SOURCE - Abbé de Cacqueray - Lettre à Nos Frères Prêtres n°54, éditorial - mise en ligne par La Porte Latine - Juin 2012
Concernant la liturgie issue de la réforme postconciliaire, la Fraternité Saint-Pie X avance des objections graves de nature proprement doctrinale. La principale est l’affaiblissement considérable, dans la messe, on pourrait presque dire l’effacement volontaire de l’expression du caractère de sacrifice spécifiquement propitiatoire, qui en est un élément absolument essentiel et nécessaire.
Notre Lettre a pris la peine, déjà, d’exposer, au moins en partie, cette contestation fondamentale.
La question de la propitiation en elle-même a été expliquée dans les numéros 45 (mars 2010) et 46 (juin 2010). La question de l’offertoire, qui dans les rites des diverses Églises d’origine apostolique est un lieu majeur de l’expression de la propitiation, mais qui dans le nouveau rite a été remplacé par des considérations complètement autres, et volontairement non propitiatoires, a été analysée dans les numéros 47 (octobre 2010), 49 (mars 2011) et 51 (septembre 2011).
Le dossier du présent numéro s’intéresse, à propos des trois nouvelles Prières eucharistiques promulguées en plein mois de mai 1968 (date symbolique s’il en fut), à quelque chose sans doute de moins décisif, mais qui se révèle au final extrêmement éclairant pour comprendre la situation actuelle : les conditions matérielles et pratiques de l’élaboration de ces textes majeurs.
Cette réforme consistait donc à proposer des formules venant remplacer ou compléter des prières qui, dans toutes les Églises d’origine apostolique, sont très antiques, très vénérables, et portent depuis des siècles la piété de millions de prêtres et de fidèles.
Sans même s’arrêter à cette idée, assez incroyable il faut le reconnaître, de composer «de chic» des Prières eucharistiques, on pouvait quand même s’attendre à ce qu’un tel projet se déroule avec un réel sérieux doctrinal et liturgique, une attention à la Tradition de l’Église, une circonspection dignes d’un aussi grave sujet.
Or les éléments tout à fait incontestables du dossier réuni à ce propos par l’abbé Grégoire Celier font connaître que l’élaboration de ces nouvelles Prières eucharistiques s’est en réalité déroulée dans un incroyable climat de légèreté, d’improvisation voire de bricolage, de manque d’amour du patrimoine de l’Église catholique.
Le pire étant sans doute la hâte vraiment indécente avec laquelle ces textes ont été préparés : quelques heures seulement ont suffi pour bouleverser la tradition la plus sacrée. On reste véritablement stupéfait, et douloureusement surpris, d’un tel attentat contre la liturgie.
Abbé Régis de CACQUERAY