SOURCE - Réfractaire - 29 juin 2012
Suite de Analyse de la déclaration doctrinale (I)
Suite de Analyse de la déclaration doctrinale (II)
« L’entière Tradition de la foi catholique doit être le critère et le guide de compréhension des enseignements du Concile Vatican II, lequel à son tour éclaire certains aspects de la vie et de la doctrine de l’Église, implicitement présents en elle, non encore formulés. Les affirmations du Concile Vatican II et du Magistère Pontifical postérieur relatifs à la relation entre l’Église catholique et les confessions chrétiennes non-catholiques doivent être comprises à la lumière de la Tradition entière. »
Nos deux précédentes analyses ont manifesté la ligne en laquelle se situe le seul extrait actuellement connu de la Déclaration doctrinale rédigée en avril dernier par la FSSPX. Toutes les affirmations conciliaires y étant considérées comme des enseignements d’Eglise, la présente Déclaration soutient l’éclairage réciproque de la Tradition et de Vatican II, autrement dit fait sienne l’herméneutique de la continuité si chère à Benoît XVI. Reste à évaluer le réalisme de ce positionnement. La troisième proposition du présent extrait y aidera, d’autant plus qu’il concerne un point en délicatesse entre Rome et Menzingen : l’œcuménisme : « Les affirmations du Concile Vatican II et du Magistère Pontifical postérieur relatifs à la relation entre l’Église catholique et les confessions chrétiennes non-catholiques doivent être comprises à la lumière de la Tradition entière. »
A la lecture de cette dernière phrase, une première question jaillit : pourquoi la question œcuménique est-elle la seule mentionnée ? L’affirmation conciliaire de la liberté religieuse, la transmission de la juridiction épiscopale, ou encore le statut du judaïsme actuel (bénéficiaire ou non de l’alliance salutaire de Dieu malgré son refus du Sauveur) ; plus profondément la nouvelle ecclésiologie délétère à l’origine de ces déviances conciliaires, toutes ces nouveautés et bien d’autres encore ne seraient-elles plus des points non négociables pour la FSSPX ? Non négociables, car relevant de la foi même de l’Eglise ? Que la bienveillance nous fasse admettre une autre thèse, même si elle n’apparaît pas en ces lignes. Supposons que la question œcuménique ne soit ici donnée qu’à titre d’exemple.
En ces matières où la divergence engage la foi, la Déclaration demande d’accepter les « enseignements » de Vatican II pour les « comprendre » à la lumière de la Tradition. Textes à l’appui, nous ne pouvons que relever l’utopie.
Comment admettre que l'Esprit du Christ, ne refuse se sert des communautés hérétiques ou schismatiques comme de moyens de salut (Vatican II, Unitatis Redintegratio, n°3 § 3) si l’on adhère au dogme catholique maintes fois défini par le Magistère de l’Eglise : hors de l’Eglise point de salut ? Parce que ces deux propositions sont contradictoires, elles s’excluent l’une l’autre, et l’on ne peut prétendre soutenir les deux, sauf à enlever aux mots leur signification – ce qui rend alors impossible toute profession de foi.
Comment admettre l’enseignement du Magistère pontifical postérieur lorsqu’il affirme que tous les baptisés, catholiques ou non, sont tous vivifiés par le même et indivisible Esprit de Dieu (Jean-Paul II siège du Conseil Œcuménique des Eglises) sans remettre directement en cause la vérité la plus établie selon laquelle tout péché mortel – et qui plus est le péché mortel contre la foi qu’est le péché d’hérésie – fait perdre cette vie selon l’Esprit Saint (la grâce sanctifiante) ? Là encore, l’âme catholique est face à des propositions contradictoires en matière de foi, propositions contradictoires et donc inconciliables.
Comment admettre que les évêques orthodoxes exercent une véritable juridiction sur leurs fidèles – enseignement commun par les tenants du Magistère depuis Vatican II – sans remettre directement en cause la foi de l’Eglise selon laquelle toute juridiction découle du Souverain Pontife qui en a seul la plénitude ?
En ce seul domaine œcuménique, les exemples de ce genre pourraient être multipliés. La liste devrait s’allonger bien davantage s’il fallait relever tous les problèmes soulevés par les affirmations habituelles des tenants du Magistère depuis Vatican II. Comment par exemple admettre avec Benoît XVI (discours à la synagogue de Rome) que l’Ancienne Alliance demeure salvifique alors que saint Paul, dans ses épîtres aux Romains et aux Galates, affirme exactement l’inverse ?
Ces quelques illustrations manifestent la véritable gravité de la Déclaration doctrinale envoyée à Rome en avril dernier. Elle exclut la possibilité de toute contradiction entre ces différentes affirmations, pour s’enfermer dans la voie d’une impossible herméneutique de continuité : il ne peut y avoir de développement homogène entre deux contradictoires. S’enfermer en cette logique n’est pas dommageable qu’à la seule Fraternité Saint Pie X. Elle est surtout dommageable au bien de la foi, et donc à l’Eglise tout entière.
Suite de Analyse de la déclaration doctrinale (II)
« L’entière Tradition de la foi catholique doit être le critère et le guide de compréhension des enseignements du Concile Vatican II, lequel à son tour éclaire certains aspects de la vie et de la doctrine de l’Église, implicitement présents en elle, non encore formulés. Les affirmations du Concile Vatican II et du Magistère Pontifical postérieur relatifs à la relation entre l’Église catholique et les confessions chrétiennes non-catholiques doivent être comprises à la lumière de la Tradition entière. »
Nos deux précédentes analyses ont manifesté la ligne en laquelle se situe le seul extrait actuellement connu de la Déclaration doctrinale rédigée en avril dernier par la FSSPX. Toutes les affirmations conciliaires y étant considérées comme des enseignements d’Eglise, la présente Déclaration soutient l’éclairage réciproque de la Tradition et de Vatican II, autrement dit fait sienne l’herméneutique de la continuité si chère à Benoît XVI. Reste à évaluer le réalisme de ce positionnement. La troisième proposition du présent extrait y aidera, d’autant plus qu’il concerne un point en délicatesse entre Rome et Menzingen : l’œcuménisme : « Les affirmations du Concile Vatican II et du Magistère Pontifical postérieur relatifs à la relation entre l’Église catholique et les confessions chrétiennes non-catholiques doivent être comprises à la lumière de la Tradition entière. »
A la lecture de cette dernière phrase, une première question jaillit : pourquoi la question œcuménique est-elle la seule mentionnée ? L’affirmation conciliaire de la liberté religieuse, la transmission de la juridiction épiscopale, ou encore le statut du judaïsme actuel (bénéficiaire ou non de l’alliance salutaire de Dieu malgré son refus du Sauveur) ; plus profondément la nouvelle ecclésiologie délétère à l’origine de ces déviances conciliaires, toutes ces nouveautés et bien d’autres encore ne seraient-elles plus des points non négociables pour la FSSPX ? Non négociables, car relevant de la foi même de l’Eglise ? Que la bienveillance nous fasse admettre une autre thèse, même si elle n’apparaît pas en ces lignes. Supposons que la question œcuménique ne soit ici donnée qu’à titre d’exemple.
En ces matières où la divergence engage la foi, la Déclaration demande d’accepter les « enseignements » de Vatican II pour les « comprendre » à la lumière de la Tradition. Textes à l’appui, nous ne pouvons que relever l’utopie.
Comment admettre que l'Esprit du Christ, ne refuse se sert des communautés hérétiques ou schismatiques comme de moyens de salut (Vatican II, Unitatis Redintegratio, n°3 § 3) si l’on adhère au dogme catholique maintes fois défini par le Magistère de l’Eglise : hors de l’Eglise point de salut ? Parce que ces deux propositions sont contradictoires, elles s’excluent l’une l’autre, et l’on ne peut prétendre soutenir les deux, sauf à enlever aux mots leur signification – ce qui rend alors impossible toute profession de foi.
Comment admettre l’enseignement du Magistère pontifical postérieur lorsqu’il affirme que tous les baptisés, catholiques ou non, sont tous vivifiés par le même et indivisible Esprit de Dieu (Jean-Paul II siège du Conseil Œcuménique des Eglises) sans remettre directement en cause la vérité la plus établie selon laquelle tout péché mortel – et qui plus est le péché mortel contre la foi qu’est le péché d’hérésie – fait perdre cette vie selon l’Esprit Saint (la grâce sanctifiante) ? Là encore, l’âme catholique est face à des propositions contradictoires en matière de foi, propositions contradictoires et donc inconciliables.
Comment admettre que les évêques orthodoxes exercent une véritable juridiction sur leurs fidèles – enseignement commun par les tenants du Magistère depuis Vatican II – sans remettre directement en cause la foi de l’Eglise selon laquelle toute juridiction découle du Souverain Pontife qui en a seul la plénitude ?
En ce seul domaine œcuménique, les exemples de ce genre pourraient être multipliés. La liste devrait s’allonger bien davantage s’il fallait relever tous les problèmes soulevés par les affirmations habituelles des tenants du Magistère depuis Vatican II. Comment par exemple admettre avec Benoît XVI (discours à la synagogue de Rome) que l’Ancienne Alliance demeure salvifique alors que saint Paul, dans ses épîtres aux Romains et aux Galates, affirme exactement l’inverse ?
Ces quelques illustrations manifestent la véritable gravité de la Déclaration doctrinale envoyée à Rome en avril dernier. Elle exclut la possibilité de toute contradiction entre ces différentes affirmations, pour s’enfermer dans la voie d’une impossible herméneutique de continuité : il ne peut y avoir de développement homogène entre deux contradictoires. S’enfermer en cette logique n’est pas dommageable qu’à la seule Fraternité Saint Pie X. Elle est surtout dommageable au bien de la foi, et donc à l’Eglise tout entière.