docteur commenta plus tard : « Les symptômes présentés par cette femme si gentille, s’expliquant par sa voix si douce, ne se rapportent à aucune classification, à aucun tableau clinique décrit à ce jour par la littérature médicale ».

La confesser et lui donner la sainte communion était un défi. Pendant longtemps, elle ne pouvait pas assister à la messe tridentine de peur de réactions violentes, alors elle restait dans une pièce de la maison voisine. Elle faisait sa confession par écrit, et, pour la sainte communion, on la voyait lutter pour ouvrir sa bouche juste assez longtemps pour laisser le prêtre mettre l’hostie sacrée sur sa langue. Puis une réaction violente suivait comme si elle avait avalé quelque chose qui brûlait. Le docteur rapporte une phrase presque banale de l’un des assistants qui en dit long : « Ce qui se passe avec cette femme n’arrive pas quand elle assiste au Nouvel Ordo de la Messe ». (Cahiers Saint-Raphaël, n. 88, septembre 2007, p. 30)

Parfois il faut beaucoup d’exorcismes pour délivrer une âme du démon. Aux dernières nouvelles, elle peut maintenant assister à la Sainte Messe et recevoir la sainte communion au banc de communion comme tout le monde.

Un cas de possession diabolique comme celui-là nous aide à comprendre ce qui se passe dans la Sainte Église aujourd’hui. En 1975, un excellent livre français a été publié par Jacques Ploncard d’Assac, intitulé L’Église occupée. C’est exactement comme cette pauvre femme asiatique : dans son corps il y avait beaucoup d’esprits qui luttaient les unes contre les autres. Et quand le démon prenait le contrôle, la vraie âme était impuissante. Elle pouvait entendre et voir tout ce qui se passait, mais ne pouvait pas l’arrêter. Cependant, avec les exorcismes répétés, elle devint visiblement plus forte contre le mal. Elle admit que la récitation du rosaire en latin augmentait beaucoup son courage.

L’Église présente aujourd’hui les mêmes signes. Bien qu’il n’y ait qu’un seul corps, une seule structure, il semble y avoir différents esprits luttant pour le contrôle de ce corps. En regardant la dame possédée pendant l’exorcisme, on pouvait dire : c’est vraiment elle, c’est son corps mais ce n’est pas son âme qui parle. Il en est de même pour l’Église : nous ne pouvons pas dire : « Cela n’est pas l’Église ! » Non, le corps est toujours là, bien que la voix ne soit pas celle de l’Église. En 1965, Mgr Lefebvre a parlé de cette mystérieuse occupation de l’Église dans sa dixième intervention lors du Concile Vatican II.

« Cette constitution pastorale n’est ni pastorale, ni émanée de l’Église catholique : elle ne paît pas les hommes et les chrétiens de la vérité évangélique et apostolique et, d’autre part, l’Église n’a jamais parlé ainsi. Nous ne pouvons pas écouter cette voix parce qu’elle n’est pas la voix de l’Épouse de Christ. Cette voix n’est pas la voix de l’Esprit du Christ. La voix du Christ, notre Berger, nous la connaissons. Celle-ci, nous allons l’ignorer. Le vêtement est celui des brebis; la voix n’est pas celle du berger, mais peut-être celle du loup. J’ai dit. » (J’accuse le Concile)

Ceci ressemble fortement à une possession diabolique.

Permettez-moi de terminer cette lettre avec la prière que Notre-Dame a elle-même enseignée le 13 janvier 1864 à un serviteur de Dieu, le Père Louis Cestac, fondateur de la Congrégation des Servantes de Marie (+1868) qui lui demandait une prière pour combattre le diable. Le moment était venu de l’invoquer comme la Reine des Anges et de lui demander d’envoyer les Saintes Légions pour combattre les puissances de l’enfer.
« Auguste Reine des Cieux, Souveraine Maîtresse des Anges, Vous qui, dès le commencement, avez reçu de Dieu le pouvoir et la mission d’écraser la tête de Satan, nous Vous le demandons humblement : envoyez vos légions célestes pour que, sous vos ordres et par votre puissance, elles poursuivent les démons, les combattent partout, répriment leur audace et les refoulent dans l’abîme. “Qui est comme Dieu ?” Ô bonne et tendre Mère, Vous serez toujours notre amour et notre espérance! O divine Mère, envoyez les Saints Anges pour me défendre et repousser loin de moi le cruel ennemi ! Saints Anges et Archanges, défendez-nous, gardez-nous! » (300 jours d’indulgence, saint Pie X, 8 juillet, 1908)