SOURCE - Catherine Lagrange - Le Point - 7 septembre 2016
L'église Saint-Bernard, désacralisée depuis des années, va être transformée en bureaux et en restaurants. Mais la Fraternité Saint-Pie-X veut la récupérer.
L'église Saint-Bernard, désacralisée depuis des années, va être transformée en bureaux et en restaurants. Mais la Fraternité Saint-Pie-X veut la récupérer.
Aux quatre coins du monde, on reconvertit des églises en musée, en salle de spectacle, en commerce, en bibliothèque et même en boîte de nuit. À Lyon, la reconversion de l'église Saint-Bernard en centre d'affaires avec bureaux, espaces de coworking, terrasses de bistro et restaurants n'est pas du goût de tous.
Les catholiques traditionalistes, proches du courant lefebvriste, qui lorgnaient l'édifice désacralisé depuis près de vingt ans n'acceptent pas de le voir dédié à des activités qui n'ont rien de religieux. « Cela fait treize ans que notre association Les Amis du Bon Pasteur et de Saint-Bernard travaille sur ce lieu pour tenter de lui redonner vie. Nous avons fait plus de vingt propositions à la mairie de Lyon pour que l'église Saint-Bernard soit rendue au culte et confiée à la Fraternité Saint-Pie-X », s'insurge la présidente de l'association, Nicole Hugon. « Nous avons même proposé de la racheter pour 1 euro symbolique, comme cela a été le cas pour la grande mosquée de Bron. » Elle regrette la reconversion de l'église en activités marchandes « alors que les traditionalistes se retrouvent depuis plusieurs décennies dans des appartements, une salle de billard, avant de récupérer récemment une chapelle du côté de Perrache ».
L’archevêché préfère mettre des restaurants
Celle qui milite également au FN et porte les couleurs frontistes aux prochaines législatives vient de lancer une pétition en ligne demandant le retour d'activités sacrées dans cette église des pentes de la Croix-Rousse. « Nous nous opposons à ce projet, une église est un lieu sacré, aidez-nous à rendre l'église Saint-Bernard de Lyon au culte », conclut la pétition, qui a recueilli plus de 300 signatures en quelques jours. Elle a même mobilisé Marion Maréchal-Le Pen, désormais associée au mouvement.
Dans le collimateur de la branche dissidente des catholiques, la mairie de Lyon, mais également l'archevêché, désigné comme complice de l'opération de reconversion. « L'archevêché préfère mettre des restaurants dans cette église plutôt que des catholiques », dénonce encore Nicole Hugon.
Faire vivre le lieu
Le diocèse de Lyon ne voit effectivement pas d'un mauvais œil le projet lancé par la mairie, considérant que l'avenir de cette église, désacralisée depuis longtemps, ne lui appartient plus. « Ce projet a le mérite de faire vivre le lieu et de le mettre au service de la population », estime Amaury Dewavrin, économe du diocèse de Lyon, « on n'est pas opposés au projet à partir du moment où l'on n'en fait pas n'importe quoi ! Il ne s'agit pas d'y mettre un casino ou une boîte de nuit. » L'économe diocésain, chargé de la gestion des biens de l'Église, relève également qu'à côté de cette église désacralisée, d'autres lieux de culte catholiques ont ouvert, comme l'église Saint-Thomas à Vaulx-en-Velin ou encore une chapelle à Villeurbanne. Et s'étonne de l'intérêt porté par les traditionalistes à l'église désacralisée et désaffectée de la Croix-Rousse. « Il nous arrive de prêter des églises à d'autres cultes, orthodoxes, byzantins, maronites…, qui en font la demande, mais, en l'occurrence, les adeptes de saint Pie X ne l'ont jamais fait. Nous découvrons donc cette pétition avec surprise. » En guise de riposte, une autre pétition vient d'être lancée soutenant, elle, le projet municipal de reconversion en centre d'affaires.