Sophie de Ravinel - Le Figaro - 8 octobre 2005
Les lefebvristes encore loin de Rome - Mgr Bernard Fellay, leur chef de file, a rencontré Benoît XVI, fin août, mais ne veut pas d'une «solution superficielle».
DEPUIS L'ÉLECTION de Benoît XVI, Mgr Bernard Fellay, chef de file des traditionalistes séparés de Rome, sent «comme un frisson qui traverse l'Eglise», une envie de résoudre la crise «dont beaucoup sont désormais conscients». Un mois après son audience avec le nouveau pape, il affirme néanmoins que «le risque d'arriver à une solution rapide trop superficielle est assez grand». L'éventuelle réconciliation entre Rome et les lefebvristes ne se fera pas autour des questions liturgiques, prévient-il alors que le synode en cours à Rome pourrait justement donner une plus grande liberté aux fidèles attachés à la messe en latin.
Dans quelques semaines, le prélat suisse présidera les célébrations du centenaire de la naissance de Marcel Lefebvre. Celui-ci l'avait consacré évêque en 1988. Le sacre illicite avait marqué la rupture avec Rome, puis l'isolement progressif de la fraternité Saint-Pie X, qui compte tout de même aujourd'hui quatre cent cinquante prêtres dans le monde, dont cent quarante en France. Une épine dans le pied de l'Eglise catholique.
Basée en Suisse, la fraternité affirme être seule à détenir «la vérité historique» en matière de foi catholique ; elle justifie sa désobéissance aux autorités par l'impératif de «sauver les âmes» ; elle refuse absolument la sanction du schisme et prétend être en «pleine communion» avec le Siège de Pierre.
«Tel que je connais Benoît XVI, explique Fellay lors d'un passage à Paris, je ne l'imagine vraiment pas nous considérer comme schismatiques.» Le prélat suisse en veut pour preuve l'audience de la fin du mois d'août dans la résidence d'été du Pape, «qui s'est déroulée dans un climat de bienveillance».
Sur le conflit qui l'oppose à Rome, il considère le concile Vatican II à la fois comme un point d'achoppement et «de solution». «Nous ne pouvons pas imaginer que Rome se dédise, concède-t-il, mais le Pape doit énoncer des principes, poser des actes qui manifestent clairement un retour à la tradition.» «Le concile doit être pris à bras-le-corps, affirme-t-il, les textes sont datés.» En clair, il considère qu'ils ont correspondu à une époque aujourd'hui révolue à ses yeux.
Si ces gestes étaient posés, Fellay souhaiterait ensuite que fidèles et prêtres attachés à la liturgie tridentine soient réunis dans une même structure qui dépende directement de Rome, exemptée donc de relations avec les évêques. Fellay ne souhaite pas que ses prêtres soient obligés de célébrer la nouvelle messe qui est «un poison».
Le temps de la réconciliation semble donc encore loin. Certes, il est séduit par les propos de l'ancien cardinal Ratzinger sur la tradition liturgique, mais il est aussi conscient du «désaccord de fond» avec lui. En outre, la rencontre entre Benoît XVI et le théologien dissident Hans Küng a été pour lui «un énorme point d'interrogation». «L'Eglise est à genoux, conclut Fellay. Il lui faudra bien plus d'un pontificat pour se relever.»
Les lefebvristes encore loin de Rome - Mgr Bernard Fellay, leur chef de file, a rencontré Benoît XVI, fin août, mais ne veut pas d'une «solution superficielle».
DEPUIS L'ÉLECTION de Benoît XVI, Mgr Bernard Fellay, chef de file des traditionalistes séparés de Rome, sent «comme un frisson qui traverse l'Eglise», une envie de résoudre la crise «dont beaucoup sont désormais conscients». Un mois après son audience avec le nouveau pape, il affirme néanmoins que «le risque d'arriver à une solution rapide trop superficielle est assez grand». L'éventuelle réconciliation entre Rome et les lefebvristes ne se fera pas autour des questions liturgiques, prévient-il alors que le synode en cours à Rome pourrait justement donner une plus grande liberté aux fidèles attachés à la messe en latin.
Dans quelques semaines, le prélat suisse présidera les célébrations du centenaire de la naissance de Marcel Lefebvre. Celui-ci l'avait consacré évêque en 1988. Le sacre illicite avait marqué la rupture avec Rome, puis l'isolement progressif de la fraternité Saint-Pie X, qui compte tout de même aujourd'hui quatre cent cinquante prêtres dans le monde, dont cent quarante en France. Une épine dans le pied de l'Eglise catholique.
Basée en Suisse, la fraternité affirme être seule à détenir «la vérité historique» en matière de foi catholique ; elle justifie sa désobéissance aux autorités par l'impératif de «sauver les âmes» ; elle refuse absolument la sanction du schisme et prétend être en «pleine communion» avec le Siège de Pierre.
«Tel que je connais Benoît XVI, explique Fellay lors d'un passage à Paris, je ne l'imagine vraiment pas nous considérer comme schismatiques.» Le prélat suisse en veut pour preuve l'audience de la fin du mois d'août dans la résidence d'été du Pape, «qui s'est déroulée dans un climat de bienveillance».
Sur le conflit qui l'oppose à Rome, il considère le concile Vatican II à la fois comme un point d'achoppement et «de solution». «Nous ne pouvons pas imaginer que Rome se dédise, concède-t-il, mais le Pape doit énoncer des principes, poser des actes qui manifestent clairement un retour à la tradition.» «Le concile doit être pris à bras-le-corps, affirme-t-il, les textes sont datés.» En clair, il considère qu'ils ont correspondu à une époque aujourd'hui révolue à ses yeux.
Si ces gestes étaient posés, Fellay souhaiterait ensuite que fidèles et prêtres attachés à la liturgie tridentine soient réunis dans une même structure qui dépende directement de Rome, exemptée donc de relations avec les évêques. Fellay ne souhaite pas que ses prêtres soient obligés de célébrer la nouvelle messe qui est «un poison».
Le temps de la réconciliation semble donc encore loin. Certes, il est séduit par les propos de l'ancien cardinal Ratzinger sur la tradition liturgique, mais il est aussi conscient du «désaccord de fond» avec lui. En outre, la rencontre entre Benoît XVI et le théologien dissident Hans Küng a été pour lui «un énorme point d'interrogation». «L'Eglise est à genoux, conclut Fellay. Il lui faudra bien plus d'un pontificat pour se relever.»