SOURCE - Abbé Hervé Gresland - Bulletin des Amis de saint Francois de Sales n°157 - avril-juillet 2011
La béatification «express» de Jean-Paul II, après un procès précipité, a été une nouvelle occasion de la perte des repères chez les catholiques, qui n’en ont déjà plus beaucoup. Ce pape est donc présenté au monde comme un modèle de perfection, un exemple à imiter, en attendant l’apothéose de la canonisation. C’est que la Rome conciliaire ne donne plus aux mots «saint» ou «bienheureux» la même signification qu’autrefois. Jean-Paul II a pu susciter un grand enthousiasme ou communiquer de grandes émotions; malheureusement cela ne veut rien dire sur la sainteté d’un homme.
A une nouvelle doctrine correspondent de nouveaux bienheureux, comme le remarque l’abbé de Cacqueray : «Il existe une logique qui va de la nouvelle doctrine qui est professée aux nouveaux exemples que l’on donne aux chrétiens. Or, puisque cette nouvelle doctrine se trouve, à bien des égards, gravement déviante de la doctrine catholique, les nouveaux bienheureux ou saints sont suspects comme tels s’ils ont été béatifiés ou canonisés pour s’être conformés à cette doctrine.»
Dans une telle béatification, il ne s’agit pas de considérer la piété personnelle du pape défunt, mais plutôt s’il a fait preuve de vertus héroïques dans l’exercice de ses fonctions de pape, de telle sorte qu’il doive être donné en modèle de pontife à tous les catholiques. Jean-Paul II a-t-il accompli héroïquement ses devoirs de souverain pontife à la manière de ses prédécesseurs canonisés, des devoirs que l’on peut énumérer ainsi : avoir soin de défendre la foi et la prêcher de manière intrépide, combattre les erreurs, défendre courageusement son troupeau, nommer de bons évêques, chercher à ramener les égarés à l’unique bercail du Christ, rappeler les droits de Jésus-Christ sur les individus et les sociétés ? Voilà la tâche que Dieu lui a confiée, et sur laquelle il l’a jugé.
L’enseignement de Jean-Paul II pose de graves problèmes au regard de la foi. Il modifie en profondeur la conception des mystères de l’Incarnation et de la Rédemption. On peut dire que chez lui, les dogmes catholiques perdent leur substance même. Tout homme possède naturellement la capacité d’aller à Dieu : c’est la confusion complète de l’ordre naturel et de l’ordre surnaturel. Et donc Dieu est déjà là présent au coeur de toutes les religions et de toutes les cultures.
Alors que Jésus nous dit : «Le Père lui-même vous aime, parce que vous m’avez aimé et que vous avez cru que je suis sorti de Dieu» (Jean 16, 27), Jean-Paul II enseigne au contraire que Dieu aime indifféremment tous les hommes, et que tous les hommes sont déjà réconciliés avec Dieu et sauvés. Pour lui, la Rédemption est déjà appliquée à chaque homme; tout homme, même les païens, est «participant de la nature divine et héritier de la vie éternelle » (message aux peuples d’Asie du 21 février 1981).
Tout au long du pontificat de Jean-Paul II, les fidèles catholiques ont été stupéfaits et scandalisés par une quantité de gestes et de déclarations du pape, tels que l’Eglise n’en avait jamais connus en 2000 ans. Pour rappeler quelques-uns des exemples plus marquants :
Non seulement il n’a eu aucune action décisive pour enrayer la dégradation de la liturgie, mais il y a lui-même contribué. Il y a eu les liturgies papales «inculturées» célébrées dans le monde entier, incluant de la musique rock et des éléments païens qui suscitent l’indignation et l’horreur. Il a constamment maintenu en place l’auteur et orchestrateur de ces aberrations liturgiques, Mgr Piero Marini, maître des célébrations pontificales, en dépit de protestations.
Les nombreuses repentances pour les fautes présumées des catholiques en des époques antérieures de l’histoire. Comme c’était prévisible, ces mea culpa du pape ont été interprétés comme la reconnaissance de la culpabilité de l’Eglise en toutes sortes de crimes contre l’humanité.
Le baiser du Coran effectué en public par le pape.
L’exclamation stupéfiante le 21 mars 2000 en Terre Sainte : «Que saint Jean Baptiste protège l’islam», une religion qui s’oppose aux dogmes les plus essentiels du catholicisme.
La participation active à un culte païen dans une «forêt sacrée» du Togo. Après son retour à Rome, le pape a exprimé sa satisfaction d’avoir participé à la prière et au rituel des animistes. Ce seul fait était suffisant pour anéantir la cause de Jean-Paul II au procès de béatification.
En 1986 et en 2002 à Assise, le pape a invité les représentants de «toutes les grandes religions du monde», de l’animisme au zoroastrisme, à venir prier selon leurs croyances et à pratiquer le culte de leurs religions fausses. Il leur a attribué des lieux, au sein même des églises catholiques, afin qu’ils puissent accomplir leurs différents rites. Il a ainsi coopéré à ces cultes.
Inviter quelqu’un par un conseil ou une approbation au culte d’une religion non catholique constitue une faute de même nature que ce culte (donc une faute contre la foi), et un scandale (faute contre la charité fraternelle). Quand cela vient du pape, le scandale est immense, c’est un manquement immense à la charité envers les catholiques, et envers les hommes qui sont dans de fausses religions.
L’impression qu’ont inévitablement laissée ces événements, a été que toutes les religions plaisent à Dieu. Dans de multiples discours, Jean-Paul II a encouragé non pas la conversion au catholicisme mais le respect de toutes les religions qui sont toutes présentées comme des voies valables pour conduire les hommes au salut.
C’est lui qui a instauré de manière systématique l’habitude de rencontres oecuméniques lors de tous ses voyages. Il a mis quasi en permanence toutes les religions sur un pied d’égalité. Loin d’exercer la charité de la vérité envers ceux qui sont dans des religions fausses, il a grandement favorisé l’indifférentisme chez les catholiques : combien de catholiques croient encore aujourd’hui que l’Eglise catholique est la seule vraie religion ?
Il a propagé inlassablement la liberté religieuse, et a participé activement à la suppression des derniers Etats catholiques : afin que soit respectée la liberté des autres cultes, Jésus-Christ ne devait plus régner sur les Etats.
Nous voyons maintenant le nombre incroyable de scandales sexuels mettant en cause des prêtres catholiques. Au lieu de sanctionner les évêques qui entretenaient cette immoralité dans leurs diocèses ou la dissimulaient, Jean-Paul II s’est montré très laxiste en plusieurs cas. Celui du père Maciel, fondateur des Légionnaires du Christ, est le plus visible : Jean-Paul II a refusé d’entreprendre la moindre enquête sur les agissements de ce prêtre en dépit des preuves de sa double vie, et il l’a couvert d’honneurs lors d’une cérémonie publique au Vatican en 2004. Il a fallu attendre la mort de Jean-Paul II pour que Maciel puisse être sanctionné. Il n’a rien fait ou presque contre tous les évêques ou théologiens qui s’écartaient ouvertement des enseignement les plus fondamentaux du Magistère. Par contre il a condamné Mgr Lefebvre, le grand défenseur de la foi sous son pontificat.
Quand on examine l’état de l’Eglise telle que Jean-Paul II l’a laissée à la fin de son règne, on ne peut qu’être effaré devant la propagation galopante des erreurs et du mal dans tout le monde catholique. L’immense majorité de ceux qui se disent catholiques rejette purement et simplement tout enseignement en matière de foi ou de morale. Il en est incontestablement le principal responsable, dans la mesure où pendant son long pontificat de 26 ans il est celui qui avait le plus de pouvoir, qui a eu en mains tous les moyens pour gouverner l’Eglise. Il n’a pris aucune mesure efficace pour faire face à une débacle que seul le pape aurait pu empêcher, ou tout au moins circonscrire. A l’exception de Paul VI, quel pape dans l’histoire de l’Eglise a laissé un tel héritage ?
Enfin, le seul miracle sur lequel repose la béatification – la prétendue guérison d’une religieuse, déclarée atteinte de la maladie de Parkinson –, laisse place au doute et n’aurait jamais été admis autrefois. Cette maladie ne peut être diagnostiquée avec certitude, si ce n’est par l’autopsie du cerveau. Il peut s’agir de symptômes d’autres désordres, semblables à ceux de la maladie de Parkinson et susceptibles d’une rémission spontanée.
Cette béatification de Jean-Paul II est tristement symbolique. Elle a pour effet de consacrer l’ensemble de son pontificat et toutes ses entreprises, même les plus scandaleuses.
A travers ce pape, Benoît XVI a d’une certaine manière béatifié le concile Vatican II lui-même et tout ce qu’il véhicule. Béatifier Jean-Paul II, c’est faire passer le message que l’application des principes de Vatican II conduit à la sainteté véritable, que le concile est aujourd’hui le chemin de sainteté à emprunter pour tout catholique.
Maintenant vont se multiplier les portraits auréolés du nouveau béatifié, les images pieuses, les recueils de pensées du bienheureux. Les statuettes en plastique « made in China » sont promises à un beau succès commercial ! Mais la confusion pénètre encore un peu plus dans l’Eglise, au grand détriment de la foi.
Abbé Hervé Gresland
La béatification «express» de Jean-Paul II, après un procès précipité, a été une nouvelle occasion de la perte des repères chez les catholiques, qui n’en ont déjà plus beaucoup. Ce pape est donc présenté au monde comme un modèle de perfection, un exemple à imiter, en attendant l’apothéose de la canonisation. C’est que la Rome conciliaire ne donne plus aux mots «saint» ou «bienheureux» la même signification qu’autrefois. Jean-Paul II a pu susciter un grand enthousiasme ou communiquer de grandes émotions; malheureusement cela ne veut rien dire sur la sainteté d’un homme.
A une nouvelle doctrine correspondent de nouveaux bienheureux, comme le remarque l’abbé de Cacqueray : «Il existe une logique qui va de la nouvelle doctrine qui est professée aux nouveaux exemples que l’on donne aux chrétiens. Or, puisque cette nouvelle doctrine se trouve, à bien des égards, gravement déviante de la doctrine catholique, les nouveaux bienheureux ou saints sont suspects comme tels s’ils ont été béatifiés ou canonisés pour s’être conformés à cette doctrine.»
Dans une telle béatification, il ne s’agit pas de considérer la piété personnelle du pape défunt, mais plutôt s’il a fait preuve de vertus héroïques dans l’exercice de ses fonctions de pape, de telle sorte qu’il doive être donné en modèle de pontife à tous les catholiques. Jean-Paul II a-t-il accompli héroïquement ses devoirs de souverain pontife à la manière de ses prédécesseurs canonisés, des devoirs que l’on peut énumérer ainsi : avoir soin de défendre la foi et la prêcher de manière intrépide, combattre les erreurs, défendre courageusement son troupeau, nommer de bons évêques, chercher à ramener les égarés à l’unique bercail du Christ, rappeler les droits de Jésus-Christ sur les individus et les sociétés ? Voilà la tâche que Dieu lui a confiée, et sur laquelle il l’a jugé.
L’enseignement de Jean-Paul II pose de graves problèmes au regard de la foi. Il modifie en profondeur la conception des mystères de l’Incarnation et de la Rédemption. On peut dire que chez lui, les dogmes catholiques perdent leur substance même. Tout homme possède naturellement la capacité d’aller à Dieu : c’est la confusion complète de l’ordre naturel et de l’ordre surnaturel. Et donc Dieu est déjà là présent au coeur de toutes les religions et de toutes les cultures.
Alors que Jésus nous dit : «Le Père lui-même vous aime, parce que vous m’avez aimé et que vous avez cru que je suis sorti de Dieu» (Jean 16, 27), Jean-Paul II enseigne au contraire que Dieu aime indifféremment tous les hommes, et que tous les hommes sont déjà réconciliés avec Dieu et sauvés. Pour lui, la Rédemption est déjà appliquée à chaque homme; tout homme, même les païens, est «participant de la nature divine et héritier de la vie éternelle » (message aux peuples d’Asie du 21 février 1981).
Tout au long du pontificat de Jean-Paul II, les fidèles catholiques ont été stupéfaits et scandalisés par une quantité de gestes et de déclarations du pape, tels que l’Eglise n’en avait jamais connus en 2000 ans. Pour rappeler quelques-uns des exemples plus marquants :
Non seulement il n’a eu aucune action décisive pour enrayer la dégradation de la liturgie, mais il y a lui-même contribué. Il y a eu les liturgies papales «inculturées» célébrées dans le monde entier, incluant de la musique rock et des éléments païens qui suscitent l’indignation et l’horreur. Il a constamment maintenu en place l’auteur et orchestrateur de ces aberrations liturgiques, Mgr Piero Marini, maître des célébrations pontificales, en dépit de protestations.
Les nombreuses repentances pour les fautes présumées des catholiques en des époques antérieures de l’histoire. Comme c’était prévisible, ces mea culpa du pape ont été interprétés comme la reconnaissance de la culpabilité de l’Eglise en toutes sortes de crimes contre l’humanité.
Le baiser du Coran effectué en public par le pape.
L’exclamation stupéfiante le 21 mars 2000 en Terre Sainte : «Que saint Jean Baptiste protège l’islam», une religion qui s’oppose aux dogmes les plus essentiels du catholicisme.
La participation active à un culte païen dans une «forêt sacrée» du Togo. Après son retour à Rome, le pape a exprimé sa satisfaction d’avoir participé à la prière et au rituel des animistes. Ce seul fait était suffisant pour anéantir la cause de Jean-Paul II au procès de béatification.
En 1986 et en 2002 à Assise, le pape a invité les représentants de «toutes les grandes religions du monde», de l’animisme au zoroastrisme, à venir prier selon leurs croyances et à pratiquer le culte de leurs religions fausses. Il leur a attribué des lieux, au sein même des églises catholiques, afin qu’ils puissent accomplir leurs différents rites. Il a ainsi coopéré à ces cultes.
Inviter quelqu’un par un conseil ou une approbation au culte d’une religion non catholique constitue une faute de même nature que ce culte (donc une faute contre la foi), et un scandale (faute contre la charité fraternelle). Quand cela vient du pape, le scandale est immense, c’est un manquement immense à la charité envers les catholiques, et envers les hommes qui sont dans de fausses religions.
L’impression qu’ont inévitablement laissée ces événements, a été que toutes les religions plaisent à Dieu. Dans de multiples discours, Jean-Paul II a encouragé non pas la conversion au catholicisme mais le respect de toutes les religions qui sont toutes présentées comme des voies valables pour conduire les hommes au salut.
C’est lui qui a instauré de manière systématique l’habitude de rencontres oecuméniques lors de tous ses voyages. Il a mis quasi en permanence toutes les religions sur un pied d’égalité. Loin d’exercer la charité de la vérité envers ceux qui sont dans des religions fausses, il a grandement favorisé l’indifférentisme chez les catholiques : combien de catholiques croient encore aujourd’hui que l’Eglise catholique est la seule vraie religion ?
Il a propagé inlassablement la liberté religieuse, et a participé activement à la suppression des derniers Etats catholiques : afin que soit respectée la liberté des autres cultes, Jésus-Christ ne devait plus régner sur les Etats.
Nous voyons maintenant le nombre incroyable de scandales sexuels mettant en cause des prêtres catholiques. Au lieu de sanctionner les évêques qui entretenaient cette immoralité dans leurs diocèses ou la dissimulaient, Jean-Paul II s’est montré très laxiste en plusieurs cas. Celui du père Maciel, fondateur des Légionnaires du Christ, est le plus visible : Jean-Paul II a refusé d’entreprendre la moindre enquête sur les agissements de ce prêtre en dépit des preuves de sa double vie, et il l’a couvert d’honneurs lors d’une cérémonie publique au Vatican en 2004. Il a fallu attendre la mort de Jean-Paul II pour que Maciel puisse être sanctionné. Il n’a rien fait ou presque contre tous les évêques ou théologiens qui s’écartaient ouvertement des enseignement les plus fondamentaux du Magistère. Par contre il a condamné Mgr Lefebvre, le grand défenseur de la foi sous son pontificat.
Quand on examine l’état de l’Eglise telle que Jean-Paul II l’a laissée à la fin de son règne, on ne peut qu’être effaré devant la propagation galopante des erreurs et du mal dans tout le monde catholique. L’immense majorité de ceux qui se disent catholiques rejette purement et simplement tout enseignement en matière de foi ou de morale. Il en est incontestablement le principal responsable, dans la mesure où pendant son long pontificat de 26 ans il est celui qui avait le plus de pouvoir, qui a eu en mains tous les moyens pour gouverner l’Eglise. Il n’a pris aucune mesure efficace pour faire face à une débacle que seul le pape aurait pu empêcher, ou tout au moins circonscrire. A l’exception de Paul VI, quel pape dans l’histoire de l’Eglise a laissé un tel héritage ?
Enfin, le seul miracle sur lequel repose la béatification – la prétendue guérison d’une religieuse, déclarée atteinte de la maladie de Parkinson –, laisse place au doute et n’aurait jamais été admis autrefois. Cette maladie ne peut être diagnostiquée avec certitude, si ce n’est par l’autopsie du cerveau. Il peut s’agir de symptômes d’autres désordres, semblables à ceux de la maladie de Parkinson et susceptibles d’une rémission spontanée.
Cette béatification de Jean-Paul II est tristement symbolique. Elle a pour effet de consacrer l’ensemble de son pontificat et toutes ses entreprises, même les plus scandaleuses.
A travers ce pape, Benoît XVI a d’une certaine manière béatifié le concile Vatican II lui-même et tout ce qu’il véhicule. Béatifier Jean-Paul II, c’est faire passer le message que l’application des principes de Vatican II conduit à la sainteté véritable, que le concile est aujourd’hui le chemin de sainteté à emprunter pour tout catholique.
Maintenant vont se multiplier les portraits auréolés du nouveau béatifié, les images pieuses, les recueils de pensées du bienheureux. Les statuettes en plastique « made in China » sont promises à un beau succès commercial ! Mais la confusion pénètre encore un peu plus dans l’Eglise, au grand détriment de la foi.
Abbé Hervé Gresland