19 janvier 2019

[François Hoffman - Présent] Haro sur la commission Ecclesia Dei?

SOURCE - François Hoffman - Présent - 19 janvier 2019

Depuis quelques semaines, la suppression de la commission Ecclesia Dei serait dans les tuyaux (voir Présent du 9 janvier dernier). C'est elle qui gère les instituts célébrant la messe traditionnelle qui disposent d'un statut romain, qu'il s'agisse de la Fraternité Saint-Pierre ou de l'Institut du Bon Pasteur. Née en 1988, à la suite du motu proprio dont elle porte le nom, elle a connu un nouvel essor avec l'arrivée du cardinal Castrillon Hoyos en 2000. On lui doit la réconciliation de la communauté de Campos (Brésil), érigée en administration apostolique en 2002, ou l'accompagnement de la libération du rit traditionnel à partir de 2007 dans le sillage du motu proprio Summorum Pontificum.
Mise au pas ?
C'est aussi la commission Ecclesia Dei qui avait mené les discussions doctrinales entre 2009 et 2011 avec la Fraternité Saint-Pie X (FSSPX). A cet effet, elle avait été intégrée à la Congrégation pour la doctrine de la foi. C'est justement sa place comme service de la curie romaine qui est visiblement discutée. Certains estiment qu'il s'agirait d'une mise au pas d'une instance de dialogue entre Rome et les traditionalistes, ayant comme risque corrélatif la disparition ou la marginalisation de la messe traditionnelle. 

Cependant, on doit rester prudent sur les conjectures. Tout d'abord, la commission Ecclesia Dei avait été, notamment dans les années 1990, dans le collimateur de la Fraternité Saint-Pie X dans la mesure où elle était liée à un motu proprio qui condamnait les sacres de Mgr Lefebvre du 30 juin 1988. Ecclesia Dei Afflicta... D'autres y voient plutôt une réorganisation administrative de la curie, priorité du pape François qui a cependant donné des résultats mitigés et contrastés. La rationalisation des services existe aussi dans le monde ecclésial... Mais il faut surtout examiner les conséquences pratiques d'une éventuelle suppression de la commission Ecclesia Dei: la réintégration du monde catholique traditionnel dans le droit commun, que ce soit pour les questions liturgiques ou les veux des religieux. A cet égard, un institut a déjà habituellement recours aux congrégations romaines pour certains sujets (exemption des veux des religieux ou réduction à l'état laïc des prêtres) sans visiblement éprouver de difficultés : la FSSPX. Une voie à suivre?