| La Fraternité Saint-Pie X et la nouvelle messe (suite) | 
| Yves Chiron, Aletheia n°12 - 27 mars 2001 | 
| On a attiré mon attention sur le fait que le dernier         numéro d’Alètheia, consacré à l’ouvrage publié par la         Fraternité Saint-Pie X sous le titre Le Problème de la réforme         liturgique, a suscité un certain émoi dans les sphères         dirigeantes de la dite-Fraternité. Ce fut plus que du mécontentement.         Venant de tous autres horizons, d’autres réactions me sont parvenues.         Je voudrais donc revenir sur ce livre important [1] . Une figure éminente du monde éditorial de la         Fraternité Saint-Pie X disait, avec quelque condescendance, qu’Alètheia          n’a “ qu’un intérêt anecdotique ”. Je dirais plus exactement,         au risque de répéter l’avertissement qui figure en tête de chaque         numéro, qu’Alètheia est une lettre libre d’informations         religieuses. Ni plus, ni moins. 1. Tout ce qui s’y imprime n’engage que moi, et         en aucune manière les publications auxquelles, par ailleurs, je         collabore. 2. Les analyses que cette modeste lettre publie n’entendent         pas prendre parti dans les querelles perpétuelles que certains, dans le         monde traditionaliste, s’évertuent, semble-t-il, à maintenir, pour s’assurer         de leur existence  et de leur bonne marche sur la voie qu’ils ont         choisie. 3. Cette modeste lettre ne vit que de la         bienveillance et de la charité de ses lecteurs, des lecteurs qui s’inscrivent         dans une géographie ecclésiale très diverse, de Paris à Rome, de la         Suisse à la Provence. A défaut de pouvoir être, hélas, un lien d’amitié,         elle est un lien d’informations, au service de la seule vérité. • Ce sont les “ quelques remarques d’un fidèle         du dernier rang ”, qui accompagnaient la présentation du livre, qui         ont suscité l’émoi évoqué plus haut. On les juge “         superficielles ”, ce qui ne signifie pas erronées. Je laisse aux         théologiens qualifiés le soin de discuter plus en profondeur les         analyses du livre. Sur le plan formel, il est clair que cette étude sur         “ la messe de Vatican II et de Paul VI ” est, de la part de la FSPX,         une nouvelle approche de la question. L’angle d’attaque choisi, si l’on         peut dire, est celui de la doctrine du mystère pascal, qui serait         sous-jacente à toute la réforme liturgique. Cet angle d’attaque         est-il pertinent ? Aux théologiens et liturgistes de répondre. En revanche, on peut saluer l’effort doctrinal que         fait, par ce livre, la FSPX. Elle ne s’en tient plus au Bref examen         de la nouvelle messe des cardinaux Ottaviani et Bacci, qui date de         1969. La FSPX a voulu aller aux sources elles-mêmes de cette réforme :         les liturgistes et théologiens qui, à travers notamment le Consilium,         l’ont inspirée. D’où une multiplication de références et de         citations d’auteurs. Mais cette méthode a ses limites. A plusieurs         reprises, les auteurs appuient leurs démonstrations par des citations         de théologiens et de liturgistes, dans leurs oeuvres de différentes         époques, et les entremêlent de citations du Magistère actuel. Cette         juxtaposition incessante de citations vaut-elle démonstration ? • Un autre lecteur, figure éminente des         catholiques Ecclesia Dei, s’est demandé si ce livre n’était         pas une provocation, lancée dans le public au moment où la FSPX         négociait à Rome, pour torpiller les dites-négociations. S’il y a eu, comme je l’ai dit, interrogation, de         la part des autorités de la FSPX, sur l’opportunité de publier une         tel livre en ce moment, il n’y pas eu volonté de provocation. Cette         étude sur la réforme liturgique était  en préparation avant que         des négociations s’ouvrent avec Rome. Elle s’inscrit, plus largement, dans un effort d’approfondissement         doctrinal auquel est décidée la FSPX. Après la réédition des Dubia         sur la liberté religieuse de Mgr Lefebvre, cette étude théologique et         liturgique sur la nouvelle messe est une nouvelle étape de cet effort d’approfondissement         doctrinal. Il se prolongera à l’avenir, semble-t-il, par des études         sur l’oecuménisme, l’ecclésiologie et d’autres sujets. On peut même dire que la FSPX, par ces différents         ouvrages doctrinaux, veut contribuer au débat auquel Jean-Paul II a         appelé dans le motu proprio Ecclesia Dei adflicta (2.7.1988),         demandant aux théologiens d’approfondir “ les points doctrinaux         qui, peut-être à cause de leur nouveauté, n’ont pas été compris         dans certaines parties de l’Eglise. ” • En matière liturgique, parmi ceux qu’on         appelle les catholiques Ecclesia Dei, le C.I.E.L. (Centre         International d’Etudes Liturgiques) présidé par Loïc Mérian, est l’instance         qui, avec des théologiens qualifiés et le soutien de plusieurs         cardinaux, a le plus oeuvré, depuis des années, à cet         approfondissement doctrinal. Les colloques réunis chaque année par le         CIEL, et dont les actes sont publiés, témoignent de cette réflexion         approfondie engagée, au service de l’Eglise. Ne serait-il pas opportun que le CIEL organise un         colloque sur cette doctrine du “ mystère pascal” que mettent en         cause les auteurs du Problème de la réforme liturgique  ? • Le cardinal Medina, Préfet de la Congrégation         pour le Culte divin et la Discipline des Sacrements, a déjà adressé         une lettre aux supérieurs de la FSPX relatives à ce livre. On en         ignore la teneur. Il serait étonnant que l’épiscopat français, au         moins par le SNOP, ne réagisse pas à son tour puisque le livre         a été envoyé à 22.000 prêtres de France. Il est simplement à         espérer que cette réaction ne prendra pas la forme d’un communiqué         de mise en garde, comme il y en a eu jadis à l’égard d’autres         traditionalistes. L’étude sur la nouvelle messe produite par la FSPX         mérite une réponse appropriée, c’est à dire des “ clarifications         doctrinales et liturgiques ” comme le demande Mgr Fellay dans l’Adresse         au Saint-Père  qui ouvre le livre. • Pendant longtemps, on a prêché dans certaines         chapelles de la FSPX qu’il valait mieux ne pas assister à la nouvelle         messe si on ne pouvait pas assister à la messe selon le rite         traditionnel. Cette position est-elle encore celle soutenue par la FSPX         ?  Il le semble, à lire la page 115 de l’ouvrage cité. Cette         position n’est pas sans poser des problèmes théologiques divers. Je         laisse aux théologiens le soin d’en discuter. • Enfin, les différents points soulevés dans         cette lettre, comme les “ remarques ” faites dans le précédent         numéro, n’empêchent pas que je partage pleinement l’objectif         poursuivi par les auteurs du livre : que des “ clarifications         doctrinales et liturgiques ” du N.O.M. soient apportées par le         Magistère. On peut aussi, tout uniment, partager les demandes de la         FSPX : que la liturgie romaine traditionnelle soit universellement         autorisée pour tous les prêtres et qu’il y ait “ modification ou         abrogation ” de la nouvelle liturgie. [1] Le Problème de la réforme liturgique,         éditions Clovis (B.P. 88, 91152 Etampes), 128 pages , 69 F. | 
