SOURCE - Romano Libero - Golias - 14 avril 2011
Une nouvelle affaire Clochemerle vient d’éclater. Non autour d’une pissotière mais d’une photographie de Andres Serrano, mettant en scène un crucifix trempé dans son urine et présentée dans une exposition en Avignon. C’est d’un goût pour le moins douteux, reconnaissons-le !
L’archevêché d’Avignon a demandé jeudi le retrait de cette photo dans le cadre d’une exposition célébrant les dix ans de la collection d’art contemporain Yvon Lambert. Comme à son accoutumée, Mgr Jean-Pierre Cattenoz, archevêque d’Avignon, y va d’un couplet indigné : « devant le côté odieux de ce cliché qui bafoue l’image du Christ sur la croix, coeur de notre foi chrétienne, je me dois de réagir. Toute atteinte à notre foi nous blesse, devant le côté odieux de ce cliché tout croyant est atteint au plus profond de sa foi ». Ne dramatise-t-il pas ? N’assure-t-il pas ainsi une publicité bien involontaire à une oeuvre certes discutable et déplaisante ? Et l’archevêque de partir à nouveau en croisade : « Devant la gravité d’un tel affront, j’ai essayé de joindre en urgence le responsable de l’exposition pour lui demander de retirer le cliché mis en cause ainsi que les clichés affichés dans la ville, je n’ai encore aucune réponse de sa part ». Et notre Cattenoz de ne pas s’en tenir là : « Je me dois d’alerter publiquement les autorités de mon pays qui se targuent avec beaucoup de gesticulations de défendre une laïcité positive ».
Quant au directeur de la collection Lambert, Eric Mézil, il a prétendu à l’AFP ne pas être informé de la réaction de l’archevêché, et démentit tout caractère « blasphématoire » de l’oeuvre offerte par l’artiste qu’il présente comme « très catholique ». C’est à voir ! Eric Mézil a par ailleurs fait état de plusieurs centaines d’appels téléphoniques et de courriels « injurieux » reçus depuis cinq jours.
Cette polémique a été lancée, en fait, par l’Institut Civitas, qui se présente sur son site internet comme « un mouvement politique » qui regroupe « des laïcs catholiques engagés dans l ?instauration de la Royauté sociale du Christ sur les nations et les peuples ». Tout un programme en effet. Cet Institut semble vouloir, à l’instar d’un Charles X jadis, restaurer une législation interdisant le blasphème. M. Mézil tente d’apaiser les esprits : « C’est une crucifixion comme il en existe des milliers dans l’histoire de l’art. Il faut reprendre le contexte d’une oeuvre qui a été faite en 1987 au moment du sida aux Etats-Unis et qui reprenait une thématique un peu médiévale de ce que l’on appelait les humeurs du corps, le sang, la sueur, l’urine, les larmes ». Ce qui n’est qu’à moitié vrai cependant.
Comme on peut s’en douter, la même oeuvre avait déjà fait l’objet d’une polémique aux Etats-Unis dans les milieux « extrémistes » au moment de sa création.
Mais cette polémique toute récente en rappelle une autre, que le journaliste de « Présent » Rémi Fontaine ne néglige pas d’évoquer. Il s’agit d’un livre au demeurant fort intéressant publié en 2002 chez Albin Michel sous le titre « l’Eglise et l’art d’avant-garde. De la provocation au dialogue. La chair et Dieu ». Avec une collaboration certes discrète et réservée de deux évêques français d’alors, Mgr Albert Rouet, en ce temps encore archevêque de Poitiers et Mgr Gilbert Louis, évêque de Châlons-en-Champagne, ce qu’il est toujours. La photographie de Serrano y figure déjà en très bonne place.
La polémique se déplace donc. Il ne s’agit plus tellement de s’en prendre à une oeuvre que de fustiger la complaisance de certains évêques ! Fait notable : à cette époque, un prélat français s’en était férocement pris à NN SS Rouet et Louis. Précisément...le même Mgr Jean-Pierre Cattenoz, archevêque d’Avignon.
Il y aurait des choses diverses à dire au sujet de cette polémique récente d’Avignon. D’une part, on peut en effet contester le bon goût et même la décence de la photographie dénoncée. En revanche, il semble maladroit et d’un autre âge de mener ainsi croisade, comme le fait l’archevêque Cattenoz, qu’il n’est plus besoin de présenter. L’intransigeance n’est jamais payante et elle ne témoigne certes pas de cette « tremblante espérance » (Joseph Moingt) qui semble être la ligne de conduite d’un chrétien conscient des défis et du climat de notre ultra-modernité. L’arrogance ecclésiastique n’est pas un bon témoignage et semble au contraire hautement contreproductive à l’arrivée.
Nous nous permettons donc de reprendre la conclusion de Mgr Rouet que Rémi Fontaine cite également mais pour la pourfendre : « à prendre du retard pour ce rendez-vous. L’Eglise risque fort d’arriver après la fermeture des portes, obligée de prendre le prochain train ». A condition qu’il y en ait encore un.
Tout récemment, l’Alliance générale pour le respect de l’identité française et chrétienne (AGRIF), d’ultra-droite et de sensibilité catholique intégriste, annonce avoir fait constater par huissier la présence sur le site internet de la Collection Lambert (Avignon) de la photographie concernée. Suite à cela, l’un des avocats de l’Agrif, Me Hervé de Lépinau (candidat de la Ligue du Sud aux cantonales de Carpentras), aurait été chargé de saisir le juge des référés pour obtenir le retrait de cette image du site de la Collection Lambert.
L’archevêché d’Avignon a demandé jeudi le retrait de cette photo dans le cadre d’une exposition célébrant les dix ans de la collection d’art contemporain Yvon Lambert. Comme à son accoutumée, Mgr Jean-Pierre Cattenoz, archevêque d’Avignon, y va d’un couplet indigné : « devant le côté odieux de ce cliché qui bafoue l’image du Christ sur la croix, coeur de notre foi chrétienne, je me dois de réagir. Toute atteinte à notre foi nous blesse, devant le côté odieux de ce cliché tout croyant est atteint au plus profond de sa foi ». Ne dramatise-t-il pas ? N’assure-t-il pas ainsi une publicité bien involontaire à une oeuvre certes discutable et déplaisante ? Et l’archevêque de partir à nouveau en croisade : « Devant la gravité d’un tel affront, j’ai essayé de joindre en urgence le responsable de l’exposition pour lui demander de retirer le cliché mis en cause ainsi que les clichés affichés dans la ville, je n’ai encore aucune réponse de sa part ». Et notre Cattenoz de ne pas s’en tenir là : « Je me dois d’alerter publiquement les autorités de mon pays qui se targuent avec beaucoup de gesticulations de défendre une laïcité positive ».
Quant au directeur de la collection Lambert, Eric Mézil, il a prétendu à l’AFP ne pas être informé de la réaction de l’archevêché, et démentit tout caractère « blasphématoire » de l’oeuvre offerte par l’artiste qu’il présente comme « très catholique ». C’est à voir ! Eric Mézil a par ailleurs fait état de plusieurs centaines d’appels téléphoniques et de courriels « injurieux » reçus depuis cinq jours.
Cette polémique a été lancée, en fait, par l’Institut Civitas, qui se présente sur son site internet comme « un mouvement politique » qui regroupe « des laïcs catholiques engagés dans l ?instauration de la Royauté sociale du Christ sur les nations et les peuples ». Tout un programme en effet. Cet Institut semble vouloir, à l’instar d’un Charles X jadis, restaurer une législation interdisant le blasphème. M. Mézil tente d’apaiser les esprits : « C’est une crucifixion comme il en existe des milliers dans l’histoire de l’art. Il faut reprendre le contexte d’une oeuvre qui a été faite en 1987 au moment du sida aux Etats-Unis et qui reprenait une thématique un peu médiévale de ce que l’on appelait les humeurs du corps, le sang, la sueur, l’urine, les larmes ». Ce qui n’est qu’à moitié vrai cependant.
Comme on peut s’en douter, la même oeuvre avait déjà fait l’objet d’une polémique aux Etats-Unis dans les milieux « extrémistes » au moment de sa création.
Mais cette polémique toute récente en rappelle une autre, que le journaliste de « Présent » Rémi Fontaine ne néglige pas d’évoquer. Il s’agit d’un livre au demeurant fort intéressant publié en 2002 chez Albin Michel sous le titre « l’Eglise et l’art d’avant-garde. De la provocation au dialogue. La chair et Dieu ». Avec une collaboration certes discrète et réservée de deux évêques français d’alors, Mgr Albert Rouet, en ce temps encore archevêque de Poitiers et Mgr Gilbert Louis, évêque de Châlons-en-Champagne, ce qu’il est toujours. La photographie de Serrano y figure déjà en très bonne place.
La polémique se déplace donc. Il ne s’agit plus tellement de s’en prendre à une oeuvre que de fustiger la complaisance de certains évêques ! Fait notable : à cette époque, un prélat français s’en était férocement pris à NN SS Rouet et Louis. Précisément...le même Mgr Jean-Pierre Cattenoz, archevêque d’Avignon.
Il y aurait des choses diverses à dire au sujet de cette polémique récente d’Avignon. D’une part, on peut en effet contester le bon goût et même la décence de la photographie dénoncée. En revanche, il semble maladroit et d’un autre âge de mener ainsi croisade, comme le fait l’archevêque Cattenoz, qu’il n’est plus besoin de présenter. L’intransigeance n’est jamais payante et elle ne témoigne certes pas de cette « tremblante espérance » (Joseph Moingt) qui semble être la ligne de conduite d’un chrétien conscient des défis et du climat de notre ultra-modernité. L’arrogance ecclésiastique n’est pas un bon témoignage et semble au contraire hautement contreproductive à l’arrivée.
Nous nous permettons donc de reprendre la conclusion de Mgr Rouet que Rémi Fontaine cite également mais pour la pourfendre : « à prendre du retard pour ce rendez-vous. L’Eglise risque fort d’arriver après la fermeture des portes, obligée de prendre le prochain train ». A condition qu’il y en ait encore un.
Tout récemment, l’Alliance générale pour le respect de l’identité française et chrétienne (AGRIF), d’ultra-droite et de sensibilité catholique intégriste, annonce avoir fait constater par huissier la présence sur le site internet de la Collection Lambert (Avignon) de la photographie concernée. Suite à cela, l’un des avocats de l’Agrif, Me Hervé de Lépinau (candidat de la Ligue du Sud aux cantonales de Carpentras), aurait été chargé de saisir le juge des référés pour obtenir le retrait de cette image du site de la Collection Lambert.