Yves Chiron - Aletheia n°32 - 16 septembre 2002
Avertissement du Pape aux théologiens
Le jeudi 5 septembre, Jean-Paul II a reçu à Castel Gandolfo un groupe d'évêques brésiliens en visite ad limina. Il leur a recommandé plus de vigilance dans les admissions au séminaire. Il a aussi, longuement, évoqué la situation actuelle de la théologie en exprimant ses préoccupations et en faisant une mise en garde claire et vigoureuse. Le pape a précisé dans son discours que ses préoccupations et sa mise en garde ne concernaient pas seulement les théologiens brésiliens mais ceux d' “autres parties du monde”.
Certains journaux italiens, notamment Il Giornale dans son édition du 6 septembre, ont longuement rendu compte de cette exhortation. Comme aucun journal français, à ma connaissance, n’en a fait autant, je crois utile d’en reproduire des extraits, traduits de l’italien, en attendant - on l’espère - la publication intégrale dans la Documentation catholique.
Jean-Paul II a exprimé sa “profonde tristesse et ses préoccupations” pour le caractère inadéquat de l’enseignement de la théologie dans certains instituts de théologie et séminaires. Cette inadéquation “est due, a dit le pape, à une préparation insuffisante ou à des positions en désaccord avec l’enseignement de l’Eglise”.
Le pape s’inquiète de certaines tendances de la théologie catholique qui se laissent “conditionner par la mentalité et la sensibilité de l’homme moderne”.
“Dans les facultés ou instituts de théologie de diverses parties du monde, et aussi au Brésil, une vision mutilée de l’Eglise se répand, selon une idéologie qui perd de vue le point essentiel : que l’Eglise est une participation au mystère de Dieu incarné.”
“Les évêques, a déclaré aussi le pape, ont le devoir de veiller à ce que la théologie ne se réduise pas une vision purement humaine de l’Eglise et des hommes eux-mêmes.”
“Les efforts, certainement légitimes et nécessaires, d’unir (unire) le message chrétien à la mentalité et à la sensibilité de l’homme moderne, et d’exposer la vérité de la foi avec des instruments connexes à la philosophie moderne, aux sciences positives, ou en partant de l’homme contemporain et de la société, peuvent, s’ils ne sont pas adéquatement contrôlés, menacer la nature-même de la théologie et le contenu de la foi.”
Une interview de Mgr Fellay
Le dernier numéro de la revue Fideliter (B.P. 88, 91152 Etampes Cedex, 7,50 euros le numéro), n° 149, septembre-octobre 2002, contient le compte-rendu d’un long entretien avec Mgr Fellay, Supérieur général de la Fraternité sacerdotale Saint-Pie X.
Mgr Fellay passe en revue la situation de la FSSPX (“désormais presque 450 prêtres et plus de 60 frères”), le vieillissement relatif de ses effectifs (“la moyenne d’âge reste juste en dessous des 40 ans”), le développement des études doctrinales réalisées par des prêtres de la FSSPX.
Mgr Fellay évoque aussi longuement l’accord intervenu entre les prêtres de Campos et Rome. Il dit ne pas partager “l’analyse optimiste de l’abbé Aulagnier” (cf. Aletheia n° 29) et redoute, dans les dix ans à venir, de voir des “nuages noirs s’amonceler” sur Campos. Il estime : “On ne peut pas affirmer que la concession faite par Rome vis-à-vis de Campos représente un réel changement, disons une faveur, un regard de bienveillance de Rome sur la Tradition.”
Le Supérieur général de la FSSPX fait le point sur l’état de ses relations avec le Saint-Siège. Il évoque enfin la biographie de Mgr Lefebvre, rédigée par Mgr Tissier de Mallerais, publiée par les éditions Clovis et qui sera mise en vente à partir du 6 octobre prochain.
A son interlocuteur - l’abbé Grégoire Celier, directeur de la revue et des éditions Clovis - qui l’interroge sur la liberté prise par l’auteur de cette biographie, Mgr Fellay assure : “ la Fraternité n’entend pas imposer à ses membres un carcan sur des points historiques librement discutables, comme si on obligeait à voir toutes choses avec des œillères.”
Le cas Rosmini
En juillet 2001, la Congrégation pour la Doctrine de la Foi a publié une “Note sur la validité des décrets doctrinaux concernant la pensée et les oeuvres du P. Antonio Rosmini Serbati”. Pie IX, en 1849, avait inscrit à l’Index deux des ouvrages de Rosmini (1797-1855). Léon XIII, en 1887, avait condamné 40 propositions, tirées principalement des oeuvres posthumes de Rosmini. La Note de 2001 affirme, après “un examen approfondi”, que “les sujets de préoccupation et les difficultés doctrinales qui ont déterminé la promulgation des Quarante Propositions n’ont plus lieu d’être”.
Cette Note de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi a scandalisé certains qui voient là un nouveau reniement de la “Rome moderniste”.
Sans juger, ici, du cas Rosmini, on peut renvoyer, pour une information plus complète sur le sujet, à une étude publiée par un religieux membre de l’Institut de Charité, congrégation fondée par Rosmini. Précisons que ce prêtre est très proche des milieux traditionalistes. Le P. Bellwood veut défendre le fondateur de l’Institut auquel il appartient.
Son étude, La “Question rosminienne”, qui compte 40 pages, sera envoyée gracieusement aux lecteurs d’Aletheia, qui en feront la demande en joignant une enveloppe timbrée à 0,69 euros. S’adresser directement à l’auteur :
Rév. Père Robert Bellwood
Notre-Dame du Rafflay
44690 Château-Thebaud