12 juin 2012

[Philippe Ménard - Sud Ouest] Une profession de foi pour le retour du latin

SOURCE - Philippe Ménard - Sud Ouest - 12 juin 2012
Antoine Pierron, représentant d'un groupe de familles traditionalistes demandant un créneau pour cette pratique en Charente, revendique le bon droit de sa démarche.

La majorité des membres du groupe traditionaliste sont des paroissiens de Saint-Léger.

Qu'est-ce qui peut bien pousser des paroissiens à revendiquer avec flamme le retour de la messe en latin en Charente ? La question se pose après l'initiative d'un groupe de 36 familles de la région de Cognac, qui font vivre cette requête à travers un site Internet (1).

Leur représentant, Antoine Pierron, tient à expliciter cette démarche évoquée dans nos colonnes hier. « Le latin, c'est la messe de toujours, celle qui a été codifiée au XIIIe siècle par Saint-Grégoire le Grand dans un missel réunissant les différents rites de l'époque. Depuis, ce missel n'a subi que des modifications de détail. »


Le père Valtaud est bien vivant Dans le communiqué des « Tradis de Cognac », envoyé samedi, il était indiqué que le père René Valtaud, qui célébra un temps la messe en latin à Genac, avait été « rappelé à Dieu ». Contrairement à ce qui était indiqué dans nos colonnes hier, le prêtre, âgé de 91 ans, est bien vivant. « Il manifeste toujours ses capacités intellectuelles et spirituelles, au milieu des prêtres et religieuses de la communauté de Genac », indique Mgr Claude Dagens dans un communiqué. L'évêque d'Angoulême en profite pour « dire publiquement ma reconnaissance à ce prêtre qui a toujours eu le désir de servir la communion réelle de l'Église en Charente ».

La fausse information serait liée à une mauvaise interprétation d'un échange entre des pratiquants charentais et l'association nationale Paix liturgique, qui chapeaute les groupes traditionalistes en France. Le groupe de Cognac est naturellement désolé de cette malheureuse confusion. Induit en erreur, « Sud Ouest » présente ses plus vives excuses à l'intéressé, en lui souhaitant de poursuivre longtemps une retraite paisible.

Le groupe se revendique comme « traditionaliste », un courant qui reconnaît le concile Vatican II (1962-1965) où ont été refondées les bases de l'Église, à la différence des intégristes, telle la Fraternité sacerdotale Saint Pie X de Mgr Lefebvre. Il argue de son bon droit. « Le concile Vatican II n'a jamais interdit la messe en latin, contrairement à ce qu'un certain épiscopat français a voulu faire croire dans les années 70 », insiste Antoine Pierron.

« Le sens du sacré » Le « motu proprio ecclesia dei », édicté par Jean-Paul II en 1988, confirmait ce droit, sous réserve de l'accord de l'évêque. Le « motu proprio sumorum pontificum », signé par Benoît XVI en 2007, renvoie cette responsabilité sur le prêtre de la paroisse. « Il a été confirmé par "l'universae ecclesie'', en 2011, qui établit que c'est au curé de trouver la meilleure possibilité pour un horaire adapté, familial, et qu'il n'est pas nécessaire d'avoir un nombre donné de paroissiens. Il suffit de disposer d'un groupe stable », poursuit Antoine Pierron.

Pour lui, le Doyenné de Cognac pourrait faire appel aux deux prêtres de la communauté de Saint-Jean, basée à Richemont, ou tout au moins laisser un créneau où ces paroissiens feraient venir un prêtre de l'extérieur.

Au-delà du latin, Antoine Pierron dit rechercher « le sens du sacré et du recueillement » qu'il appréciait chez le père Raymond, et qu'il ne retrouve pas chez ses successeurs à la tête du Doyenné. « Pour nous, c'est la foule qui doit aller vers le prêtre pour l'eucharistie. Aujourd'hui, c'est tout juste s'il ne vient pas la donner dans les rangs. Nos curés font des innovations et des interprétations à longueur de messe », ne digère-t-il pas. « Il faudrait dépasser un peu ces intégrismes, ultratraditionalistes d'un côté, progressistes de l'autre », conclut-il.

(1) www.motuproprio16.org