Archives 9 - " Débats à propos de quelques objections faites aux fidèles attachés à la liturgie traditionnelle -Lettre d'Oremus 7 de Novembre 1998 |
16 août 2008 - lettre 134 de paixliturgique.com |
Archives 9 - " Débats à propos de quelques objections faites aux fidèles attachés à la liturgie traditionnelle -Lettre d'Oremus 7 de Novembre 1998 Lettre 134 - 16 août 2008 Voilà aujourd'hui un texte écrit il y a 10 ans à propos des "objections faites aux fidèles attachés à la liturgie traditionnelle". Ce texte faisait déjà à l'époque un bilan de ces objections, c'est dire si ces objections ne datent pas d'hier. Aujourd'hui, en 2008, ces objections, vieilles de 30 ans, n'ont pas pris une ride... Alors, si les candides qui nous interpellent souvent - et nous demandent pourquoi déployer tant d'énergie au sujet de la forme extraordinaire alors qu'il y a tant d'autres urgences dans l'Eglise - ont mille fois raison, notre responsabilité est de leur montrer que depuis trop longtemps nos pasteurs font à peu près tout ce qu'ils peuvent pour s'opposer aux solutions bienveillantes préconisées par nos souverains pontifes. Si ces candides sont de bonne foi, ils comprendront naturellement que c'est bien l'ostracisme et le plan concerté des évêques de France contre la liturgie traditionnelle qui dure depuis plus de 30 ans qui est responsable de la situation. Voici la lettre du 7 novembre 1998: DEDAT A PROPOS DE QUELQUES OBJECTIONS FAITES AUX FIDELES ATTACHES A LA LITURGIE TRADITIONNELLE Au moment où l’on commémore le dixième anniversaire de la promulgation du motu proprio Ecclesia Dei adflicta, quelques voix se sont prononcées d’une manière critique au sujet des bienfaits accordés par le Saint-Père aux fidèles attachés à la liturgie traditionnelle, accusant en fait ceux-ci « de ne pas jouer le jeu » et de refuser l’accueil qui leur aurait été offert au sein de l’Eglise. Nous avons demandé à Marc Bouhier, vice-président d’Oremus, d’entamer un débat avec nous sur ce sujet. Le motu proprio a été promulgué il y a dix ans. Pourquoi certaines voix s’élèvent-elles aujourd’hui contre l’opportunité de ce texte ? Je pense que l’on peut expliquer l’amplification des critiques relatives au motu proprio pour deux raisons. Tout d’abord les fidèles attachés à la liturgie traditionnelle ont fait depuis plusieurs mois parler d’eux, notamment dans les médias. Il devenait donc nécessaire pour les opposants au motu proprio d’exprimer leurs critiques ou leurs réserves à ce sujet, afin de ne pas laisser ce terrain aux seuls fidèles attachés à la liturgie traditionnelle. D’autre part, il est probable que dans l’esprit de certains, ce motu proprio, promulgué en 1988, devait simplement satisfaire « un dernier carré de nostalgiques » que l’on affirmait être en voie d’extinction rapide. Or, aujourd’hui, le dynamisme des fidèles attachés à la liturgie traditionnelle est tel que cela oblige les personnes de bonne volonté à réétudier un dossier que certains avaient voulu clore un peu trop rapidement, d’où le réveil de critiques formulées par les opposants les plus déterminés au motu proprio. Pourriez-vous nous indiquer les principales objections qui sont faites à propos de ce motu proprio ? Il y en a plusieurs, et je propose d’en présenter une synthèse succincte en apportant à chaque fois la réponse qui nous semble la plus appropriée. La première critique qui nous est faite est que nous reprocherions continuellement aux évêques d’appliquer d’une manière trop restrictive le motu proprio. La réponse à cette critique est simple. Si, comme le dit le texte du motu proprio lui-même, l’objectif de celui-ci est d’assurer la sauvegarde de la fidélité des fidèles afin que ceux-ci n’adhèrent pas à un « schisme », l’on peut ne pas comprendre pourquoi certains fidèles se trouvent encore aujourd’hui dans beaucoup de diocèses sans autre alternative que celle de fréquenter, pour participer à une liturgie traditionnelle, un prieuré desservi par la Fraternité Saint-Pie X. C’est pourquoi les fidèles répètent sans relâche leur demande d’une application large et généreuse des privilèges du moto proprio. Comment comprendre alors que des pasteurs aillent jusqu’à dire que le motu proprio est terminé, dépassé, caduc alors que le Saint-Père lui-même en rappelait l’actualité devant les pèlerins réunis à Rome pour les dix ans d’Ecclesia Dei ? Mais ne peut-on pas objecter à ces fidèles que, dans le cas où il n’existe pas dans leur diocèse de lieu accordé par l’ordinaire, ils devraient se soumettre à la loi commune et retourner dans leur paroisse où est célébrée la messe de Paul VI ? Avec une telle affirmation, l’on s’éloignerait tout à fait de l’esprit du motu proprio, dont l’un des buts est d’œuvrer pour garantir le respect de « ceux qui se sentent liés à la tradition liturgique latine », et l’on reviendrait à la situation antérieure d’un rejet de toute sensibilité différente en matière liturgique, surtout si celle-ci s’enracine dans la tradition ancienne. Le motu proprio exalte la richesse que constitue la diversité de ces rites pleinement catholiques : Les pasteurs et les fidèles doivent aussi avoir une conscience nouvelle, non seulement de la légitimité mais aussi de la richesse que représente pour l’Eglise la diversité des charismes et des traditions de spiritualité et d’apostolat qui constituent la beauté de l’unité dans la variété. Car enfin, le rite traditionnel qui a nourri la vie de l’Eglise durant des siècles est un trésor inestimable qu’il serait insensé de perdre ! D’autant plus que dans le monde, ce sont des millions de catholiques qui sont attachés à ce rite vénérable. Mais cela ne concourt-il pas à démontrer que certains de ces fidèles adhèrent en quelque sorte au schisme ? Je ne suis pas canoniste et je ne peux pas répondre à cette question. Cependant, je rappellerai que ce problème n’existerait pas, ou du moins existerait beaucoup moins, si les fidèles français avaient dans chacun de leur diocèse un véritable choix : assister à la liturgie traditionnelle en accord avec l’ordinaire du lieu ou se rendre dans une chapelle desservie par la Fraternité sacerdotale Saint-Pie X… J’ajouterai encore que la suspicion et l’absence de bienveillance que les fidèles constatent dans de nombreux diocèses de la part de certains clercs ou laïcs ne concourent pas au rétablissement de liens ecclésiaux positifs conformes à l’enseignement de Jésus-Christ, et que cela nuit grandement à la restauration d’une communion affective au sein des diocèses. Mais puisque vous évoquez le rétablissement des liens ecclésiaux, pensez-vous que là ou les évêques se sont montrés généreux, ces liens ont été rétablis ? Il faudrait pouvoir étudier chaque cas particulier pour proposer une réponse globale. Cependant, si je m’en réfère à la situation qui est la nôtre dans le diocèse de Versailles, je constate que le cheminement vers une authentique restauration de l’unité ecclésiale y est plus que notable lorsqu’on sait quelles étaient, il y a une dizaine d’années, les relations entre les communautés traditionnelles et leur évêque. Mais force est de constater que cela n’a été possible dans ce diocèse que grâce à une volonté commune, affirmée avec persévérance et bienveillance, par le père évêque et ses vicaires généraux, ainsi que par les prêtres et les fidèles des communautés attachées à la liturgie traditionnelle. Il faut d’ailleurs constater que dans ce diocèse où les catholiques attachés à la liturgie traditionnelle ont été traités avec charité et bienveillance, l’audience de la Fraternité Saint-Pie X s’est trouvée considérablement réduite. Une autre objection qui vous est opposée est celle de l’attitude présumée négative des fidèles attachés à la liturgie traditionnelle à propos de l’action des décisions du concile Vatican II et des positions de l’Eglise contemporaine ? Je suis extrêmement surpris que l’on mette en avant une telle objection. En effet, je dois remarquer que, depuis plus de dix ans, au cours desquels nous avons rencontré des dizaines de prêtres, de religieux et d’autorités ecclésiastiques, évêques ou cardinaux, jamais cette question n’a été abordée ni directement ni indirectement, surtout dans l’esprit « d’un engagement à une attitude positive d’étude des points conciliaires qui paraissent les plus difficiles ». Au mieux (1) certains de nos amis furent sommés une ou deux fois - mais on peut se demander ce que cela signifiait, surtout depuis la promulgation du motu proprio - de dire s’ils reconnaissaient, ou non, l’autorité du droit canon. Il est surprenant que l’on continue encore aujourd’hui à utiliser de tels arguments alors qu’en réalité, sur le terrain, le plus souvent, il n’existe aucun dialogue réel. A titre personnel, nous avons rencontré il y a quelques années monseigneur Moutel, qui était alors évêque de Nevers et avait la charge des questions liturgiques au sein de la Conférence épiscopale. Nous sommes restés ensemble plus de trois heures et avons abordé de nombreux sujets, mais à aucun moment les questions évoquées ne sont apparues comme une difficulté dans notre dialogue. Soyons sérieux, les fidèles attachés à la liturgie traditionnelle se veulent avant tout catholiques et n’ambitionnent pas d’être des théologiens en herbe. Ils ne désirent pas autre chose que vivre une vie spirituelle puisée à la source d’une liturgie authentique et donner à leur famille les fondements d’un enseignement chrétien solide. La contestation théologique me semble être largement plus le fait d’une aile progressiste qui remet en cause les décisions du magistère et dénigre son autorité : que de réactions dans les journaux catholiques, aux derniers textes du Saint-Père, sur le rôle des conférences épiscopales, l’ordination des femmes, le serment de fidélité au magistère ! Que d’attaques contre la personne du Saint-Père, accusé de revenir aux périodes les plus sombres de l’histoire de l’Eglise ! Ce n’était pas le fait de milieux attachés à la liturgie traditionnelle, qui ont au contraire unanimement applaudi à ces textes ! Par qui le Saint-Père, infatigable défenseur de la vie, est-il publiquement soutenu quand il dénonce le grave crime de l’avortement ? Soyons donc sérieux. Mais les fidèles attachés à la liturgie traditionnelle ne sont-ils pas responsables de ce manque de dialogue ? Le cas peut se produire, mais il n’en reste pas moins vrai que, dans de nombreux diocèses, les fidèles attachés à la liturgie traditionnelle n’arrivent pas à rencontrer leur père évêque - l’exemple le plus significatif étant celui du diocèse de Nanterre, dans lequel vivent plusieurs milliers de fidèles attachés à la liturgie traditionnelle qui ne peuvent rencontrer leur évêque parce qu’il refuse tout contact avec eux. Il est donc trop facile d’accuser ensuite les fidèles attachés à la liturgie traditionnelle de ne pas participer suffisamment à la vie ecclésiale, s’il ne leur est même pas possible d’avoir un contact avec leur pasteur légitime, celui qui est le père de tous ! Mais que dire à ceux qui affirment que, depuis dix ans, l’on trouve encore les même critiques sur l’Eglise et le concile ? Je pense que c’est une affirmation plus qu’excessive. Aujourd’hui, les jeunes, notamment ceux qui sont attachés à la liturgie traditionnelle, s’intéressent plus aux J.M.J. et à la nouvelle évangélisation proposée par le Saint-Père, ou bien à l’œuvre de mère Térésa, qu’aux propos dépassés de certains clercs qui tiennent absolument à établir les liens qui existeraient aujourd’hui entre les communautés traditionnelles et la condamnation de l’Action française. Mais, plus encore, il semble profondément injuste d’affirmer que dans le discours des fidèles attachés à la liturgie traditionnelle, « rien n’a bougé ». Il y a vingt-hui ans déjà, lorsque nous avions fondé le M.J.C.F., nous l’avions fait dans l’esprit du concile Vatican II, et je ne crois pas que l’action que mène Oremus depuis cinq ans soit uniquement négative et malveillante. Je crois que l’on pourrait dire la même chose à propos du mensuel La Nef et de beaucoup d’autres publications… Nous sommes donc confrontés ici à de véritables calomnies. Une autre objection a été faite aux communautés traditionnelles : qu’elles vivraient repliées sur elles-mêmes, sans relation avec les autres sensibilités ? Cette assertion est un peu rapide. J’affirme au contraire que là où les fidèles attachés à la liturgie traditionnelle sont intégrés à la vie diocésaine, ce caractère disparaît et les échanges sont nombreux, particulièrement au niveau des œuvres caritatives (ordre de Malte, Secours catholique…), au niveau des mouvements (notamment le scoutisme) ou enfin des écoles. Que malheureusement quelquefois des communautés attachés à la liturgie traditionnelle puissent apparaître comme pratiquement autonomes et « autosuffisantes » devrait peut-être interpeller les autorités de l’Eglise et les conduire à s’interroger afin de savoir si elles n’ont pas pratiqué, elles aussi, une politique d’exclusion à l’endroit de ces communautés. Comment les autorités religieuses répondent-elles aux demandes des fidèles désireux de voir célébrer régulièrement dans leur diocèse la liturgie traditionnelle ? Il est difficile de généraliser, sans compter que cette question ne concerne que les diocèses desquels cette célébration est absente. Cependant, les fidèles se trouvent souvent alors pris dans un véritable cercle vicieux ; s’ils demandent individuellement à leur évêque la célébration de la liturgie traditionnelle, on leur répond qu’ils ne représentent rien ; s’ils essaient de se réunir pour montrer que c’est par dizaines voire centaines que les familles souhaitent en un lieu bénéficier de cette liturgie, on leur répond, comme dans les diocèses d’Evreux ou d’Avignon, que les listes fournies sont des pétitions et qu’elles constituent un mode de pression intolérable ; si enfin, ils informent la commission Ecclesia Dei instituée par le Saint-Père, on leur dit qu’ils ne reconnaissent pas l’autorité de l’évêque sur son diocèse. Il y a de quoi être désemparé ! Les objections que nous venons d’évoquer sont-elles nouvelles ? Hélas non. En effet, derrière leur apparente « nouveauté », c’est-à-dire le fait d’être des réflexions actuelles à propos de la célébration du dixième anniversaire du motu proprio, l’on retrouve mis au goût du jour des arguments développés très largement, depuis plus de vingt ans, contre les fidèles attachés à la liturgie traditionnelle. Pourriez-vous citer quelques exemples ? Le plus caricatural mais aussi le plus significatif a été le pamphlet Vive le schisme publié en 1977 par Jean-Luc Maxence. Cet auteur exprimait alors tout haut - en se servant d’ailleurs de nombreux textes d’autorités contemporaines - ce que beaucoup pensaient tout bas : Que les fidèles attachés à la liturgie traditionnelle quittent l’Eglise, fondent leur propre communauté indépendante, et l’Eglise catholique s’en trouvera débarrassée de ceux dont elle ne veut plus. Un discours semblable se retrouve régulièrement dans les colonnes de la revue Golias et même, d’une manière plus subtile mais distillée régulièrement, sous la plume du chroniqueur religieux du Monde, Henri Tincq. Je me rappelle avoir discuté, en 1988, avec un éminent professeur de l’Institut catholique de Lille qui répétait à propos du projet qu’avait monseigneur Lefebvre de sacrer les évêques : Qu’il sacre et qu’il parte, après nous serons tranquilles ! Mais cette attitude est-elle celle de l’Eglise ? Certainement pas, et nous savons que ces positions sont par bien des aspects des caricatures. Il n’en reste pas moins vrai que, répétées alentour, elles finissent par être reprises très largement, notamment par des fidèles de base qui ne sont pas toujours enclins à la finesse. L’Eglise, mère des fidèles, ne peut avoir vis-à-vis de ses fils une attitude semblable. C’est pourquoi d’ailleurs les autorités romaines ont beaucoup fait depuis vingt ans pour œuvrer vers une réconciliation et l’intégration de ses fidèles au sein de l’Eglise, et que le pape a récemment rappelé dans son discours aux pèlerins venus à Rome pour le remercier d’avoir octroyé le motu proprio en 1988 : J’invite aussi fraternellement les évêques à avoir une compréhension et une attention pastorale renouvelée aux fidèles attachés à l’ancien rite. Comment expliquez-vous cette exagération des critiques qui sont formulées contre vous? L’adage dit : Qui veut tuer son chien l’accuse de la rage. Appliqué à la situation actuelle et à la liturgie traditionnelle, cela devient : il faut démontrer, coûte que coûte, qu’il n’existe pas en France de problème liturgique, que les quelques adeptes de la liturgie traditionnelle ne sont que des nostalgiques, qui ne souhaitent pas vivre en Eglise et qu’ils sont donc des schismatiques de fait ! Devant la virulence de ces accusations, peut-on croire que vous êtes confrontés à de véritables ennemis ? Je ne pense pas que l’on puisse aller jusque là, mais il est certain qu’existent encore aujourd’hui des clercs qui n’acceptent pas que d’autres sensibilités - surtout lorsqu’elles ont traditionnelles - puissent s’exprimer et vivre au sein de la communauté ecclésiale. Ces mêmes personnes d’ailleurs réclament, lorsque cela leur est utile, le droit à la différence ou à la contestation qu’elles considèrent comme parfaitement légitime lorsqu’il s’agit de s’opposer aux postions de l’Eglise - cf. l’intéressant dossier qui a opposé l’hebdomadaire catholique La Vie à monseigneur Legal, évêque de Tulle, et tout particulièrement le dialogue entre ce journal et l’évêque paru dans le numéro 2776 du 12 novembre 98. En fait, certains de ceux qui ont mis en place la réforme liturgique de 1969 n’acceptent pas que subsistent des communautés fidèles à d’autres sensibilités liturgiques. Des historiens savent que ce sont de pareilles attitudes qui ont provoqué tout au long de l’histoire les schismes les plus durables, bafouant par cette rigidité le commandement divin : Qu’ils soient un comme nous somme un. Jn XVII, 23. Quelle est la nature de vos relations avec les autorités de l’Eglise ? Nous pouvons témoigner qu’au cours de nos nombreuses rencontres avec les autorités romaines, nous avons toujours senti qu’elles avaient le souci de tout faire pour que cesse le scandale d’une guerre fratricide entre les fidèles et leurs pasteurs. Avez-vous trouvé la même volonté d’écoute lors de vos contacts avec le clergé français ? En France, la situation est souvent ambiguë. En effet, je crois pouvoir dire que, lorsqu’ils existent, les échanges entre les fidèles attachés à la liturgie traditionnelle et leurs évêques sont bons, voire excellents. Malheureusement, dans de nombreux diocèses, les fidèles se trouvent dans une situation comparable à celle de la chaise vide. L’exemple le plus extrême est celui du diocèse de Nanterre, déjà cité. Si le père ne reçoit pas ses enfants, on peut se demander clairement si cette attitude ne favorise pas en définitive le développement de la Fraternité Saint-Pie X. Mais, en fait, nous sommes tout à fait dans l’esprit, dans ce cas, de ce que nous évoquions précédemment à propos de l’ouvrage de Jean-Luc Maxence Vive le schisme. Comment envisagez-vous l’avenir ? L’avenir appartient à Dieu et nous ne sommes pas maîtres des décisions qui seront prises dans les prochains mois ou les prochaines années. Cependant, nous ne pouvons pas accepter que les fidèles attachés à la liturgie traditionnelle soient délibérément exclus, explicitement ou implicitement, de la communauté ecclésiale de nombreux diocèses, et supporter sans réagir d’être accusés de rester en marge des communautés diocésaine REFLEXIONS DE PAIX LITURGIQUE 1- Depuis plusieurs décennies, on affirme contre toute évidence qu'il n'y a pas de problème liturgique en France ni de demandes de célébrations de messes tridentines. Si des demandes se font jour dans ce climat de découragement des fidèles qui savent par avance qu'ils s'apprêtent à entamer un véritable parcours du combattant en formulant une telle demande, l'antidote épiscopal est simple : si la demande est individuelle, elle n'est pas représentative, si plusieurs familles se manifestent respectueusement, c'est une pétition qui fait pression de manière intolérable et inadmissible... Dans les deux cas, la demande n'est pas recevable. Le Motu Proprio de Benoît XVI n'a rien changé à ce vieux stratagème indigne et l'on constate chaque jour que des clercs osent encore en 2008 ressortir les ""bonnes méthodes" vieilles de plus de trente ans. Qu'il nous soit permis d'avoir une idée assez précise sur le sérieux et l'honnêteté de ce type d'attitudes. 2- Le manque de dialogue ne date pas d'hier. Déjà en 1998, la palme de l'apartheid liturgique revenait au diocèse de Nanterre. Force est de constater que 10 ans plus tard, l'évêque n'a toujours reçu aucune famille de son diocèse attachée à la liturgie traditionnelle. Sans doute existe-t-il encore quelques bonnes âmes qui nous expliqueront qu'il faut être patients et qu'il ne faut rien faire qui puisse braquer l'évêque. Notre réponse est simple : 10 ans et plus que nous demandons en vain d'être reçus, entendus et aimés pour ce que nous sommes et autant de temps de réponse épiscopale que l'on connaît... 3- Il est frappant de constater que si déjà il y a dix ans, certaines objections faites aux fidèles attachés à la liturgie traditionnelle de l'Eglise (attitude présumée négative des fidèles attachés à la liturgie traditionnelle à propos de l’action des décisions du concile Vatican II et des positions de l’Eglise contemporaine) étaient déjà vieillissantes, elles sont aujourd'hui carrément anachroniques. La plupart des fidèles attachés à la liturgie traditionnelle de l'Eglise n'étaient pas nés au moment des évènements qu'on invoque toujours à leur encontre. Si certains clercs se sont comme focalisés sur tel ou tel évènement et que le temps s'est arrêté pour eux, il n'en demeure pas moins que pour des millions de catholiques, la vie a continué et que les querelles du passé ne peuvent servir de boussole pour les générations à venir. 4- Le reproche fait il y a dix ans aux fidèles traditionnels de vivre replier sur eux-mêmes et de ne pas s'intégrer à la vie des paroisses est un grand classique. Dans le même temps, quand des fidèles nombreux, bien disposés et déjà engagés dans leurs paroisses demandent l'application de Summorum Pontificum comme à Sèvres (92) ou à Maisons Laffitte (78) dans leurs propres paroisses, avec leur propre curé diocésain, c'est encore non. Demandent ils à trop s'intégrer dans leurs paroisses ? A trop partager ? 5- On le voit bien tous les arguments avancés depuis des décennies contre le développement de la pratique traditionnelle en France vont dans le même sens, celui selon lequel il n'y a pas de besoin, pas de demande. Dans ce monde idéologique, ce qui est vrai un jour peut être faux le lendemain pourvu que cela serve le discours dominant. Ces objections sont usées et révélatrices de la bonne foi de ceux qui les professent encore en 2008. Elles sont l'expression pitoyable d'un combat d'arrière garde déjà perdu par des généraux sans troupe. |