La nature suffisait avant l’Incarnation,
Mais maintenant, sans Jésus, reste la damnation.
« Je suis un homme. Je me tiens sur mes deux pieds. J’ai un esprit, une volonté et un sens des responsabilités. Je peux avoir une vie correcte, voire noble, au niveau purement naturel, bien au-dessus du pauvre matérialisme. Mais voilà qu’en tant que Catholique, vous venez me parler d’une vie surhumaine et surnaturelle, supérieure à la vie naturelle, une vie qui requiert des vertus surnaturelles pour être vécue. Vous me dites qu’elle est bien supérieure à la vie naturelle, rendue possible par un Dieu incarné, avec des promesses d’une inimaginable béatitude. Or, tout cela est fort bien mais, en toute honnêteté, je trouve que la nature humaine est suffisante : je ne veux mener la vie ni d’un ange, ni d’une bête. Je ne veux ni le Ciel à venir, ni les demandes qu’il impose ici-bas. Je refuse le bénéfice avec le fardeau. Je me contenterai d’une vie naturelle et convenable que Dieu récompensera avec une vie naturelle et convenable ci-après. »
« Je suis un homme. Je me tiens sur mes deux pieds. J’ai un esprit, une volonté et un sens des responsabilités. Je peux avoir une vie correcte, voire noble, au niveau purement naturel, bien au-dessus du pauvre matérialisme. Mais voilà qu’en tant que Catholique, vous venez me parler d’une vie surhumaine et surnaturelle, supérieure à la vie naturelle, une vie qui requiert des vertus surnaturelles pour être vécue. Vous me dites qu’elle est bien supérieure à la vie naturelle, rendue possible par un Dieu incarné, avec des promesses d’une inimaginable béatitude. Or, tout cela est fort bien mais, en toute honnêteté, je trouve que la nature humaine est suffisante : je ne veux mener la vie ni d’un ange, ni d’une bête. Je ne veux ni le Ciel à venir, ni les demandes qu’il impose ici-bas. Je refuse le bénéfice avec le fardeau. Je me contenterai d’une vie naturelle et convenable que Dieu récompensera avec une vie naturelle et convenable ci-après. »
Voici comment le Cardinal Pie (1815–1880) prêtait à un grand nombre d’honnêtes et respectables citoyens du milieu du XIXe la grave erreur du naturalisme, laquelle expédiait, et expédie toujours, un grand nombre d’âmes en Enfer. Le naturalisme est le déni ou, comme ci-dessus, le refus de l’ordre surnaturel tout entier. La nature est tout, ou au moins tout ce que je désire. Rien n’existe au-delà de la nature, ou s’il existe quelque chose, je le refuse poliment. Léon XIII dans son encyclique Humanum Genus a dénoncé le naturalisme en tant qu’erreur essentielle de la franc-maçonnerie. Le naturalisme est la grande erreur d’Hollywood, tout en passant inaperçu, car nous sommes tous profondément habitués au monde moderne, création des francs-maçons, dont l’un des principes est d’être présent partout mais perçus nulle part. Le Cardinal Pie répondait à ce citoyen respectable avec trois arguments :—
D’abord, Dieu est le Créateur et le Seigneur souverain de l’homme, sa créature. Ayant créé l’homme naturel qui appartient effectivement à l’ordre naturel (le monde donné par Dieu aux hommes), Il conserve le droit de perfectionner l’homme en l’élevant aussi à l’ordre surnaturel (Dieu lui-même donné par Dieu aux hommes). En fait, Dieu a choisi de faire entrer l’homme dans l’ordre surnaturel par un acte d’amour que nul homme n’a le droit de refuser, car le don et l’amour sont si grands. Ainsi, Dieu fait du bienfait une obligation, sous peine sévère en cas de refus du bienfait, à cause de la révolte contre un tel amour. La noblesse de pouvoir participer à la propre nature de Dieu à travers le don de la grâce surnaturelle constitue une obligation, telle que celui qui refuse de se comporter comme fils sera traité comme esclave.
Deuxièmement, la raison elle-même prouve que Dieu s’est révélé à travers son Fils Jésus-Christ. Or, ce que Dieu révèle, je ne peux pas refuser de le voir. Or, son Fils incarné a révélé que celui qui refuse de croire est condamné (S. Marc XVI, 16) ; que le Père a donné tout jugement au Fils (S. Jean V, 22–23) ; que tout genou doit fléchir devant Jésus (Phil. II, 9–11) ; que toute intelligence doit être sous l’obéissance de Jésus (II Cor. X, 4–6) ; que toutes choses sont résumées en Jésus (Eph. I, 10–12 ; Héb. II, 8) ; qu’il n’y a aucun autre nom sous le Ciel que celui de Jésus par lequel nous puissions être sauvés (Actes IV, 11–12). Dans son Commentaire sur Jean XV, Saint-Augustin dit, soit on s’attache au Christ comme le sarment à la vigne et alors on porte du fruit, soit on s’en est détaché et alors on est jeté au feu. Au choix : la vigne ou le feu ! Vous ne voulez pas le feu ? Alors raccrochez-vous à la vigne !
Troisièmement, mener une vie naturelle vraiment respectable sans la grâce surnaturelle est impossible. L’homme déchu est faible en esprit et en volonté. En pratique, demande le Cardinal, combien de « citoyens honnêtes et respectables » sont-ils capables sans la grâce de Dieu de résister à toute tentation ? Le jour, ils se comportent au bureau de façon correcte, mais la nuit . . . ? Ils suivent le noble Platon en public, mais en privé ils suivent Épicure, le chercheur de plaisir. « Avouez-le, Monsieur », avertit le Cardinal : « Aux yeux des hommes, il se peut fort bien que vous ayez toujours été bien vu, mais pas à vos propres yeux, et s’il n’y a pas une goutte du Sang du Christ dans votre âme, vous vous dirigez vers le châtiment. »
Kyrie eleison.