SOURCE - SPO - 27 juin 2012
CNS (Catholic News Service), l’agence de
presse américaine « dépendant » de la conférence des évêques américains
(USCCB) a publié hier une dépêche
qui sous la signature de Carol Glatz apporte quelques précisions
intéressantes concernant la nomination de Mgr Di Noia au nouveau poste
de vice-président de la commission Ecclesia Dei.
CNS a pu obtenir de ce dernier quelques
renseignements importants, qui éclairent éventuellement le sens de sa
nomination. Mgr Di Noia a, en effet, déclaré à Catholic News Service que le Vatican a besoin d’aider les gens qui ont de forts désaccords vis-à-vis du concile, et de considérer
« que ces désaccords ne doivent pas [nous] diviser ou nous éloigner de la table commune de la Communion (…) Il est possible d’avoir des désaccords théologiques tout en demeurant dans la communion avec le siège de Pierre (…) Ce que nous disons, pour partie, c’est que quand vous lisez les documents [du concile de Vatican II], vous ne pouvez pas les lire du point de vue de quelques évêques progressistes qui ont pu participer [au concile], vous devez les lire au pied de la lettre (…) Du fait que le Saint Esprit guide l’Église, ces documents ne peuvent être en rupture avec la tradition ».
L’affirmation que les désaccords
théologiques sont possibles tout en demeurant dans la communion avec le
Pape est la ligne adoptée, semble-t-il, par le pape Benoît XVI,
notamment dans le cadre de la réconciliation avec la Fraternité
Saint-Pie X. Cette ligne (non affirmée aussi explicitement, à la
romaine) a été oubliée, volontairement ou non ?, lors de la dernière
rencontre de Mgr Fellay avec ses interlocuteurs romains, soucieux pour
leur part, semble-t-il, de le faire entrer dans un « unanimisme »
théologique (et liturgique) qu’il ne pouvait que refuser. La nomination
de Mgr Di Noia serait dans le cas où cette hypothèse s’avère juste
l’amorce d’un retour à la ligne adoptée par Benoît XVI.
La question pendante est celle de savoir
si les déclarations de Mgr Di Noia, rapportées par CNS, correspondent
bien à la ligne Benoît XVI ? Déjà en 1988, dans sa célèbre conférence
aux évêques du Chili, prononcée après les sacres épiscopaux par Mgr
Lefebvre, celui qui était encore le cardinal Ratzinger notait une
tendance de fond existant chez les chrétiens progressistes et donnait à
l’inverse une ligne d’interprétation:
C’est une contradiction patente de voir que ceux-là qui n’ont laissé passer aucune occasion de faire savoir au monde leur désobéissance au pape et aux déclarations magistèrielles des vingt dernières années, ce sont eux qui viennent maintenant juger trop molle cette attitude (celle du Saint-Siège, ndlr) et veulent que l’on exige une obéissance millimétrique à Vatican II. (…) La vérité est que le Concile n’a défini aucun dogme et a voulu consciemment s’exprimer à un niveau plus modeste, simplement comme un concile pastoral. Pourtant, nombreux sont ceux qui l’interprètent comme s’il était presque le super-dogme qui ôte toute importance au reste. (traduction parue de La Pensée catholique, n°237, novembre-décembre 1988).