SOURCE - Le Barroux - F. Louis-Marie - Lettre aux Amis du Monastère - 6 juin 2019
« Je serai rassasié lorsque votre gloire apparaîtra. » (Ps 16, 15) Du fond de son être, l’âme du psalmiste chante sa soif de la gloire de Dieu. Elle chante ce qui fait sa seule raison d’exister. L’homme est fait pour la gloire, pour chanter la gloire de Dieu et en recevoir le reflet, l’image et la ressemblance.
« Je serai rassasié lorsque votre gloire apparaîtra. » (Ps 16, 15) Du fond de son être, l’âme du psalmiste chante sa soif de la gloire de Dieu. Elle chante ce qui fait sa seule raison d’exister. L’homme est fait pour la gloire, pour chanter la gloire de Dieu et en recevoir le reflet, l’image et la ressemblance.
Le dimanche des Rameaux, la sainte liturgie commémore l’entrée triomphante de Jésus à
Jérusalem. Certains commentateurs y voient la versatilité de la gloire purement humaine, qui
se changera en réprobation quelques jours plus tard. Le Capitole n’est pas loin de la roche Tarpéienne.
Il n’en reste pas moins que Dieu a créé l’homme et la femme afin de les mener à contempler
sa gloire. Jésus lui-même a dit qu’il ne recherchait pas sa propre gloire mais qu’Un Autre la
recherchait. Dans sa prière sacerdotale, le plus bel offertoire de tous les sacrifices, Il commence
en disant : « Père, l’heure est venue, glorifie ton Fils afin qu’il Te glorifie. » Et saint Benoît, maître
de l’humilité, exhorte ses moines au courage afin qu’ils suivent le Seigneur qui les conduit vers
sa gloire. La liturgie du dimanche des Rameaux a bien retenu cette finalité de gloire. La sainte
Passion de notre Seigneur, son humiliation, son anéantissement sont un passage, un chemin
vers ce Nom que le Père lui donne, un Nom qui est au-dessus de tout nom. C’est plus qu’un
passage, c’est la grande révélation de la seule gloire véritable, celle de l’obéissance à Dieu jusqu’à
la mort, celle de l’Amour qui justifie et qui ratifie la grande Alliance nuptiale entre Dieu et
l’humanité. Le triomphe de Jésus entoure sa Passion, il la précède et il l’achève.
Si le chant grégorien donne à la prière de l’Église et des âmes une profondeur, une douceur
et un charme inimitables, le chant de l’orgue le complète fraternellement en ajoutant sa note de
gloire. La tradition de l’Église ne se trompe pas lorsqu’elle inspire à toutes les églises et à toutes
les abbatiales de se doter d’un orgue. L’orgue est l’expression musicale du mont Thabor ; il est la
mémoire du chant triomphant des Hébreux lors de l’entrée de Jésus à Jérusalem ; il est avant-goût de notre arrivée glorieuse dans le sein du Père et du chant éternel que toute la création,
récapitulée dans le Christ, présentera au Père dans la lumière du Saint-Esprit. Et s’il existe des
gloires vaines et trompeuses, celle que chante l’orgue est tout à fait convenable au mystère du
Christ car, avec ses richesses musicales, l’orgue sait rester chaste, bien plus que la plupart des
instruments.
Je tiens à remercier le Père Henri pour le sérieux et la justesse de ses propositions esthétiques
et musicales, le Frère Wandrille pour l’installation, et surtout la communauté entière, qui a
contribué à faire évoluer le projet initial jusqu’à une certaine perfection. Et il est juste et bon de
finir en élevant nos cœurs vers le Seigneur et sa sainte Providence, qui ne manque jamais et qui,
en l’occurrence, a permis que la suggestion du projet au Père abbé précède de quelques minutes
la promesse d’un don suffisant pour rendre ce même projet raisonnable. Je tiens à remercier,
chaleureusement mais en gardant la discrétion, les généreux donateurs et heureux parrain et
marraine de ce nouvel orgue.
Enfin je rends grâce à la sainte Providence pour nous avoir guidés vers la Manufacture d’orgues Bernard Aubertin, dont la réputation excellente nous garantit la qualité d’un jeu à la fois
glorieux et plein de douceur.
+ F. Louis-Marie, o. s. b.,
abbé