9 août 2014

[Diocèse de Ciudad del Este (Paraguay) / via Yves Daoudal] La vérité sur Ciudad del Este

SOURCE - Diocèse de Ciudad del Este (Paraguay) / présentation et traduction par Yves Daoudal - 9 août 2014

Suite à diverses accusations contre l’évêque «ultra-conservateur» de Ciudad del Este (Paraguay), Mgr Rogelio Livieres Plano, et son vicaire général Mgr Carlos Urrutigoity, le pape avait décidé une visite apostolique du diocèse. Le but était de destituer cet évêque prévaricateur et son vicaire général pédophile, et bien sûr de fermer le séminaire ultra-florissant que l’évêque avait osé ouvrir et qui brisait le monolithisme progressiste du séminaire national du Paraguay. En bref il fallait mettre un terme à cette insupportable exception de Ciudad del Este, où la doctrine catholique est enseignée, où la messe de saint Pie V est partout honorée (à commencer par le séminaire diocésain), où une vie vraiment catholique fait honte aux autres évêques.

Mais l’affaire a fait pschitt. Le seul résultat de la visite apostolique est que les ordinations prévues pour le 15 août ont été « suspendues » - sans doute pour donner un os à ronger aux distingués diffamateurs épiscopaux et médiatiques. On a dit que le vicaire général avait été lui aussi suspendu, mais en fait c’est l’évêque qui l’avait suspendu, par esprit d’apaisement, en attendant la fin de l’histoire. 
Les très graves accusations lancées contre l’évêque et contre son vicaire général n’ont pas été retenues par les visiteurs parce qu’elles sont purement calomnieuses. Néanmoins on continue et on continuera de les voir répétées par tous ceux qui appellent « ultra-conservateur » un pasteur simplement catholique. Sur le site du diocèse on trouve un texte qui démonte point par point les accusations. J’ai entrepris de le traduire et on le trouvera ci-dessous. Il est long, mais je crois qu’il est utile de le connaître. Je précise que chacune des affirmations de ce texte est appuyée par des documents indiqués en note et qu’on peut consulter (il y a 57 documents en lien sur le texte original).

Officiellement, le nonce apostolique au Paraguay, dans une déclaration publique du 2 juillet 2014, a annoncé que le diocèse de Ciudad del Este allait faire l’objet d’une visite apostolique imminente « afin d'offrir une assistance pour le bien de cette Église particulière ».

Officieusement, les médias ont dit qu'il s'agissait d'une véritable « intervention dans le diocèse », c'est-à-dire d'un processus qui finirait, soit par la démission soit par la destitution de notre évêque, et par l'arrêt des œuvres en cours.

Nous présentons un résumé explicatif des points saillants de cette conjoncture, avec les faits et les pièces justificatives. Nous le faisons dans le style simple et direct du peuple de Dieu, et avec la transparence et l'honnêteté auxquelles Mgr Rogelio nous a habitués.
1 – Lugo et Livieres
Le plus célèbre évêque paraguayen, sans aucun doute, est le «père-évêque» Fernando Lugo, ex-président de la République. Il a pris la présidence en août 2008, après avoir été dispensé de ses obligations d’évêque et réduit à l'état laïc.

Il a été destitué en 2012, après une procédure du Congrès.

Lugo et la gauche minuscule mais intelligente du pays ne seraient jamais arrivés au pouvoir et n’auraient jamais défait le Parti Colorado sans une alliance avec la minorité la plus forte du pays, le Parti libéral, et le soutien massif (explicite ou tacite) de l'Eglise hiérarchique. Depuis des décennies, au Paraguay ont été systématiquement nommés des évêques de tendance anti-Parti Colorado, et, en outre, imprégnés d’une formation idéologique floue issue de la théologie de la libération.

Comme toute règle, elle avait son exception : Mgr Livieres éleva la voix (très publiquement) pour s’opposer à la candidature de Lugo, devenant ainsi le seul défenseur de la position du Vatican. Les critiques qu’il mettait en avant étaient de deux types. D'une part, il n'était pas d'accord avec la confusion fondamentaliste entre la religion et politique responsable du retrait de Lugo et de nombreux autres personnes consacrées de leur engagement évangélique « pour s'impliquer dans la politique ». D'autre part, il soulignait l'irresponsabilité morale et administrative du candidat, couverte par de nombreux ecclésiastiques et religieux, car « tout le monde savait ».
2 – La « communion ecclésiale »
Avec la polémique autour de Lugo, ce n’était pas la première fois que Mgr Livieres faisait grincer des dents le petit monde épiscopal. L’accusation de « briser la communion ecclésiale » avait commencé avant même qu’il mette un pied dans le diocèse et que, par conséquent, il puisse « mettre la pagaille ». En effet, la conférence épiscopale avait écrit à saint Jean-Paul II pour exprimer son désaccord avec la nomination d’un nouveau frère qui ne figurait même pas sur la liste des candidats sélectionnés, et qui était donc « imposé » par Rome. Certains dirigeants laïcs firent écho à ces protestations. Le Saint-Siège ne plia pas. Et depuis lors, contre vents et marées, comme la barque de l’Evangile, il a soutenu la gestion du nouvel évêque.

Mais la conférence des évêques ne s’en sentait pas si mal. Certainement, Mgr Livieres, de l'Opus Dei, représentait une orientation différente du modèle ecclésial dominant. En toute honnêteté, nous devons admettre qu'il n'a jamais essayé d'imposer ses orientations pastorales à d'autres évêques. Il n'a pas eu une attitude d'opposition mais d'enrichissement de la complémentarité de l'Eglise. (On confond souvent l'unité dans la foi et l'amour, la vraie « communion ecclésiale », avec l’uniformité imposée.)

Un moment particulièrement difficile pour la coexistence épiscopale fut la fuite d’une lettre personnelle et confidentielle que Mgr Rogelio avait donnée en mains propres au pape Benoît XVI, à la demande de Sa Sainteté, lors de la visite ad limina. Comme cela s’est produit pour les « Vatileaks », elle fut divulguée depuis le Vatican même (par certains agents qui cherchaient à faire du tort au pape émérite ?) La lettre insistait sur nécessité, si l’on veut vraiment surmonter la crise de l’Eglise, de choisir les futurs évêques parmi les meilleurs candidats du point de vue de leur vie de foi, de leurs compétences liturgiques, et de leur sagesse de gouvernement, et non parmi ceux qui sont « acceptés de tous » pour maintenir le statu quo.

L’évêque de Ciudad del Este, digne fils de son père exilé six fois par le gouvernement militaire de Stroessner, s’est avéré un combattant infatigable de la liberté de religion pour lui et pour ses fidèles.
3 – Les religieux
Des désaccords vinrent aussi de la Conférence des religieux du Paraguay. Ils n’étaient pas dus à une incompréhension de la vie religieuse, que Mgr Rogelio a clairement favorisée dans son diocèse, mais plutôt à une profonde crise d’identité et de discipline qu’ont subies de nombreuses communautés, en particulier d’origine ou de formation européenne.

Une grande partie des religieux, sur le plan national, se sont identifiés à l’action de Lugo. Aussi, lorsqu’il y eut des cas de crise sociale aiguë, comme le massacre de Curuguaty dans ce diocèse, qui précipita la chute politique de l’ex-évêque, ils publièrent des déclarations et de des prises de position quelque peu dissonantes avec la foi. Citant le droit canonique, Livieres interdit, sous peine de sanctions, l’instrumentalisation idéologique de la pastorale sociale. Il s’opposa également à une fausse « pastorale indigène » qui, en opposition aux saints missionnaires de plusieurs siècles, veut faire obstacle au droit des indigènes à ce que leur soit prêchée la Bonne Nouvelle de l’Evangile.

Les nombreux prêtres, séminaristes, religieux et laïcs que l’évêque a mobilisés lors des crises sociales et des catastrophes naturelles sont intervenus de façon énergique, mais toujours de façon strictement spirituelle et humanitaire. Le principe suivi était simple : « A Dieu ce qui est à Dieu et à César ce qui est à César. »
4 – Le clergé
Plusieurs des 16 prêtres diocésains que Mgr Livieres a trouvés à son arrivée ont émis des réserves sur les nouvelles lignes pastorales et le renouveau de la discipline ecclésiale. Le malentendu en est venu au point que, avec le soutien de quelques évêques, 10 de ces prêtres ont écrit au pape Benoît XVI pour demander une « intervention ». Quelques mois plus tard, environ 150 prêtres du reste du pays, surtout des religieux, ont fait de même. Ce fut l'archevêque d'Asunción, fin et distingué adversaire de Mgr Rogelio, qui apporta la protestation à Rome. Le pape, cependant, ne répondit pas, et, au lieu de cela, suggéra à Mgr Livieres qu’il devait « former un nouveau clergé ». La proposition était un sage conseil : la grande majorité du nouveau, jeune et nombreux clergé diocésain (un peu plus de 70) voient l'évêque comme leur père, comme leur berger, et partagent ses orientations pastorales.

En ce qui concerne les laïcs locaux, seul un très petit groupe, mais bruyant et soutenu de l'extérieur du diocèse, a maintenu une attitude critique, en particulier un certain Javier Miranda, dont nous parlerons in fine. Sans exception, les laïcs et les dirigeants des mouvements déjà approuvés au niveau national ou international, comme les nombreux mouvements qui ont été reconnus, promus et guidés par Mgr Rogelio au cours de son ministère, ont tous soutenu et soutiennent leur évêque, qui leur donne beaucoup de liberté d'action pour « mettre la pagaille » (1) et progresser dans l'évangélisation et la mission continentale d’Aparecida.
5 – Les nouveaux séminaires pour le troisième millénaire
Lorsque, le 3 octobre 2004, Mgr Livieres est devenu évêque de Ciudad del Este, il découvrit bientôt le plus grand défi qui l’attendait : il disposait d’un peu plus de 70 prêtres diocésains (y compris les religieux) pour répondre aux attentes spirituelles d’une population d’environ un million d’âmes, soit un berger pour plus de 10.000 brebis. Les perspectives d’avenir étaient encore pires, avec seulement une douzaine de séminaristes en formation au séminaire national d’Asunción.

Il n’est pas nécessaire d’expliquer la gravité de la situation à quiconque reconnaît avec une humilité « théocentrique » que l’Eglise fondée par Jésus-Christ « vit de l’Eucharistie », c’est-à-dire des sacrements par lesquels il « est avec nous tous les jours jusqu’à la fin du monde »; et dont la fidèle administration est confiée aux prêtres.

Sans revenus et sans études de faisabilité, monseigneur a immédiatement pris la décision stratégique de faire la première priorité de son ministère celle qui est définie dans le Directoire pour les évêques et le Code de droit canonique : approuver l’ouverture de son propre séminaire diocésain.

On vit bientôt clairement pourquoi le Maître de la Vigne avait choisi le Père Rogelio comme évêque. Il avait attiré et cultivé de nombreuses vocations à l’Opus Dei. Il fit la même chose dans son diocèse, où la pastorale des vocations n’est pas déléguée. Chaque dimanche, avec la collaboration d’un groupe animé de formateurs, l’évêque reçoit dans sa maison tous ceux qui souhaitent considérer une vocation sacerdotale. Un peu de sport, une conversation sur la formation, la direction spirituelle et la confession, adoration et prière du Rosaire, une réunion avec des questions à brûle-pourpoint, et un goûter convoité, cela a donné le résultat magique de 130 garçons intéressés par an, parmi lesquels sont admis en moyenne 30 à 40. Le secret du succès, en plus de l’intérêt direct et personnel manifesté par l’évêque, est l’enthousiasme avec lequel ces aspirants séminaristes vont eux-mêmes pêcher des vocations chez les amis, parents et connaissances (marketing viral…).

Le grand séminaire Saint-Joseph a été évalué positivement par le Saint-Siège dans de nombreuses lettres, et il a donné plus de 60 prêtres au bout de dix ans. Mais Mgr Rogelio, soucieux d’améliorer la qualité de sa pêche dans la crise générale du système éducatif, a créé en 2012 le petit séminaire Saint-André. En parallèle, cherchant à appliquer de façon plus radicale les orientations du concile Vatican II et les documents post-conciliaires sur la formation sacerdotale, il a monté l’expérience de l’Institut Saint-Irénée de formation des prêtres. A l’heure actuelle ne fonctionne que son cycle préparatoire fondé sur l’enseignement classique des arts libéraux et la discussion en classes de séminaire des grands livres de la culture occidentale.
6 – La pierre d’achoppement
La décision de former ses propres séminaristes comme un père éduque ses enfants a été une surprise pour l’Eglise du Paraguay. Les évêques ont résisté d’emblée à cette idée bizarre, car cela casserait (et a cassé) le schéma monolithique de formation des prêtres (diocésains et religieux) qui avait été convenu avec la création du séminaire national et de son institut de théologie, au siècle dernier.

En vain le Saint-Siège leur a rappelé le droit et l’intérêt de chaque évêque d’avoir son propre séminaire quand c’est possible. « Pourquoi un nouveau séminaire, s’il n’y en a toujours eu qu’un ? » expriment ceux qui ne semblent pas avoir encore réfléchi sur l’indication d’Evangelii Gaudium (n.33) « d’abandonner le confortable critère pastoral du “on a toujours fait ainsi” ».
7 – Le Père Carlos Urrutigoity
Un chapitre distinct dans cette histoire de l’opposition à notre évêque et au nouveau séminaire est sans aucun doute l'attaque contre le Père Carlos. Il est venu dans le diocèse en 2005, avec d'autres prêtres et des laïcs qui ont ensuite établi des Communautés Saint-Jean. Il est venu, recommandé par certains cardinaux en fonction au Vatican (l'un d'eux était élu, quelques jours plus tard, Successeur de Pierre). Il avait sur le dos une dure campagne de diffamation aux États-Unis, sur laquelle Mgr Livieres a écrit une lettre explicative détaillée.

Dès le début il s'est avéré être un proche collaborateur de l'évêque. Pour cette raison, son cas a été utilisé comme un cheval de bataille pour remettre en question les réalisations pastorales dans le diocèse, en particulier la formation de nouveaux prêtres : il a aidé au début à la formation du nouveau séminaire ; ensuite, il a abandonné cette activité pour aider l'évêque à la curie diocésaine.

Malgré les démentis répétés de l'évêché, une presse répétitive et autoréférentielle a continué de se citer elle-même encore et encore, à propos d’« accusations de pédophilie » présumées qui, en fait, n’ont jamais existé. Au Paraguay, ces campagnes ont généralement été dirigées par le même journal qui avait, plus tôt, contraint à la démission un autre évêque nommé Livieres. (Les tribunaux, dans ce cas, avaient montré la fausseté de ces accusations, émanant toutes de témoins payés, impliqués dans une manœuvre politique visant à obliger l’évêque à démissionner.) La presse, dans le cas du Père Carlos, a été alimentée par les opposants ecclésiastiques paraguayens déjà mentionnés, et qui ont des contacts influents aux Etats-Unis et à Rome, avec lesquels ils partagent les mêmes lobbies et tendances politiques.

On y trouvait tout, sauf des preuves de pédophilie. Pour la bonne raison qu’il n’y avait pas d’accusations de quelques victimes que ce soit, mais une resucée de calomnies faites par des tiers. Donc, il n'y a pas eu de procédure pénale, ni aucune condamnation dans aucun tribunal de quelque pays que ce soit, y compris du Saint-Siège. Et pour couronner le tout, son hétérosexualité a été confirmée par deux évaluations psychologiques indépendantes, aux Etats-Unis et au Canada, qui ont également écarté la présence de psychopathologie ou de troubles de la personnalité.

Il n'est pas vrai non plus que de nouvelles accusations se seraient ajoutées (toujours sans aucune preuve). Toutes les accusations qui ont été faites se résument en la répétition obstinée de celles qui ont été inventées il y a des années, non pas par des victimes présumées, mais par deux persécuteurs idéologiques du Père Carlos qui, l’un en Argentine et l’autre aux Etats-Unis, ont alimenté deux campagnes différentes : une campagne « des couvents », et une campagne par les médias et internet. Le premier était un prêtre argentin sédévacantiste qui ne reconnaît aucun pape depuis Jean XXIII et qui s’est fait sacré évêque en dehors de l'Église catholique. Le second était un Américain, un ancien employé insatisfait de la communauté fondée par le P. Carlos. Il était déçu parce qu’il avait été écarté d’un projet éducatif par l'évêque de Scranton, Mgr Timlin, après qu’il eut cherché à s’accaparer illégalement le projet.

La seule accusation portée contre le Père Urrutigoity devant le système de justice pénale américain (au nom d'un adulte appelé Michael Prorock) fut rejetée in limine(d’office) après deux enquêtes indépendantes de procureurs de deux comtés en Pennsylvanie.

Il en résulte clairement que : 1) l'accusation portée contre le Père Carlos n'impliquait pas une affaire de pédophilie, puisque le plaignant était un adulte lorsque les faits allégués ont eu lieu; 2) en raison de l’abandon de toute charge contre le Père Carlos, il n’y a jamais eu d’affaire pénale aux Etats-Unis.

Quant aux tribunaux de l’Eglise, la congrégation pour la doctrine de la foi rejeta la possibilité d’ouvrir un procès pour la même raison : il n’y avait pas d’accusation de pédophilie.

Cet échec de l'accusation pénale a nui gravement aux efforts des avocats de l'accusateur d’obtenir une succulente compensation devant les tribunaux civils, comme c’est l’habitude aux Etats-Unis. Car l’accusateur avait lancé un procès civil contre la Société Saint-Jean, fondée par le P. Carlos, y incluant pour faire bonne mesure et arrondir les profits Mgr James Timlin, le diocèse de Scranton et certains de ses prêtres, la Fraternité Saint-Pierre et l'Académie Saint-Grégoire.

Pour ceux qui ne sont pas familiers des subtilités juridiques américaines, il est nécessaire de préciser que, dans ce pays, on peut engager deux procès pour la même raison, devant un tribunal pénal et un autre en matière civile. Le succès du procès civil se traduit par de grosses sommes d’argent à payer par l’accusé, mais ce succès est substantiellement diminué si la plainte pénale échoue. Cependant, aux Etats-Unis, il est intéressant d'essayer parce que, même si au pénal les accusations ne débouchent pas sur un procès par absence de faits ou de preuves, les possibilités d’obtenir des dommages dans un procès au civil demeurent élevées. En effet, le coût de la défense dans un procès civil est si élevé que les plaignants continuent l’affaire jusqu’à obtenir un important arrangement financier. On estime que, en moyenne, un diocèse peut dépenser plus de deux millions de dollars en avocats et en frais pour défendre une cause jusqu’au bout. C’est pourquoi il est habituel que les parties, pour éviter de tels coûts, parviennent à un arrangement financier avec l’approbation du juge (3)

La Société Saint-Jean, qui a refusé le principe d'un arrangement, a été contrainte par le diocèse de Scranton, dirigé par Mgr Martino, à se joindre à un accord complet pour 450.000 $, ce qui correspondait à 55.000 $ pour la Société Saint-Jean, une somme négligeable en comparaison des sommes payées habituellement dans ces affaires. Ceci s’explique par le fait que les avocats de la partie civile manquaient de preuves solides pour réclamer plus d'argent de la Société ou rejeter l'accord proposé et lancer un procès civil.

La Société Saint-Jean imposa comme condition pour la signature de l'accord qu’il soit stipulé par écrit que les accusés étaient innocents de toute charge et que l’accusateur renonçait à toute nouvelle campagne d’accusation ou à toute action civile.

Vous voyez que partout « le singe danse pour de l'argent », peu importe qu’on trompe les gens ou qu’on discrédite des innocents. Passons maintenant aux danseuses de Ciudad del Este, le 23 juillet de cette année, affaire 2014-6130 devant le tribunal pénal n° 6 du département de Haut-Paraná. Le procureur en chef, María Graciela Vera Colman, a demandé que l’affaire soit rejetée et classée, par manque de quelque élément de preuve que ce soit d’une accusation « déposée » par une radio d’Asunción, Paraguay, contre le Père Urrutigoity, par téléphone ! pour « abus sexuels présumés sur enfants, sans mentionner le nombre de victimes… en outre sans identification… d’adresse et/ou de date ou de lieu où les faits présumés se seraient produits ». Toutes les accusations provenaient d’une diatribe faite et enregistrée dans une émission de Radio Union, par l’accusateur en série bien connu Javier Miranda qui, lorsque cité à comparaître pour faire ses déclarations sur l’honneur, n’y alla pas et n’envoya aucune preuve de ses allégation.

Etant un pasteur et non un mercenaire qui fuit devant les loups, Mgr Livieres a toujours été inflexible dans la défense des innocents. Dans le cas du Père Carlos, il a agit de même contre ceux qui, tout en reconnaissant que son cas était juste, trouvaient qu’il était imprudent de recevoir le P. Carlos dans le diocèse, puis de le promouvoir à divers postes, parce que ces actions peuvent compromettre l'image et la « carrière ecclésiastique » de l’évêque. Cependant, Mgr Rogelio a jugé plus saint et plus réaliste de se servir des ressources humaines concrètes que la Providence a placées dans ses mains.

Malgré le tapage médiatique et les protestations cléricales, le Vatican a respecté la décision de l'évêque et, après un temps d'attente et une expérience suffisantes dans le nouveau diocèse, le Vatican a autorisé, via le nonce apostolique, l’incardination du Père Carlos à Ciudad del Este, avec le consentement de l’évêque excardinant. En outre, la même année, le Vatican a publié la lettre élogieuse par laquelle les Communautés sacerdotales Saint-Jean étaient élevées au rang de sociétés de vie apostolique.

En ce qui concerne le jugement du peuple de Dieu dans le diocèse, les séminaristes, les prêtres, les religieux et les laïcs du diocèse dans leur ensemble ont soutenu et soutiennent l'évêque et le prêtre, étant depuis près de 10 ans les témoins directs de leur ministère exemplaire, de leurs qualités humaines et de leur honnêteté morale. Ces soutiens ne sont pas supposés. Ils ont été manifestés, pour quiconque souhaite les examiner, dans des déclarations écrites et signées, à la disposition de la presse et du grand public.

Qui plus est, quand vint le temps de nommer un nouveau vicaire général, les prêtres consultés et les responsables laïcs proposèrent presque à l'unanimité le Père Carlos comme candidat de leur choix. Bien qu'il s'opposât à cette idée parce qu'elle lui semblait imprudente, l’évêque a confirmé la décision de son presbytérat et des laïcs.

Il convient enfin de noter que lorsque Mgr Livieres a été confronté à une réelle corruption ou à des violations de célibat sacerdotal, sous quelque forme que ce soit, il n'a pas hésité à poursuivre conformément à la loi canonique, même en faisant face à de fortes pressions, et à punir les coupables par des peines médicinales en proportion de leurs fautes.
8 – Mgr Pastor Cuquejo
L’archevêque d’Asunción se joignit publiquement à une nouvelle vague d’attaques contre le P. Carlos, disant devant la presse que son cas n’était pas clair et qu’il pouvait, par son pouvoir d’archevêque métropolitain, demander à la nouvelle administration de Rome la réouverture de l’enquête de la Congrégation pour la doctrine de la foi qui avait été close in limine par Benoît XVI pour absence de poursuite de mineurs.

Indigné, Mgr Livieres lui répondit sur le terrain où s’était placé l’archevêque. Il le fit parce que ses accusations répétées n’étaient pas crédibles et qu’il demandait contre toute justice la réouverture d’une enquête sans nouvelles accusations ni nouveaux éléments de preuve. La pierre lancée par Mgr Cuquejo visait non seulement à mettre en doute l’intégrité de la procédure de Mgr Livieres, mais du Saint-Siège.

Sans détours, mais peut-être de façon excessive, l’évêque souligna l’incohérence de l’archevêque qui alléguait un scandale pour demander une enquête publique, quand le même Mgr Cuquejo avait été non seulement accusé, mais poursuivi pour activité homosexuelle, et non par de tierces personnes, mais par celles qui étaient directement impliquées.
9 – Les nouvelles communautés
De même que les parents qui ont plus de deux enfants sont critiqués, le nombre de vocations sacerdotales et les nouveaux charismes de laïcs et de religieux furent controversés, et l’on fit une fausse opposition entre quantité et qualité. Incrédules, certains se demandaient s’il est possible que Dieu bénisse si généreusement un diocèse, ou si la multiplication est plutôt le fruit de la négligence et du désir de statistiques.

On juge l’arbre à ses fruits. Le jugement des gens sur leurs nouveaux pasteurs est très positif, et ils sont ravis de la variété de services que fournissent communautés religieuses et mouvements de laïcs. De toute évidence, on peut toujours faire plus et mieux. Certes, la visite apostolique fera des suggestions et corrections qui permettront d’aller plus loin. Mais il est indéniable que Ciudad del Este, jusqu'à récemment connue pour la contrebande et autres trafics, est devenue un centre de vitalité spirituelle, de religion et de culture reconnu dans le pays. Il est difficile de marcher dans les rues de la ville sans remarquer les jeunes soutanes et les habits religieux. Chaque week-end, il y a environ 2.000 personnes qui quittent leurs périphéries et la pauvreté humaine pour participer à des retraites de conversion et de formation, organisées par des laïcs accompagnés de leurs aumôniers. Dans le même temps, de multiples cours de formation pour les dirigeants sur la Bible, la liturgie et la catéchèse comptent de nombreux participants.
10 – Les questions économiques
Nous allons maintenant examiner les allégations relatives aux finances. Il y a deux reproches dans ce domaine : le détournement de subventions de la binationale Itaipu et la dilapidation des actifs immobiliers du diocèse.

Itaipu a fait don au diocèse d’une importante somme d’argent (environ 300.000 dollars) que l’évêque a entièrement consacrée à l’entretien du séminaire. Il a été accusé par M. Javier Miranda de détournement de fonds et d’escroquer les pauvres et nécessiteux de la région. Mgr Rogelio a justifié sa décision en disant que les futurs prêtres seraient les agents les plus efficaces de changement social et que, par conséquent, c’était le meilleur moyen de servir les pauvres dans le long terme. La justice du Paraguay a donné raison à Mgr Rogelio dans toutes les instances, y compris la Cour suprême, reconnaissant le motif d’avoir procédé ainsi, et contrôlant que chaque centime avait répondu aux besoins de l’Eglise, sans déviation dans des poches individuelles.

Toujours sous le sceau de l’urgence d’obtenir des fonds pour payer l’éducation de près de 200 séminaristes et le développement d’une pastorale de plus en plus active et variée, afin de capitaliser spirituellement son diocèse, l’évêque, sans revenu disponible en raison de sa création très récente (3), a procédé à la vente de certains biens qui n’avaient pas d’utilité pastorale ni économique. Ses prédécesseurs avaient fait de même, alors qu’ils n’avaient pas à entretenir un séminaire. Malgré tout, M. Miranda a dénoncé cela comme une manœuvre frauduleuse et irresponsable.

Quoi qu’il en soit, pour trouver une solution définitive à cette précarité économique, l’évêque, suite à la recommandation du nonce apostolique lors de sa prise de fonction, a commandé à des laïcs qualifiés l’étude et la mise en œuvre de projets visant à produire des recettes permettant à l’avenir de couvrir au moins 75% des coûts de fonctionnement estimés.
11 – Javier Miranda
La note tragicomique de cette saga appartient à Javier Miranda, un agitateur politique peu familier de la rigueur de la vérité. Autoproclamé « président du laïcat du Haut-Parana », mais suivi par aucun mouvement de laïcs, il a accusé avec obstination et de façon contradictoire l’évêque Rogelio et ses collaborateurs des crimes les plus divers, en arrivant jusqu’au délire de dire à la presse qu’il avait les preuves que l’évêque avait contracté une dette d’un million de dollars (sic) dans un casino d’Uruguay.

Quoique démenti par les faits – et même par les faillibles tribunaux humains – il est toujours une marionnette utile pour certains groupes de gauche et les permanents opposants ecclésiastiques. Avec, certes, un succès et un soutien populaire insignifiants.
12 – Ne répétons pas l’histoire
La croissance et la force du peuple de Dieu au Paraguay fut cruellement mutilée à cause du procès injuste qui conduisit à la suppression des missionnaires jésuites à la fin du XVIIIe siècle. Ils étaient également accusés par des ecclésiastiques discutables alliés à de puissants lobbies et politiciens. (4)

Ceux qui font le pari que l’histoire se répète dans notre diocèse seront peut-être surpris de découvrir que cette fois, l’évêque de Rome est un héritier de ces jésuites calomniés et réprimés, prêt à écrire l’histoire d’une façon nouvelle.

Les notes qui suivent sont d’YD.
(1) « Hacer lio », la célèbre expression de François aux JMJ.
(2) Avant de savoir si le procès pénal aboutira.
(3) Créé en 1993 sous le nom de Haut-Parana, devenu diocèse de Ciudad del Este en 2001.
(4) Ciudad del Este, à la frontière du Paraguay, de l’Argentine et du Brésil, est le lieu des missions jésuites du film Mission.

Une première messe à Ciudad del Este. Le célébrant, issu du séminaire diocésain, vient d’être ordonné. Il célèbre la messe de saint Pie V. Le « diacre » est le recteur du séminaire. Le « sous-diacre » est le vicaire général.
Ici c’est le recteur du séminaire qui célèbre la messe de saint Pie V, au séminaire.
Et voici des séminaristes.