SOURCE - Luc Perrin - Le Forum Catholique - 14 avril 2009
J'avais relevé le scoop passé inaperçu, ou presque, donné par Yves Chiron dans le n° d'Aletheia du 8 avril 2009, scoop qui semblait être une erreur factuelle, au milieu d'autres affirmations très dissonnantes avec l'histoire de la PCED (Commission Ecclesia Dei) depuis sa création en 1988.
Celui-ci a réagi à mon commentaire pour attirer mon attention - et je crois utile d'en faire part ici avec son plein accord - sur certains points.
Il a repris, résumé des analyses qui n'étaient pas les siennes propres mais provenaient "De différentes conversations romaines avec certaines personnes qui sont en charge de ces dossiers". Les étrangetés que j'avais notées sont donc à interpréter sous cet angle. Dès lors sans reprendre chaque point en cause, on peut souligner ceci :
a) alors que la Lettre papale du 10 mars parlait de "rattachement" de la PCED, réduite dans sa mission à la seule négociation doctrinale avec la FSSPX, il y aurait plutôt non rattachement mais création d'une commission, au sein de la Congrégation présidée par le cardinal Levada, pour conduire les "discussions" sur les "questions ouvertes" (cf. décret du 21 janvier).
La chose semble bien plus cohérente car la formulation de la Lettre du 10 mars ouvrait la voie à un abandon en rase campagne du suivi du Motu proprio ! J'avais d'emblée souligné cette incongruité quand la Lettre avait été publiée.
Si le scoop d'Y. Chiron se vérifie dans les semaines/mois qui viennent, c'est une garantie donnée aux fidèles et aux instituts quant à la pérennité du Motu proprio. Rappelons la menace qui plane du délai de 3 ans (2007-2010). La PCED actuelle, explicitement en charge de ce suivi dans Summorum Pontificum, demeurerait.
Cette configuration, scindant les missions actuellement exercées par le cardinal Castrillon Hoyos depuis 2000, est beaucoup plus logique.
b) le reste des affirmations est à lire en fonction de cette bonne nouvelle, si elle entre dans les faits.
- la PCED actuelle a toujours privilégié une approche non doctrinale, après avoir entre 1988 et 2000 ignoré plutôt la FSSPX, du moins s'être positionnée dans une logique de "schisme". Je maintiens que rien ne lui imposait de le faire et qu'il s'agissait d'un choix du cardinal-président, choix qu'il a maintes fois exprimé, choix qui s'est incarné dans la régularisation des Pères de Campos (2001-2002), de l'I.B.P. (2006) et des Fils du Très Saint Rédempteur (2008). Le Cardinal a toujours minimisé l'aspect doctrinal, en repoussant la clarification à un après-régularisation canonique, ce qui lui a été constamment reproché par la FSSPX. C'est ce cycle qui se clôt avec la Lettre de Benoît XVI du 10 mars.
- le cardinal Castrillon Hoyos nommé président de la PCED en 2000 est chargé explicitement par Jean-Paul II de renouer le contact avec Menzingen et il s'y attèle très vite. Aux yeux des "certaines personnes" rencontrées par Y. Chiron, ce mandat de négociation était comme une affaire "personnelle", le Cardinal étant comme un délégué du pape à cet effet.
C'est une lecture particulière, je laisse le soin aux liseurs perspicaces d'en décrypter le message implicite. Il demeure qu'après son remplacement par le cardinal Hummes en 2006, la seule fonction assumée par le cardinal colombien est ... président de la PCED. C'est donc bien ce président que Mgr Fellay et divers envoyés de Menzingen ont régulièrement rencontré et avec lequel des échanges ont eu lieu, comme avant 2006. C'est bien lui, et nul autre, qui a été l'architecte du dialogue renoué depuis 2000, des 2 rencontres officielles entre Mgr Fellay et deux papes, toujours lui qui a agi pour lever l'obstacle des 2 requêtes préalables aux discussions. En dépit de la limite de son approche canonique, limite perceptible dès 2001-2002, l'histoire retiendra cela au crédit du Cardinal.
L'histoire retiendra aussi sa contribution, importante, à la reconnaissance de la légitimité de la Forme extraordinaire du rit romain (nombreuses déclarations, messe de 2003 à Rome, intervention très courageuse au Synode des évêques de 2005, appui constant et public au processus qui a produit le Motu proprio). A l'heure où tant vous ont accablé, se sont défaussés sur vous (cf. le P. Lombardi), se distancient de vous, Eminence, il me semble qu'ici on peut avoir quelque gratitude pour votre action en cette matière.
En résumé, il y aurait une "commission nouvelle" sous la dépendance du cardinal Levada, en charge d'une approche doctrinale cette fois des relations avec la FSSPX : ce qui rappelle la période 1978-1981 avec alors le cardinal Seper. Un enlisement s'était cependant produit assez vite ...
Et d'autre part, une PCED maintenue en charge désormais uniquement du suivi du Motu proprio et de la tutelle des instituts traditionnels.
Quant à savoir qui trépigne d'impatience ou a les pieds froids voire gelés à l'idée de démarrer les discussions doctrinales, il me semble que la lenteur arrange les parties en présence, au moins pour le moment.
nb. je remercie Yves Chiron de m'avoir aidé à mieux comprendre l'importance (réelle) de son scoop et qu'il avait endossé en la circonstance l'habit d'Andrea Tornielli.
Celui-ci a réagi à mon commentaire pour attirer mon attention - et je crois utile d'en faire part ici avec son plein accord - sur certains points.
Il a repris, résumé des analyses qui n'étaient pas les siennes propres mais provenaient "De différentes conversations romaines avec certaines personnes qui sont en charge de ces dossiers". Les étrangetés que j'avais notées sont donc à interpréter sous cet angle. Dès lors sans reprendre chaque point en cause, on peut souligner ceci :
a) alors que la Lettre papale du 10 mars parlait de "rattachement" de la PCED, réduite dans sa mission à la seule négociation doctrinale avec la FSSPX, il y aurait plutôt non rattachement mais création d'une commission, au sein de la Congrégation présidée par le cardinal Levada, pour conduire les "discussions" sur les "questions ouvertes" (cf. décret du 21 janvier).
La chose semble bien plus cohérente car la formulation de la Lettre du 10 mars ouvrait la voie à un abandon en rase campagne du suivi du Motu proprio ! J'avais d'emblée souligné cette incongruité quand la Lettre avait été publiée.
Si le scoop d'Y. Chiron se vérifie dans les semaines/mois qui viennent, c'est une garantie donnée aux fidèles et aux instituts quant à la pérennité du Motu proprio. Rappelons la menace qui plane du délai de 3 ans (2007-2010). La PCED actuelle, explicitement en charge de ce suivi dans Summorum Pontificum, demeurerait.
Cette configuration, scindant les missions actuellement exercées par le cardinal Castrillon Hoyos depuis 2000, est beaucoup plus logique.
b) le reste des affirmations est à lire en fonction de cette bonne nouvelle, si elle entre dans les faits.
- la PCED actuelle a toujours privilégié une approche non doctrinale, après avoir entre 1988 et 2000 ignoré plutôt la FSSPX, du moins s'être positionnée dans une logique de "schisme". Je maintiens que rien ne lui imposait de le faire et qu'il s'agissait d'un choix du cardinal-président, choix qu'il a maintes fois exprimé, choix qui s'est incarné dans la régularisation des Pères de Campos (2001-2002), de l'I.B.P. (2006) et des Fils du Très Saint Rédempteur (2008). Le Cardinal a toujours minimisé l'aspect doctrinal, en repoussant la clarification à un après-régularisation canonique, ce qui lui a été constamment reproché par la FSSPX. C'est ce cycle qui se clôt avec la Lettre de Benoît XVI du 10 mars.
- le cardinal Castrillon Hoyos nommé président de la PCED en 2000 est chargé explicitement par Jean-Paul II de renouer le contact avec Menzingen et il s'y attèle très vite. Aux yeux des "certaines personnes" rencontrées par Y. Chiron, ce mandat de négociation était comme une affaire "personnelle", le Cardinal étant comme un délégué du pape à cet effet.
C'est une lecture particulière, je laisse le soin aux liseurs perspicaces d'en décrypter le message implicite. Il demeure qu'après son remplacement par le cardinal Hummes en 2006, la seule fonction assumée par le cardinal colombien est ... président de la PCED. C'est donc bien ce président que Mgr Fellay et divers envoyés de Menzingen ont régulièrement rencontré et avec lequel des échanges ont eu lieu, comme avant 2006. C'est bien lui, et nul autre, qui a été l'architecte du dialogue renoué depuis 2000, des 2 rencontres officielles entre Mgr Fellay et deux papes, toujours lui qui a agi pour lever l'obstacle des 2 requêtes préalables aux discussions. En dépit de la limite de son approche canonique, limite perceptible dès 2001-2002, l'histoire retiendra cela au crédit du Cardinal.
L'histoire retiendra aussi sa contribution, importante, à la reconnaissance de la légitimité de la Forme extraordinaire du rit romain (nombreuses déclarations, messe de 2003 à Rome, intervention très courageuse au Synode des évêques de 2005, appui constant et public au processus qui a produit le Motu proprio). A l'heure où tant vous ont accablé, se sont défaussés sur vous (cf. le P. Lombardi), se distancient de vous, Eminence, il me semble qu'ici on peut avoir quelque gratitude pour votre action en cette matière.
En résumé, il y aurait une "commission nouvelle" sous la dépendance du cardinal Levada, en charge d'une approche doctrinale cette fois des relations avec la FSSPX : ce qui rappelle la période 1978-1981 avec alors le cardinal Seper. Un enlisement s'était cependant produit assez vite ...
Et d'autre part, une PCED maintenue en charge désormais uniquement du suivi du Motu proprio et de la tutelle des instituts traditionnels.
Quant à savoir qui trépigne d'impatience ou a les pieds froids voire gelés à l'idée de démarrer les discussions doctrinales, il me semble que la lenteur arrange les parties en présence, au moins pour le moment.
nb. je remercie Yves Chiron de m'avoir aidé à mieux comprendre l'importance (réelle) de son scoop et qu'il avait endossé en la circonstance l'habit d'Andrea Tornielli.