Saint Thomas, symbole d’une foi presque éteinte qui finalement se rallume
Tout au long de la Semaine de Pâques, l’Eglise nous a donné de revivre à travers les différents textes saints, les épisodes du Christ ressuscité et se montrant aux différents Apôtres et disciples. Et comment ne pas songer à cette magnifique et émouvante rencontre entre le Seigneur et saint Thomas, symbole d’une foi qui était presque éteinte pour finalement se rallume ?
On pourrait ne pas comprendre et presque blâmer l’incrédulité de Thomas : Ste Marie-Madeleine, les Apôtres eux-mêmes, les disciples d’Emmaüs l’ont vu et ont porté témoignage ! Pourquoi donc Thomas peut-il se permettre de ne pas les croire ? Oui, on pourrait presque le blâmer, sauf que de tous ces témoins de la Résurrection, aucun n’avait réussi à Le reconnaître ! Imaginons le dialogue entre Thomas et les autres Apôtres : « - Le Christ est ressuscité, nous l’avons vu ! - Etes-vous sûr ? Vous l’avez reconnu ? - Non, c’est vrai, on ne l’a pas reconnu... »
Et quelques jours plus tard, le Christ d’apparaître à l’apôtre incrédule : « Avance ton doigt ici, et vois mes mains ; avance ta main, et mets-là dans mon côté : cesse d’être incrédule, sois croyant ». La réponse de Thomas n’est ni plus moins qu’une émouvante profession de foi qui va traverser les siècles, pour devient nôtre à chaque messe : « Mon Seigneur et mon Dieu ! » |
« Mon Seigneur et mon Dieu ! »
Ces paroles sont d’une profonde actualité parce que notre monde d’aujourd’hui attend de nous autres, chrétiens, un témoignage chaque jour réactualisé de cette résurrection… En dépit et surtout même au travers des diverses polémiques que l’Eglise a traversé récemment. Car nos contemporains ont plus que jamais besoin de rencontrer ce Christ ressuscité, de le connaître comme vrai Dieu et vrai Homme. Je ne résiste pas à évoquer cette curieuse anecdote d’il y a à peine quelques jours : J’étais interpelé assez rudement par 4 jeunes dans la rue, qui « remettaient sur le tapis » les diverses polémiques de ces dernières semaines. Derrière leurs apparentes critiques et réprobations, il y avait en réalité ce besoin de connaître le Christ ressuscité… Et après une heure de discussion, d’eux-mêmes ils demandèrent à se confesser...
N’ayons pas peur de cette foi de Thomas qui peut sembler faible
Nous-mêmes comme cet apôtre, nous pouvons parfois rencontrer des doutes, des incertitudes, des peurs, des désillusions. Beaucoup peuvent être tenté par l’incrédulité de Thomas. N’entendons-nous pas souvent ces mouvements de révolte face au mal ambiant et à la douleur ? Il est vrai que la souffrance, les injustices, les incompréhensions, la peur peuvent conduire certains d’entre-nous à douter. Mais c’est justement dans ces épreuves, que l’incrédulité de Thomas nous est utile et précieuse. Avec lui, il nous faut dans ces moments, redécouvrir avec une conviction renouvelée notre foi dans ce Christ mort et ressuscité pour nous. |
Grâce à cette rencontre entre saint Thomas et le Seigneur vainqueur du mal, nous saisissons mieux qui est ce Dieu qui s’est chargé des plaies de l’humanité blessée. Thomas a reçu de Dieu le don de la foi... Mais pas n’importe quelle foi… Une foi éprouvée… éprouvée par la passion et la mort du Christ, qui sonnaient comme une défaite et un échec. Mais cette foi fut finalement confirmée !
Le Christ continue de nous montrer ses plaies
Mais grâce à quoi cette foi presque éteinte s’est finalement ravivé pour ne plus faiblir ? Grâce au contact avec les plaies du Christ, avec ses blessures qu’Il ne cache pas mais qu’Il montre au contraire et qu’il invite même à toucher…
Or, ces plaies, le Christ continue de nous les montrer… A travers les peines et les souffrances de tout être humain, de notre prochain. Car au fond, comment pouvons-nous faire croire que nous sommes touchés par les souffrances du Christ, quand nous sommes insensibles à celle de nos frères ? |
Ne fuyons pas ces souffrances et blessures qui traversent notre vie, mais regardons-les à travers les plaies du Christ ressuscité, regardons-les avec des yeux d’espérance. Car ne nous leurrons pas, en ressuscitant, le Christ n’a pas enlevé la souffrance ni les blessures… C’eût été trop facile. Il a fait mieux que cela, Il les a vaincus, et nous invite à les vaincre avec lui.
N’ayons pas peur des blessures de l’humanité. Qu'elles nous fassent penser à celles que le Christ a reçues par amour pour nous ! Qu'elles nous aident à comprendre qui est Dieu ! C’est grâce à ces souffrances qui traversent l’humanité, et devant lesquelles certains ne sont pas restés insensibles, qu'ils sont devenus des saints, tel Martin de Tour. |
Ces souffrances que Dieu nous présente à travers l’humanité blessée, et qu'il nous invite à toucher et à panser, nous donnent de répéter avec saint Thomas : « Mon Seigneur et mon Dieu »…
Abbé René-Sébastien Fournié