5 décembre 2008

[Christian Terras - Golias] Curie Romaine : nouvelles nominations en vue ou comment l’Internationale « tradi » fait son nid

SOURCE - Christian Terras - Golias - 4 décembre 2008

D’importantes nominations sont en vue à la Curie romaine. En effet le cardinal Francis Arinze, 76 ans, actuel préfet du culte divin et des sacrements est sur le point de partir à la retraite.

Le nom de son successeur ne paraît plus faire le moindre doute ; il s’agirait du cardinal Antonio Canizarès Llovera, 63 ans, archevêque de Tolède en Espagne et présenté souvent comme l’anti-Zapatero pour ses positions très intransigeantes et polémiques. Ce n’est pas un liturgiste de formation mais un prélat conservateur et autoritaire, d’une totale fidélité à son ami personnel, Joseph Ratzinger. Le secrétaire du même dicastère, Mgr Malcolm Ranjith Patabendige, 61 ans, un srilankais connu pour ses positions voisines de l’intégrisme quitterait quant à lui Rome pour devenir archevêque de Colombo. Le Pape le créerait également cardinal. Pour lui succéder en qualité de secrétaire du même dicastère, trois noms circulent : Mgr Nicola Bux, 62 ans, théologien et éditorialiste de l’Osservatore Romano, ami personnel de Benoît XVI et qui est la cheville ouvrière du Motu proprio libéralisant l’ancienne liturgie ; le Père dominicain Joseph Augustine Di Noia, 65 ans, actuel sous-secrétaire de la congrégation pour la doctrine de la foi, italo-américain proche des milieux traditionalistes et enfin l’abbé bénédictin autrichien de Heiligenkreuz, Dom Gregor Henckel-Donnermarck, 65 ans, moine cistercien conservateur, pressenti aussi pour devenir archevêque de Vienne en cas de transfert du cardinal Schönborn à Rome.

Après ces nominations de restauration au dicastère en charge du culte divin, le Pape souhaiterait remplacer le maître de chœur de la chapelle sixtine, Mgr Giuseppe Liberto, 66 ans, un sicilien proche ami de l’ancien maître des cérémonies en disgrâce, Piero Marini. En compensation, il coifferait la mitre et recevrait lui aussi un placard doré à la Curie.

L’actuel Nonce en France Mgr Fortunato Baldelli reviendrait à Rome pour y recevoir la barrette de cardinal (attendue depuis quelques temps). On parle de lui pour la charge de Pénitencier apostolique mais un autre nom est cité pour ce poste (comme pour la charge de président du conseil pour l’Unité des chrétiens) le cardinal de Barcelone, Lluis MArtinez Sistach, 71 ans. La manœuvre est habile : serait ainsi éloigné d’Espagne ce modéré dont on sait qu’il n’apprécie que modérement la ligne intransigeante tracée par le cardinal de Madrid Antonio Maria Rouco Varela. La Curie envisagerait même de nommer dans la grande cité de Catalogne, Mgr Jaume Pujol i Bacells, 64 ans, archevêque de Tarragone et surtout membre très influent et officiellement déclaré de l’Opus Dei. Le départ du nonce Baldelli de Paris serait plutôt une mauvaise nouvelle car il temporisait les entreprises de restauration dans l’Hexagone. Parmi les favoris pour sa succession à cette très importante charge on parle beaucoup de l’archevêque italien Carlo Maria Vigano, 67 ans, un dur !

Mgr Diarmuid Martin, 64 ans, un modéré, quitterait le siège de Dublin pour la charge de président de « Justice et Paix », un dicastère qu’il connaît bien puisqu’il y a travaillé de nombreuses années. Ce choix en cacherait une autre : celle d’un intransigeant pour remettre les pendules à l’heure après l’ère très libérale de cet archevêque. Le nom évoqué est celui de Mgr Brian Farrell, 64 ans, évêque en poste à la curie et surtout... Légionnaires du Christ. Décidément, le Vatican ne sort plus du milieu intransigeant et fondamentaliste.

Mais la rumeur qui court de plus en plus est celle du remplacement anticipé du cardinal américain William Levada à la tête de la congrégation pour la doctrine de la foi, en raison de ses discussions avec le pape (voir Golias hebdo à ce sujet) mais aussi de graves problèmes de santé (Mgr Levada se trouve actuellement aux Etats-Unis, en clinique, pour une intervention chirurgicale importante). Il serait remplacé à ce poste capital par le cardinal autrichien Christoph Schönborn, archevêque de Vienne. D’autres hypothèses demeurent pourtant possibles : ainsi, celle de la désignation à ce poste du cardinal Zenon Grocholewski, 69 ans, un Polonais actuellement en charge de l’Education ou celle de l’archevêque de La Plata (en Argentine) Mgr Hector Aguer, 65 ans. Ce dernier fait d’ailleurs beaucoup parler de lui : il y a quelques jours, il n’a pas hésité à dénoncer ouvertement, en le nommant, le cardinal Martini pour ses positions qu’il juge quant à lui dangereuse. De quoi sans doute se faire bien voir de Benoît XVI.

Après la nomination d’un prêtre de la communauté de l’Emmanuel, Yves le Saux, comme évêque du Mans, deux prêtres de cet institut seraient également nommés dans les prochains mois : Francis Kohn, 59 ans (longtemps en charge à Rome de la pastorale des jeunes au sein du Conseil pontifical pour les laïcs) et Pascal Ide, 51 ans, lui aussi en poste à la Curie (congrégation pour l’éducation). Un prêtre de Notre Dame de Vie, au service de la congrégation du clergé pourrait lui aussi devenir évêque en France : il s’agit de Louis Meinvielle, 54 ans. Pour le moment, en revanche, l’Opus Dei devra patienter car l’idée de nommer un évêque diocésain issu de son sein en France semble différée. Le prémontré Bernard Ardura, 60 ans, secrétaire du conseil pour la culture, ami des cardinaux Ricard et Tauran, d’orientation conservatrice affirmée serait également en place de coiffer la mitre soit à la tête d’un diocèse français d’une certaine envergure, soit comme secrétaire d’un autre dicastère romain.

On l’aura remarqué, toutes ces nominations éventuelles convergent dans le sens de l’intransigeance. Faut-il s’en étonner ?