SOURCE
Le cardinal Dario Castrillón, qui a montré tout au long de son existence pastorale en Amérique et à Rome qu’il n’hésitait pas à poser certains gestes forts, aurait très bien pu répondre positivement à la question qui sert de titre à cet article et qu’il a réellement examinée. Il aurait ainsi clôturé de manière spectaculaire sa mission à la tête de la Commission Ecclesia Dei avant de se retirer (il atteindra l’âge de 80 ans, le 4 juillet).
Si j’évoque cette hypothèse, c’est pour souligner les préoccupations des hauts personnages romains de « restauration » concernant la vie ecclésiale, sacramentelle, pastorale, missionnaire, d’une portion d’Eglise qui « pèse » près de mille clercs, religieux et religieuses.
Je ne vise pas ici le problème d’un statut officiel définitif de la Fraternité Saint-Pie-X, dont le Pape, dans sa lettre du 13 mars 2009, pose pour condition de l’obtention l’éclaircissement des positions doctrinales de cette Fraternité (« Tant que les questions concernant la doctrine ne sont pas éclaircies, la Fraternité n’a aucun statut canonique dans l’Eglise […]. Les problèmes qui doivent être traités à présent sont de nature essentiellement doctrinale et regardent surtout l’acceptation du concile Vatican II et du magistère postconciliaire des papes »). Je laisse donc ici de côté la question doctrinale, qui est en somme à double détente :
— désamorcer le problème de « l’acceptation de Vatican II », à savoir, à mon humble avis, écarter un rideau de fumée ;
— mais surtout mettre en œuvre l’étude des points de Vatican II qui font difficulté, dans le fond et/ou leur formulation, ce qui nécessitera à l’évidence un temps très long, un examen paisible, et bien d’autres acteurs.
Mais il semble que, depuis le décret du 21 janvier qui libère de l’excommunication les quatre évêques de la Fraternité Saint-Pie-X, il est plus urgent encore de réunir à ce qui reste de forces vives dans l’Eglise, dont l’ensemble, spécialement en France, ne représente malheureusement plus que d’assez maigres bataillons. Autrement dit, il semble conforme au bon sens de faire en sorte que cette Fraternité, avant même d’accéder à une pleine reconnaissance officielle, puisse désormais vivre et faire vivre spirituellement de manière « normale » pour le bien de tous (et pour son propre développement). D’où la question qui s’était posée au cardinal Castrillón.
Car au premier rang de cette vie, sont les ordinations sacerdotales : Mgr Fellay va procéder le 29 juin prochain, à Ecône, à de telles ordinations. Certes, entre le 21 janvier et cette date, il aura déjà ordonné d’autres prêtres en France, mais la cérémonie d’Ecône, le 29 juin, aura une valeur particulièrement marquante. Il n’est pas imaginable (ni souhaitable pour personne) qu’il y renonce. On peut en revanche souhaiter que lui-même et tous ceux qui peuvent y contribuer en fassent une étape de « normalisation ».
En effet, le décret du 21 janvier dernier a installé la Fraternité sacerdotale Saint-Pie-X dans une situation juridique tout à fait atypique et par essence provisoire : bien que la catholicité de ses membres évêques, et tout spécialement de son supérieur général, soit désormais attestée au moins négativement (pas de censure (1)), elle n’a pas de statut officiel et ses prêtres, comme l’expliquait le Pape dans sa lettre du 13 mars 2009, n’ont pas de mandat pastoral (« Tant que la Fraternité n’a pas une position canonique dans l’Eglise, ses ministres non plus n’exercent pas de ministères légitimes » (2)). Tout particulièrement, en ce qui concerne des ordinations de prêtres, l’acte le plus ecclésial qui soit, la FSSPX reste handicapée de deux manières (étant bien précisé que je parle ici du seul point de vue canonique, et encore au premier degré) :
— Elle a une existence canonique quasi fantomatique : érigée en « pieuse union » de droit diocésain par l’évêque de Fribourg, Mgr Charrière, le 1er novembre 1970, elle a été dissoute par son successeur, Mgr Mamie, le 6 mai 1975. Dirigée par un évêque catholique, mais sans « titre » épiscopal, elle peut donc être tenue pour une « une association de fidèles de nature cléricale » de fait (c’est-à-dire ni reconnue, ni approuvée), qui fonctionne concrètement comme un institut de droit pontifical autonome, association cléricale au sein de laquelle ne peuvent pas être ordonnés régulièrement des prêtres ;
— Et surtout, les prêtres catholiques qui vont désormais recevoir l’ordination des mains de leur supérieur général officiellement catholique n’ont régulièrement pas le droit de recevoir cette ordination, ni cet évêque celui de la conférer (3). A tout le moins, ces prêtres seront-ils considérés officiellement comme irréguliers, c’est-à-dire qu’ils n’auront pas le droit d’exercer les ordres reçus. Le tout sauf exception, et toujours, encore une fois, en s’en tenant à la lettre du droit, sans porter aucun jugement sur le fond dont on sait que, surtout dans l’Eglise, il peut largement infléchir cette lettre.
Bien entendu, sauf quelques provocateurs, tel le président de la Conférence des évêques allemands, personne n’imagine que ces ordinations puissent être tenues pour « schismatiques », puisque aujourd’hui, encore moins qu’avant le décret du 21 janvier, la FSSPX n’est considérée comme une secte. Mais elles vont perpétuer cette étrange « zone franche » canonico-pastorale qui existe depuis le décret, et cela d’une certaine manière bien plus choquante que la situation antérieure qui avait au moins l’avantage, si l’on peut dire, d’être un clair état de contestation réciproque (de la part du Saint-Siège : suspense a divinis (4) de Mgr Lefebvre en 1976, puis excommunications des évêques en 1988 ; de la part de la société : refus de la légitimité de ces censures et organisation d’une vie sacramentelle « de nécessité »). C’est pourquoi s’est posée la question de la présence d’un prélat représentant le Pape, en l’espèce du cardinal Castrillón, afin de hâter la mise en place d’une entente juridique provisoire pour le bien des âmes.
On n’aurait nullement été dans l’hypothèse d’intercommunion que condamne le canon 908 du Code de Droit canonique : « Il est interdit aux prêtres catholiques de concélébrer l’eucharistie avec des prêtres ou des ministres d’Eglises ou de communautés ecclésiales qui n’ont pas la pleine communion avec l’Eglise catholique » (au reste, de telles concélébrations ont malgré tout eu lieu, à plusieurs reprises, dans les années quatre-vingt-dix, entre prêtres et évêques catholiques et prêtres de l’Eglise patriotique chinoise séparée de Rome, avant même que le Saint-Siège n’accorde discrètement à des évêques de cette Eglise des lettres de communion).
En revanche, la présence du cardinal Castrillón à Ecône aurait bénéficié d’un précédent de taille. En effet, en achevant la visite canonique des maisons de la Fraternité Saint-Pie-X, pour laquelle il avait été mandaté par le Saint-Siège (bien que cette société fût regardée comme canoniquement dissoute), le cardinal Edouard Gagnon présida (5), entouré de Mgr Perl et de l’abbé du Chalard, dans la chapelle du séminaire d’Ecône, le 8 décembre 1987, une messe pontificale célébrée par Mgr Marcel Lefebvre. Or, à cette époque, Mgr Lefebvre était officiellement considéré comme frappé d’une suspense a divinis. Qui plus est, au cours de cette messe de l’Immaculée Conception, comme c’était de coutume pour cette fête, des prêtres – eux-mêmes en principe frappés de suspense pour avoir été ordonnés par un évêque suspens – avaient prononcés leur engagement dans cette Fraternité théoriquement dissoute. Le tout, sous la présidence liturgique officielle du représentant du pape. Il n’était donc pas absurde qu’un « pas » de ce type ait pu être envisagé pour le 29 juin 2009. A vrai dire, ce geste public aurait servi à concrétiser une convalidation demandée par Mgr Fellay, comme il avait précédemment demandé la levée des excommunications, convalidation accordée par le Saint-Siège pour que les ordinations dans cette société bénéficient d’une régularité minimale, dans l’attente d’un règlement définitif.
Ce qui d’ailleurs peut toujours avoir lieu, sans même le geste spectaculaire en question.
Le mur des excommunications empêchait de réunir ce qui doit l’être impérativement compte tenu de l’état de l’Eglise : à savoir réunir les forces vives de l’Eglise officielle et l’ensemble des traditionalistes (et pour ces derniers, les joindre entre eux en même temps qu’aux premières). Ce mur est tombé. Mais il reste encore une barrière psychologique faite de méfiances et de longues méconnaissances réciproques. Dès lors qu’elle aura disparu par étapes commencera le vrai travail : participer ensemble à juguler une autodémolition qui dure depuis 40 ans (ce qui nécessitera d’ailleurs, pour les responsables, d’avoir les moyens de disqualifier les plus caractérisés des démolisseurs). Qui ne voit que le fait de réapprendre à vivre ensemble est plus important que toutes les discussions du monde, ou plus exactement qu’il permettrait de donner à ces discussions une tout autre efficacité ?
Abbé Claude Barthe
1. On pourrait, certes, incriminer telle ou telle prise de position théologique de membres de cette Fraternité, mais à ce compte-là, combien de prélats, professeurs, prêtres « officiels » en charge d’âmes pourraient être bien plus gravement accusés en matière d’enseignement de foi ou de morale.
2. Le Pape semble opter, par ailleurs, pour l’interprétation la plus large possible des effets de miséricorde du décret du 21 janvier : « Ses ministres – même s’ils ont été libérés de la punition ecclésiastique – n’exercent de façon légitime aucun ministère dans l’Eglise. »
3. Le canon 1383, qui frappe de peines tant l’évêque qui ordonne le sujet d’un autre évêque sans « lettres dimissoriales » (c’est-à-dire sans la permission que donne l’évêque dont dépend un sujet de son diocèse à un autre évêque de l’ordonner) que les prêtres ainsi ordonnés, s’applique-t-il, dans la mesure où ces prêtres ne sont justement les sujets d’aucun évêque ?
4. Censure propre aux clercs, et qui pour l’essentiel leur interdit en général de célébrer les sacrements.
5. Il assura, comme cardinal, ce que les liturgistes qualifient d’« assistance au trône », dont la mise en œuvre fut au reste un peu approximative, par méconnaissance d’un cérémonial complexe.
Article extrait du n° 6849 de présent du Jeudi 28 mai 2009
Abbé Claude Barthe
Le cardinal Dario Castrillón, qui a montré tout au long de son existence pastorale en Amérique et à Rome qu’il n’hésitait pas à poser certains gestes forts, aurait très bien pu répondre positivement à la question qui sert de titre à cet article et qu’il a réellement examinée. Il aurait ainsi clôturé de manière spectaculaire sa mission à la tête de la Commission Ecclesia Dei avant de se retirer (il atteindra l’âge de 80 ans, le 4 juillet).
Si j’évoque cette hypothèse, c’est pour souligner les préoccupations des hauts personnages romains de « restauration » concernant la vie ecclésiale, sacramentelle, pastorale, missionnaire, d’une portion d’Eglise qui « pèse » près de mille clercs, religieux et religieuses.
Je ne vise pas ici le problème d’un statut officiel définitif de la Fraternité Saint-Pie-X, dont le Pape, dans sa lettre du 13 mars 2009, pose pour condition de l’obtention l’éclaircissement des positions doctrinales de cette Fraternité (« Tant que les questions concernant la doctrine ne sont pas éclaircies, la Fraternité n’a aucun statut canonique dans l’Eglise […]. Les problèmes qui doivent être traités à présent sont de nature essentiellement doctrinale et regardent surtout l’acceptation du concile Vatican II et du magistère postconciliaire des papes »). Je laisse donc ici de côté la question doctrinale, qui est en somme à double détente :
— désamorcer le problème de « l’acceptation de Vatican II », à savoir, à mon humble avis, écarter un rideau de fumée ;
— mais surtout mettre en œuvre l’étude des points de Vatican II qui font difficulté, dans le fond et/ou leur formulation, ce qui nécessitera à l’évidence un temps très long, un examen paisible, et bien d’autres acteurs.
Mais il semble que, depuis le décret du 21 janvier qui libère de l’excommunication les quatre évêques de la Fraternité Saint-Pie-X, il est plus urgent encore de réunir à ce qui reste de forces vives dans l’Eglise, dont l’ensemble, spécialement en France, ne représente malheureusement plus que d’assez maigres bataillons. Autrement dit, il semble conforme au bon sens de faire en sorte que cette Fraternité, avant même d’accéder à une pleine reconnaissance officielle, puisse désormais vivre et faire vivre spirituellement de manière « normale » pour le bien de tous (et pour son propre développement). D’où la question qui s’était posée au cardinal Castrillón.
Car au premier rang de cette vie, sont les ordinations sacerdotales : Mgr Fellay va procéder le 29 juin prochain, à Ecône, à de telles ordinations. Certes, entre le 21 janvier et cette date, il aura déjà ordonné d’autres prêtres en France, mais la cérémonie d’Ecône, le 29 juin, aura une valeur particulièrement marquante. Il n’est pas imaginable (ni souhaitable pour personne) qu’il y renonce. On peut en revanche souhaiter que lui-même et tous ceux qui peuvent y contribuer en fassent une étape de « normalisation ».
En effet, le décret du 21 janvier dernier a installé la Fraternité sacerdotale Saint-Pie-X dans une situation juridique tout à fait atypique et par essence provisoire : bien que la catholicité de ses membres évêques, et tout spécialement de son supérieur général, soit désormais attestée au moins négativement (pas de censure (1)), elle n’a pas de statut officiel et ses prêtres, comme l’expliquait le Pape dans sa lettre du 13 mars 2009, n’ont pas de mandat pastoral (« Tant que la Fraternité n’a pas une position canonique dans l’Eglise, ses ministres non plus n’exercent pas de ministères légitimes » (2)). Tout particulièrement, en ce qui concerne des ordinations de prêtres, l’acte le plus ecclésial qui soit, la FSSPX reste handicapée de deux manières (étant bien précisé que je parle ici du seul point de vue canonique, et encore au premier degré) :
— Elle a une existence canonique quasi fantomatique : érigée en « pieuse union » de droit diocésain par l’évêque de Fribourg, Mgr Charrière, le 1er novembre 1970, elle a été dissoute par son successeur, Mgr Mamie, le 6 mai 1975. Dirigée par un évêque catholique, mais sans « titre » épiscopal, elle peut donc être tenue pour une « une association de fidèles de nature cléricale » de fait (c’est-à-dire ni reconnue, ni approuvée), qui fonctionne concrètement comme un institut de droit pontifical autonome, association cléricale au sein de laquelle ne peuvent pas être ordonnés régulièrement des prêtres ;
— Et surtout, les prêtres catholiques qui vont désormais recevoir l’ordination des mains de leur supérieur général officiellement catholique n’ont régulièrement pas le droit de recevoir cette ordination, ni cet évêque celui de la conférer (3). A tout le moins, ces prêtres seront-ils considérés officiellement comme irréguliers, c’est-à-dire qu’ils n’auront pas le droit d’exercer les ordres reçus. Le tout sauf exception, et toujours, encore une fois, en s’en tenant à la lettre du droit, sans porter aucun jugement sur le fond dont on sait que, surtout dans l’Eglise, il peut largement infléchir cette lettre.
Bien entendu, sauf quelques provocateurs, tel le président de la Conférence des évêques allemands, personne n’imagine que ces ordinations puissent être tenues pour « schismatiques », puisque aujourd’hui, encore moins qu’avant le décret du 21 janvier, la FSSPX n’est considérée comme une secte. Mais elles vont perpétuer cette étrange « zone franche » canonico-pastorale qui existe depuis le décret, et cela d’une certaine manière bien plus choquante que la situation antérieure qui avait au moins l’avantage, si l’on peut dire, d’être un clair état de contestation réciproque (de la part du Saint-Siège : suspense a divinis (4) de Mgr Lefebvre en 1976, puis excommunications des évêques en 1988 ; de la part de la société : refus de la légitimité de ces censures et organisation d’une vie sacramentelle « de nécessité »). C’est pourquoi s’est posée la question de la présence d’un prélat représentant le Pape, en l’espèce du cardinal Castrillón, afin de hâter la mise en place d’une entente juridique provisoire pour le bien des âmes.
On n’aurait nullement été dans l’hypothèse d’intercommunion que condamne le canon 908 du Code de Droit canonique : « Il est interdit aux prêtres catholiques de concélébrer l’eucharistie avec des prêtres ou des ministres d’Eglises ou de communautés ecclésiales qui n’ont pas la pleine communion avec l’Eglise catholique » (au reste, de telles concélébrations ont malgré tout eu lieu, à plusieurs reprises, dans les années quatre-vingt-dix, entre prêtres et évêques catholiques et prêtres de l’Eglise patriotique chinoise séparée de Rome, avant même que le Saint-Siège n’accorde discrètement à des évêques de cette Eglise des lettres de communion).
En revanche, la présence du cardinal Castrillón à Ecône aurait bénéficié d’un précédent de taille. En effet, en achevant la visite canonique des maisons de la Fraternité Saint-Pie-X, pour laquelle il avait été mandaté par le Saint-Siège (bien que cette société fût regardée comme canoniquement dissoute), le cardinal Edouard Gagnon présida (5), entouré de Mgr Perl et de l’abbé du Chalard, dans la chapelle du séminaire d’Ecône, le 8 décembre 1987, une messe pontificale célébrée par Mgr Marcel Lefebvre. Or, à cette époque, Mgr Lefebvre était officiellement considéré comme frappé d’une suspense a divinis. Qui plus est, au cours de cette messe de l’Immaculée Conception, comme c’était de coutume pour cette fête, des prêtres – eux-mêmes en principe frappés de suspense pour avoir été ordonnés par un évêque suspens – avaient prononcés leur engagement dans cette Fraternité théoriquement dissoute. Le tout, sous la présidence liturgique officielle du représentant du pape. Il n’était donc pas absurde qu’un « pas » de ce type ait pu être envisagé pour le 29 juin 2009. A vrai dire, ce geste public aurait servi à concrétiser une convalidation demandée par Mgr Fellay, comme il avait précédemment demandé la levée des excommunications, convalidation accordée par le Saint-Siège pour que les ordinations dans cette société bénéficient d’une régularité minimale, dans l’attente d’un règlement définitif.
Ce qui d’ailleurs peut toujours avoir lieu, sans même le geste spectaculaire en question.
Le mur des excommunications empêchait de réunir ce qui doit l’être impérativement compte tenu de l’état de l’Eglise : à savoir réunir les forces vives de l’Eglise officielle et l’ensemble des traditionalistes (et pour ces derniers, les joindre entre eux en même temps qu’aux premières). Ce mur est tombé. Mais il reste encore une barrière psychologique faite de méfiances et de longues méconnaissances réciproques. Dès lors qu’elle aura disparu par étapes commencera le vrai travail : participer ensemble à juguler une autodémolition qui dure depuis 40 ans (ce qui nécessitera d’ailleurs, pour les responsables, d’avoir les moyens de disqualifier les plus caractérisés des démolisseurs). Qui ne voit que le fait de réapprendre à vivre ensemble est plus important que toutes les discussions du monde, ou plus exactement qu’il permettrait de donner à ces discussions une tout autre efficacité ?
Abbé Claude Barthe
1. On pourrait, certes, incriminer telle ou telle prise de position théologique de membres de cette Fraternité, mais à ce compte-là, combien de prélats, professeurs, prêtres « officiels » en charge d’âmes pourraient être bien plus gravement accusés en matière d’enseignement de foi ou de morale.
2. Le Pape semble opter, par ailleurs, pour l’interprétation la plus large possible des effets de miséricorde du décret du 21 janvier : « Ses ministres – même s’ils ont été libérés de la punition ecclésiastique – n’exercent de façon légitime aucun ministère dans l’Eglise. »
3. Le canon 1383, qui frappe de peines tant l’évêque qui ordonne le sujet d’un autre évêque sans « lettres dimissoriales » (c’est-à-dire sans la permission que donne l’évêque dont dépend un sujet de son diocèse à un autre évêque de l’ordonner) que les prêtres ainsi ordonnés, s’applique-t-il, dans la mesure où ces prêtres ne sont justement les sujets d’aucun évêque ?
4. Censure propre aux clercs, et qui pour l’essentiel leur interdit en général de célébrer les sacrements.
5. Il assura, comme cardinal, ce que les liturgistes qualifient d’« assistance au trône », dont la mise en œuvre fut au reste un peu approximative, par méconnaissance d’un cérémonial complexe.
Article extrait du n° 6849 de présent du Jeudi 28 mai 2009
Abbé Claude Barthe