SOURCE - breizh-info.com - 21 juillet 2016
La mobilisation des fidèles de la chapelle Saint-François de Rennes aura payé. Selon les dernières nouvelles la communauté traditionnelle, menacée de disparition par l’archevêque Mgr d’Ornellas, sera maintenue à la rentrée. Mieux : l’archevêque a accepté la nomination par l’ICRSP d’un successeur au chanoine Cristofoli, qui dessert actuellement la chapelle, et dont il avait exigé le départ.
La communauté traditionnelle de la chapelle Saint-François existe dans cette chapelle, qui appartient au diocèse, depuis 1988 ; elle est desservie par l’ICRSP (Institut du Christ-Roi Souverain Prêtre depuis 2002. Le 12 juin dernier, en annonçant que le départ du desservant actuel, le chanoine Cristofoli installé à Rennes depuis 2008, était exigé, que la convention avec l’ICRSP ne sera pas reconduite et la chapelle vendue, l’archevêché de Rennes a mis le feu aux poudres.
Déterminée à ne pas disparaître, la communauté traditionnelle a organisé la riposte, en créant une page sur les réseaux sociaux – près de 1800 «likes» en deux semaines, le double de la page officielle de l’archevêché, plus de 2000 aujourd’hui – mais aussi en organisant une réunion publique dans la chapelle, le 22 juin, puis un chapelet devant la cathédrale le 29. Depuis une dizaine de jours, une dizaine de fidèles – une vingtaine le week-end – s’installaient en « sentinelles » devant l’évêché entre 13h145 et 14h45, à l’heure du mouvement des employés. Les « sentinelles », nées de La Manif pour Tous s’installaient devant les lieux emblématiques pour dénoncer le « mariage » pour tous (Loi Taubira). Désormais, c’est le diocèse de Rennes qui était dans leur viseur.
Loin de tenter d’apaiser la situation, alors que les fidèles de la chapelle se mobilisaient largement, et que l’affaire commençait à créer un important tollé dans et à l’extérieur du diocèse, celui-cis’enfermait dans le double discours et s’y tenait en multipliant les occasions de double langage.
La très grande vitalité de la communauté de la chapelle saint François – plus de 700 fidèles, dont beaucoup de jeunes – et cent scouts – qui suscite chaque année plus de vocations sacerdotales que l’ensemble des 50.000 et quelques pratiquants de l’archidiocèse de Rennes semblait surtout être au cœur du problème, suscitant, selon certains, une certaine « jalousie » à l’archevêché.
Un important battage médiatique
Loin de la discrétion espérée par l’archevêché, la mobilisation des fidèles donnait lieu à un important battage médiatique autour de l’affaire Saint-François (Breizh Info, Reinformation tv, Boulevard Voltaire, La Croix, TV Libertés . Celle-ci permettait de faire connaître l’affaire bien au-delà des limites de l’archidiocèse.
Finalement, cette mobilisation fera évoluer la position du diocèse. Le 17 juillet, une nouvelle lettre de l’archevêque Mgr d’Ornellas a été lue avant la messe. C’était d’ailleurs la première pour un chanoine de l’ICRSP tout juste ordonné, l’abbé Pinoteau ; en 2016, l’ICRSP a eu 11 prêtres ordonnés, dont 8 français, parmi lesquels deux sont bretons. L’archevêque y écrit qu’il a discuté avec Mgr Schmitz, provincial de France de l’ICRSP, qu’il a reçu ce chanoine, lui a fait rencontrer d’autres prêtres, et a accepté sa nomination. Il attend donc que l’ICRSP l’envoie officiellement en mission à Rennes. La nomination sera officialisée dans la seconde quinzaine du mois d’août.
L’actuel desservant de la chapelle, le chanoine Cristofoli nous précise ce qu’il en est : « Il y a eu des échanges par mails, le 10 et le 11 juillet, entre l’archevêque Mgr d’Ornellas et Mgr Schmitz. L’archevêque a reçu le 15 juillet un chanoine de l’ICRSP pressenti pour venir à Rennes, et cet entretien s’est très bien passé. Il lui a fait rencontrer un prêtre qui fera le lien entre la communauté Saint-François et l’archevêché – ce n’est pas un lien hiérarchique – et ensuite deux autres prêtres, les pères Lemoine et Lagneau, qui lui ont parlé de la mission de la chapelle dans le diocèse. Ces entretiens se sont bien passés ». C’est donc la garde rapprochée de l’évêque qui a reçu ce chanoine, actuellement en poste dans un autre diocèse français.
« Après cela l’archevêque Mgr d’Ornellas a accepté que ce chanoine vienne à Rennes, et écrit à Mgr Schmitz pour qu’il l’envoie en mission, ce qui a été fait. Des écrits ont été échangés, la succession est donc assurée, puisque Mgr d’Ornellas n’a pas l’habitude de revenir sur ses engagements écrits. Elle sera officialisée après le 15 août ». Le chanoine Cristofoli partira donc l’esprit tranquille, la communauté étant sauvée. Mieux, « il y aura une convention pour trois ans entre l’ICRSP et le diocèse », alors que la convention était jusqu’alors annuelle, et la communauté en situation de précarité permanente.
« Nous restons unis, déterminés et mobilisés », commente à chaud Hubert des Minières, président de l’association saint Benoît de Nursie qui gère la chapelle depuis 1988 et a été le fer de lance de la mobilisation des fidèles. « Mais ce sont de très bonnes nouvelles, on est sur une très bonne voie, nous sommes en train d’obtenir tout ce pour quoi nous nous battions depuis des années ».