Mardi 26 Mai 2009
LE CHOIX DE LA LANGUE EN RELIGION. Messes autorisées ou messes de chapelles traditionalistes, le latin résiste en Charente-Maritime
Surtout, que les profanes n'y perdent pas leur latin. Trop vite, ils pourraient considérer que l'usage de la langue ancienne renvoie à une seule et même liturgie comme à une même ligne de partage : les adeptes de la messe en latin et les autres.
Faux ! En ce printemps de l'année 2009 bien ancré dans son XXIe siècle, il faut encore considérer qu'il y a messe en latin... et messe en latin !
Prenez cette scène qui se passe à La Rochelle, rue des Augustins. A l'emprunter régulièrement le dimanche, par exemple pour se rendre au marché central, on repère vite les fidèles qui ont choisi la petite chapelle Notre-Dame de l'Espérance.
La mantille de mise
Ici, le style porte davantage vers la jupe plissée et socquettes blanches pour les filles qu'au pantalon blue-jean. Ici, le terme « habit du dimanche » prend tout son sens. Les femmes portent la mantille ou, à défaut, le foulard. Les quelques enfants - ils sont quatre, ce 24 mai, pour une assistance d'une trentaine de personnes sont tirés à quatre épingles. Nous sommes dans l'un des quelques lieux de culte traditionaliste de Charente-Maritime (comme Sainte-Colombe à Saintes) où se pratique la messe de saint Pie V, autrement nommée messe du concile de Trente.
Le prêtre célébrant, qu'assiste un enfant de choeur en belle chasuble blanche brodée, tourne le dos aux fidèles. Entre deux chants a cappella, les participants s'agenouillent sur la froide dalle du sol.
A 11 h 30, la messe est dite, « ite missa est ». Les participants échangent quelques nouvelles sur le trottoir.
Jérôme assiste tous les dimanches à cet office. « Le latin est une langue universelle. Un Allemand peut venir à la messe en France, avec son missel, il s'y retrouvera toujours » dit-il, tandis que sa voisine assure : « Les nouvelles messes ne sont pas traduites comme il faudrait et cela change le caractère de la liturgie romaine ».
Sous l'égide du diocèse
Autre scène dans une autre église de Charente-Maritime, à La Jarne, où la messe qui se dit ce jour-là emprunte aussi au latin. Surtout, ne pas confondre avec la précédente. « Nous faisons partie de l'Église, nous sommes sous l'égide du diocèse », précise Michèle Maud, venue de Saintes pour suivre cet office.
Depuis maintenant deux ans et le Motu Proprio, lettre décisionnelle du pape, n'importe quel groupe de paroissiens considéré comme stable peut demander à son curé une messe en latin. On parle alors de messe « extraordinaire », usant du latin et s'inspirant du rite d'avant ce rajeunissement de la liturgie ayant institué l'usage de la langue vulgaire.
Pas les foules pour le latin
En Charente-Maritime, le fameux Motu Proprio n'a pas créé de vaste mouvement de retour à la tradition. Une messe par mois, tantôt à Saintes, tantôt à La Jarne, satisfait les catholiques qui entendent le latin. « Cela donne davantage le sens du sacré, plus de profondeur », estime Michèle Maud.
Un argument qu'on peut aussi entendre aux abords de la chapelle rochelaise de la rue des Augustins. « Mais ceux-là restent en dehors de l'Église, ils ne cherchent pas à y revenir ». On vous l'a dit, il ne faut pas confondre !
« Ite missa est » : « Allez, la messe est dite ». Parole par laquelle le prêtre clôt une messe dite en latin.