SOURCE - Caroline Girardon - 20minutes - 5 septembre 2016
La mairie ambitionne de faire de ce bâtiment désacralisé un centre d'affaires...
La mairie ambitionne de faire de ce bâtiment désacralisé un centre d'affaires...
Depuis quelques jours, ils se livrent bataille à coup de pétition sur Internet. Avec en sujet de fond : la reconversion de l’église Saint-Bernard, située dans le 1er arrondissement de Lyon. Un édifice désacralisé depuis 1999 et fermé depuis 2004.
La mairie a annoncé au mois de juin que le bâtiment inachevé, qui n’a quasiment jamais été utilisé, serait transformé en centre d’affaires à l’horizon 2019. Une décision qui a fait bondir l’association Les Amis du Bon-Pasteur et de Saint-Bernard.
Depuis 2003, cette dernière œuvre pour que l’édifice ne soit pas détruit, comme il en était question à une époque.
Catholiques traditionalistes, ils ont multiplié les courriers à destination de la mairie, demandant que l’église soit à nouveau dédiée au culte et que la fraternité Saint-Pie X (créée par Monseigneur Lefèbvre, fervent opposant au concile de Vatican II), dont ils sont proches, puisse en bénéficier.
« Nous n’avons pas de lieu de culte dédié. Nous sommes obligés de faire des messes dans des appartements, des salles de billard ou des usines de fabrique de vêtements », s’insurge Nicole Hugon, présidente des Amis de Saint-Bernard, précisant que l’association avait demandé à la mairie que les lieux lui soient cédés pour un euro symbolique.
« Mépriser la mémoire des plus pauvres »
« De plus, une église est un lieu sacré », poursuit l’ancienne candidate FN aux législatives et aux municipales, à l’origine de la pétition. « Cet édifice a été construit par les Canuts, des gens pauvres. Ils se sont saignés pour cela. A travers ce projet, la mairie méprise la mémoire des plus pauvres pour installer les commerces des plus riches. »
Face à ces critiques, une pétition défendant le projet de la mairie a rapidement vu le jour. « Nous avons agi en toute transparence, n’interférant pas dans les projets du diocèse », rappelle la mairie de Lyon, propriétaire des lieux depuis sa désacralisation.
« Il n’a jamais été question de dénaturer les lieux mais au contraire de respecter et de revaloriser son patrimoine », argumente-t-elle précisant qu'« aucun riverain ne s’était opposé à ce projet ».
Le diocèse approuve le projet
Quant au diocèse de Lyon ? Le message est clair. « Il est évident que si un casino avait été construit à la place, cela nous aurait dérangés. Mais ce n’est pas le cas. Il est important que les églises désacralisées deviennent des lieux utiles et publics », répond Amaury Dewavrin, économe diocésain.
« Par courtoisie, la mairie nous a présenté son projet mais de toute façon, nous ne sommes plus propriétaires des lieux. Nous n’avons donc pas de légitimité à nous opposer à ce projet. Et nous n’y sommes pas hostiles », conclut-il.