Yves Chiron - Aletheia n°33 - 9 octobre 2002
L’abbé Aulagnier
Présent, dans son édition du 19 septembre dernier, a donné, discrètement, l’information suivante:
“Journaliste, créateur et directeur de plusieurs publications estimées, écrivain ecclésiastique d’une grande notoriété, notamment pour son livre paru en décembre 2000 : La Tradition sans peur (en collaboration avec l’abbé Guillaume de Tanoüarn, préfacé par l’abbé Philippe Laguérie), l’abbé Paul Aulagnier vient, pour une raison jusqu’ici inconnue, d’être frappé d’une nouvelle sanction par ses supérieurs de la FSSPX. Il est envoyé à Québec comme aumônier d’une maison de retraite pour personnes âgées ; et surtout il a l’interdiction d’écrire. Cette interdiction-là est sans doute pour un écrivain, même ecclésiastique, la plus grave sanction possible.”
Je ne commenterai pas cet entrefilet. Je renverrai au dernier livre publié par M. l’abbé Aulagnier, La Tradition sans peur. Il est toujours disponible aux Éditions Servir, 15 rue d’Estrées, 75007 Paris, 350 pages, 20 euros franco de port. L’abbé Aulagnier y exprimait des vues audacieuses et libres, tant sur la crise actuelle de l’Eglise que sur l’action de la FSSPX ( cf. Alètheia, n° 7, 5 janvier 2001).
Je ne rappellerai pas le rôle éminent qu’a eu l’abbé Aulagnier dans le combat de la Tradition : un des premiers membres de la Fraternité créée par Mgr Lefebvre, il a été durant dix-huit ans supérieur du district de France, période pendant laquelle il a fondé la revue Fideliter et il a présidé à la création de nombreux prieurés et de plusieurs écoles à travers la France. Puis il fut deuxième assistant du supérieur général de la FSSPX.
Je préfère renvoyer à l’image des premiers temps, héroïques, de la FSSPX ; image que rapporte le dernier biographe de Mgr Lefebvre : “En cette année 1972-1973, la Fraternité n’a d’apostolat qu’en Grande-Bretagne et en Californie, si l’on met à part l’humble aumônerie que l’abbé Aulagnier assure en France à l’école de filles de Mademoiselle Luce Quenette à Malvières, un village perdu que l’aumônier, un jour d’hiver, n’atteindra qu’en chaussant des skis” (p. 475).
Cette biographie de Mgr Lefebvre, écrite par Mgr Bernard Tissier de Mallerais, publiée par les éditions Clovis (B.P. 88, 91152 Etampes cedex, 719 pages, 24 euros), est la plus volumineuse qui ait été consacrée au fondateur de la FSSPX.
L’abbé Sulmont, Jean Madiran et la Croix
L’abbé Philippe Sulmont, le bien connu curé de Domqueur, attaché indéfectiblement au rite traditionnel et que les évêques successifs de son diocèse ont laissé en fonction, a adressé, le 3 septembre 2002, une lettre à Noël Copin. Celui-ci, ancien directeur de la Croix, avait publié, la veille, dans ce journal, un éloge du concile Vatican II, le qualifiant de “prophétique”.
L’abbé Sulmont lui écrivit alors : “Ce concile est en contradiction avec l’Evangile et toute la Tradition. (...) En fait, le bilan du concile est catastrophique”. Il citait aussi un extrait du dernier livre de Jean Madiran, La Révolution copernicienne dans l’Eglise (cf. Alètheia, n° 31, 3 septembre 2002).
Les verts propos de l’abbé Sulmont — et sans doute aussi l’annonce qu’ils seraient répandus dans son bulletin paroissial “répandu à 4000 exemplaires” — ont fait réagir Noël Copin.
Dans un article paru dans la Croix le 30 septembre dernier, Noël Copin fait allusion à la lettre de l’abbé Sulmont (sans le nommer, ni citer le bulletin où la lettre a paru) et il cite le nom de Jean Madiran (sans faire référence à son livre). On passera sur le procédé.
On s’ébahit, en revanche, de voir le nom de Jean Madiran et — presque —les références d’un de ses livres cités dans la Croix. C’est, sans doute, bien la première fois, depuis un quart de siècle au moins, qu’un livre de Madiran est — presque — recensé dans la Croix.
Les lecteurs curieux peuvent obtenir auprès d’Alètheia copie de la lettre ouverte de l’abbé Sulmont et de l’article-réponse de Noël Copin, en envoyant un timbre.
La Lettre à nos frères prêtres
L’abbé de La Rocque a repris la direction de la Lettre à nos frères prêtres, la “Lettre trimestrielle de liaison de la Fraternité Saint-Pie X avec le clergé de France”. L’adresse de cette publication est désormais : 2245 avenue des Platanes, 31380 Gragnague. On peut s’y abonner pour 7,5 euros (4 numéros par an).
Le dernier numéro paru contient de nombreux témoignages circonstanciés sur la façon dont les évêques de Nîmes et de Poitiers “entendent recadrer leur clergé”. Ce sont des faits à connaître. Mais on aimerait aussi que les initiatives en sens inverse, d’autres évêques de France, soient signalées aussi.
Le même numéro contient le texte d’une supplique qui a été adressée à Jean-Paul II, en 2001, pour demander que la célébration de la messe selon le rite traditionnel soit autorisée “sans clause restrictive”. Cette supplique a été signée par 250 prêtres incardinés dans les diocèses de France. C’est peu et c’est beaucoup à la fois. Mais, “organisée dans la discrétion, cette démarche s’est propagée au moyen du bouche à oreille et n’a touchée sur quatre cents prêtres”.
250 sur 400, c’est donc déjà beaucoup. Si l’on avait ajouté les prêtres religieux et les prêtres de la FSSPX, on aurait facilement doublé le nombre des signataires.
L’abbé de La Rocque fait remarquer que cinquante-quatre des signataires “ont été ordonnés dans les dix dernières années, dont vingt-sept depuis les JMJ parisiennes...”. On a envie de prolonger l’analyse : comment ces prêtres français, indépendants de la FSSPX, formés et ordonnés dans le nouveau rite, sont-ils restés attachés à la messe traditionnelle ? Le manichéisme n’est donc pas de mise dans l’analyse de la situation de l’Eglise.