Mgr Fellay, supérieur de la Fraternité Saint-Pie-X, va consulter son chapitre général en juillet avant de répondre au Pape.
Entre Rome et Ecône, les choses se précisent mais se compliquent à la fois. Mgr Bernard Fellay, supérieur de la Fraternité Saint-Pie-X, est rentré jeudi à Menzingen (Suisse), son siège administratif, avec un dossier romain plus lourd que prévu. D'où, première information: la signature d'un accord avec le Saint-Siège n'est pas pour demain. Au sens propre comme au sens figuré. Il est désormais certain que Mgr Fellay ne pourra donner réponse à ces dernières propositions romaines avant la fin du chapitre général de la Fraternité Saint-Pie-X qui se tiendra, en Suisse, du 7 au 14 juillet.
Contrairement à certaines rumeurs,
cette réunion ne verra pas la remise en cause de Mgr Fellay à la
fonction de supérieur: il est à mi-parcours d'un mandat de douze ans.
Mais des décisions capitales seront bien prises: négocier encore?
Suspendre? Rompre? Ou donner suite à cette main tendue de Benoît XVI qui
souhaite voir les disciples de Mgr Marcel Lefebvre réintégrer l'Église
catholique? En attendant, vu de Rome, la balle est dans le camp des
lefebvristes. Et ils sont partagés sur le sujet.
La décision est
donc très difficile à prendre. Ces dix derniers mois d'allers et retours
entre Rome et Ecône l'ont démontré. Ce qui bloque, c'est toujours la
question du concile Vatican II. Cause de rupture à l'époque, ce concile
demeure source de fortes divergences. Elles sont connues: les
lefebvristes récusent notamment l'abandon de la messe en latin selon
l'ancien rite (pourtant rétablie en 2007 sous le mode «extraordinaire»
par Benoît XVI), mais aussi l'ouverture de l'Église catholique au monde
et le dialogue interreligieux.
L'inconnue, en revanche - clé de
cette négociation -, est la marge de liberté de critique accordée dans
ce cas par Rome aux lefebvristes à propos du concile Vatican II.
Un texte, «préambule doctrinal», toujours tenu secret, avait été remis à
Mgr Fellay, le 14 septembre dernier. Il précisait les limites de cette
dissension. Autrement dit: comment il est possible d'être catholique en
communion avec Rome et… en large désaccord avec ce concile.
Question de doctrine
C'est
la dernière version de ce document-cadre, revu, corrigé, amendé, repris
tout au long de cet hiver - et encore samedi dernier lors d'une réunion
de finalisation où siégeait Benoît XVI - qui a été remis, mercredi
soir, à Mgr Fellay, à Rome, lors d'une longue rencontre de plus de deux
heures, où il a été une nouvelle fois question de doctrine.
C'est
donc bien sur cet ultime texte que tout repose. Et non sur la
proposition faite à la Fraternité, confirmée hier par le Vatican, d'une
prélature personnelle (statut canonique similaire à celui de l'Opus Dei)
qui donnerait une large autonomie aux lefebvristes.
En attendant,
le communiqué publié jeudi par le Vatican espère que ce «moment
supplémentaire de réflexion» permettra à Mgr Fellay de donner une
réponse dans un «délai raisonnable». Et garantit que Rome «souhaite»
toujours que la Fraternité Saint-Pie-X parvienne «à la pleine communion»
avec le «Siège apostolique».