SOURCE - FSSPX Actualités - 2 octobre 2017
Le cardinal Robert Sarah est préfet de la Congrégation pour le Culte divin et la discipline des Sacrements. Il est intervenu le 14 septembre 2017 dans le cadre du colloque romain qui s’est tenu à l’Angelicum, lors du dixième anniversaire du motu proprio Summorum Pontificum, par lequel Benoît XVI a libéralisé la célébration de la messe selon les livres liturgiques de 1962.
Dans une allocution datée du 14 septembre dernier qui avait pour titre « Le silence et le primat de Dieu dans la sainte liturgie », le prélat guinéen a évoqué plusieurs thèmes qui lui sont chers, pointant tout d’abord du doigt le fait que certaines célébrations actuelles sont trop centrées sur l’homme « ce qui rabaisse l’essence de la liturgie à un niveau purement naturel ».
Dans cette perspective, le cardinal Sarah a une fois de plus recommandé la célébration « ad orientem » qui, selon ses propres termes « parle de façon si éloquente du primat du Dieu tout-puissant et qui ne doit pas être strictement réservée à l’usus antiquior », entendez le rite traditionnel de la messe. Autrement dit, le prélat recommande que le prêtre se tourne à nouveau vers Dieu, dos au peuple, plutôt que l'inverse.
La question du silence dans la liturgie a été aussi largement évoquée par le préfet de la Congrégation du culte divin : « le bruit dans la liturgie tue la prière, aussi l’importance du silence dans le cadre de la célébration ne saurait être sous-estimée », a-t-il affirmé.
Le cardinal a profité aussi de son intervention au colloque romain pour adresser un vibrant appel aux évêques : « je voudrais dire à mes frères évêques : ces communautés (attachées au rite traditionnel) et ces fidèles ont un grand besoin de votre sollicitude pastorale ; ne laissons pas de côté - pour des raisons d’ordre personnel ou par incompréhension - ces fidèles attachés à l’antique tradition liturgique », a-t-il lancé, avant de préciser que la messe traditionnelle « devrait être considérée comme faisant normalement partie de la vie de l’Eglise au XXIe siècle ».
Une fois de plus, le cardinal Sarah a abordé la problématique de la « réforme de la réforme » : « il doit y avoir un enrichissement naturel des deux formes (…). On appelle parfois cela la ‘réforme de la réforme’, bien que cela fasse peur à certains »... Le prélat s'est défendu de vouloir imposer à l'avenir « un rite hybride qui consisterait dans un compromis laissant tout le monde mécontent, et qui abolirait le rite traditionnel ».
Enfin, le cardinal Sarah n’a pas manqué d’adresser une recommandation paternelle aux fidèles attachés à l’ancien rite : « ne vous laissez pas affubler du terme de ‘traditionalistes’ ; vous n’êtes pas une pièce de musée remisée au rayon des curiosités ; vous n’êtes pas traditionalistes, vous êtes des catholiques du rite romain comme moi, comme le pape. Vous n’êtes pas des catholiques de seconde classe en raison de votre pratique qui a été celle d’un nombre incalculable de saints (…). Personne ne vous confisquera l’usage de l’ancien rite ».
Relevons que cette allocution intervient dans un contexte particulier, où la presse religieuse s’est faite l’écho de tensions récurrentes entre le Saint-Père et le préfet de la Congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements : il y a un an la salle de presse du Saint-Siège avait ainsi démenti les propos du cardinal Sarah selon lesquels le pape François inscrivait son action dans la problématique de la « réforme de la réforme » et « recalait » le préfet sur son souhait de voir les prêtres célébrer la messe « versus orientem » au premier dimanche de l’Avent.
En août dernier, c’est François lui-même qui déclarait la réforme liturgique « irréversible ». FSSPX.Actualités a rappelé les raisons de l'attachement irréversible à la messe traditionnelle.
En définitive, les propos du cardinal Sarah et le contexte ecclésial dans lequel ils s’inscrivent éclairent de façon inattendue et particulière la ligne de la Fraternité Sacerdotale Saint-Pie X résumée par son Supérieur général, Mgr Bernard Fellay sur TV.Libertés le 29 janvier 2017 : « la condition sine qua non (d’une normalisation des relations avec le Saint-Siège, ndlr) c’est le fait que nous puissions rester tels que nous sommes. Cela veut dire : garder tous les principes qui nous ont maintenus en vie, maintenus comme catholiques. » Autrement dit, s’il y a bien une priorité qui demeure inchangée pour la Fraternité, c’est celle de conserver l’identité spirituelle, théologique, disciplinaire et pastorale inscrite par Mgr Lefebvre au cœur de l’œuvre d’Eglise qu’il a fondée, il y a bientôt un demi-siècle.