SOURCE - La Vie - 15 juin 2012
Alors que le sort de la Fraternité sacerdotale Saint Pie X est entre les mains de Mgr Fellay, qui doit accepter ou non la prélature personnelle que Benoît XVI lui a proposé mercredi, les opposants lefebvristes à la conclusion d'un accord multiplient les déclarations publiques.
Alors que le sort de la Fraternité sacerdotale Saint Pie X est entre les mains de Mgr Fellay, qui doit accepter ou non la prélature personnelle que Benoît XVI lui a proposé mercredi, les opposants lefebvristes à la conclusion d'un accord multiplient les déclarations publiques.
FSSPX: LES ULTRAS S'INSURGENT
Jusqu'ici, ce sont des fuites anonymes qui renseignaient les
journalistes sur l'état de tension extrême au sein de la FSSPX entre
partisans et opposants d'un accord avec Rome. A l'approche de la
conclusion effective d'une entente, les anti-accord ne se cachent plus,
et prennent la parole en public.
> Celui qui a fait une entrée plus que remarquée dans la bataille, c'est Mgr Tissier de Mallerais, un des quatre évêques ordonnés par Mgr Lefebvre en 1988. Si, lors de ses déplacements dans les chapelles de la Fraternité, il ne mâchait pas ses mots devant les fidèles sur son opposition à tout accord avec Rome, c'est la première fois qu'il s'exprime directement dans la presse. Et pas n'importe quelle presse: c'est au journal Rivarol, un titre d'extrême-droite révisionniste et antisémite, que l'évêque a réservé la primeur de sa pensée.
> Incluant ses frères évêques Mgrs de Galarreta et Williamson, Mgr Tissier de Mallerais y dit ceci: "Nous refusons un accord purement pratique parce que la question doctrinale est primordiale. La foi passe avant la légalité. Nous ne pouvons pas accepter une légalisation sans que le problème de la foi soit résolu. Nous soumettre maintenant sans condition à l’autorité supérieure imbue de modernisme serait nous exposer à devoir désobéir [...] Je voudrais que nous produisions un texte qui, renonçant aux finasseries diplomatiques, affirme clairement notre foi et par conséquent notre refus des erreurs conciliaires. Cette proclamation aurait l’avantage premièrement de dire la vérité ouvertement au pape Benoît XVI qui est le premier à avoir droit à la vérité et deuxièmement de restaurer l’unité des catholiques de tradition autour d’une profession de foi combative et inéquivoque".
> Si Mgr Tissier de Mallerais est le plus visible, il n'est pas le seul à tonner contre la perspective toute proche d'un accord. Toujours en France, le sermon de dimanche dernier de l'abbé Michel Koller, prêtre de la Fraternité à Clermond-Ferrand, tourne sur internet. Et il n'est guère équivoque: "Personnellement, cela fait plus de 30 ans que je lutte contre le modernisme et j’ai assisté à la mort de plusieurs confrères qui ont été méprisés par les évêques, par des papes, et vous voudriez maintenant que je fasse une alliance avec ces gens-là ? Libre à vous ou à certains de se vautrer dans cette boue mais vous le ferez sans moi. [...] Le jour de mon ordination sacerdotale, j’ai signé le serment antimoderniste. Cela veut dire que j’ai signé pour combattre cette erreur qui est l’égout collecteur de toutes les hérésies selon l’expression de saint Pie X. Non seulement j’ai signé mais je ne retirerai pas ma signature même si on me chasse des églises que nous avons construites, la FSSPX à laquelle j’adhère pleinement et entièrement mais à la FSSPX antimoderniste, cette FSSPX continuera et je continuerai dans cette voie-là ceci durant ma vie, jusqu’à la mort".
> C'est le troisième prêtre de la FSSPX en quelques jours qui
s'engage résolument contre la ligne défendue par le supérieur de la
Fraternité, Mgr Fellay, après les abbés François Chazal et Joseph Pfeiffer.
Mais les évêques et les prêtres de la Fraternité ne sont pas les seuls à
exprimer leur hostilité à un accord. Deux pétitions, l'une provenant du district d'Angleterre, signée par plus de 200 personnes, l'autre de celui du Canada,
circulent également sur le web. Impossible de dire à l'heure actuelle
quel pourcentage de la Fraternité suivra les dissidents. Mais si Mgr
Fellay est le seul évêque à revenir dans le giron romain, il est
probable que son retour aura une portée moins grande. Devant cette
possibilité, certains évoquent une nouvelle ordination épiscopale à la
Fraternité; le nom de l'abbé Schmidberger, supérieur du disctrict
d'Allemagne et proche de Mgr Fellay, est évoqué. Quant au supérieur de la Fraternité, il a expliqué qu'il donnerait sa réponse à Benoît XVI début juillet, après le chapitre général.