SOURCE - Violaine Epitalon - La Croix - 16 janvier 2019 / MàJ 17 janvier 2019
L’enquête visant les violences sur mineurs au sein du « village d’enfants » de Riaumont prend un nouveau tournant depuis que quatre religieux, dont deux prêtres, de l’Institut de la Sainte-Croix ont été mis en examen jeudi 17 janvier. Un cinquième religieux avait également été placé en garde à vue dans le sud de la France.
Quatre religieux, dont deux prêtres traditionalistes, de l’Institut de la Sainte-Croix ont été mis en examen jeudi 17 janvier pour « violences légères » sur mineurs par personne ayant autorité dans le cadre d’une enquête sur des violences physiques (et non sexuelles) à l’encontre de certains pensionnaires au sein du « village d’enfants » qu’ils dirigent à Riaumont (Pas-de-Calais).
Cette enquête, menée par l’office central pour la répression des violences aux personnes (OCRVP) et la police judiciaire de Lille, concerne des faits de violences « non sexuelles » qui « remontent » dans le temps mais qui « ont pu perdurer », selon une source de l’AFP.
Parmi les quatre religieux, trois ont été interpellés à Riaumont tandis que le quatrième s’est présenté de lui-même à la police. Un cinquième, ancien prieur déjà mis en examen pour détention d’images pornographiques, a été placé en garde à vue dans le sud de la France – il avait été éloigné dans un monastère de la région après la découverte de ces images sur son ordinateur.
Entre 2007 et 2014
Les faits concernent 10 enfants « sur plus de 250 entendus », sur une période allant de 2007 à 2014. « Ils sont pour la plupart très anciens et, si toutefois ils étaient avérés, ne reflètent en aucune manière les méthodes éducatives et la pédagogie en vigueur aujourd’hui au Village d’enfants de Riaumont », a assuré Me Morain, l’avocat des religieux mis en examen.
L’institut traditionaliste de la Sainte-Croix gère plusieurs institutions dans le village de Riaumont, dont un internat, l’école Saint-Jean-Bosco, hors contrat et qui dispense des cours de la 6e à la 3e, un groupe scout traditionaliste autonome et un centre de documentation baptisé « laboratoire scout ».
Plusieurs informations judiciaires
À la suite de révélations dans la presse, le parquet de Béthune avait confirmé en mai 2018 que plusieurs informations judiciaires étaient ouvertes « sur des faits de nature sexuelle et de maltraitance » remontant aux années 1990 et 2000.
En effet, en 2001, le parquet de Béthune avait déjà ouvert une enquête pour déterminer les circonstances exactes de la mort d’un adolescent de 14 ans retrouvé pendu dans l’institut. Un non-lieu avait été prononcé.
Enfants en difficultés scolaires
Le « village d’enfants » de Riaumont et la communauté religieuse qui le dirige ont été fondés en 1958 par le père Albert Revet pour recueillir les enfants en difficulté scolaire. La méthode d’éducation utilisée est très stricte et basée sur les règles traditionnelles du scoutisme.
Approuvé par Rome en 1991, l’Institut de la Sainte-Croix, de spiritualité bénédictine et qui célèbre selon l’ancien rite, relève directement de la commission romaine Ecclesia Dei, qui a autorité sur les communautés traditionalistes restées dans le giron de Rome.
Depuis 1982, date où le financement de l’État au titre des « enfants placés par la direction départementale des affaires sanitaires et sociales (DDASS) » a pris fin, les fonds proviennent à 17 % des pensions versées par les parents et à 83 % de dons.
Violaine Epitalon